Portrait de la Team Surprise Benjamin Dupain et David Pesquet qualifiée pour l’ÖtillÖ
La team Surprise composée de Benjamin Dupain et David Pesquet est l’archétype d’un binôme qui a su progresser au fil des années pour atteindre le niveau international. Mais c’est à la base une belle rencontre de valeurs partagées où l’amitié et le partage d’une expérience en pleine nature tiennent une place à part. Jusqu’où leur progression vont elle les mener ?
A] 📍Swimrun France: Bonjour. Pouvez vous vous présenter en quelques lignes ?
Benjamin Dupain: 38 ans. Marié, 2 enfants. Vit dans la Loire (42).Prof EPS.
Touche à tout niveau sportif dès mon plus jeune âge, je pratique en club le Judo, le volley puis le tennis. Je rentre en Fac de Sports (Staps) avec la spécialité Tennis (classé 2/6). Au STAPS, je passe un test VO2max et mon prof d’athlé de l’époque me recommande de faire du sport d’endurance. Résultat : je me mets au rugby et l’endurance c’est pour les 3e Mi Temps 🙂
Après mon diplôme, vers 25 ans, travaillant en région parisienne, j’ai besoin de nature donc je me mets au RAID.
Suivra le Trail avec quelques victoires sur du court puis le Triathlon où je découvre ce qu’est l’entrainement d’endurance pour de vrai 😉 Je tente ma chance sur Courte Distance avec 1 podium, 2 top 8 sur Longue Distance (à l’époque 3000 NAT / 100 VELO / 20 CAP) et une 30e Place sur IronMan. Pas satisfait du temps passé à l’entrainement pour des résultats médiocres, je veux passer sur du Trail en 2018 mais je rencontre David 🙂 et donc le SwimRun. C’est parti pour l’Aventure !
David Pesquet: 35 ans, je vis sur Collioure dans le sud-ouest de la France. J’ai vécu une dizaine d’années en Amérique Latine et aux Etats-Unis. J’étais nageur au niveau national converti au swimrun. J’ai toujours pratiqué de nombreux sports d’eau et de montagne, amoureux du sport nature et de la compétition, je pratique le swimrun en binôme avec Benjamin au niveau national et international. Au niveau professionnel, je travaille dans le secteur de l’énergie et plus précisément dans la logistique du gaz naturel en tant que Directeur Commercial.
B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ?
BD: J’ai vu le fameux reportage “Intérieur Sport” et cela m’a interpellé en me disant “Peut être un Jour!”.
Un pote de mon club, Pierre, me fait essayer au Lac de Villerest. J’adhère complètement au sentiment de liberté dans la nature.
Camille Marchand (que tu connais bien Jean Marie il me semble 😉 ) a posté un message sur Facebook sur Swimrun France pour dire qu’un ami à elle (donc David Pesquet !) cherchait un binôme pour aller en Suisse (Otillo Engadine). C’était le 25 Juin 2018, je venais de faire l’Alpsman le 10 Juin et c’était mon dernier Triathlon. J’ai répondu “Pourquoi pas !”. Camille nous a mis en contact avec David et c’était parti.
DP: J’ai connu le swimrun au travers de conversation entre amis et du reportage intérieur sport sur l’Otillo, ce reportage a été une révélation pour moi car j’étais a la recherche de nouveaux défis.
C] 📍SRF : Quelle est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ?
EP & MP: 2018 : découverte du SwimRun avec David en allant en Suisse puis à Cannes. 24ème et 22ème. On s’est éclaté mais on était à des années lumières de faire des Perfs.
2019 : blessure pour David, je prends de l’expérience avec 2 autres binômes sur des épreuves françaises (Stephane Angéli et Benjamin Sauvage 😉 ). 15ème à Otillo Cannes avec Stephane.
2020 : retour avec David avec Objectif de se qualifier pour la Finale à Engadine en Juillet. On termine 6E et qualifié mais Covid oblige – annulation Finale Otillo. On ira sur la Merit Race de Laffrey où on fera une 2nde énorme course (3ème derrière Henneman / Mariette et Tormento / Poullain). On va dire que c’est la prise de conscience qu’on est capable de -… 😉 On finira avec une 14E à Cannes. On se qualifie au Ranking pour 2021.
2021 : on veut essayer de faire du Haut Niveau en SwimRun donc on se donne les moyens à l’entrainement. On nage beaucoup et on court. On a un gros point fort en Trail. Il faut être meilleur dans le reste. On décide pour progresser d’aller partout où on peut : TOP 10 Utö et Gothenburg – TOP 5 Engadine – TOP 3 Cannes (qualification directe) – 26ème Finale OTILLO. Gros progrès cette année là en NAT.
2022 : on réduit le nombre d’épreuve mais on cherche à claquer un résultat quand on y va. 3ème Merit Race Vassivière après une bagarre de 4H avec le TOP 4. 2ND à Engadine après une énorme course avec les Huet Brothers ! On progresse encore en NAT et CAP sur le plat.
Notre course de coeur reste ENGADIN : Course de nos débuts – Du Trail et c’est notre point fort – Terrain de jeu le plus beau à nos yeux.
D] 📍SRF : Comment s’est formé votre binôme ?
BD:Comme évoqué plus haut. Camille Marchand via un post sur Facebook. On s’appelle avec David 14 jours avant Engadin. A J-7, j’essaie un SwimRun individuel au Lac Sancy. Je kiffe ! C’est parti avec David pour Engadine sans le connaître ni en noir ni en blanc.
Je le récupère à l’aéroport de Zurich 48h avant la course. Le feeling passe de suite. On a les mêmes valeurs sportives et de vie. Quelques pépins de blessure et des fous rires nous rapprochent encore plus !
On galère à Engadine, on s’encourage, on s’entraide, on passe par toutes les émotions. Au départ, David est un inconnu pour moi, en passant la ligne d’arrivée, c’est devenu un vrai pote, frère d’arme ! Maintenant, je le considère comme un membre de ma famille à part entière. On est devenu un vieux couple !
A cause de tout cela = Nom d’équipe = TEAM SURPRISE ! 🙂 Merci Camille 😉 😉
DP: Une amie habituée du circuit Otillo, Camille Marchand avait posté sur FB une annonce de recherche de binôme sur le groupe Swimrun France pour participer à la WS Otillo de Suisse. Benjamin a répondu, puis contacté par téléphone, tous les deux à la recherche d’une nouvelle aventure sportive, le courant est très vite passé entre nous.
Naît alors une belle collaboration sportive qui se mue très rapidement en véritable amitié ! Les mêmes valeurs de partage, de dépassement de soi, d’amour des grands espaces nous rassemblent alors pour démarrer une aventure sportive et humaine exceptionnelle et essayer d’atteindre le haut niveau de la discipline. Une belle rencontre “surprise” qui scellera notre nom de Team.
E] 📍SRF : Comment avez vous programmé vos entrainements et compétitions dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?
BD: David prépare la NAT, je m’occupe de la CAP. Au début de saison, on fait un point sur 1 axe de progrès essentiel à développer.
Ex 2021 la NATA, 2022 la CAP roulante …
Ensuite, on greffe le reste.
L’idée est d’avoir un niveau moyen le plus conséquent et le plus consistant possible. On a essayé d’avoir un pic de forme pour Engadin et un pour la Finale. C’est toujours difficile à faire. Donc on essaie de garder un bon niveau toute la saison. Globalement, c’est 5 NAT et 5 CAP. Cette année, on a ajouté de la PPG drivée par Marie Tombelaine qui est coach spécialisée en renforcement en sport d’endurance et Swimrunneuse Otillo.
DP: Je prépare les entraînements natation du binôme avec le support de d’un entraîneur et sélectionneur de la section catalane (Espagne) de natation, Isidre Bancells Saborit. Les entraînements sont ciblés en fonction des objectifs de la saison : podiums sur WS Otillo et Merit Race Otillo et la préparation au WC Otillo qui est notre objectif principal de la saison. Due à notre situation géographique respective, nous nous entraînons à distance. En plus des compétitions intermédiaires pour préparer le WC, nous effectuons des stages d’entraînements ensemble durant la saison pour mieux se coordonner.
F] 📍SRF : Quels sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosses galères ?
BD: Je dirais d’abord que chaque étape franchie nous a amené là où nous sommes actuellement. Aussi bien les réussites que les échecs. Donc on garde tout ! Plus beau => Je dirai Otillo Engadin 2020. C’est la prise de conscience qu’on est capable de performer sur une manche Otillo. La Merit Race de Laffrey (3ème), 1 mois plus tard, est aussi révélatrice pour notre binôme avec une start list de malade cette année là !
Plus belle galère collective => Gothenburg 2021. La déroute totale. On arrive au départ blessés tous les deux. Un calvaire ! On se fait déboiter sur toutes les courses à pied sur les rochers. Les Suédois volent et nous on est à l’arrêt. On fait l’exploit de passer de la 6e à la 10e place dans les 3 derniers KM de course sur rocher !
Plus belle galère individuelle => Engadine2021. Lors du dernier Trail, je prends une hypoglycémie monumentale. Je ne tiens plus debout, David me porte littéralement pendant 10 minutes. Je me rappelle toujours, dans ce trail, du Banc en bois où il est écrit Silvaplana. Si j’avais été tout seul, je me serai couché dessus ! Finalement, on finira 5ème !
DP: Pour moi, ce fut sans aucun doute la WS de Cannes en 2018… A l’époque, mon manque d’expérience sur le sport d’endurance et l’alimentation associée a été fatal pour moi. La veille de la course, nous sommes allés dans un restaurant italien où j’avais dépassé les limites niveau alimentaire ! Au menu : Pâtes carbo noyées (mais vraiment noyées) dans un bol de crème, tarte citron meringue et limoncello ! Le tout agrémenté d’un anti-inflammatoire pour une contracture au mollet et de nouveaux gels jamais testé en course…
Comme je le disais, ce cocktail a été fatal ! Des problèmes gastriques dès l’échauffement le jour de la course, au bout de 45 min de course je vivais un vrai calvaire qui a duré jusqu’à la ligne de d’arrivée. Je vous passe tous les détails mais j’ai du prendre des décisions difficiles (je rappelle que la WS de Cannes est un swimrun urbain donc peu d’endroit pour se cacher dans la nature…). Si Ben n’avait pas été là, je pense que j’aurais abandonné la course. Passé la ligne d’arrivée, je suis resté 45min enfermé dans les toilettes !
Ben et moi-même en rigolons énormément aujourd’hui, il me chambre beaucoup sur ça !
Finalement, j’ai beaucoup appris de cette course et je n’ai pas répété la même erreur. Ben étant habitué des épreuves longues distances (ironman), il m’a pas mal coaché sur l’alimentation !
G] 📍 SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?
BD: On communique beaucoup. On a chacun notre rôle. David est le patron de la natation et moi de la CAP. J’ai confiance à 100% en lui et je le suis les yeux fermés en NAT (orientation, tactique…). C’est son Job.
Généralement j’apprends le parcours par coeur avec toutes les sections. Dav se focalise sur la NAT et les pieds à prendre. Notre force est de se dire les choses. Tout le temps. Dans les moments faciles comme dans les difficiles. On est une équipe. On est deux. C’est intégré et on bosse ensemble pour améliorer l’équipe.
DP: En binôme et sur un sport d’endurance la communication est clé, nous sommes tous les deux assez expressifs et je dirais que c’est une composante de notre réussite. Généralement on s’informe régulièrement de notre état de forme pendant la course pour adapter notre effort en fonction de l’autre, des petits rappels sur l’alimentation pour ne pas faire d’erreurs 🙂 .
Pour ce qui est des émotions, elles peuvent varier en fonction de la course, en général Ben s’énerve avec la longe ou quand il n’arrive pas à trouver ses gels dans la combi. De temps en temps, il fait aussi tomber sa flasque d’eau là où il ne faut pas… généralement dans l’entre-jambes. Je rigole un peu intérieurement mais chuuut il ne faut rien dire … 🙂
H] 📍SRF : Par rapport aux suédois qui dominent depuis toujours les championnats du monde de Swimrun, pensez vous que l’écart est entrain de se réduire comme sur les coupes du monde ?
BD: L’écart se rétrécit effectivement. Même s’il faut relativiser cette année car il y a moins d’équipe homme 100% suédoise. En tout cas, les suédois se mettent en binôme avec des français, preuve du gros niveau des meilleurs français (Ex Andersson -Tormento, Henneman- Dahl).
Je pense que sur les courses suédoises, ils gardent une marge grâce à la spécificité du terrain (la course sur les rochers). Sur les autres courses, les Français rivalisent.
DP: L’écart se réduit de plus en plus, les équipes françaises sont de plus en plus fortes. Cela se confirme avec un magnifique podium de Hugo et Mathieu lors du dernier WC Otillo en 2021. Notre point faible reste tout de même notre capacité à courir vite sur les rochers suédois… mais on y travaille !
I] 📍SRF : Quelle va être votre stratégie de course ?
BD: On est plutôt des coureurs de World Series. 8-9h de course, c’est autre chose. On prend cela comme une aventure. L’an dernier, on a négligé la nutrition et la gestion d’effort, on a pris cher ! L’idée global est de mieux gérer les 4 premières heures de course et d’avoir un effort plus linéaire sur la durée au lieu de s’effondrer.
DP: Nous sommes fort dans le dénivelé et sur les longues portions de natation, c’est là où nous arrivons à creuser les écarts avec nos concurrents, on va naturellement attaquer dans ces portions là.
J] 📍SRF : Quelle est la première chose que tu vas faire lorsque tu vas franchir la ligne d’arrivée ? et la deuxième ?
BD: L’habituel accolade avec David. On s’arrache, on partage ensemble les galères et les réussites. On n’existerait pas en SwimRun l’un sans l’autre. Sinon, la 2nde chose : L’an dernier, j’avais faim et froid. J’ai donc englouti une dizaine de paquet de chips et 2 Litres de café ! Résultat, j’avais les yeux grands ouverts toute la nuit ! Je vais donc plutôt remplacer le café par de la tisane 🙂
DP: La première chose en franchissant la ligne d’arrivée est de prendre Ben dans mes bras. Nous vivons des moments très forts pendant la course, chacun de ces moments sont inoubliables et nourrissent notre motivation lors d’entraînements et des saisons. La deuxième, je me précipite vers le buffet pour manger
K] 📍SRF : Stockholm est une très belle ville, avez vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?
BD: Malheureusement non. Avec le boulot, le lycée m’attend le plus vite possible. Donc retour pour moi le lendemain. On va dire qu’on profite de la Suède lors du Ferry de retour 🙂
DP: Nous arrivons généralement quelques jours en avance pour s’acclimater et se balader dans Stockholm mais pour être honnête, nous faisons peu de tourisme et restons focus sur l’objectif.
L] 📍SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?
On a eu la chance depuis qu’on a notre projet SwimRun d’être accompagné par notre club Roanne Triathlon et des Entreprises Locales Roannaises. Des gens qui nous font confiance et qui croient en nous depuis le début. (Gamway, B Pool, Les Saveurs du Marché, Verif Autos, Credit Mutuel Charlieu, Tolcim, Ben Run)
Notre club Roanne Triathlon qui est à fond derrière nous. Le département de la Loire avec le CDOSL. L’agglo de Roanne.
La FFTRI qui vient de créer son 1er Groupe France avec une dizaine d’athlètes.
NU SwimRun qui nous soutient matériellement.
M] 📍SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?
Pas mal de potes nous demandent : Pourquoi avoir gardé le nom de notre Equipe Team Surprise ?
Ce nom veut dire beaucoup pour nous 🙂 La seule fois où on a changé, on a été nul !
On a besoin de surprise et d’être un peu à l’arrache pour réussir, c’est notre marque de fabrique !
🎯Questions indiscrètes:
👉Embrassades ou poignées de main polies à l’arrivée ?
Benjamin: Embrassade ! On aime le partage, on aime s’arracher mais toujours dans le respect des valeurs sportives. En témoigne la course à Engadin avec les Huet Brothers !
David: Embrassades avec Ben au départ et à l’arrivée, c’est une habitude.
👉Qui fait le pipi de la peur le ou la 1er(e) ?
Benjamin: Sans aucun doute moi.
David: Ben sur la ligne de départ ahaha !
👉Qui gueule le 1er ?
Benjamin : On est capable de gueuler au bout de 10 secondes de course aussi bien l’un que l’autre. Et de retrouver notre calme 10 secondes après !
David: Les 2, on tourne c’est plus marrant !
👉Qui se perd le premier ?
Benjamin: Je laisse Dav répondre ah ah 🙂
David : David !
👉 Qui prie le premier
Benjamin: David dans le début du KV à Laffrey en 2020. Moi dans la Pig Swim 2021 😉
👉Longe ou sans longe ?
Longe
👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entraînement ?
Benjamin: Le + dingue. Me prendre un panneau de signalisation plein fer en VTT sur la route alors que je regardais mon compteur. Résultat : rupture des ligaments acromio claviculaire.
David: Cannes 2018… on ne reviendra pas sur les détails ?
IG: @teamsurprisefrance_nuswimrun
C’est la fin des portraits de qualifiés ÖtillÖ 2022, merci à toutes et à tous d’avoir joué le jeu, maintenant je vous laisse dans les mains de “mother of swimrun” ci dessous. En comptant bien vous retrouver tous sur la ligne d’arrivée à UtÖ sous mon flash de paparazzi !
📷 crédit photos Akuna/OtillO
🎥 Rasmus Lodenius / OtillO