Compte-rendu de course

Valse à quatre mains au Swimrun Côte d’Azur

Ophélie et Julien Valette, organisateurs du Swimrun Sang pour Sang Vassivière  nous racontent leur participation au Swimrun Côte d’Azur. Ils ont accepté le challenge que nous leur avons proposé : écrire séparément leurs comptes rendus et nous confier leurs perceptions indépendantes des hauts et des bas de leur aventure commune. Voici leur jolie valse à quatre mains. Photos ©Akuna Matata

Ophélie
J’ai participé aujourd’hui, pour ma première fois en compétition au swimrun Côte d’Azur en équipe mixte accompagnée de mon mari Julien. Nous courons sous le nom d’équipe Team Sang pour Sang Sport, l’association dans laquelle nous sommes depuis 2 ans. Cette dernière organise des événements sportifs dans la région Rhône Alpes dont les bénéfices sont investis pour l’amélioration du quotidien des enfants et des jeunes adultes atteints du lymphome : trail blanc de nuit, trail de nuit, course sur route ou encore course VTT.

Nous sommes arrivés la veille de la compétition, ce qui je pense était idéal. Plutôt que de faire la route le matin et de sentir la fatigue sur la fin de l’épreuve, nous étions frais et disponibles pour entamer cette journée. Un petit déjeuner plus copieux que pour mes précédentes compétitions (10km, cross, trail court). Je suis les directives de julien : « il faut tenir les 23 bornes sans coup de mou, et la natation c’est plus « caloriphage » » .

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Julien
Le dimanche matin, nous nous levons à 6h45 c’est tôt mais moins tôt que les 4h de la semaine précédente pour la Gravity Race ! Nous mangeons tranquillement puis nous nous rendons sur le lieu de départ à moins d’un kilomètre de notre hôtel. Je sens Ophélie un peu stressée, ça fait plusieurs jours qu’elle me dit qu’elle n’a pas pu beaucoup s’entraîner ces 5 derniers jours. Afin de la rassurer et pour tester la corde élastique achetée une semaine plus tôt et jamais testée en condition réelle nous nous jetons à l’eau. La corde m’apporte autant de satisfaction que sur la Gravity Race, j’ai l’impression qu’avec ça on va bien assurer dans sur les parties aquatiques !

Ophélie
Je suis un peu stressée mais Julien me rassure, « c’est une course pour se faire plaisir et pour que tu découvres » . On n’a pas le même niveau mais on se connait bien et ça sera notre point fort sur la course.

Julien
Photo de binôme au départ, rapide briefing et hop tous au départ ! La première course à pied fait 850 mètres, c’est très court et nous savons que nous allons tous nous retrouver en même temps dans l’eau. Nous avions préalablement établi que nous ne nous attacherions pas sur la première natation. Cependant pour bien échauffer les épaules nous nous sommes mis d’accord sur le fait que je nagerai fort sur cette première natation puis que je l’attendrai avant de partir pour la seconde course à pied.

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Ophélie
Le départ est donné et c’est parti pour 850m de course à pied. On fait partie des premiers binômes mixtes, ça me surprend mais je suis à l’aise. La première natation à l’horizon, on décide de ne pas s’attacher car nous sommes encore nombreux dans l’eau et il ne faudrait pas gêner tout le monde. C’est parti pour 5min de stress ! Avec pour seule expérience l’entraînement au swimrun tous les week-end depuis 4 mois en lac et aucun triathlon à mon actif, je rentre dans l’eau essoufflée.

J’ai nagé en mer pour la première fois, pendant un mois, cet été dans des conditions très clémente. Je suis donc surprise par les vagues qui se cassent sur moi et les autres athlètes. Eux, ils arrivent à passer au-dessus, mais moi je n’arrive pas à poser ma nage… Je brasse jusqu’à la bouée pour retrouver mon souffle, et je me dis que Julien va m’attendre, chopper déjà froid, ça m’embête… J’essaye de pas me décourager mais ça double dans tous les sens. Le soutient de certains athlètes me remet d’aplomb, et une fois la bouée passée je pose enfin ma nage. Je vois Julien au loin déjà hors de l’eau j’essaye donc de garder un bon rythme. Je sors et on regrette de pas s’être attaché. Nous sommes à ce moment-là dans le bon dernier tiers des athlètes et je m’en veux terriblement pour Julien.

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Julien
Première natation je pars fort, je remonte beaucoup de monde et je sors en tête du deuxième pack, tout va bien les épaules sont bien chaudes et la corde complètement autour de ma taille n’a pas bougée. Je me poste donc à droite de la sortie d’eau comme convenu avec Ophé pour l’attendre. Je sais que je nage plus vite et sur ces 360m je dois lui mettre au moins 2/3 minutes. Sauf qu’au bout d’un moment je commence à m’inquiéter et j’espère qu’il ne lui est rien arrivé, certes il y a un peu de vague mais rien de bien méchant. Au bout de 5/6 minutes j’aperçois Ophé qui sort de l’eau, je ressens alors un mélange de soulagement et de déception. On était venu pour performer et là on se retrouve dans les 20 derniers binômes …

Ophélie
C’est parti pour le 2ème run ! On a un bon rythme et on remonte 3-4 binômes. On entame notre première transition mais on ne s’attache pas encore très rapidement, ça va venir 😉 . Julien me motive et la natation se passe hyper bien. J’essaye comme je peux de suivre le rythme pour ne pas trop le fatiguer mais ça bouge encore pas mal et mes mouvements de nage sont moins efficaces que lui. Je m’habitue à l’élastique, j’essaye au mieux d’anticiper les changements de direction et d’éviter les plaquettes des binômes que l’on dépasse. Nous en passons 7 d’après Julien. Je ne peux pas confirmer ce chiffre car je ne vois que le fond et les poissons !

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Julien
La course à pied s’enchaîne bien, on reprend du monde, nous sautons pour la 3ème natation et là c’est le drame, les 2 élastiques avant de mes plaquettes sortent des trous, je passe une minute dans l’eau sans avoir pied à remettre ces ***** de deux élastiques. Pendant ce temps un groupe de 5 binômes que nous avions passé sur la natation précédente nous laisse sur place. Je suis furieux contre moi-même, par négligence je n’ai pas vérifié mon matos avant de me jeter dans la flotte. Je viens de faire perdre 1 min à mon équipe et tous les efforts fournis sur la nage précédente n’ont servis à rien … Je suis frustré, dégoutté alors je me venge sur l’eau et mes épaules en appuyant comme un malade sur les plaquettes nous arrivons à sortir de l’eau avant le groupe de 5 binômes.

Ophélie
Nous sautons attachés dans l’eau pour le 3ème swim mais un soucis technique nous ralenti. Les élastiques des 2 plaquettes de Julien se décrochent et il s’en rend compte malheureusement qu’une fois dans l’eau. Je le sens frustré, et moi impuissante, durant la minute que nous passons dans l’eau à les réparer, de plus nous sommes doublés par 2-3 binômes. Et c’est reparti ! Aiie, la saleté de méduse n’a pas loupé ma cuisse, ça non plus il n’y en a pas en lac ! Julien nage fort pour rattraper notre retard et moi je sens de plus en plus à l’aise dans l’eau malgré les bonnes vagues sur cette natation.

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Julien
Jusqu’à la mi-course nous nous détachons systématiquement pour courir, nous courons sur le chemin des douaniers qui est rendu un petit peu glissant par la pluie. Rien de bien méchant nous venons tous les 2 d’investir dans des inov8 et les appuis sont excellents mais Ophélie à peur et n’arrive pas à se libérer … Cependant nos transitions sont de plus en plus fluides et sur chaque natation nous reprenons du monde.

Nous jouons à « attrape moi si tu peux » avec les binômes mixtes 68 et 02 constitués de Kate qui sortait d’Hawaii et de Nicolas avec qui nous avions beaucoup partagé la veille et le matin !

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Ophélie
Arrivée au deuxième ravito solide, moi qui ne mange jamais sur les ravitos de trail ou course sur route, j’apprécie de pouvoir manger quelques bouts de bananes pour me re-sucrer. Les verres d’eau sont aussi les bienvenus car l’eau salé me sèche. On continue notre aventure ensemble de plus en plus coordonnés dans les transitions. On décide de ne plus se détacher car les quelques côtes sur le tracé me ralentissent. L’élastique ne fait pas tout, mais psychologiquement ça aide beaucoup.

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Julien
Nous arrivons sur l’avant-dernière course à pied (4 200m) et un bénévole nous signale que 2 binômes mixtes se situent environ 45 secondes devant nous. Malheureusement nous ne les apercevrons jamais même dans de grandes lignes droites. Les 4 200m se finissent sans encombre, on a bien envoyé sur le course à pied je suis vraiment heureux de la tournure que prend la course surtout que nous attaquons la dernière natation notre point fort → 400m pour revenir sur les deux binômes mixtes dont on nous a parlé au début de la dernière course à pied, j’y crois ! Première bouée à prendre main gauche, et là nous nous retrouvons face à l’océan, des bonnes vagues j’adore et j’espère qu’Ophé ne va pas paniquer comme sur sa première nat malgré l’élastique. L’excitation laisse vite place à la fatigue musculaire, nous progressons difficilement et dépassons un binôme H/H (raté les mixtes se sont échappés :-P). Quel soulagement de toucher terre, j’ai les épaules en fusion de m’être battu dans les vagues avec la corde.

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Ophélie
L’avant dernière natation se passent toujours aussi bien, je suis enfin à l’aise et je pousse autant que je peux pour soulager Julien. On sort de l’eau pour entamer le 4200m de course à pied. Les jambes sont lourdes et Julien continue à me motiver. Le parcours casse un peu les jambes. Le ravito solide au milieu de la portion est un soulagement. Julien me dit : « Tu mangeras en marchant dans les escaliers, on ne perd pas de temps » ça fait beaucoup rire les bénévoles. Moi je m’y plie, je ne veux pas le décevoir et puis il ne reste qu’une portion de natation et une de course. Il faut tout donner maintenant.

On arrive à la dernière natation. Les vagues et le courant sont puissants. Je ne peux pas aider Julien, j’ai l’impression qu’on avance pas et l’élastique n’est pas tendu. On progresse comme on peut face aux éléments. Je relève souvent la tête pour corriger ma direction malgré la corde. On est parti trop serré sur le bord. Je me fais peur plusieurs fois dans le creux des vagues en touchant et tapant les rochers contre mon bassin mais pas de «bobo ». La sortie d’eau ne peut se faire sans l’aide des bénévoles, qui nous encourage pour la dernière portion de course.

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Julien
Dernière course à pied il reste 1 500m je motive Ophélie et la tire autant que je peux mais dans la dernière ligne droite de 400m je ne vois aucun binôme, nous finissons donc pour l’honneur sur un très bon rythme puis marchons tranquillement sur le tapis bleu jusqu’à l’arche d’arrivée ! Le chrono affiche 3h20 pour un objectif préalablement fixé entre 3h30 et 4h malgré nos mésaventures du début de course, contrat rempli !

Ophélie
Je donne tout ce que je peux sur ce dernier kilomètre. Les jambes me piquent mais je veux finir en beauté. Julien fait le lièvre pour moi, m’encourage et je me dépasse. La finish line est là ! Le speaker annonce la team « sang pour sang sport » et le chrono affiche 3h20’30. On fait la photo finish pour immortaliser l’émotion partagée d’avoir fini ensemble cette épreuve.

Julien
En définitive j’ai pris beaucoup de plaisir dans l’eau et j’ai pu profiter du paysage sur les portions course à pied. Cette première expérience en binôme mixte s’est plutôt bien déroulée… L’année prochaine je vais m’aligner sur pas mal de swimrun mais plus en H que mixte c’est plus facile pour se repérer dans la course et je pense qu’en tant que compétiteur je prendrai encore plus de plaisir. De plus nous auront un niveau plus homogène avec mon binôme même s’il faudra surement qu’il me tire à pied  !

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Ophélie
C’est un mélange d’émotion contradictoire qui m’envahis en cette fin d’épreuve. La reconnaissance infinie pour mon partenaire qui m’a poussé au sens propre comme au figuré tout au long de cette épreuve. Je regrette ma première natation et me promet de m’entraîner davantage en mer quand j’en aurai l’occasion. Une joie et une fierté d’avoir fini cette superbe épreuve dans des temps bien en dessous de mes objectifs. Malgré tout une impression que l’effort donné n’était pas tout à fait le mien, que la performance n’est pas la mienne. C’est là que le concept du swimrun prend tout son sens. Partager, se dépasser et performer là où seule l’exploit n’aurait pas été possible. Et tout ça, au milieu de paysages extraordinaires.

Merci Ophélie et Julien d’avoir joué le jeu et de nous avoir fait partager avec simplicité et sincérité votre vécu et sensations. Vous pouvez retrouver une vidéo de la course signée Akuna Matata