BinômeInterview

Portrait de famille la Team French Freyss qualifiée à l’ÖtillÖ 2021

Didier et Cédric viennent de franchir ce dimanche 11 juillet 2021, main dans la main la finish line d’une des épreuves les plus exigeantes du circuit ÖtillÖ à Engadin (Suisse, comté du grison) … à la dernière place, sous les applaudissement enthousiastes de nombreux spectateurs et compétiteurs. À 66 ans pour l’un et 39 ans pour l’autre, la Team French Freyss force le respect autant pour leur ténacité que l’envie de leur complicité non feinte à l’arrivée.

Ce portrait #5 de qualifiés ÖtillÖ 2021 présente un père et un fils, lié par une lignée familliale dans la vie et une longe dans le sport.

A] 📍Swimrun France: Bonjour Didier & Cédric, pouvez vous vous présenter en quelques lignes ?

Didier Freyss : J’ai 66 ans, prof de tennis pendant 15 ans, 10 ans de compétitions de ski, je fais du vélo avec les amis. J’ai été ingénieur commercial dans de grands groupes comme Canon France (bureautique), Agfa Healthcare (radiologie) et toujours en activité en tant qu’agent commercial. 

Cédric Freyss : 39 ans, habitant à Strasbourg et papa de 2 enfants (Tom & Mila), je suis représentant commercial. J’ai pratiqué le foot et le tennis pendant longtemps, mais amateur de défis, j’ai commencé la pratique du triathlon, puis du Swimrun depuis plus de 5 ans. 

B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ?

DF : Cédric qui m’a fait regarder le reportage sur Otillö (Ndlr, intérieur sport – les exilés, 2015) en me lançant le défi de le faire ensemble.

CF : C‘est évidemment ce reportage Intérieur Sport sur Canal+ qui m’a fait découvrir ce sport. J’ai immédiatement imaginé être à la place des participants pour vivre ces émotions. Je n’ai évidemment pas hésité longtemps sur le choix du partenaire !!

C] 📍SRF : Vous vous êtes illustrés deux années de suite sur la coupe du monde OtillO d’Engadin en finissant sous les applaudissements mêlés de respect. En effet Engadin est réputé pour la fraicheur de ses lacs et un dénivelé fracasseur de cuissots. Pourquoi avoir choisi ce format difficile ?

DF : Nous avons en tout premier essayé un format Sprint en région parisienne pour voir si je pouvais tenir cette distance. Puis après avoir réussi ce test et dans l’optique de pouvoir se qualifier pour les World Championship Otillö, il fallait passer à la taille supérieure !

CF : Pour être honnête, nous voulions impérativement participer à une course Otillo, et l’édition d’Engadin était pour nous l’option la plus pratique au niveau organisationnelle. Mais celle-ci s’est révélée être de loin la plus belle course à laquelle nous avons eu la chance de participer, mais aussi une des plus exigeante !!

D] 📍SRF : Un binôme père / fils c’est assez rare sur les coupes du monde, comment est née l’idée de faire équipe ensemble ? Comment vos proches prennent-ils ce défi commun ?

DF : Cédric m’a lancé ce défi et je n’ai pas hésité un instant !!
Réaliser une aventure avec son fils donne des ailes, même à mon âge! Maintenant les rôles sont inversés, c’est le fils qui entraîne le père ! Tous les moments de partage, de difficultés, d’entraide, de soutien dans l’effort tout au long de nos défis, c’est juste fantastique !

CF : Cela s’est révélé comme une évidence quand j’ai découvert ce sport. J’ai la chance d’avoir un papa inépuisable, passionné de tout ce qui impose un effort, et toujours prêt à relever un challenge !! Il a donc immédiatement accepté, et reste encore le moteur du binôme pour organiser nos différentes courses !
Et la fierté de notre nom d’équipe, les FRENCH FREYSS !
Nous avons également la chance d’avoir le soutien de notre famille, qui viennent souvent nous soutenir durant nos épreuves, et faire de belles vidéos finish de nos exploits !!

E] 📍SRF : Le swimrun est réputé pour renforcer ou distendre les liens en fonction du déroulement de l’épreuve, n’était-ce pas prendre un risque de se chamailler, ou une opportunité de régler ses comptes ? Comment avez vous vécu les éditions 2020 et 2021 d’Engadin ?

DF : Comme je suis râleur , il me calme régulièrement ! En général comme il est plus rapide en CAP, il m’entraine sur un rythme soutenu qui me pousse dans mes retranchements, comme cette édition 2021. L’an dernier il était blessé et c’est moi qui fût le moteur. Après le 1er cut off, il était à 2 doigts d’arrêter et j’ai opté pour une stratégie simple : on avance en se fixant un objectif atteignable !
On arrive en haut de cette montée, on va va jusqu’à ce ravito, on fait cette section natation et ainsi de suite et on passe le 2ème cut off à 5mn près! La délivrance parce que l’on savait qu’on terminerait …Nous avons fini dernier, mais quelle arrivée ! Inoubliable !

2020-07-26 OtillO Engadin World Series

CF : C’est vrai que notre binôme peut amener à toutes ces situations, mais l’arrivée nous jette dans les bras l’un de l’autre !
Et on se rend compte du côté exceptionnel qu’on a eu l’occasion de vivre. On se soutient énormément dans nos moments de faiblesse respectives, et même quand on veut lâcher, on trouve toujours la force de se motiver l’un l’autre pour continuer.

F] 📍SRF : En terme de spécialité, qui est le plus nageur ou le plus coureur ? Vous vous entrainez ensemble ?

DF : J’ai fait de la natation jusqu’à mes 14 ans. Nous avons le même niveau en nage mais bien sûr en CAP je suis en “léger” retrait ! Il me donne le tempo plus rapide mais je tiens. Et quand je suis à bout, comme pour la dernière section à Engadin, je l’oblige à marcher ! 
Nous arrivons à nous entraîner ensemble et j’adore cela ! 
Sinon je m’entraine seul, vu que mes amis me prenne pour un fou! Nager en gravière à 12° il n’y pas grand monde pour te suivre!

CF : Notre niveau est assez équivalent pour les 2 disciplines, ce qui fait de nous un duo parfait !! 😉

G] 📍SRF : Quels conseils donneriez vous à des binômes de swimrun qui se lanceraient dans la même configuration (parent / enfant) ?

DF : Pour le père de mettre de côté son égo et d’accepter que le fils ou la fille a de bien meilleures options à proposer et les accepter. Naturellement de s’entraîner le plus souvent possible ensemble afin de peaufiner tous les aspects de la course.

CF : Aucuns conseils, car seule l’expérience des courses leur imposera progressivement leurs routines. Mais plutôt un gros encouragement à le faire !!  Rien n’est comparable à ce moment de franchir la ligne d’arrivée ensemble. 

H] 📍SRF :  Comment avez-vous appris votre qualification pour les championnats du monde ?

DF : Nous visions la qualification à ce graal par le 7/24. Mais la situation sanitaire en 2020 nous a stoppé, avec l’annulation de la majorité des courses. Nous avons finalement été retenu par le Director’s choice.

2020-07-26 OtillO Engadin World Series

CF : L’organisation OtillO nous a accordé une place par le biais du Director’s Choice. Une réelle bénédiction, car après l’arrêt du 7/24, il aurait été très complexe de nous qualifier.

I] 📍SRF :  Quelle va être votre stratégie de course ?

DF : Pour ma part, de se calquer sur le temps des Cut Off afin d’être Finisher. La journée sera très très longue, du style de l’Ultra Côte Vermeille en 2019, où nous avons fini en 14h30.

CF : L’objectif premier sera évidemment de finir. Après, par quels moyens ou quelles stratégies ? Aucunes … uniquement user de cette solidarité pour continuer à avancer, et de puiser dans le mental pour aller au bout !!

J] 📍SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?

DF : Non, mais surtout un grand merci de t’intéresser à nous et aussi tes différentes vidéos et conseils que tu prodigues sur le site tout au long de l’année.

CF : Savoir quand on pense arrêter … quand je n’arriverais plus à le suivre !! 😉

2020-07-26 OtillO Engadin World Series

Les questions indiscrètes:

👉Embrassades ou poignées de main polies à l’arrivée ? 
Grosses accolades à chaque arrivée !

👉Qui fait le pipi qui réchauffe le 1er ? 
Didier, l’âge oblige !! 😉

👉Qui gueule le 1er ? 
Souvent Didier, il peut s’agacer très vite ! Un mini caillou dans la chaussure et c’est le drame.

👉Qui prie le 1er ? 
Cédric, pour que Didier ne râle pas !! 

👉Longe ou sans longe ?
Sans longe, chacun sa place l’un à côté de l’autre et on reste au même rythme.

👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entraînement ? 
En course, le Rockman en Norvège en 2018 : 10h d’effort avec 4444 marches à monter.  Et l’Ultra de la Côte Vermeille en 2019 en 14h30’ ! Les 55km de trail et 9km de nat’ dans un décor de rêve !

Instagram : @ced__fys

Crédit Photo Akunamatata / Pierre Mangez / ÖtillÖ / Gaute Lytskjold