Compte-rendu de courseCourses

Le Back to Back Swimruns de Royan côte de beauté au Troll Enez

Nous voulions tenter ce fameux « Back to Back » de Royan à Séné (Morbihan). Le pari était osé… Risqué diront certains (et ils n’avaient pas tort).

Lorsque les dates des épreuves sont tombées, impossible de trancher entre ces deux courses… Les organisateurs sont extras, et les épreuves tout autant… Par chance, l’une avait lieu le samedi et l’autre le dimanche ! De plus, les championnats de France étaient finalement placés également sur cette date. Déjà engagés sur ces épreuves, impossible pour nous de défendre nos chances et nos titres de champions de France (on se la pète # 1ère fois) mais on avait confié cette mission à Matthieu et Tom💪! [NDLR, voir le compte rendu de Tom ici]

Après la finale ÖtillÖ, et le Ré Swimrun [NDLR, voir le compte rendu de Pierre ici], nous décidâmes avec Fabien de tenter le « triple double » : à savoir remporter pour la 3ème fois d’affilée ces 2 épreuves la même année : (Ouais on se la pète graaaaaaave mais comme on est vieux, on en profite ! #2ème fois)

👉 le SwimRun Royan côte de beauté le samedi (5 kms 🏊‍♂️ / 24 kms 🏃🏽‍♂️)
👉 le TROLL ENEZ Swimrun (9kms 🏊‍♀️ / 42 kms de 🏃‍♀️) le dimanche.

Sur le papier, ça fait 180 kms de swimrun en 20 jours. T’y avais pas encore pensé en terme de prépa ça Ced Bou hein ?
Si l’entreprise paraissait folle physiquement, la logistique l’était tout autant! Sans l’appui de nos supporters de choc, Marine en capitaine de navire (et de toute ma logistique personnelle), mes parents pour le logement et les dossards, Marc pour le suivi live, les écarts, la stratégie et les photos, et Walid en baby-sitter le jour J, nous n’aurions pu tenter notre projet. Un immense merci à vous🙏. Sans votre soutien, on ne ferait pas grand-chose !

Paramètre non négligeable également, la start-list annoncée du côté du Golfe du Morbihan ressemblait presque à la start-list française de la finale Otillo World Championship (ouais on est bilingue aussi #3).

Enfin, le dernier paramètre était la réaction de nos organismes vieillissants à la double charge du week-end ? Même pas peur !!!!

Step 1 :
Samedi matin, réveil 5h50, direction Royan. Après un petit-déj en mode furtif pour ne pas réveiller la famille, nous commençons notre périple. Sur la route, nous émettons l’idée, sans se montrer vantards, de nous montrer stratégique et espérons laisser le moins de force possible sur l’épreuve Royannaise.

Mais dès le départ, un jeune individuel prend les devants et nous pousse directement dans nos retranchements (on repassera pour faire une course en gérant, pas possible)… Nous faisons tout pour garder sa vague malgré un shore break d’anthologie dès la première nat’ (photo à l’appui), nous explosant littéralement tous les 3. J’ai pas assez pris de cours de surf à l’île d’Oléron Rory!

Il nous faudra ferrailler 2h48 sous pression, pour pouvoir remporter cette très belle course, quelques minutes devant Paul Etaix, pour qui nous prédisons un bel avenir dans la discipline.

Un Burger, une bière, une douche, le podium et c’est parti pour 5h de route direction la Bretagne. Merci encore pour votre adaptation, Jean Christophe et toute ton équipe. 🙏

Le trajet nous permet de suivre les championnats de France de swimrun mais aussi de faire une petite sieste à tour de rôle et nous voilà déjà en Bretagne. Après une nouvelle courte nuit, nous nous retrouvons avec Fabien à 7h, dans la pénombre de Séné. Nous saluons Jocelyn qui nous fait un mini briefing, les moustiques bretons nous accueillant chaleureusement également.

C’est en plaçant nos 12 gels (chacun) où l’on peut dans nos poches, qu’on se rend compte qu’on va partir pour une longue balade dans le golfe (Matthieu, t’en aurais pris combien toi ?). Mini échauffement, les jambes semblent répondre… Wait and see🤞.


7h45, après avoir salué tous les copains, nous partons plein badin à travers les fumigènes pour ces 51 kms autour du golfe.

Vu la densité présente, l’idée est d’étirer au maximum le groupe, pour éviter d’être trop groupés. Rapidement, nous nous retrouvons à 3 binômes. Thomas et Rémi, William et Alexis, et nous. Pendant 2h, nous nous jaugeons, ça joue un peu, c’est stratégique, on sent bien que tout le monde est sur la retenue mais c’est drôle et plutôt agréable d’évoluer en groupe. On peut ainsi profiter de Boedic, l’île d’Arz… Nous savons qu’un moment, ça va attaquer, mais quand ???

Je m’attendais à ce que William et Alexis accélèrent fortement sur la première course à pied longue mais c’est finalement Thomas et Rémi qui prennent la poudre d’escampette et nous mettent un énorme tir une fois les pieds posés sur l’île aux Moines!

De 2h à 3h45 de course, l’écart grandit inlassablement malgré nos efforts… Néanmoins, nous n’avons pas encore grillé toutes nos cartouches. Nous parvenons enfin à stabiliser l’écart et regagnons même désormais (un peu) de temps. Après avoir fait le tour de l’île aux Moines, nous voilà de retour sur l’île d’Arz, après une natation un peu mouvementée. Le départ à pied est poussif.

Fabien me dit qu’il a les ischios rouillés. On temporise à peine une minute, et dans la foulée c’est à mon tour d’avoir l’ischio droit raide. D’un coup d’un seul, je me retrouve complètement bloqué. Je dois m’arrêter. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais mécaniquement il m’est impossible de courir… J’ai l’impression d’avoir un coup de poignard à chaque foulée…Le Back to back se transforme en mauvaise blague…

Fabien me parle, me propose de nous longer pour me relâcher, mais j’ai une putain de douleur dans l’ischio. Je serre les dents, je pleure derrière mon partenaire mais je m’accroche. Il reste alors 12 kms de course à pied et 2000m de natation…

Je suis robotiquement Fabien. Je ne réfléchis plus, je pense que je cours à cloche-pied mais on avance toujours. Je ne pense qu’à une chose : rallier l’arrivée. Je dois demander à Fabien tous les 500m la distance qu’il reste à couvrir…
Nos supporters en folie nous indique un dernier écart à Boedic (4’ d’avance sur William et Alexis, et 5’ de retard sur Thomas et Rémi).

La dernière course à pied est un supplice. Il m’est difficile de trouver quelque chose à me raccrocher sur l’instant. Je pense à cette fameuse attitude qu’on se doit d’avoir ! Je pense aussi à nos supporters et à tout ce qu’ils ont fait pour nous aujourd’hui mais aussi ce qu’ils font toute l’année pour qu’on puisse se régaler sur ce genre de week-end, alors je continue. Pis on est un binôme, alors on ne lâche pas comme ça son camarade.


Enfin, nous entendons le speaker… quelques secondes plus tard, nous apercevons la ligne d’arrivée. Nos supporters sont déjà là. Je ne suis plus trop lucide mais je sais que Fabien me dit qu’il est fier de ce qu’on a accompli ce week-end. Je ne sais pas si je lui réponds sur l’instant mais je le suis aussi.

On a presque failli réussir notre triple-double… On s’est régalé sur ce Troll. On termine 2e, mais Thomas et Rémi évoluaient sur une autre planète ce dimanche. Vous étiez trop costauds !
Sans tomber dans le pathos, le Troll Enez est sans doute la plus belle épreuve de swimrun en France. C’est pour ça que je reviendrai encore et toujours.

les bières d’ Alexandre le micro brasseur SEAL avec une illustration artistique spéciale Troll Enez
Dans le package inscription Les marinières de la marque locale Mousqueton ont eu grand succès
Une paella délicieuse servie avec le sourire attendait les coureurs
Sans oublier les inévitables huitres du Golfe du Morbihan

Je vais refaire mon Jacques Séguéla, mais tout swimrunner qui n’a pas fait le Troll Enez, n’est pas vraiment un swimrunner 😊! Le parcours est tellement sauvage, brut, beau. Les sections sont longues, techniques, parfois difficiles. Les Organisateurs (ils méritent une majuscule) Jocelyn, Renan, au-delà d’être de joyeux lurons et des mecs très sympathiques, sont des swimrunners qui ont pas mal vadrouillé un peu partout et savent parfaitement exploiter leur terrain de jeu pour le rendre ludique et magnifique.

Et sous leurs airs débonnaires, leur organisation est huilée, rodée et carrée. Leur équipe de bénévoles est aux petits soins du début à la fin, et ils savent rendre l’avant et l’après course festives. En plus, cette année, Jean-marie était de la partie. Je ne vous pas trop ce qui pourrait être amélioré…

Si! Je sais:
Je milite pour un Troll Enez le samedi, comme ça l’après course pourrait être encore plus longue! Les gars, moi je vous vois bien reprendre le circuit ÖtillÖ franchement ! Les Michaël Lemmel et Mats Skots bretons ! Bon Jocelyn, faudra investir dans une perruque ou un séjour en Turquie 😊 !

Sinon, j’ai encore mal à l’ischio et pour cause… Depuis ce 39e km du Troll, je boîte bas… Une échographie s’imposait pour me convaincre définitivement… J’ai une déchirure du biceps fémoral (muscle latéral de l’ischio-jambier) de 5 cm sur 3 cm… J’ai pas fait semblant mais je suis fier que nous ayons pu mener notre back to back à son terme !

📸 Marc Sopena / Jean-Marie Gueye / Fanny Blanchard (Sud Ouest)
✍️Pierre Massonneau
IG: @fabienbesancon @massonneaupierre
🔗 https://www.trollenezswimrun.fr/la-course

Toutes les photos du Troll Enez d’Akuna 👉 https://photos.app.goo.gl/Xys62FyRXb9yN8Zo8