Swimrun Côte d’Azur 2024 : Florian dans le sillage des Champions
Florian Schäfer, accompagné du champion du monde en titre Matthieu Poullain, nous plonge au cœur de la course Swimrun Côte d’Azur 2025. Un départ explosif, une bataille acharnée contre les meilleurs swimrunners français tels Rémi Andrade et Thomas Deffains, et une leçon d’humilité : revivez cette course intense à travers le regard lucide et authentique de Florian.
Florian, habitué des podiums en Swimrun cette année avec Lydie Waucquier, aborde cette course avec un mélange d’excitation et d’appréhension. Il s’aligne aux côtés de Matthieu Poullain, vainqueur de l’édition Ötillö 2024 et donc champion du monde en titre. Un binôme de choc qui attire tous les regards, mais qui met aussi une pression supplémentaire sur les épaules de Florian ✍️ 👇.
✍️ Florian. La voilà la fin de saison. À Beaulieu-sur-mer. Et cette fois, ce sera en binôme homme. 2 ans sans courir dans cette catégorie. Et comme j’ai toujours eu du mal avec « la demi-mesure », autant faire les choses dans l’excès. Autant se mettre en danger. Mon partenaire du jour ne sera autre que Matthieu Poullain, vainqueur de l’édition Otillo 2024, et donc champion du monde en titre. Rien que ça.
Après 3 ans à se tourner autour, nous voilà enfin main dans la main sur la ligne de départ. On ne va pas se mentir : je ne suis pas tellement serein quant à mes capacités à faire face. Mes dernières courses ont toutes été disputées avec Lydie, en binôme mixte où la dynamique de course est relativement différente. Des courses avec des départs beaucoup moins rapides, une gestion « lissée » dans le temps. Cette fois je sais que la dynamique sera beaucoup plus agressive, avec des intensités beaucoup plus hautes, des moments de souffrance exacerbés.
D’ailleurs, la veille de course, je lâche à Matthieu que j’aimerais vraiment que l’épreuve soit une course d’attente. Il me répondra que si ça part vite, on se mettra devant pour temporiser. La réalité c’est que je n’en crois pas un mot. Je n’accorde absolument aucun crédit à ses paroles, et il le sait. Instant de lucidité : je pense que je vais ramasser. Non, je sais que je vais ramasser. D’autant plus que si on résume, je cours aujourd’hui en compagnie de Matthieu, 1er à Otillo et qu’en face de nous, il y a Rémi Andrade et Thomas Deffains, respectivement 3ème et 4ème de la même édition. Et moi. Ouais moi, qui boucle une belle saison mais qui n’a disputé : ni un swimrun avec un binôme homme depuis trop longtemps, ni de course course rapide type 10km nécessitant de grosses qualités de vitesse depuis encore plus longtemps.
J’espère encore jusqu’à notre arrivée sur la ligne de départ une entente préalable entre les 2 binômes sur un éventuel départ « à la cool », voire même une petite confidence glissée au creux de l’oreille, du genre : « on se la fait copain-copain pour profiter du paysage et on se règle à la fin ? ». Évidemment, il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités. Les mecs en face de moi ne se sont pas déplacés pour acheter du terrain, mais bien pour croiser l’épée.
Le départ : Un choc brutal et la prise de conscience
“J’ai l’impression de partir pour un 10km alors que je sais qu’on part pour un chantier qui va durer 3 heures.”
A 9h, sur la plage « petite Afrique » le départ est lancé. A 1’20” de course, je regarde la montre. 3’26/km. Avec tout le matos à traîner. Le ton est donné. Les premières transitions s’enchaînent et je suis de suite en difficulté. Départ trop rapide pour moi. J’espère secrètement que ça va se calmer mais Rémi imprime un rythme qui restera toujours un rythme élevé. Je subis la course, sans aucun moment pour souffler.
J’ai l’impression de partir pour un 10km alors que je sais qu’on part pour un chantier qui va durer 3 heures. Rapidement, le doute s’installe, et mentalement la pilule est dure à avaler. A certains moments je me dis que je n’ai pas ma place au milieu de ces gars-là, qu’ils sont trop forts pour moi. Le contrôle de Matthieu et sa lucidité sont impressionnants. Il ressent les moindres moments où je lâche quelques mètres de terrain et me propose à chaque fois, aux bons instants, de tirer la longe.
L’apprentissage aux côtés du champion : Lucidité et soutien
Le contrôle de Matthieu et sa lucidité sont impressionnants. Il ressent les moindres moments où je lâche quelques mètres de terrain
Conseils éclairés, choix avisés. Le mec est un cran au-dessus. Nager derrière encordé relève du calvaire pour moi. Pas assez entraîné, pas du tout habitué. Je m’emmêle les mains dans la corde, ce qui n’arrange rien à ma culpabilité… On longe, on délonge, on longe, on délonge. Les quelques parties techniques en bord de mer sont un véritable salut pour moi. Ça temporise, je prends le temps de souffler. Mise à l’eau sur la plage de la Darse, Matthieu mène le groupe de 4, je me place dans ses pieds. Sortie de l’eau au niveau de la tour de guet du Lazaret.
Moi : « Putain, t’es un enculé. » Lui : « Pourquoi ? » Moi : « Tu visses. » Lui : « Il y avait une échelle pour sortir de l’eau. C’est toujours mieux d’être devant pour ne pas subir la relance… » Il a raison. Encore. Il est lucide. Pas moi. Il contrôle. Pas moi. Il est acteur. Je subis.
Heureusement pour moi nous attaquons la longue partie pédestre dans le parc du Mont Boron : 8km. Du bon dénivelé qui continue de me mettre en souffrance. Matthieu devant mène la danse dans l’ascension. Je reste collé à ses pieds. Serrer les dents. Ne rien lâcher. Petit coup d’œil autour de moi. Le moral remonte. Je dérouille, mais au regard de la brochette des trois autour de moi, il me semble qu’on a tous la gueule bien en travers.
Un Moment de Flamboyance et l’Erreur Fatale.
“Les seules dix minutes de course où je mettrai le nez dehors, mes trois compagnons de fortune dans les pieds.”
L’amorce de la descente technique se relève être un soulagement. Je passe devant puisque je ne supporte pas ne pas voir le terrain lorsque la technicité s’intensifie. Les seules dix minutes de course où je mettrai le nez dehors, mes trois compagnons de fortune dans les pieds. Arrivée sur plat pour amorcer la fin de la course. Je pense reprendre des couleurs. Je pense avoir enfin encaissé cette première partie de course au cours de laquelle j’étais littéralement pendu.
Je suis devant et ça a l’air de temporiser derrière. Il reste 3 natations. Matthieu me demande de tirer la longue. Je refuse. Je me sens mieux. Il insiste. Je refuse. Je pense que tout ce beau monde est cramé. À tort. Mise à l’eau pour 600m. Au bout de 300m je commence à couiner. Surtout ne pas perdre les pieds…
Matthieu se place derrière moi. Quelques poussettes par l’arrière pour me relancer. Je suis à bloc. Je perds 5m sur la tête. Il me pousse. Plusieurs fois. Sortie de l’eau. On a pris 5m qui nous coûterons cher. J’ai pris le tarif. Je suis rincé. Vu les efforts consentis à me pousser,
Matthieu aussi a dérouillé. Rémi et Thomas en profitent pour créer la cassure. Ils auront manœuvré à merveille. Il avait encore raison. La seule décision que j’ai imposée en 3 heures est mal avisée. Un peintre. Avant-dernière natation, débauche d’énergie pour une ultime tentative pour recoller. Cette fois, aucun de mes bras ne viendra croiser la longe tellement celle-ci est tirée.
L’amertume de la Défaite: Une leçon d’humilité.
“La seule décision que j’ai imposée en 3 heures est mal avisée. Un peintre.” “Matthieu avait encore raison.”
Nous échouons à quelques mètres de faire la jonction, totalement lessivés, à deux doigts de cramper. Ça sent la fin. Une fin de course épique ou Remi et Thomas n’ont pas manqué de s’engouffrer dans la faille que je leur ai bêtement laissée. Une victoire sans appel, propre et bien menée. Une course rapide, engagée et ponctuée par une belle 2ème place au terme d’un mano a mano mené tambour battant 3 heures durant. Pour la baston, merci les gars ! Pour profiter du paysage, on repassera.
Florian ✍️
✍️ Florian Schäfer
📷 crédit photos Akuna
IG : @schafercoaching
🔗 https://swimruncotedazur.com/ l’édition 2025 aura lieu le 19 octobre
Puisque Florian n’a pas pu voir les sublimes paysages de Beaulieu sur mer et Saint Jean Cap Ferrat, voici un petit diaporama d’Akuna_life
[SWIMRUN CÔTE D’AZUR | 🏃🏊♀️ 2024] 📍 Beaulieu sur mer, Saint Jean Cap Ferrat, Côte d’azur 📷 by akuna_life
L’interview de Florian Schäfer par … Matthieu Poullain sur l’instant swimrun