Edito

Au delà de la finish line, un cheminement collectif

🇫🇷 La finish line est l’apothéose d’un cheminement. Du moins pour nombre d’athlètes engagés dans les derniers championnats du monde de swimrun. Que d’heures d’entrainement de nage et de course à pied à endurer afin de surmonter les 75 km à travers les îles de l’archipel de Stockholm de Sandhamn à Utö !

Toutefois il est fort à parier que la plupart des swimrunners ont bien compris qu’une aventure telle que le mythe ÖtillÖ se vit à deux voire plus avec le support d’une communauté soudée pour les plus chanceux. De ce fait, une expérience partagée avec son binôme et sa communauté, dès les prémices du projet de boucler le challenge, constitue le premier pas vers la finish line. Tout est expérience, positive ou non. Apprendre à aimer le process plutôt que le seul résultat renforce la résilience mentale de l’athlète. Chaque faux pas n’est qu’apprentissage vers le seul succès qui compte : le passage de la ligne.

Depuis quelques années, j’ai la chance, en tant que photographe, d’être le témoin privilégié de la zone de « vérité » sur la ligne d’arrivée des championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ. Je suis un peu au terminus de la ligne du train ÖtillÖ. Là, où beaucoup de coureurs veulent se rendre depuis des mois, des années.

À peine franchie le portique de la ligne d’arrivée, et les quelques secondes de réalisation, les émotions profondes remontent à la surface et brisent le masque de façade des athlètes. J’essaye de retranscrire ces moments de vérité avec mes prises de vues en gardant la tête froide. Peine perdue parfois tant les scènes de joies, de douleurs ou de consolations sont fortes et nous percutent.

Un des moments d’une rare intensité fut l’arrivée de Sabina et Eugénie. Troisièmes, après les binômes Anna Hellström & Desirée Andersson Ulrika Eriksson & Hanna Skårbratt, Sabina se tordait de douleur en se tenant le ventre. Les athlètes se sont approchées doucement de Sabina pour la consoler, presque pour prendre sa douleur. Elles l’ont entourée et s’est vue bercer par la vigilance empathique de ses consœurs. Instant de grâce où l’intensité de toutes se fondit en une aura protectrice comme je n’en vis encore.

Sur le coup les spectateurs, le staff et moi même ne pouvions reconnaitre que le swimrun est bien le seul à procurer cette démonstration de bienveillance. Car au-delà des performances, c’est bien de liens sincères dont il retourne ici. De ces liens tissés dans les embruns, sur les rochers glissants au fil d’heures partagées où l’on s’encourage, où l’on grandit côte à côte.

Il est vrai que le swimrun est encore un petit sport et que les athlètes élites se connaissent toutes et se respectent. Néanmoins, nous avons pu ressentir sur cette finish line combien le fait de partager une experience intense rapproche les personnes. Combien cette expérience ne se cantonne pas à l’épreuve de l’ÖtillÖ mais à l’entièreté du chemin qui y mène. Un cheminement commun qui passe par des heures dehors dans la nature, dans l’eau et sur les sentiers, mais aussi dans les repas d’après entrainement avec les communautés.

Et si c’était cela le secret ? Vivre son rêve de finisher, de tracer son sillon en communauté, de faire sienne chaque foulée ensemble, et réaliser que la zone de vérité se niche tout au long du chemin.

Beyond the finish line : a collective path

🇬🇧 The finish line is the climax of a journey. At least for many athletes who competed in the last world championships of swimrun. How many hours of swimming and running training did they endure to overcome the 75 km across the islands of the Stockholm archipelago from Sandhamn to Utö!

However, it is very likely that most swimrunners have understood that an adventure such as the mythical ÖtillÖ is lived by two or even more with the support of a tight-knit community for the luckiest ones. Therefore, a shared experience with one’s partner and one’s community from the outset of the project to complete the challenge is the first step towards the finish line.

Everything is an experience, positive or not. Learning to love the process rather than just the result strengthens the mental resilience of the athlete. Every misstep is only a learning opportunity towards the only success that matters: crossing the line.

For a few years, I have been fortunate, as a photographer, to be the privileged witness of the “truth” zone on the finish line of the Swimrun ÖtillÖ world championships. I am a bit at the end of the ÖtillÖ train line. There, where many runners want to go for months, years.

As soon as they cross the finish line, and after a few seconds of realization, deep emotions surface and break the facade mask of the athletes. I try to capture these moments of truth with my shots while keeping a cool head. Sometimes it is in vain as the scenes of joy, pain or consolation are so strong and hit us.

One of these intense moments occurred at the arrival of Sabina and Eugénie. Third, after Anna Hellström & Desirée Andersson Ulrika Eriksson & Hanna Skårbratt, Sabina was writhing in pain holding her stomach. The athletes approached Sabina gently to comfort her, almost to take her pain away. They surrounded her and she was rocked by the empathic vigilance of her sisters. A moment of grace where their intensity melted into a protective aura like I had never seen before.

At that moment, we could only recognize that swimrun is indeed the only sport to provide such a demonstration of kindness. Because beyond performance, it is about sincere bonds here. Of these bonds woven in the sea spray, on slippery rocks over hours shared where we encourage each other, where we grow side by side.

It is true that swimrun is still a small sport and that elite athletes all know and respect each other. Nevertheless, we could feel on this finish line how much sharing an intense experience brings people closer together. How much this experience is not limited to the ÖtillÖ event but to the entirety of the path that leads to it. A common journey that goes through hours outdoors in nature, in water and on trails, but also in post-training meals with communities.

And what if that was the secret? To live one’s dream of being a finisher, to carve one’s furrow in community, to make every stride together, and to realize that the truth zone lies all along the way.

✍️Akuna 🧬relecture Bing & Claude instant AI 📷 Dall-E3