Compte-rendu de courseCourses

Ultra Swimrun Verdon 2025: Entre Big Swim et Dénivelé Extrême

Le dimanche 11 mai 2025, l’Ultra Swimrunman du Verdon, une épreuve souvent citée parmi les plus dures au monde, a mis au défi les binômes les plus téméraires dans le cadre spectaculaire mais exigeant du Parc Naturel du Verdon. Rémi et Tom se sont attaqués à ce parcours d’anthologie de plus de 62 km (dont 50 km de course à pied et 12 km de natation) agrémenté de 1860 m de dénivelé positif, avec un objectif clair : la victoire. Voici le récit de Rémi Menut, celui d’un combat intense mené en équipe contre les éléments, le parcours et une concurrence affûtée, culminant par un succès éclatant en 8h50.

Le Réveil Avant l’Aube : Préparation au Combat

Dimanche 11 mai, 4h du matin. Le réveil sonne dans le petit studio des Salles sur Verdon loué pour le week-end de notre première course de l’année : L’Ultra Swimrunman du Verdon. Une boucle de plus de 50km de course à pied, 2000 m+ de dénivelé et 12km de natation à réaliser autour du lac de Sainte Croix et sur les sentiers qui surplombent les Gorges.

En réalité, on ne dort déjà plus, le sommeil a été léger, le scénario décidé la veille a tourné dans nos têtes toute la nuit. Mais ça n’a pas d’importance car nous nous sommes bien reposés cette dernière semaine et l’état d’esprit est serein, notre hiver a été très sérieux. On le sait, on peut nager et courir longtemps et ni le froid ni le dénivelé n’auront raison de nous.

Notre complicité en compétition ne demande qu’à rejoindre le niveau de notre entente déjà idéale en dehors des moments sportifs. Tranquillement, nous nous levons, l’un part courir pour activer son transit, l’autre prépare le café. Le déjeuner est rapidement avalé et il faut désormais enfiler nos armures de néoprène et préparer nos plaquettes de carbone avant le combat qui s’annonce.

De la start-list, nous ne connaissons que les Tahitiens Thomas Lubin et Cédric Wane, ils ont déjà réalisé 2 Tops 10 aux championnats du Monde et gagné pas mal de courses qualificatives comme celle-ci. La Suédoise Désirée Anderson 5 fois championne du monde et l’helvético-italienne Saby Rapelli championne du monde en titre – avec lesquelles nous avons fait un décrassage la veille – vont probablement jouer avec nous une partie de la journée. Pour le reste des équipes, on verra bien.

La boucle commence juste sous notre logement et il nous suffit de descendre quelques marches pour nous retrouver derrière la ligne de départ après quelques foulées dans le village qui s’éveille. Les copains des autres formats plus courts sont déjà là pour nous voir partir. À 6h, le compte à rebours est lancé. Le troupeau des équipes de L’Ultra et du Half s’étend sur une première course à pieds en descente d’à peine 2km qui nous amène au lac de Sainte Croix.

Plongée Stratégique : L’Avance Prise sur le Lac

Nous plongeons à droite et appuyions comme des dingues sur nos plaquettes pour glisser sur l’eau. Aucune équipe ne doit prendre nos pieds et ainsi profiter de l’aspiration générée par notre vague. Après 400m de natation dans le frais matin nous avons déjà pris 30s à nos poursuivants en retrouvant la terre. Une seconde courte section à pied, réalisée à bon rythme dans un single provençal, nous permet de rentrer dans l’eau avec encore cette demi-minute d’avance sur le groupe de chasse.

Nous sautons des rives dans le lac pour la deuxième natation. Un magnifique 1700m, une eau « glassy » et le soleil qui se lève sur les falaises révélant les couleurs bleutées et encore calmes de cette immense étendue liquide. Cette première partie du scénario fonctionne à merveille, on nage fort et les poursuivants ne parviennent jamais à se mettre à l’abri derrière nous. Ils doivent nager et s’orienter seuls. Ils doivent faire l’effort pour nous poursuivre. Il nous reste encore un 900m, un 500m et un dernier 750m dans l’eau pour allonger l’écart avant d’attaquer une sérieuse course à pied de 15km et 900m de dénivelé positif.

Face au Mur : La Montée des Falaises

Nous sommes bien conscients que les tahitiens – plus légers, plus agiles (et surtout avec une sacrée cote ITRA) – nous reprendront dans cette montée. C’est même le scénario.

Ça monte raide, on monte les mains sur les cuisses, mais on arrive à discuter et à blaguer, tout en surveillant notre rythme cardiaque pour gérer l’effort. On mange, on boit et on fait tomber le haut des combinaisons pour ne pas surchauffer. La pente semble parfois presque verticale avec des passages à 30%. Au bout d’une trentaine de minutes nous entendons nos adversaires tahitiens arriver derrière nous. Nous restons un peu avec eux, sans faire l’effort de les suivre mais arrivons finalement à quatre en haut des falaises.


En bas, le géant bleu, la végétation et la rocaille rendent la scène magnifique, le soleil s’est déjà levé bien haut dans le ciel.

Malgré leur aisance nous retrouvons les chamois du Fenua dans la descente très technique et dangereuse, nous avons bien géré l’alimentation en gobant un gel toutes les 30 minutes mais nous sommes assoiffés. Aucun ravitaillement pourtant annoncé par l’organisation n’était présent en haut, aucun bénévole, rien (pas même Sandy).

Heureusement que nous allons relativement vite car, pour ceux qui y passeront des heures, cette partie de trail concentre tout les ingrédients pour qu’un drame y survienne en cas de blessure, déshydratation ou autre réjouissance nécessitant assistance.

Les Gorges Glacées : Choc Thermique et Reconquête

Les tahitiens arrivent avec quelques secondes d’avance sur la route à la sortie de cette longue descente abrupte, nous les laissons filer et commençons, tout en allongeant la foulée sur le bitume, à ré-enfiler nos hauts de combinaisons, armures indispensables pour affronter les températures inférieures à 10 degrés qui nous attendent dans les gorges.

Au ravitaillement tant attendu nous restons quelques secondes pour bien nous hydrater. Puis nous nous lançons à la poursuite des désormais premiers. Un dernier sentier en sous-bois très raide nous amène aux gorges, il faut sauter dans cette eau turquoise mais glacée, après avoir sué pendant deux heures. Le choc thermique est brutal. Les premiers sont là devant nous, déjà dans l’eau. Mais ils n’ont pas démarré, probablement transits de froid. Nous profitons de cette brèche pour nous échapper à nouveau à la force des bras.

Tom navigue ingénieusement dans cette sinueuse et magnifique rivière glaciale surplombée de falaises à pic.
Il suit les parties les plus ensoleillées pour réchauffer nos corps.

Au détour d’un dernier virage, le pont qui marque l’entrée du lac est enfin visible, nous passons sous ses hautes arches puis nous sortons enfin de ce paradis mortel. On leur a pris 2 minutes.


Mais faut vite repartir, courir et faire remonter la température corporelle malgré les crampes. On mange, on boit, on est heureux d’avoir passé cette étape et d’être à nouveau premiers, même si nos mâchoires contractées par le froid nous empêchent d’articuler intelligiblement.

Maintenir l’Écart : Naviguer Vers la Fin

La montée jusqu’à Aiguines est laborieuse, nous alternons marche et course en jetant de temps en temps des regards inquiets derrière nous. Mais nos collègues d’infortune sont apparemment loin. Arrivés en haut de cette deuxième belle session de dénivelé nous attend un ravitaillement. Nous y passons quelques secondes mais au moment d’en partir, nos poursuivants arrivent. Ils sont vraiment solides à pied malgré les crampes et le froid. Nous décidons alors de faire la descente à fond pour vite retrouver notre ami le lac et son eau turquoise dans laquelle nous nous sentons si à l’aise. Ça y est, on le voit, on plonge, on appuie 400m, on court sur une plage quelques mètres, puis on replonge à nouveau 400m. Un coup d’œil furtif n’indique toujours personne à nos trousses. Personne entre ces deux 400m et cette petite plage. Un trou de potentiellement 10min est fait. Nous ne nous attardons pas et avançons, toujours. Nous voilà maintenant face à la troisième grosse partie de course à pied, une dizaine de km et 300m+ de dénivelé. Ça monte, ça monte, on marche en essayant de perdre le moins de temps possible pour conserver notre petite avance. La course est loin d’être terminée et il ne faut pas se laisser griser et oublier les essentiels. Boire, manger, gérer sa température corporelle. Même si nous souffrons, nous nous rassurons en nous répétant que tout le monde est dans le même état. Nous savons que la dernière partie de ce monumental chantier nous est de toute façon favorable. Il nous restera en bas de Bauduen 5km de natation (dont l’horrible Big Swim de 2500m) pour à peine 10km à pied. Nous dévalons la pente vers un ravitaillement et faisons le plein avant le dernier tiers, une mise à l’eau -à la suédoise- sur les rochers, une petite natation de 300m, une autre de 150m et c’est enfin le dernier gros morceau qui arrive : le Big Swim.

Le Big Swim : L’enfer aquatique

Une natation qui semble très exposée au vent -qui s’est bien levé depuis le début d’après midi- et permet de rejoindre de l’autre côté du lac le village de Sainte Croix accroché aux falaises.

Nos copains bretons Renan et Jocelyn sont venus nous encourager après avoir terminé la course classique, ils nous confirment -forcément une bière à la main- notre avance.

Ça nous fait du bien et nous nous élançons dans cet enfer. Il faut aller vite car chaque minute de trop passée à cette température nous détruit. Nous comptons les coups de bras, pensons à nos famille et rentrons en auto-hypnose en imaginant des choses évoquant la chaleur, le soleil, le confortable. Tout ce qui manque à ce moment pourtant si beau et magique. À gauche le barrage à l’origine du lac est impressionnant. Au bout d’une grosse demie heure -qui en paraît deux fois plus- une petite houle qui s’est formée avec le vent d’Est fini par nous pousser vers la plage où nous nous échouons, nous et nos crampes.


Alexis Charrier nous l’avait dit : « activez vous vite et ne restez pas trop longtemps au ravito à la sortie du Big Swim», nous refusons donc poliment la soupe de Beber (aimable bénévole qui, la veille, nous délivrait nos dossards) et repartons claudiquant pour 4km de course et une petite bosse de 200m : idéal pour se réchauffer.

Ensuite, il nous faut à nouveau replonger pour un 1300m de natation (sadisme des créateurs du parcours). Certes, pour revenir sur la rive Est du lac. Mais surtout, surtout pour nous faire mal une dernière fois (masochisme des swimrunners).

Enfin un 900m et encore un tout petit 300m de nage -après avoir trottiné le long d’un dernier single sur l’île de Costebelle- nous permettent d’arriver aux Salles sur Verdon et de boucler cette course mythique.

La Ligne d’Arrivée : L’Émotion de la Victoire

Nos amis bretons nous attendent -une autre bière à la main- à cette dernière sortie de natation que nous peinons d’ailleurs à accomplir, les bras engorgés et les épaules lourdes (ou l’inverse, ou les deux).

Ils nous rassurent : « vous êtes larges, profitez les gars ! ».

La Kebab league, presque au complet, nous félicite et nous accompagne du bas de la dernière montée vers le centre du petit village. Ils nous encouragent en nous fouettant les fesses. Littéralement.

Tom Ralite à gauche et Rémi Menut à droite


On est explosé mais trop heureux. Nous parcourons le tour du pâté de maison et c’est fini, c’est terminé, on a gagné. La banderole, les copains torses nus qui font tourner les t-shirts, les accolades, le podium, les bières !

Trop Bien ce premier Swimrun ensemble !

Une journée voyage de 8h50 comme on les aime 🤩, vivement le prochain !

Un Binôme en Or : Hommage au Partenaire

Ps : Merci Tom pour toutes ces natations menées avec force, intelligence et résistance, c’est impressionnant et réconfortant de nager derrière un mec aussi costaud. Je sais l’énergie que c’est de subir de front toutes les parties aquatiques et de faire l’orientation et tu as assuré sans broncher ! Merci mon ultra pote !!

🔗 https://www.swimrunman.fr/swimrun-gorges-du-verdon/parcours-ultra-swimrunman/
IG : @tomralite.swim.run.tri @remi.docteam
🧠✨✍️ O3/ NotebookLM / Rémi Menut
🎥📷 Swimrunman & Rémi Menut
📓 Archives 👉https://swimrunfrance.fr/2023/05/09/une-journee-dans-lenfer-du-verdon/ 👈

Podiums homme, femme et mixte de l’épreuve ULTRA du Swimrun des Gorges du Verdon 2025 :


🥇 Podium ULTRA – Catégorie Masculin

RangÉquipeNomsTemps
🥇 1TEAM ULTRA POTESRémi MENUT, Tom RALITE8:50:56
🥈 2MARSEILLE TRIATHLONAntoine VIAL, Nicolas CAMPOS9:17:38
🥉 3TAHITIAN REMORACédric WANE, Thomas LUBIN9:32:00

🥇 Podium ULTRA – Catégorie Féminin

RangÉquipeNomsTemps
🥇 1TEAM ENVOL ORAMA DESIRÉE & SABINASabina RAPELLI, Desiree ANDERSSON9:52:53
🥈 2LES BLONDES À L’OUESTMarie VAN GOETHEM, Léa KERDELHUE13:34:28
🥉 3

(Aucune 3e équipe féminine classée dans l’ULTRA selon les données disponibles)


🥇 Podium ULTRA – Catégorie Mixte

RangÉquipeNomsTemps
🥇 1BOSTON WET SOXGregory DIERKSEN, Bronwen PRICE-DIERKSEN9:29:30
🥈 2THE CRAZY FISHESJonathan VALL, Eléonore JACQUES11:33:14
🥉 3LES DOUDOUNES EN COMBISabrina LEMAIRE, Benoît LEMAIRE11:45:59

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