Une édition 2017 dans le dur à Costa Brava
Retour sur le swimrun Costa Brava 2017 avec le compte rendu de course de Christophe Charpentier et Grégory Petitjean. Une belle épreuve courue dans la chaleur.
13 h, Platja d’Aro
Bon je sais pas trop par où commencer, ni trop comment, tellement tout cela est encore très flou pour moi. Avec Grégory Petitjean mon ami, mon coach et mon binôme du jour, nous réfléchissions depuis de longs mois à nous engager dans cette aventure catalane.
Ma déconvenue de Hvar (manche de coupe du monde du circuit ÖtillÖ) a fait le reste.
Alors c’est bien décidé à me venger (ou à me rassurer !?) et pas peu fier de courir avec mon coach que nous nous retrouvons sur la starting line du Swimrun Costa Brava 2017.
Il faut dire que cette course a tout pour plaire sur le papier : 42 km dont 7km de natation avec un dénivelé positive important je crois 1800d+ et un teaser qui fait rêver.
Cerise sur le gâteau Nicolas Gallot des Bonnets-Pan.com nous a expédié 2 combinaisons Utter-Pan afin de les tester sur une épreuve longue.
Après le retrait du pack course samedi, bonnets et puce, pas de chasuble ici, le rendez vous est donné dimanche matin à une cinquantaine de binômes au sommet d’un château médiéval surplombant la vieille ville avec une vue à 360 degrés.
Nous arrivons par nos propres moyens vers 7h30 (un bus de l’orga assurait aussi le transfert), l’ambiance est détendue comme souvent, on échange avec d’autres swimrunners pendant qu’on se prépare.À 10 min du départ on nous remet un GPS pour le tracker emballé dans un sac étanche, on apprendra en fin de course qu’il fallait l’allumer…
Le départ
8h le coup d’envoi est donné et nous nous élançons pour 5km de descente, on part vite, certainement trop vite comme me le dit Greg. Car j’ai trop peur de me faire bloquer sur un single.
dès les premiers mètres je me retrouve dans le coton,
Après une petite portion de route nous empruntons un sentier technique. Première erreur j’accroche une racine à vive allure, je suis déséquilibré, j’essaie de me rattraper… le vide en dessous !
Heureusement il y a un arbre providentiel et je me rattrape tant bien que mal , j’évite une vilaine chute… grosse peur… Greg me dit d’être vigilant, il a raison, il faut que je me tempère…
Première mise à l’eau, quelques centaines de mètres à nager, rien de méchant à priori sauf que dès les premiers mètres je me retrouve dans le coton, pas de force, je lutte pour rester dans les pieds de Greg, sortie d’eau très technique sur un mur de rochers, je vacille et ça me prends du temps, plus qu’habituellement ???
Je mets ça sur le compte du départ trop rapide, Greg m’attend un peu plus loin et me rassure en me donnant une explication biomécanique… ok Greg… Nous relançons sur la première ascension avec un dénivelé important.
Cependant je suis dans l’inconfort, c’est difficile, les pentes sont abruptes en montée comme en descente d’ailleurs (je me dois de vous avertir qu’à partir de cet instant ma lucidité était altérée car je suis incapable de me rappeler des différentes sections et le déroulé exacte de la course donc excusez moi si je ne suis pas très précis…)
Je peux simplement vous dire que les prises d’altitude sont rapides et les panoramas à couper le souffle, des criques avec des plages de sable jaune, une beauté sauvage qui ressemble à la Croatie et à la Corse. Avec en prime quelques beautés dénudées qui ne gâchent rien au tableau ????.
C’est juste dingue, l’eau est cristalline, le paysage exceptionnel.
Les 1ers ravitaillements sont salvateurs, biens fournis, on prend le temps, on décide par deux fois de tomber les combinaisons sur les plus gros run mais on perd du temps à les remettre…Nous enchaînons les natations et les runs sur une bande littorale incroyable, îlots, rétrécissements, tunnels, enjambements de rochers, descente à la corde le long du rivage.
C’est juste dingue, l’eau est cristalline, le paysage exceptionnel. Moi j’alterne les états , passant d’euphorique à la tête qui tourne, envie de vomir, à bout de force, hypoglycémie, hyperglycémie…Je me plains sans cesse, en retour j’écoute les conseils et les encouragements de Gregory.
je n’arrive plus à figer mon attention et manque de chuter plusieurs fois
Je serre les dents en me disant que ça va passer…Nous sommes à peine dans le premier tiers de la course, pourvu que ça passe…Sauf que ça empire… je n’arrive plus à figer mon attention et manque de chuter plusieurs fois. Le soleil est étouffant, mon centre d’équilibre est perturbé, je vacille, chaque effort me coûte bien plus qu’habituellement.
Afin de continuer, je dois puiser loin très loin au fond de moi… je songe à abandonner la course, abandonner le sport aussi ????…Malgré tout je m’accroche pour courir dès que cela est possible. Et en finir au plus vite. Même en natation je subis, bras lourds, difficile de ramener les plaquettes, pas de cadence. Je lutte, je m’accroche, Greg me soutient, je suis dans une bulle, lui, moi et la finish line.
Greg m’incite à me ravitailler mais je n’y arrive pas
Nous continuons d’enchaîner les sauts de puces sur le littoral. Nous commençons à apercevoir notre point d’arrivée, il reste une dizaine de kilomètres à parcourir. Nous arrivons dans une grande ville, grande promenade côtière au milieu des promeneurs, enchaînements de natation rapide et cap sur de grandes digues empierrées.
Puis les derniers ravitaillements, je choppe une chaise et m’installe à l’ombre, je resterai bien là… Il reste 5 km… Greg m’incite à me ravitailler mais je n’y arrive pas. Je me force et on repart de plus belle. Nous dépassons un binôme puis un autre plus loin, je retrouve quelques forces.
De nouveau une promenade côtière, celle de Platja d’Aro, la fin de notre périple…je sais que mes enfants et ma chérie ne sont pas loin, je ravale deux sanglots, j’en aurais bavé comme jamais, trois bisous, dernière natation entre deux bouées sur la plage.
c’est certainement la course la plus dure que j’ai eu à gérer.
Il reste quelques centaines de mètres de cap et c’est la délivrance !Enfin la finish line ! La joie et les regrets de n’avoir pu donner plus…Déception supplémentaire le buffet after finish est un ravitaillement amélioré, pas à la hauteur de l’effort fourni, dommage, on a été habitué mieux…
Notre position : je crois qu’on a quasiment gardé la même place du début à la fin, on s’est fait doublé par quelques binômes dans la 1ere partie et je crois qu’on a rattrapé 2 ou 3 binômes dans la 2e partie…C’est très flou…Diminué physiquement je n’ai rien lâché mais c’est certainement la course la plus dure que j’ai eu à gérer.
Mon état nous a certainement coûté une bonne vingtaine de minutes au classement, heureusement Gregory a bien su veiller sur moi et nous avons pu terminer c’est aussi ça l’esprit de ce beau sport.
Voici mon retour d’expérience après cette course : ne jamais penser qu’on est trop bien préparé, ne jamais sous estimer le repos et l’alimentation la veille et l’avant veille d’une course.
Gregory très consciencieux avait pris soin d’analyser la course et de tout marquer sur ses plaquettes. En conséquence cela nous a énormément aidé car je me suis totalement laissé guider. Heureusement il y avait des bouteilles d’eau sur certaines sorties de natation car nous avions choisi de ne pas prendre des flasques souples, une grosse erreur !
Quant à mon état ça reste encore une énigme que je tente de déchiffrer… si vous avez des pistes je suis preneur.
A + les swimrunners
PS : merci à Manu Premieux pour les encouragements tout au long de la course et le reportage photo