Compte-rendu de courseCourses

Une édition marquée par le froid à ÖtillÖ Swimrun Utö

Aline Tavernier, la Neuchâteloise d’adoption, et sa binôme Julia Moustakir, en tant qu’équipe, sont toutes nouvelles sur le circuit ÖtillÖ. Toutefois, la paire affiche un excellent niveau d’entrée de jeu avec une belle seconde place à quelques encablures de Sabina Rapelli et Désirée Anderson sur le très exigeant ultra Swimrunman des Gorges du Verdon. La World Series OtillO Swimrun Uto s’est tenue le 21 mai dans l’archipel de Sotckholm dans des conditions de froid inhabituelles. Le parcours de près de 32 km au total est émaillé de 20 natations a tenu compte des températures dans l’eau de l’ordre de 8°C. La plus longue nage fait 600m, mais l’enchainement rapide des sections natation fait craindre l’hypothermie à de nombreux concurrents. 75 binômes, 14 solos au départ, 22 nations représentées, la compétition s’annonce dure et peut être plus par la présence d’un concurrent que tout le monde n’attendait pas à un tel niveau : le froid.

La stratégie

Julia et moi avons décidé dès le début de la planification de notre saison, de participer à l’étape d’Utö. Elle me paraissait indispensable à notre parcours: ayant participé l’an passé à Göteborg puis à la finale 15k, j’ai été confronté aux difficultés techniques et tellement singulières du terrain suédois, je voulais que Julia les découvre également.
De plus il était évident qu’il fallait aller se confronter aux suédoises, qui dominent la discipline pour savoir où nous en étions et continuer ainsi de travailler en améliorant nos points faibles. Nous avions espoir de décrocher notre qualification à la finale dans un coin de notre tête, ce qui nous permettrait d’envisager la suite des courses plus sereinement. Mais, avec notre binôme tout jeune sur le circuit, difficile de savoir où se situer.

La tactique

Le découpage de cette course est particulier, beaucoup de transitions à gérer et des relances permanentes! Un profil de course plutôt favorable à Julia, très à l’aise et agile pour les transitions. Après « étude » du parcours, nous remarquons que notre point fort sera sur le début de la course, où s’enchaîneront les run les plus longs et roulants, c’est là que nous devrons faire l’effort.
3 semaines seulement après l’Ultra du Verdon, nous sommes en forme sur la ligne de départ, motivées comme jamais mais quand même très stressées…

Les derniers ajustements

Nous croisons quelques binômes français avant le départ, ça nous détend un peu. Nous apprécions la bienveillance de Sabina Rapelli avec ses précieux conseils. Nous voyons de tout au niveau combi et équipement: des jambes longues, des cagoules néoprène, mais à côté des épaules à l’air, pas frileux les suédois ! Tout le monde parle de l’eau froide qui nous attend… On sait que ce sera notre ennemi numéro 1 sur cette course.

La course

Je gère la première course à pied puis Julia prend le relais pour la première natation. C’est un peu le bazar, on prend quelques coups de plaquettes, mais pas d’énervement, ce serait de l’énergie dépensée inutilement.

Nous commençons les natations plus agitées. Le peloton s’est étiré. Nous nous retrouvons juste quatre équipes ensemble, la mer est grande… Mais un binôme homme décide de changer brutalement de trajectoire et me nage dessus, m’arrachant au passage une plaquette, mon pull, je me retrouve avec l’élastique au milieu des jambes, je bois quelques tasses et je perds les pieds de Julia…L’agacement et l’énervement me
coûte de l’énergie… Du coup on s’attache à la sortie mais je ne suis pas au top. Juju restera devant… Elle sent que je ne suis pas dans ma forme idéale.

Ce passage à vide touche à sa fin, on est au coude à coude avec une autre équipe féminine très solide en natation (ce qui nous a plutôt déstabilisé, car nous sommes deux anciennes nageuses). Toutefois on arrive à faire la différence en course. La forme revient, c’est le moment de creuser l’écart. On appuie en course à pied. Ça répond bien pour nous deux, malgré déjà quelques chutes aux compteurs dues au terrain (branches, rochers, sauts ratés…).

Nous appréhendons la section de 600m car l’eau est froide, vraiment très très froide… Nous avons la mâchoire paralysée à chaque sortie d’eau, ce qui nous complique la communication, alors pas de blabla inutile !

Les bras sont tétanisés par le froid, et on ne sent plus nos doigts.

Or finalement, c’était la meilleure natation, l’eau était calme, quasiment pas de fond et au moins à 12 °C, (ça donnait la sensation qu’elle était à 20°C) que du bonheur.

La course est très rythmée, ça passe plutôt vite, nous savons que nous sommes bien placées (3’ d’avance mais ça on ne le saura qu’à l’arrivée). Nous attaquons les derniers km, ceux tant redoutés car très techniques. Nous commençons à avoir froid, très froid. Les portions de run ne sont plus assez longues pour avoir le temps de se réchauffer suffisamment avant de replonger dans l’eau glacée… Un petit vent se lève, ce qui n’arrange rien à nos souffrances.
Cependant pas d’excuses, le froid est là pour tous les concurrents, nous devons faire avec. Les bras sont tétanisés par le froid, et on ne sent plus nos doigts. Ça devient compliqué d’appuyer sur les plaquettes (et de mettre les doigts dans l’élastique, une vraie torture).

J’avoue que j’ai du mal à me motiver à replonger! Nous nous faisons rattraper par une première équipe femmes (5-6 kms avant la fin). Difficile de les rater vu les cris qu’elles poussent en nous doublant! Ça nous a fait sourire après la course car nous ne savons toujours pas si elles s’encourageaient, se disputaient, ou si c’est un moyen de nous faire comprendre qu’elles arrivaient (le klaxon local?!)

On aurait bien mérité un bêtisier à nous deux.

La bonne humeur est tout le temps présente dans notre binôme. Nous réussissons même à prendre un bon fou rire en coinçant la longe dans les rochers sur une sortie d’eau. Et en s’étalant ensuite dans les cailloux comme si on était totalement ivre! Quelques gros mots aussi au moment de nos belles chutes, on aurait bien mérité un bêtisier à nous deux.

Nous croisons aussi des équipes en difficulté, dont un binôme français. Ça nous a fait franchement peur, et avec personne en vue pour prévenir et envoyer du renfort!

Nous sommes frigorifiées mais l’arrivée se rapproche (2 kms), on serre les dents, pas question de lâcher. Nous nous mettons à l’eau pour l’avant dernière natation, alors qu’une autre équipe fille nous rattrape… Impossible de lutter, on n’avance plus dans l’eau, non pas à cause de douleur musculaire mais bien encore ce satané froid ! C’est dur moralement mais c’est le sport.

Enfin on sort de cette ultime natation, on connaît la dernière course (reconnue la veille), et quel bonheur de voir l’arrivée, quel soulagement d’être au bout de cet « enfer » ensemble, en sale état (surtout les genoux de Julia ), gelées, avec des bobos partout, mais un podium à la clef sur une WS ÖtillÖ pour notre première participation !

on est un peu frustrées d’être passées si près de la victoire

La récupération

Heureusement, le sauna est là pour récupérer quelques degrés corporels car c’est ne sont pas les douches froides prévues qui vont nous réchauffer.

En bonne compétitrices, on est un peu frustrées d’être passées si près de la victoire mais on va tout de même savourer ce podium pour notre premier ÖtillÖ toutes les deux! Cerise sur le gateau nous validons notre slot pour la finale, quel bonheur!

Et maintenant ?

L’aventure continue, et on n’a pas dit notre dernier mot! On ressort encore plus endurcies et motivées que jamais ! Et on a déjà hâte de remettre un dossard ensemble (Swimrun Côte Vermeille, format L) pour progresser à deux jusqu’au mois de septembre [NDLR date des championnats du monde de Swimrun à Stockholm, Suède].

Aline Tavernier

📷 Pierre Mangez / Joachim Cronquist / OtillO
🎥 Rasmus Lodenius

Résultats OtillO Swimrun UtÖ 2022

Homme

  1. Team ARK Swimrun – Hugo Tormento FRA & Max Andersson SWE 3:39:05
  2. Team Envol – Guillaume Henneman FRA & Victor Dahl SWE 3:49:51
  3. YO Running Club – Daniel Adams-Ray & Fredrik Axegård SWE 4:00:47

Mixte

  1. ARK Swimrun – Adriel Young AUS & Amanda Nilsson SWE – 3:47:21
  2. Envol – Desirée Andersson SWE & Nicolas Remires FRA – 3:55:55
  3. Envol Head Zoggs – Sabina Rapelli CH & Alexis Charrier FRA – 3:57:51

Femmes

  1. Team ARKsouls – Emma Wannberg & Helen Wikmar SWE – 4:30:11
  2. Team Wild – Siri Ohrankämmen & Evelina Järvinen SWE – 4:36:56
  3. Team Aline et Julia – Julia Moustakir FRA  & Aline Tavernier – 4:37:27

Les résultats complets 👉🧭 www.otilloswimrun.com