Swimrunman Gorges du Verdon 2024, que l’aventure continue !
Si vous connaissez mon amour pour les mots et les longs récits, vous pouvez allez directement aux remerciements tout en bas, ou tout simplement regarder les photos
Ces mots sont pour moi une façon de me remémorer ce que j’ai pu faire et vivre, et je sais que je serais ravie plus tard de les relire pour les partager avec d’autres personnes…
Le sport a toujours fait partie de ma vie. Après une période de remise en question, je m’y suis peu à peu remise et cela a été comme une évidence : je ne peux me passer de ces efforts, ces dépassements de soi, ces partages, ce bonheur… Et c’est ainsi qu’à chaque sortie, mais surtout à chaque épreuve ou défi que les émotions sont décuplées.
Dimanche 28 avril j’étais inscrite sur le swimrun du Verdon. Cette année sur le parcours classique en solo. Initialement prévu sur 28 km, puis sur 26 pour un changement de parcours pour éviter une zone où nichent des espèces d’oiseaux protégées, puis finalement sur 20 km pour un nouveau changement de parcours avec une belle adaptation de l’organisation pour cause de météo difficile. Les jours précédents la course il a neigé sur les hauteurs du Verdon entraînant une chute des températures de l’air et de l’eau (qui était au plus bas entre 11 et 9 degrés).
Après avoir un peu accusé le coup de ces changements qui m’ont perturbée car moins de passages dans l’eau qui sont une force pour moi, j’ai réussi à me remettre dans la course. Dans tous les cas l’objectif était devant moi.
La veille de course
Arrivée sur le lieu du départ la veille (merci Stéphane pour ton accompagnement et ton soutien), j’ai pu aller repérer les entrées et sorties de la première et la deuxième portions de natation. J’en ai rigolé car je savais que ça allait glisser et que la boue allait être bien présente avec la météo prévue le jour même. Quant à la température de l’eau après avoir mis la main dedans, je me suis dit que de toute façon je m’étais entraîné pour et que le moment venu il ne fallait pas réfléchir.
Un bon plat de pâtes et une bonne nuit de sommeil, me voilà réveillée à 5h. Le départ ayant été repoussé à 8h j’en ai profité pour prendre une bonne douche, un bon petit déjeuner, un peu de lecture au calme et me suis préparée.
Un tout petit réveil musculaire, pas d’échauffement que je compte faire les prochaines fois ! Je n’ai pas l’habitude de ces formats assez courts. Je suis plus à l’aise sur des distances plus longues. C’était le cas également en natation. Ni sprinteuse, ni tonique, j’essaie d’appréhender ces nouvelles sensations où le rythme cardiaque crève le plafond. Moi qui refusais de courir et n’aimais d’ailleurs pas ça il y a encore très peu de temps en arrière, j’ai à présent du mal à m’en passer. Me voilà sur la ligne de départ.
Il y a du monde, beaucoup de monde, mais je me sens bien. Il y a mes amis et mes filles. Mais aussi toutes ces personnes qui m’ont encouragée de loin et que je remercie également.
Les filles m’avaient écrit des petits mots sur mes plaquettes à côté des différentes distances de course à pied et de natation. Des petits mots remplis d’amour et des dessins de ma chère Sainte-Victoire. Dont un petit mot que je devais lire juste avant le départ. Ce fût chose faite avec une montée de larmes que j’ai retenues tant bien que mal voyant également Laure un peu dans le même état. Le cardio sur la ligne de départ cette année était un peu plus bas que l’année passée. J’ai depuis appris à mieux le gérer, appris à appréhender mon stress, appris à appréhender les situations difficiles, les situations excitantes… Je commence à apprendre à les vivre en pleine conscience et le bonheur en est d’autant plus fort.
Je retiens tes mots Micka qui m’ont bien fait rire : ‘’je suis rassuré, je pensais que tu étais la seule à être folle, mais en fait vous êtes plusieurs.’’ Et c’est cette folie qui m’apporte tant de joie. Voir la vie un peu comme à travers les yeux d’un enfant.
Le départ est lancé.
Quelques pas en marchant, quelques virages, puis c’est parti. Ca part très très vite devant, je me laisse un peu emporter par le flot, partant aussi très vite pour moi. Je n’ai d’ailleurs à ce jour jamais couru aussi vite sur le départ d’une course. Il y a encore du boulot à faire par rapport aux autres, mais je suis fière des progrès que j’ai faits. Je me fais doubler, mais je double aussi
Fin du Run 1,📍 1,8km 5d+.
Entrée dans l’eau Swim 1, 📍400m.
Je ne réfléchis pas, le cerveau est posé, l’eau est fraîche, je le sais, et en même temps je l’ai travaillé cet hiver. D’ailleurs, je suis ravie, car à part les mains, pour le reste ça passe tout seul sur cette portion. Je double pas mal sur cette première portion. J’essaie de prendre une bonne trajectoire et n’ai finalement pas trop à regarder pour me diriger car je me suis calée sur la gauche des autres participants, respirant sur du deux temps, ce qui m’a permis de longer les personnes que je doublais.
Sortie de l’eau, pas de difficulté. Les jambes ont tout de même un peu de mal à se remettre en route mais cela n’est que de courte durée.
Run 2, 📍1,6km, 27d+.
Je ne prends pas la bonne direction, 4 ou 5 personnes me suivent (désolée ), nous reprenons vite le bon chemin. On me double un peu.
Je me prends une branche et reste accrochée avec mon bonnet. Et m… ! Heureusement, une petite frayeur pour rien, pas de trou ou de déchirure dans le bonnet, sinon les natations suivantes s’engageaient mal.
Swim 2, 📍800m.
L’entrée dans l’eau est sympa, au choix, soit une glissade dans la boue, soit un saut. J’opte pour le toboggan dans la boue et me mets rapidement à nager. La portion est plus longue, pas possible de voir la fin immédiatement car elle est sur le côté dans un renforcement. Je redouble un peu. En natation je me rends compte que j’ai encore un bon niveau. Il y a du boulot quand même pour gagner quelques places, mais moins qu’en trail où je débute.
La sortie est visible, je me dirige un peu trop vite sur le côté, un arbre est sous l’eau. Je me bloque la combinaison dedans. Et encore m… ! Je recule puis le contourne et me prends un concurrent (jamais deux sans trois, mais j’en rigole), avant de me replacer comme il faut pour sortir.
Run 3, 📍0,9km 30d+.
La sortie du Swim 2 est une belle montée dans la boue.
La suite sera un bel enchaînement vallonné dans la boue. Les pieds glissent, et il faut dire que le froid prenant un peu les jambes laissent mes appuis encore un peu plus hasardeux que d’habitude.
Une montée bien glissante avec les mains plongées dans la boue permettent de ne pas glisser en arrière au point de départ. On se croirait presque dans un mud day, les cordes et les échelles en moins. Je n’ai pas vraiment froid mais je sens que je ne suis pas non plus pleinement lucide. Un peu perturbée par les changements de parcours, j’ai encore du mal à retenir les portions à parcourir.
Le parcours revenant un peu en direction de la précédente natation on voit les autres participants encore dans l’eau, il y a du monde.
J’essaie de retenir les numéros de dossards que je double et qui me doublent, mais je les oublie vite.
Une très grande descente dans la boue (je ne sais plus si c’était bien sur cette portion). Quand j’arrive en haut je bloque, une personne devant moi me tends la main et m’aide à descendre. C’est ça l’esprit que j’aime dans le sport.
On croise des personnes venues encourager. Des encouragements qui réchauffent car remplis de sourires et de bienveillance. Des bénévoles avec la même attitude sont également présents. Un immense merci à eux.
Petite descente et entrée dans l’eau dans les rochers.
Swim 3, 📍500m.
Une belle traversée, l’eau se rafraîchit. De temps en temps un courant ”chaud” passe. Chouette l’eau doit être à 11 degrés à ces endroits ! On en vient à apprécier le moindre dixième de degré qui remonte. C’est marrant comme le cerveau peut être conditionné suivant les situations.
Le paysage est magnifique et chaque portion est agréable.
Run 4, 📍1,7km 54d+.
La pluie a cessé. Dommage, elle semblait être plus chaude que l’eau.
Le premier ravitaillement arrive. Je mange quelques morceaux de fruits, en profite pour reboire un coup.
Beaucoup sont gelés, essaient de se réchauffer comme ils peuvent.
Je reprends la course rapidement. Ca grimpe bien, je marche. Puis on rattaque une descente, je croise des équipes des deux autres formats, on échange quelques mots d’encouragements. Je m’accroche et suis. Puis nos chemins se séparent de nouveau.
Swim 4, 📍600m.
Une belle entrée dans l’eau entre boue et rochers. L’eau est un peu plus froide. La portion dans l’eau me semble plus rapide. Je suis un peu seule sur cette portion mais rattrape quelques personnes qui m’avaient d’ailleurs sûrement doublée durant la précédente course à pied. C’est ce qui est compliqué dans le swimrun, on ne connait pas réellement son classement. Dans l’eau on ne voit pas bien, à moins d’être vraiment toujours en tête de course.
A la sortie de l’eau j’ai mon équipe de supporters ! Ils courent un morceau avec moi, m’encouragent, c’est stimulant !
Run 5, 📍8,9km 299d+.
Commence la montée vers Aiguines. Je cours sur des petits morceaux mais marche beaucoup. C’est quelque chose qu’il va falloir que je continue à travailler. Je n’ai pas encore la caisse pour tenir toutes les portions en courant. Heureusement je marche quand même assez vite donc ça limite un peu la casse.
Mes amis viennent à ma rencontre, on fait un morceau ensemble, ils m’encouragent chacun à leur façon. Puis Les enfants arrivent en courant sur la fin de la montée.
Un autre participant nous rejoint et dit qu’il a froid, qu’il compte arrêter. Après des échanges et des encouragements, il continue avec moi, on s’aperçoit d’ailleurs que c’est lui qui m’a tendu la main pour m’aider à descendre en début de course…
Arrêt au ravitaillement à Aiguines. Une fille arrive, je repars vite. Pas question de me faire doubler.
On fait la descente avec Tom, on court, on échange, ça fait penser à d’autres choses. Je suis bien.
Nouveau ravitaillement avant l’entrée dans l’eau. Tom s’y arrête, j’enchaine.
Swim 5, 📍1000m.
Je commence à avoir un peu froid. J’ai des crampes qui arrivent en pagaille. D’un côté, de l’autre, puis à plusieurs endroits en même temps… Je ne pensais pas que c’était possible. Je bois l’eau du lac car je ne me suis finalement pas très bien hydratée le long de la course. J’essaie de relâcher les jambes, les gardant toujours très gainées ce qu’il faut que je corrige un peu sur ce type de course pour les préserver au maximum.
Les écarts se sont creusés, je vois deux participants sur ma gauche, mais ma trajectoire n’est pas trop mal.
Run 6, 📍0,6km, 22d+.
Sortie de l’eau et traversée de l’île de Costebelle. Mes crampes passent. Un des participants juste devant moi en souffrait également.
Même traversée que l’année dernière sur le format half mais je ne m’en souvenais plus.
Swim 6, 📍300m.
Je vois en face l’endroit où il va falloir sortir de l’eau. Ca va être compliqué. Les 300m de cette dernières natation sont un peu longs. Encore une fois, le cerveau et le conditionnement. Je sais que c’est la fin. Je commence à compter mes coups de bras pour ne pas penser au froid au niveau des jambes. Pas de crampe. Ca passe finalement assez vite.
Run 7, 📍1,1km 42d+.
Bon, c’est bien ce que j’avais vu. Elle est belle la montée dans la boue. J’y mets les mains sous les encouragements de mes amis et de mes filles qui me dirigent, mais également d’autres personnes qui sont là aussi. Ca glisse. Je monte tout le long comme ça. Petit morceau digne d’une sortie avec Bruno.
C’est la fin, tout le monde court avec moi.
La belle dernière montée. Je marche un peu.
Puis je reprends la fin en courant. Hanaé me suit avec Sascha qui s’écartera sur la fin pour me laisser finir avec Hanaé d’un côté, et Enoha de l’autre.
J’accélère, je finis en sprint à 4’20/km (ce qui peut paraître dérisoire pour certains mais est beau pour moi), je repense à Ben qui m’avait poussée lors de la sortie dans le Verdon le mois précédent.
Dernière ligne droite…
Arrivée.
Je passe la ligne d’arrivée avec mes filles.
3H05’52., 37ème au scratch., 5ème femme.
Je fonds en larmes dans les bras de Laure qui est un immense soutien pour moi. Puis dans les bras de mes filles. Micka et Stéphane me couvrent avec les manteaux pour que je n’ai pas froid.
Je l’ai fait. Je l’ai fini toute seule physiquement du début à la fin. Mais à plusieurs émotionnellement du début à la fin.
Et comme à chaque fois… que l’aventure continue !
Vivement la prochaine épreuve, le prochain partage, le prochain défi !
Le programme est d’ailleurs déjà en route;)
remerciements
Un immense merci à cette belle organisation avec une adaptation aux conditions particulières, aux bénévoles qui étaient présents, mais aussi aux bénévoles de toutes les courses et organisations car sans eux les courses ne pourraient pas avoir lieu et se dérouler ainsi.
Merci à toutes les personnes qui ont été présentes par la pensée et m’ont envoyé des messages d’encouragements et de félicitations.
Merci aux personnes avec qui je fais des sorties trail ou entraînements natation, et ceux et celles avec qui j’ai fait une portion du swimrun en reconnaissance fin mars (comme quoi, les conditions n’étaient pas si mal ce jour-là!).
Merci à Bruno pour la ceinture d’hydratation qui m’a très bien servie et que j’ai adoptée très rapidement.
Merci à Micka qui est toujours présent et qui est la personne avec qui je parle sans m’arrêter, mais qui sait aussi reconnaître les moments où l’on n’a pas besoin de mots pour comprendre.
Merci de m’avoir fait découvrir à quoi servait le deuxième petit trou en haut des chaussures et grâce à qui je ne refais plus jamais mes lacets avant de les avoir moi-même défaits. Et ça c’est un gros plus de sentir que le pied ne bouge pas. Ce n’est pas la première fois que j’apprends quelque chose sur le tard, après avoir fait les choses en mode bourrin pendant des années.
Merci à Stéphane et Scarlett de m’avoir accompagnée et soutenue la veille de la course et avant le départ, j’en avais besoin et cela a été très bon pour la course.
Merci à mes filles et les enfants de Laure pour tous les gentils mots, les encouragements, les étoiles que j’ai pu voir dans leurs yeux, et tous les ‘’Fanny, t’es une championne’’. Si je pouvais me voir comme vous me voyez…
Et merci à Laure… qui s’est occupée des enfants, en qui j’ai perçu aussi des étoiles dans les yeux. Laure qui m’a même fait des crêpes en rentrant ! Mon amie qui m’aide à me dépasser et avancer…
Merci Stéphane, Micka et Laure de vous être organisés pour m’accompagner, me soutenir et m’encourager. Sans vous ce ne serait pas la même chose… Je ne sais quoi vous dire d’autre à part merci du fond du coeur…
Et… à l’année prochaine pour cette course et faire encore mieux !
✍️ Fanny 📷 crédit photos Fanny
🔗 le site de Fanny https://nuagecreation.com/
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Fanny est aussi une athlète eco-responsable, elle nous a écrit un bel article inspirant 🔗 Swimrun et écologie : les gestes éco-responsables de Fanny