BinômeInterview

Portrait de la Team Julia Moustakir et Aline Tavernier qualifiée pour l’ÖtillÖ

Aline Tavernier, la Neuchâteloise d’adoption, et sa binôme Julia Moustakir, en tant qu’équipe, sont toutes nouvelles sur le circuit ÖtillÖ. Toutefois, la paire affiche un excellent niveau d’entrée de jeu avec une belle seconde place à quelques encablures de Sabina Rapelli et Désirée Anderson sur le très exigeant ultra Swimrunman des Gorges du Verdon.

Puis le binôme affronte sur le terrain de jeu des suédoises à la ÖtillÖ WS UtÖ leur futures concurrentes des World Championship en septembre prochain. Elles finissentà une respectable troisième place après avoir dominé les débats en début de compétition. Dimanche 18 juin, elles récidivent avec encore plus de succès en s’imposant carrément au scratch (devant les binômes mixtes et hommes) sur la distance longue du très exigeant Swimrun de la Côte Vermeille. Vous l’avez bien compris, c’est une équipe qui gagne en expérience et en connivence. Il faudra compter sur elles pour faire une belle performance dans l’archipel de Stockholm dans moins de trois mois.

A] 📍Swimrun France: Bonjour. Pouvez vous vous présenter en quelques lignes ?

Aline Tavernier: J’ai 36 ans, je suis française expatriée en Suisse. .Je suis maman d’un garçon de 9 ans. Je suis Technicienne en Radiologie Médicale à Neuchâtel. . Magnifique ville au bord du lac, spot parfait pour l’entraînement.. J’ai pratiqué la natation en compétition jusqu’à l’âge de 20 ans. Après une pause avec le sport pour privilégier les études, j’ai ensuite repris une activité sportive (course à pied et natation) mais sans compétition.

C’est lors de notre expatriation en Polynésie française que j’ai repris plus sérieusement l’entraînement en goûtant à quelques triathlons (mais le vélo et moi nous ne sommes pas très amis) et Open Water (c’est plus sympa dans le lagon en compagnie des beaux petits poissons). Avec mon mari, nous nous sommes lancés le défi de participer au Trail qui permet de traverser l’île de Tahiti d’Est en Ouest, et j’ai repris goût à la compétition depuis cette course.

À notre retour en France, j’ai refait quelques trails locaux, puis la SaintéLyon. Suite à une blessure, j’ai repris la natation et j’ai du coup participé à mon premier swimrun. C’était le mélange parfait de mes deux sports préférés. Le sport fait partie de mon quotidien mais aussi celui de notre famille, avec la passion commune aussi pour la compétition.

Julia Moustakir: J’ai 34 ans, je suis mariée avec 2 enfants, infirmière. Je viens du milieu de la natation et ai commencé le triathlon il y a 4 ans.

B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ?

AT : Suite à une blessure, j’ai dû réduire l’entraînement de course à pied, et j’ai repris la natation. Un collègue de mon mari nous a parlé du Swimrun Otillo qui avait lieu en Engadin (Suisse), c’était un concept tout à fait nouveau pour moi mais qui alliait mes deux sports préférés. Je me suis inscrite sur le sprint en solo pour tester. C’était en juillet 2020.

J’ai vraiment aimé cet effort, et pour ma première participation je finis 2ème, ça motive à y retourner. Je me suis inscrite à nouveau en 2021 à cette même course. Entre temps, Marine Beaury m’a contacté pour faire équipe avec elle sur la WS [NDLR World Serie, coupe du monde du circuit ÖtillÖ, dont la finale à Stockholm a lieu tous les premiers lundi de septembre] Otillo à Göteborg. Et c’est devenu addictif.

JM : Lors de mon premier swimrun le juraswimrun avec mon mari en septembre 2019 puis le swimrun de Lure où l’ambiance est toujours conviviale du coup on se prend au jeu.

C] 📍SRF : Quel est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ?

AT : Otillö, c’est pour moi la découverte du Swimrun en Engadin. J’ai été charmée par une si belle organisation, et par la beauté du lieu. 1ère WS avec Marine Beaury à Göteborg où le terrain très particulier de la Suède a été une (mauvaise) surprise. Du coup retour en Suède pour la finale 15K un mois après avec une petite envie de revanche. 

L’étape de Cannes pour finir ma saison, encore un lieu magique… Chaque étape est surprenante, et je n’ai pourtant pas encore eu l’occasion de toutes les faire.  Il me paraissait inévitable en programmant nos courses d’emmener Julia à l’étape WS d’Utö afin qu’elle découvre le terrain suédois, et le niveau des suédoises aussi. Nous avions prévu Engadin en juillet car nous ne pensions pas forcément valider notre qualification à Utö. Nous y serons mais du coup plus sereines. 

JM :Ma première participation sur un circuit ÖtillÖ grâce à ma binôme Aline qui cherchait quelqu’un afin de faire une saison ÖtillÖ. Et c’est donc à Utö que je découvre cette course magnifique dans des conditions assez difficiles (voir le compte rendu d’Aline ici)).

D]📍SRF : Comment s’est formé votre binôme ?

AT : Nous nous connaissions depuis notre adolescence, nous nous entraînions ensemble au club de natation de Dole (Jura). Nous étions déjà binôme de galère pour les séries en papillon à l’époque. Nous nous sommes retrouvées au JURASWIMRUN en septembre 2021, où nous courrions chacune avec nos maris, et nous avons passé la course à discuter toutes les deux, et on s’est dit à l’arrivée que ce serait sympa de tester une course entre filles.

Nous avons dès lors testé notre binôme à la Gravity Race à Annecy. Julia savait que je cherchais quelqu’un pour me qualifier à la finale Otillo et elle a été assez folle pour me suivre dans ce projet. Nous nous connaissons bien, et nous avons le même esprit de compétition, et ça a collé directement.

JM :Nous sommes d’anciennes papillonneuses et nous avons nager dans le même club à Dole pendant 5 années. Ces dernières années je suivait régulièrement les exploits d’Aline qui a toujours des récits de course passionnant. Et on s’est contacté par Facebook ou Aline m’a proposé de faire un swimrun ensemble à l’occasion et là je me dis pourquoi pas… Donc je lui propose le Gravity race d’Annecy qui sera notre première course toutes les deux.

E]📍SRF : Comment avez vous programmé vos et compétition dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?

AT : Nous avions prévu l’Ultra du Verdon avec pour objectif de voir comment nous allons résister à un effort aussi long et aussi dur. Nous avions ensuite prévu le déplacement en Suède pour l’étape Otillo à Utö, qui nous paraissait inévitable pour que Julia découvre le terrain si singulier de la Suède. Nous voulions aussi nous mesurer aux meilleures binômes féminins suédoises, pour pouvoir se situer et constater le travail encore à effectuer.

Même si nous l’avions dans un coin de notre tête, nous n’avions pas forcément misé sur la qualification sur cette étape. Ça a été du bonus pour nous et cela nous permet d’envisager plus sereinement la suite de la saison et des courses. Nous serons au départ de Cote Vermeille, sur le format L et à l’étape Otillo en Engadin, que j’affectionne particulièrement. A côté, je participe à des trails et des courses locales pour progresser, et travailler mes points faibles. Nous suivons le même programme d’entraînement fait par mon mari. Nous essayons de nous retrouver pour faire des séances ensemble. 

JM : C’est Cédric le conjoint d’Aline qui s’occupe parfaitement de toute la partie entraînement un grand merci à toi 👍. Il nous a également proposé de participer à la World séries d’Utö afin de voir où nous en étions par rapport à nos concurrentes et pourquoi pas tenter la qualification aux championnats du monde.

F]📍SRF : Quel sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosse galères ?

AT : Pour notre binôme, malgré la petite frustration de passer à coté de la victoire, la plus belle course reste celle d’Utö ou nous nous qualifions, et c’est notre première course sur une WS Otillo et un premier podium. Mais en même temps c’était aussi ma plus grosse galère, je pense que je n’ai jamais eu aussi froid de toute ma vie, j’ai vraiment serré les dents… je n’avais vraiment plus envie de replonger. Sinon on a encore quelques galères avec notre longe, on est spécialistes pour nous emmêler…
Notre première course (et première victoire) à la Gravity Race à Annecy est aussi un beau souvenir car c’est le début de notre binôme!!

JM : Des paysages magnifiques dans le Verdon mais aussi frigorifiée à avoir du mal à avancer, des chutes à n’en plus finir à Utö, des bénévoles toujours aux petits soins, et un partage avec Aline : bienveillance, écoute, soutien 🥰

G]📍SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?

AT : Nous sommes plutôt bavardes, enfin moi surtout. On se complète bien, et surtout on rigole bien. Toujours garder le sourire et la bonne humeur, c’est primordial, ça reste du sport et du plaisir. On est à l’écoute l’une de l’autre aussi pour gérer l’effort, et surtout pour s’aider. Notre niveau est homogène, donc on adapte selon la forme de l’instant pour savoir qui passe devant. On s’encourage aussi beaucoup.
JM : Toujours dans l’entraide, on se parle pour voir comment va chacune de nous, on se communique les prochaines distances à parcourir, on se pousse, je râle un peu 😅, mais aussi quelques fous rires.

H]📍SRF : Par rapport aux suédoises qui dominent depuis toujours les championnats du monde de Swimrun, pensez vous que l’écart et entrain de se réduire comme sur les coupes du monde ?

AT : Je pense que nous n’avons rien à leur envier sur notre capacité à s’entrainer et à performer mais leur terrain et leur climat sont tellement spécifiques que nous nous retrouvons en difficulté face à elles même en étant au top de notre forme. Je ne les pense pas meilleures que nous intrinsèquement mais encore une fois c’est la combinaison de tous ces facteurs qui fait qu’elles arrivent devant actuellement.
JM : Je ne saurais pas trop quoi répondre à cette question car comme je le disais c’est ma première course sur un circuit ÖtillÖ, les conditions à Utö cette année étaient difficiles, et d’une course à l’autre tout peut changer…

I]📍SRF : Quelle va être votre stratégie de course ?

AT : Après analyse de la gestion des courses des suédoises, ça ne sert à rien de partir vite, il faut seulement être en capacité d’accélérer (ou juste tenir le même rythme) tout au long de l’épreuve. Les 20km de course [NDLR, L’île d’Ornö avec la plus longue section de course à pied 19km fait souvent office de juge de paix] devront être courus à très bonne allure car il y aura du temps à gagner (ou à perdre…) sur cette portion.
JM : Donner le meilleur de nous et bien-sûr arriver au bout toutes les deux.

J]📍SRF : Stockholm est une très belle ville, avez vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?

AT : Malheureusement, le séjour sera de courte durée avec les contraintes personnelles et professionnelles mais ce sera tout de même un peu de visite le mardi après la course si nos jambes nous le permettent.
JM : Ce sera rapide entre le travail et la vie de famille on ne fera pas trop long.

K]📍SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?

AT : Pas de partenaires pour nous, malheureusement…mais nous ne désespérons pas en trouver un ou deux passionnés par le sport de pleine nature et respectueux de l’environnement. Mais on a le soutien infaillible de nos familles et nos amis. Et tout particulièrement de Cédric , mon mari qui nous prépare et nous suit sur les courses, sur place ou à distance quand il ne peut se déplacer avec nous.
JM : aucun pour l’instant nous espérons qu’ils y en aient par la suite. Heureusement beaucoup de personnes (famille et amis) nous soutiennent ❤️

L]📍SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?

AT : Qu’est ce que l’on pense de l’ambiance générale des courses (entente et échange avec les autres binômes)?
JM : Quels sont les points les plus importants en swimrun ? Avoir une super binôme comme la mienne (être solidaire et savoir se compléter), ainsi qu’un bon entraîneur comme le mien 😜 et pour finir être bien entouré 😃.

🎯Questions indiscrètes:

👉Embrassades ou poignées de main polie à l’arrivée ? Embrassades
👉Qui fait le pipi de la peur le ou la 1er(e) ? Les deux, on est bien synchronisé pour ça.
👉Qui gueule le 1er ? Julia mais seulement après quelques chutes
👉Qui prie le ou la 1er(e) ? Julia, Aline ne prie pas
👉Longe ou sans longe ? Ça dépend du parcours et de notre état de fatigue souvent sans longe au début et on s’accroche quand l’une de nous est en difficulté ou pour ne pas se perdre de vue dans l’eau.
👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entrainement ?
Aline : Réussir à caler toutes les séances d’entraînement avec la vie de famille, le boulot c’est déjà assez fou.
Julia : Pas faux pour caler toutes les séances 😅 mais aussi m’engager sur l’ultra swimrun du Verdon alors que je n’avais jamais couru plus de 28km et surtout quelques mois avant je disais : ” jamais je ne ferais du long et je n’aime pas l’eau froide” 🤔😅

IG Aline @aline_swim_run

IG Julia @juliamoustakir

✍️ Akuna – Aline – Julia
📷 crédit photos Akuna / ÖtillÖ / Swimrunman
🎥 Akuna