Compte-rendu de courseCourses

JuraSwimrun 2024 : Une course en mixte au cœur des lacs du Jura

Le JuraSwimrun 2024 a tenu toutes ses promesses avec un parcours exigeant de 35 km à travers 5 lacs jurassiens. Florian Schäfer et sa partenaire Lydie Waucquier ont relevé le défi du Défi du Hérisson, terminant premiers en mixte et 5ème au classement général. Récit d’une course où stratégie et dépassement de soi ont été les maîtres-mots.

Un défi lancé sur un coup de tête

« J’ai bien envie de tenter un truc au JuraSwimrun… Tu me suis ou pas ? ^^ »
Lydie : « Haha tenter quoi ? Mais ok je te suis 😂 ! »

Voilà, ça commence comme ça. Par un échange rapide de textos. La réponse claire à ma requête provoque des sentiments relativement ambivalents chez moi. Un mélange de confiance, d’audace et d’aveuglement. Car on ne va pas se mentir, je ne n’ai pas que des bonnes idées😬, et l’idée même que ma binôme réponde favorablement à mes provocations me déstabilise. Soit elle a confiance, soit elle est joueuse, audacieuse et peut être même un peu inconsciente. Peut-être un peu de tout ça.
Pour le moment, une chose est sûre : le binôme vit bien.

Une nouvelle stratégie audacieuse

L’idée première déjà évoquée était de tenter un départ rapide. Partir vite. Beaucoup plus vite que sur nos précédentes épreuves. Gravity Race 2023, Otillo World Series Göteborg 2024 et Vertical Race des Grands Lacs de Laffrey 2024. Trois épreuves, et à chaque fois la même dynamique de course : départ lent, trop lent, et qui se solde par une course poursuite et un retour par l’arrière. Laffrey : un cas d’école. Premier pointage à la 45ème place 😅 au général pour un finish à la 4ème place. En somme, une très belle prestation mais au cours de laquelle nous n’avons que très peu bénéficié de l’aspiration créée par les binômes en tête de course. Il faut maintenant que l’on tente de « jouer » devant. Aujourd’hui sera différent.

La deuxième idée découle d’un constat assez simple : la perte de temps aux ravitaillements. A chaque « ravito », c’est la même musique : s’arrêter, boire, manger et perdre du temps, trop de temps… Donc, l’idée qui se cachait derrière nos échanges de textos résidait dans le fait de s’arrêter seulement à un seul des 5 ravitaillements proposés lors des 35km du Swimrun du Hérisson. Boire l’eau des lacs, maintenir notre effort en état de stress « hydrique », tester notre tolérance pour les prochaines échéances. Avant on s’arrêtait à chaque ravito, mais ça c’était avant. Aujourd’hui sera différent.

Le départ : entre excitation et premiers obstacles

Sur les bords du lac de Chalain, 9h pétante, le départ est lancé 💥. En pôle position sur la ligne de départ et fidèles à notre stratégie, nous partons vite. Moins d’un petit kilomètre à pied avant la première mise à l’eau avec le groupe de tête. Premier cafouillage 🙈avec la longe qui s’emmêle autour de mon flotteur. Rester calme. Essayer de rester calme. 10 bonnes secondes à pinailler avant de se mettre à nager. Plusieurs binômes qui nous passent à côté. La mise en bouche est amère, et maintenant il va falloir se bouger. Cette première natation (450m) mal engagée dans le lac de Chalain nous impose un départ natation encore plus rapide que prévu. Faire le forcing. Revenir devant. Première sortie de l’eau dans les pieds du binôme homme de tête. On a recollé. Aujourd’hui j’ai les bras, et j’ai faim. Sauf défaillance, on ne devrait pas se faire sortir dans l’eau.

2ème section course à pied (6km) qui nous amène à l’autre bout du lac en passant par les crêtes. Forcing pour rester au contact. Le constat est sans appel. On ne pourra pas rivaliser avec les 3 meilleurs binômes homme qui prendront la poudre d’escampette. Malgré les qualités impressionnantes de Lydie dans les parties montantes, les parties plates ne sont pas à notre avantage, et encore moins les parties techniques où le fait de courir « tracté » est un réel désavantage.

La course : un combat contre soi-même et les éléments

Nous resterons quelques temps isolés et intercalés en 4ème position. Sur les bords opposés du lac de Chalain, nous échangeons rapidement avec Lydie sur la stratégie à suivre. Continuer le forcing pour jouer le classement général et risquer de se brûler les ailes et de se faire rependre par les binômes mixtes en chasse ? Ou temporiser ? Choix cornélien.

2 nouveaux binômes homme viendront recoller juste avant la troisième section natation (900m) dans le lac de Chalain. On n’a pas l’habitude de se faire reprendre, et cette situation provoque quelques grincements de dents. Les sections s’enchaînent : lac de Val, puis cascades du Hérisson. Magnifiques, même si l’effort physique ne permet pas de savourer les paysages à leur juste valeur.

Le dernier faux plat montant au sortir des cascades marquera une forte baisse de régime de ma part. Je suis rincé. Cuit, rôti. Cette dynamique de course menée tambour battant depuis le départ laisse apparaître ses premiers stigmates. Lydie m’annoncera a posteriori qu’elle a eu un passage à vide quelques temps avant moi. Merci copine, mais je l’avais bien senti dans la tension de corde haha 😂. Cette fois, c’est à mon tour de ramasser et je ramasse en bonne et due forme. Quelques alternances marche / course qui font mal au moral. A chaque passage « marché » Lydie se porte mes côtés, ce qui signifie que je ne tracte plus rien du tout. Avec beaucoup de tact, elle me proposera de continuer de marcher si j’en ai le besoin 😬. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer.

Ai-je à faire à la Lydie bienveillante et empathique qui compatis à ma détresse ? Ou ai-je à faire à la Lydie démoniaque qui cherche à me provoquer en me mettant la chauffe 💣pour me relancer ? Le calvaire de cette longue section pédestre (8km) s’achève avec la mise à l’eau pour la longue section natation dans le lac d’Ilay (1700m). Nous sommes bien installés à la 5ème place avec, tout juste 20m devant, le binôme Mickael Barbé – Sybille avec qui c’est le fight depuis plusieurs heures.

L’arrivée : une victoire en mixte et des leçons pour l’avenir

Malgré tous nos efforts, nous ne serons pas en mesure de recoller, et la course à pied suivante mettra fin à tous nos espoirs. Ultime natation dans le lac de Narlay et finish en 4h00’35” ( pour 5,5km natation / 29km à pied) dans le top 5 à 8′ minutes de la gagne (les frères Tissot) et victoire 🏆en mixte.

Le bilan est encore une fois très positif. La prestation est propre. Nous nous sommes rassurés quant au fait de tolérer des départs plus rapides qu’à l’accoutumée et quant à notre stratégie de ravitaillement. Nos automatismes sont de plus en plus intégrés. Lydie est toujours aussi solide dans la durée.

Un grand merci à toute l’équipe organisatrice autour de Damien Favre-felix qui nous permet d’évoluer dans cet environnement privilégié 😍avec la traversée de 5 lacs au sein d’une seule et même épreuve. Maintenant, cap sur @ÖtillÖ Swimrun Cannes pour la dernière manche Otillö de l’année afin de peaufiner notre ranking en vue des championnats du monde 2025.

✍️ Florian Schäfer
📷 crédit photos Florian Schäfer
IG : schafercoaching
🔗 https://juraswimrun.e-monsite.com/
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