Un rêve hors du temps aux championnats du monde de swimrun ÖtillÖ 2022
Benjamin Peigné, accompagné de son binôme Paul Pithon de la Team Envol Bretagne, nous livre le récit de ses championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ qui se sont déroulés dans l’archipel de Stockholm le 5 septembre dernier sous une météo clémente.
✍️Benjamin Peigné 👇
Il existe des moments suspendus, hors du temps, où tout se passe comme nous l’avions imaginé et rêvé et ce fût le cas.
Pourtant, l’histoire démarre plutôt mal, en mai, lorsque je me blesse assez lourdement au genou gauche. Les spécialistes ne sont pas optimistes sur ma reprise du sport cette saison, grosse suspicion de rupture des croisés. Le moral est au plus bas, c’est dur à encaisser, le projet ÖtillÖ tombe à l’eau. Après IRM, c’est la bonne nouvelle, le croisé n’est pas rompu, le genou est durement touché néanmoins avec des traits de fracture sur la tête de fémur. Il va falloir être patient sur la reprise. De la natation pour commencer avec Pull, sans virage, puis du vélo, puis de la course à pied. Mais les jours et les semaines défilent, la prépa sera courte, il faut faire les choses différemment à coup de weekend choc pour essayer de rattraper le niveau de mon super binôme. Les voyants sont au vert ✅ en août, je serai bien présent sur la ligne de départ, c’est une première victoire !
Puis vient le weekend d’avant course, on retrouve la team Envol, les Frenchies sur place. L’ambiance est extraordinaire. Briefing de l’organisation le dimanche après-midi, nous sommes calmes, posés. J’arrive même à passer une bonne nuit Le réveil sonne à 3h15 , il n’y a pas de temps à perdre car le départ du ferry est à 4h30 vers l’île du départ, Sandhamn. Petit déj, on s’équipe, on boucle les valises et on file au bateau. La tension est palpable, les visages sont fermés.
Nous profitons des quelques minutes avant le départ pour faire un petit échauffement.
6h00. Clap de départ, la meute est lâchée, un quad ouvreur donne l’allure, c’est parti ! Nous y sommes, bien entourés, les visages se décrispent. Maintenant le mode vigilance est au maximum. Eviter de tomber, glisser, se tordre une cheville, il faut rallier l’arrivée. Le chrono importe peu, nous voulons faire une course pleine et profiter de cette aventure.
La longue natation se dessine, lunettes, bonnet vissé sur la tête, pull buoy entre les cuisses et en avant. 1700m de pur bonheur, ça glisse bien, le stroboscope donne le cap, je suis bien au chaud dans les pieds de mon Paulo. On double tranquillement. Les rochers défilent, ça glisse beaucoup comme d’habitude.
Nous prenons notre rythme, la forme est bonne. Nous nous connaissons par cœur avec Paulo, les automatismes sont rodés. 1h, 2h, 3h de course… Tout va bien. S’alimenter ! Régulièrement, tous les 45’/50′ dès que le terrain le permet. Le paysage est fantastique, la douce lumière caresse les rochers, la magie ÖtillÖ est au rendez vous.
Peu de courant sur les natations, température correcte dans l’eau comme sur terre, les conditions sont optimales. PIG SWIM, une section de nage réputée par sa difficulté, ses courants, sa houle est cette année parfaite. Les 1400m passent très vite et nous savons que la grosse section course à pied de 18kms arrive. Concentrés, nous attaquons donc cette île d’Ornö. Ne pas craquer, ne rien lâcher et ne pas marcher comme l’an passé. 5kms en forêt, seuls au monde, pas une équipe en point de mire, 10kms sur une route parsemée de longs toboggans. Je serre les dents, c’est dur. Paul à son habitude m’encourage et me motive.
Mon corps veut marcher, il me supplie d’arrêter. Je ne traite pas cette information, il faut courir ! Nous sortons de la route pour nous enfoncer vers une forêt. La natation arrive, nous l’avons fait, nous avons couru l’intégralité d’Ornö. La suite redevient technique avec des petites natations entrecoupées par des petites iles caillouteuses à escalader. La dernière île est là, Utö. C’est fait, toutes les planètes sont alignées, la course pleine est en marge de s’achever. Il ne nous reste que 3,5kms avant de franchir l’arche où Michael LEMMEL nous attend.
Ça déroule, nous arrivons à allonger, nous retrouvons nos jambes. Le dernier kilomètre est rempli d’émotions, nous bouclons pour la seconde fois cette course aussi brutale que belle. Une dernière montée, un dernier virage… 10h13 pour accomplir ses rêves, 72ème binôme sur 160. Nous avons gagné 45 minutes sur l’an passé et nous avons surtout mieux vécu la course. Je jette mes plaquettes, je tombe dans les bras de Paul. Je ne te remercierai jamais assez mon grand.
Il y a des choses indescriptibles, des choses qui ne se racontent pas et qui se vivent. ÖtillÖ fait partie de ça. Une aventure humaine incroyable, l’essence même d’un sport.
Un énorme bravo à nos copains Max et Will, qui montent sur la deuxième marche du podium, ils sont vice-champions du monde. Incroyablement mérité, bravo ! A tous les Français, pour leurs performances et leur bienveillance.
Comment ne pas féliciter Hugo, il a éclaboussé de sa classe avec Max la course. Ils pulvérisent le record de plus de 37′. Impressionnants !
Un énorme Merci à nos partenaires de nous donner les moyens de vivre cela, un cadeau inestimable.
Nos familles, nos proches, nos amis, toujours partants pour courir, nager, rouler avec nous, nous rassurer, nous motiver, être présents quand il faut, jamais avares de conseils précieux. Merci pour vos messages touchants, vous êtes géniaux. 😊
Nos petites femmes pour leur souplesse au quotidien, leur amour, leur compassion, leur patience,…. Vous étiez avec nous ce lundi, c’est aussi votre histoire. 🥰
Encore quelques jours de récup, parce que dimanche on remet ça à Dinard, à la maison pour essayer de clôturer de la plus belle des manières notre saison. 👊
Bises et n’oubliez pas : Le bonheur n’est pas une destination, mais une façon de voyager.
IG: @Team_envol_bretagne
✍️Benjamin Peigné
📷 crédit photos Akuna/ Pierre Mangez /OtillO
🎥 Rasmus Lodenius / Otto Norin / OtillO