Compte-rendu de courseCourses

Du Raid multisport au Swimrun… il faut se jeter à l’eau !

Simon Marchal vient de l’univers du Raid, avec son binôme Aurore, il nous livre son point de vue sur le Swimrun de la Gravity Race d’Annecy qui a eu lieu le 15 octobre dernier (41 km dont 6 km de natation en lac).

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Nager 6 bornes ?! Courir 35 bornes ?! En combi ?!…

C’est ce que j’entends quand je dis qu’en tant qu’adepte du raid multisport je vais m’essayer au Swimrun.

La Gravity race me semble être idéale pour se tester : pas assez plat et pas assez chaud, c’est   PAR… FAIT

L’avant course

1 mois avant la course un méli mélo de binômes défile et je finis enfin par trouver ma partenaire, Aurore. La surprise est à son comble, nouveau sport et binôme inconnu.

Après quelques semaines et quelques degrés de moins, je la rencontre enfin vendredi soir sur Annecy pour faire le point sur nos niveaux respectifs et le matériel. Nous sommes sur la même longueur d’onde (sauf que quand elle m’annonce que l’eau demain sera à 15°C j’hésite à la détester mais ce n’est pas de sa faute)

Samedi matin :  7 heures et 8 degrés, nous voilà sur le parking de la plage de départ.

“La plage prend alors une allure de banquise”

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Premier réflexe : c’est quoi une eau à 15 degrés ?! Le bout des doigts trempés dans le lac en guise de thermomètre annonce rapidement le mauvais moment à passer quand il faudra s’y jeter malgré la combinaison et y passer quelques heures aujourd’hui.

Nous nous lançons dans les préparatifs, la doudoune est retirée au dernier moment !

A contrario, l’ambiance, elle, est chaleureuse. Tout le monde se regarde et observe les différentes façon dont certains ont bricolés leur matos pour optimiser les déplacements sur terre ou dans l’eau. Le speaker nous met la pêche et annonce alors 1 minute avant le départ…

Le départ

La plage prend alors une allure de banquise, nous voilà tous la goutte au nez, serrés les uns contre les autres prêts à en découdre sur un départ en masse dans l’eau. Gooooo !!!!! Comment expliquer ce moment… ? Essayez d’imaginer 300 gugusses sur la même ligne d’un bassin de 25 mètres et armés de plaquettes… Voilà je vous laisse imaginer

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Au milieu du paquet il faut juste chercher à conserver sa place et laisser passer ces 800 mètres de machine à laver. Aurore et moi en avons profité pour se perdre de vue, c’est plus rigolo. .. À la sortie de l’eau je l’aperçois déboussolée, elle me cherche partout en combi orange et en bonnet rose…au milieu d’un débarquement de bonnets roses quasiment tous vêtus de combi oranges…

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“c’est le panard, le charme du lac d’Annecy opère”

La session trail

Nous voilà parti pour une session trail de 1100 D+ à parcourir sur 10 kilomètres. Le terrain est technique autant en montée qu’en descente mais les réflexes de raideur sont là, plus c’est le chantier mieux c’est.

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La montée se fait dans le peloton, personne ne tente de doubler, les binômes restent groupés. Malgré le fond de l’air frais, l’ascension dans la forêt en combi me fait monter en température, j’en profite pour utiliser les spécificités du matos swimrun et ouvre la combi pour ventiler.

« voilà, la moitié du déniv total est faite ! »

Enfin le groupe s’étire, un belle descente technique nous donne l’occasion de gagner quelques places, alors je lâche les freins et attaque fort. Beaucoup de coureurs marchent sur des œufs et ne connaissant pas le niveau d’Aurore, je prévois de l’attendre en bas mais après quelques coups d’œil dans le rétro je la vois dans mes pas !

La partie fun terminée on réattaque la montée pour le mont Veyrier, la vue promet d’être splendide étant donné l’apparition du soleil en lisière de forêt. 4 km avec 1000 D+ et c’est le panard, le charme du lac d’Annecy opère… A ce moment de la course la même phrase se fait entendre dans le paquet : « voilà, la moitié du déniv total est faite ! »

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La descente est très très glissante, d’où l’intérêt de porter une combi renforcée aux fesses et enfin un  monotrace s’ouvre à nous dans l’entrée dans la forêt et laisse place au régal jusqu’au bord du lac.

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De retour au Lac d’Annecy

Nous voici revenu à la plage de départ pour attaquer 1300 mètres de natation. La transition est longue nous prenons notre temps, comme en raid, nous gagnerons du temps sur les prochaines.

Une fois le bout des pieds dans l’eau (ce qui ne s’est pas confirmé longtemps, passée la ceinture…) j’entends encore Aurore me dire : « ah ça va mieux niveau température ! » Je suis saisi par le froid à tel point que j’oublie de baisser mes lunettes, je ferai donc cette nage avec un verre sur deux rempli d’eau glacée.

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La cadence est bonne nous nous calons sur un même rythme et sortons ”’frais” de l’eau. L’enchaînement des épreuves n’est pas si déroutant que ça. Courir avec la combi et l’attirail ne me perturbe pas outre mesure et ne semble pas déranger Aurore, preuve que nous avions bien étudié nos leçons de bricolage. C’est reparti pour 10 bornes de plus et environ 500 D+ avec un passage en contre bas des Dents de Lanfon le long d’une parois rocheuse. Comme prévu, c’est la descente qui commence à faire souffrir le cuisses, c’est casse gueule les appuis ont intérêt à être précis et rapides pour éviter aux chevilles de partir.

Le ravitaillement

Le ravitaillement de Talloires est le bienvenu. La natation est trompeuse en terme de consommation d’énergie, surtout quand l’eau est froide, le sentiment de faim est moins important que sur des transitions VTT Trail alors un état de fatigue général m’alerte et j’en profite pour m’alimenter en conséquence, voir même trop en misant sur un profil peu prononcé sur les 6 kms qui arrivent qui me laisseront le temps de digérer sans trop de peine.

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“je suis alors obsédé par l’envie de sortir de l’eau”

Les 3 premiers kilomètres sont partagés avec Akunamatata (Swimrun France) et sa Gopro. Depuis le temps que je suis ses péripéties sur Facebook et que je m’inspire de ses tuto Swimrun, c’est un honneur d’avoir un finisher de ö till ö avec nous. Pendant que nos cuisses commencent à chauffer et que Aurore prend discrètement son petit coup de barre, JM se fait plaisir et gambade à la recherche de belles images pour le film qui  résumera la GRAVITY race.

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Une barre de céréales plus tard, AURORE refait surface, nous avons parcouru plus de la moitié de la course, le moral est bon d’autant que nous croisons Delphine SIMON au ravitaillement qui nous hurle dessus pour nous encourager et nous accroche les ballons de signalisation pour la traversée de 800m d’une rive à l’autre du lac.

Malgré un soleil d’enfer, la température de l’eau continue à rendre délicate la première trempette mais la couleur du lac est idyllique. Nous partons en ligne droite parfaite malgré le courant, tout va bien jusqu’à ce qu’au bout de 500m le froid envahisse mes jambes et me remonte dans le bas du dos, je suis alors obsédé par l’envie de sortir de l’eau, c’est un cauchemar. Au mental je termine cette portion et sors vite vite de l’eau en espérant me réchauffer rapidement surtout lorsqu’on m’annonce le ravitaillement aux boissons chaudes.

Problème : je tremble de tous mes membres

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Problème : je tremble de tous mes membres, impossible de tenir un verre et de le porter à la bouche.  Alors je dégoupille et ne trouve qu’une seule solution pour me réchauffer rapidement… je me verse des gobelets de thé chaud dessus… Voyant la scène Aurore n’en croit pas ses yeux (et oui en raid on apprend à survivre comme on peut.) et en arrive même à penser que je ne repartirais pas. J’ai pas fait tous ces kilomètres et me suis pas versé du thé bouillant dessus pour rien, je suis déterminé à finir et me fais violence pour dérouler les jambes et démarrer les 6kms de trail qui nous attendent au dénivelé loin d’être inquiétant vu ce qu’on vient de se faire.

Et c’est comme prévu que cette dernière portion de course à pied se déroule. Pas d’accroc, pas de douleurs, un rythme super régulier et un moral brillant. Toutefois un doute s’installe… est-ce que le froid ne risque pas gâcher radicalement la fête sur 1700 derniers mètres de natation

En arrivant au bord du lac la surprise est de taille !  Les prétendus nageurs marchent dans une eau à hauteur des cuisses sur au moins 100 mètres, c’est l’occasion ou jamais de retarder le processus de cryothérapie… C’est pas très long mais ça fait du bien au moral malgré le fait que le bâtiment que nous devons viser pour débarquer semble loin. Pas le choix ! Plus vite tu nage plus vite tu sors de l’eau ! Alors je donne une cadence élevée et Aurore se cale à côté de moi, tout roule (ou tout baigne plutôt) pas de douleurs, pas de fatigue, pas de bruit, juste des images de ma petite famille en tête pour m’aider à avancer et la présence de ma binôme à coté de moi.

« allez !! on va se le torcher ce swim merde ?!

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Nous doublons au moins 4 équipes, notre gestion de course paye mais inéluctablement le froid revient et me glace, il me sort de mes pensées et me harcèle à tel point que je ne rêve que d’une chose, m’arrêter sur la berge non loin de moi pour pouvoir bouger et me réchauffer. Alors je brasse 3 ou 4 fois pour secouer tout ça puis Aurore sort la tête de l’eau et m’annonce la couleur : « je suis congelée ! »

Je commence à m’agacer, je ne vais pas me laisser dicter une fin de course par cet élément extérieur, je me suis promis de finir alors c’est moi qui annonce la couleur pour le coup : « allez !! on va se le torcher ce swim merde ?!

L’arrivée

Nous remettons la tête à l’eau et je fais appel à toutes mes capacités pour glisser plus vite, mes épaules se transforment en pistons et tout mon corps est bien allongé, l’eau défile vite lorsque je sors la tête pour prendre mes respirations. Les 300 derniers mètres sont pour ainsi dire ”torchés”.

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Le cerveau éteint… le dernier kilomètre de course à pieds se fera en rampant s’il le faut. L’adrénaline joue bien son rôle, et les 12 km/h sont atteints rapidement, nous ne nous ferons pas reprendre !

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Dernier virage… l’arche d’arrivée… enfin…

“toujours ce sentiment de confiance, de bonheur et d’accomplissement de soi.”

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Ces 5 derniers pas avant de passer la ligne, peu, importe la course, le temps et le classement, nous procurent tous et toujours ce sentiment de confiance, de bonheur et d’accomplissement de soi.

Conclusion

Il y a du respect pour son binôme, comme en raid, sans lequel nous ne serions pas là ; de ”l’admiration” des derniers pour les premiers déjà réchauffés depuis des heures mais là pour applaudir et encourager les derniers. Nous nous sentons vivants.

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Voilà… 8h47 se sont passés et il nous semble être parti il y a 1h. Du Raid multisport au swim and run rien ne change… si, pardon… il faut juste oser se jeter à l’eau.

Simon Marchal

Retrouvez les organisateurs des courses Gravity Race: Marie et Raphaël dans cette interview.