Compte-rendu de courseCourses

Swimrun Lac d’Annecy : notre victoire à la Gravity Race, sans pression ni attente

Gravity Race, parcours M, 5 km de natation et 20 km de course à pied / trail. C’est notre deuxième Swimrun de l’année. Notre troisième dossard. Une année maigre. Ma plus maigre depuis plus de 25 ans de pratique. Mais c’est aussi le résultat de mon choix de ralentir, de ralentir drastiquement pour faire face à une vie professionnelle toujours plus intense et à une vie familiale qui s’est enrichie d’un petit bout de chou de plus en plus actif…
Comme pour le Juraswimrun disputé trois semaines plus tôt, notre objectif est de courir pour le plaisir, sans chercher le classement, ni la performance. Je change de partenaire pour cette course : au lieu d’Arnaud Winkelmann, mon habituel binôme masculin, je fais équipe avec une athlète que j’entraîne à distance et qui a commencé le triathlon il y a à peine plus d’un an : Lydie Waucquier. Au fil d’une conversation, l’envie de se tester sur un Swimrun nous vient. C’est la fin de la saison « triple effort » pour elle, la saison « retraité » pour moi, le moment et le lieu de l’épreuve « proche » de la maison rendent le projet réalisable. C’est donc sur la Gravity Race à Annecy que nous jetons notre dévolu.

Vendredi soir : mode « touriste » activé. Personnellement, après des années de pratique « compétitive », je prends un plaisir fou à m’aligner comme ça, sans objectif précis. Ce que je n’aurai jamais pensé possible il y’a encore quelques mois s’avère au final assez grisant. Un dossard OK, mais pour s’amuser, pour découvrir du paysage. Pas de pression, pas d’attentes particulières, pas d’obligation de résultat.
L’ambiance est « on ne peut plus détendue ». Pas de repérage de l’aire de départ, pas de repérage de l’aire d’arrivée, une étude « sommaire » du parcours parce que je suis en compagnie d’une « débutante du SR » et que je n’ai pas le choix que d’être un minimum informé. J’ai toujours été bien épaulé par le passé avec des binômes qui adoraient toute cette partie « logistique » que je déteste tant.

Mon rêve ultime reste d’être parachuté sur la ligne de départ d’une belle épreuve sans avoir rien regardé avant, sans m’être occupé de rien. La soirée se termine par un petit restaurant gastronomique. Entrée, plat, dessert. Demain est un autre jour. Le ton est donné.
Samedi matin, on retrouve les copains. Arnaud, Caro, Patrick… On se met tranquillement dans l’eau.

La mauvaise nouvelle pour nous c’est l’interdiction de tirer la longe sur la première natation de 500 mètres. Mauvaise nouvelle puisque le contexte initial c’est que Lydie a fait sa première séance en eau libre il y’a à peine plus d’un an, et qu’avec peu d’expérience de l’eau libre et une expérience qui se résume à 0 en Swimrun, on aurait préféré 100 fois un départ en course à pied pour que le premier écrémage se fasse afin d’être en mesure de tracter dès la première natation…

Un départ natation à 400 athlètes impose d’interdire la longe sous peine de gros gros chantier de cordes entremêlées…8h30, les pingouins sont lancés ! Rapidement, c’est la bonne surprise de mon côté. Lydie part sur allure plus relevée que ce que je pensais et arrive rapidement à s’extraire sur le côté gauche du paquet. Quelques poussettes de ma part sur la semelle de son pied droit et nous nous extrayons de l’eau aux environs de la 30 / 40ème place bien mieux placés que ce mon pronostic initial laissait présager. Les progrès de ces derniers mois en natation de ma binôme sont fulgurants.

Sortir dans le premier dixième au lieu de la première moitié du peloton va radicalement changer la dynamique de course… On nous annonce rapidement que nous faisons partie du trio des équipes mixte en compagnie des binômes de Virginie Lemay et de Felix Forissier.

Première section à pied : 6,5km. Quelques parties roulantes, quelques parties montantes pentues, quelques descentes techniques. Un ensemble de profils qui nous permet de rapidement voir les points forts et faibles de chacun. Nous sommes 2 coureurs « aériens » et nous comprenons assez vite que les parties roulantes seront notre point fort.

Fin de la section à pied, et on s’engage pour le Big Swim : 2,9km de natation le long de la côte sauvage reliant Menthon à Talloires. Je sais à ce moment que cette section sera le juge de paix de la course. Les meilleurs nageurs seront nettement avantagés sur cette longue portion aquatique et pourront créer des écarts importants. 2ème binôme mixte à la mise, nous faisons d’entrée de jeu le
forcing pour revenir.
Dans mon esprit, la donne a évidemment changé en comprenant que le niveau natation de Lydie est bien meilleur que ce que j’avais imaginé. On nage fort. On ne fait que reprendre des équipes et hommes solo 47 minutes durant. Petit coup d’oeil en arrière, les écarts sont bien marqués. On décide de rester attachés et de faire le forcing sur l’enchainement des courtes course à pied plates et natations en bord de lac.

2ème ravito qui nécessite de s’excentrer d’une cinquantaine de mètre du parcours. On zappe. Encore 2 places de gagnées. Nous arrivons à Angon, qui marque l’arrivée du Big Run : 11km, plus de 600m de dénivelé en direction du chalet de l’Aulp. Nous savons que si nous tenons la baraque sur cette section, on a quasiment course gagnée. Mon esprit compétiteur a déjà repris le dessus depuis bien longtemps.

C’est bien marrant de s’amuser, mais le fait de jouer devant a rapidement mis en branle tous les mécanismes psychologiques qui sont devenus des routines automatiques ces dernières années. Plus question de céder une seconde. Les parties très pentues sont un vrai supplice pour moi, mais je sais que c’est ici que tout va se jouer. Je ne tracte plus rien. La corde n’est quasiment jamais tendue.

Des pentes supérieures à 25% qui nécessite de marcher. Un calvaire d’autant plus que ma binôme fait jeu égal avec moi… je n’ai pas d’autres choix que de me mettre la misère pour ne pas passer pour un clampin… Je n’attends qu’une chose : arriver au sommet et amorcer la descente.

Les sentiers de cette section sont absolument magnifiques. Les vues sont la rive opposée sont splendides : Saint Jorioz, le château de Duigt… Quelques secondes en mode « touriste » avant d’amorcer une descente technique qui nous ramènent vers Menthon. On frôle la surchauffe sous le soleil, habillé de notre néoprène. La dernière transition est chaotique, mais le fait que replonger dans l’eau fraiche suffit à notre bonheur. Petit coup d’oeil derrière : sauf catastrophe, les 600 derniers mètres sont une formalité. Dernière sortie de l’eau, dernière courte section course à pied pour rallier l’arrivée.

Une course magnifique, dans un environnement idyllique. Une gestion de course optimale avec les forces et faiblesse du moment. Une binôme solide, autant physiquement que mentalement. Et cerise sur le gâteau : une victoire à la clé.

Un grand merci à toute l’équipe organisatrice. Après le format L disputé dans des conditions dantesques en 2020, nous avons cette année pu profiter des jolis points de vue grâce à une météo clémente sous un ciel bleu dégagé. La Gravity, on reviendra s’y frotter !

🔗 https://www.gravity-race.fr/
✍️Florian Schäfer IG: schafercoaching
📷 crédit photos Gravity Race / Lilian Ménétrier / Lm pictures