Quiproquo à l’Armo’run swimrun
Le samedi 28 août 2021 a eu lieu la 2ème édition de l’Armo’Run (Côtes-d’Armor en région Bretagne), un swimrun organisé par l’association Lancieux Sports Nature. Deux parcours sont proposés. Le M « l’échappée » avec un total de 17 km présente une alternance de 9 étapes de course à pieds et 9 de natation avec notamment une partie natation de 1400m, et une distance totale de natation d’environ 5700m. Le S de 11 km, alternant 7 étapes de course à pieds et 7 de natation, les parties natation couvrent des distances de 300 à 600m pour un total de 3400m environ. Matthieu Kerleroux, de l’association des Swimrunners du Far ouest, vous livre ci dessous 👇 son récit pas banal de sa participation à l’Armo’Run.
« Marcel et son orchestre du far ouest », « les bronzés du far ouest vont à Lancieux», « Les François Pignon du far ouest », « les Compères du Far ouest »…
On aurait pu trouver plusieurs noms à notre binôme mais force est de constater que celui choisi par Ronan était approprié pour l’occasion : « Yvon Pabien du far ouest ».
Ça va faire 8 ans que je pratique le swimrun. Des histoires insolites, j’en ai connu des dizaines que ce soit sur des sorties off ou des compétitions. Certaines sont particulièrement croustillantes et je me délecte presque autant à me les remémorer aujourd’hui que pour les podiums glanés. Grâce à Ronan, mon binôme du jour, cette édition de Lancieux restera dans les annales …
En s’inscrivant sur l’Armo’run, on savait à quoi s’attendre : des sections nage disproportionnées par rapport à la CAP. Mais avec les capacités en nage de Ronan et les nombreuses sorties que nous faisons depuis des mois, je me dis que nous avons moyen d’aller titiller les meilleurs. Alors que certaines courses peinent à trouver des participants, je suis surpris par le nombre de concurrents au départ de cette édition. La départ grouille de gens vêtus en néoprène. Le cadre est magnifique, la météo l’est tout autant.
A l’instar de toutes les compétitions de swimrun ou de nage libre, Ronan est anxieux pour la première section nat. Il perd régulièrement ses moyens sans en connaitre réellement les causes. Sans succès et avec maladresse, j’essaye de le rassurer en lui disant qu’il n’a qu’à nager à son rythme, sans pression, et qu’on rattrapera notre retard ensuite. Pour ma part, je suis comme d’habitude sur ressorts : l’organisme rempli d’adrénaline, je ne tiens pas en place. Pour des raisons de sécurité, on ne peut pas se longer sur la première cap et nat. Aussi, on convient de s’attendre sur la plage qui termine la première natation.
Le signal de départ est donné. À peine 300 mètres de course pour rejoindre le rivage. Ça part relativement lentement et je me retrouve quasiment le premier à rentrer dans l’eau. Dans la mesure où il y a beaucoup de nageurs, je me dis qu’il vaut mieux ne pas perdre des secondes en cap. Logiquement, une dizaine de fusées aquatiques arborant un bonnet rouge me double. Je nage sans forcer dans l’idée que Ronan partira le dernier sur cette section nage et qu’il rattrapera doucement son monde à son rythme.
En sortant de l’eau, j’entrevois une foule de personnes qui scrutent cette horde de swimrunners en furie dont je fais partie. Je ne vois pas Ronan mais je sors de l’eau avec Carine. Nous attendons ensemble nos binômes respectifs. L’image est impressionnante sur la mer : tels des saumons remontant une rivière à contrecourant, des centaines de nageurs provoquent chaos et tumulte dans l’élément aqueux. Avec le départ retardé des concurrents engagés sur le S, cela fait une trainée sur plusieurs centaines de mètres. Le binôme de Carine arrive et ils entament ensemble la section de course à pied.
Je vois d’autres têtes connues et commence à m’interroger sur les difficultés de mon partenaire du jour. Je le savais en stress mais je pensais qu’il aurait malgré tout fait meilleure figure. Les premiers bonnets verts, engagés sur la course courte distance et partis quelques minutes après nous, posent pied à terre. Mais que fait mon binôme ? L’un des organisateurs de la course me demande ce que je fais là car il me reconnait depuis le podium obtenu avec Julie il y a deux ans en mixte. J’attends, je trépigne, je croise les bras… Un des membres de la SNSM qui fait la « voiture balai » me reconnait et ne comprend pas non plus ce que je fais là. Il n’y a presque plus de nageurs dans l’eau! Je partage mon inquiétude avec lui car nous avions bien convenu de nous attendre sur la plage. Il échange au talkie walkie avec ses collègues pour rechercher le chasuble 398 correspondant à celui de Ronan : il faut sauver le soldat Lesven ! Avec inquiétude, je me résous à reprendre la course en espérant le retrouver plus loin.
Et quelques centaines de mètres plus loin… bingo ! Je croise mon binôme à contre-sens !!! Me pensant dans le groupe de tête à la sortie de l’eau, Ronan n’est pas resté attendre comme on avait convenu sur la plage. C’est en revenant sur les premiers en courant qu’il s’est rendu compte que je n’étais pas là ! Nous venons de perdre une vingtaine de minutes ! Même Pierre Richard n’aurait pas osé ce genre d’anecdote …
Tant pis, on sait que pour le podium, c’est mort, mais l’énervement du moment nous fait courir à des allures élevés : 3’45 au km. Nous dépassons outrageusement les derniers bonnets verts qui doivent s’interroger de savoir ce que nous faisons là…On aborde la deuxième section nat en distinguant au loin … l’avant dernier binôme du M. On les dépasse facilement au niveau de l’ile « L’islet ». La mer est un peu agitée mais la faune sous-marine défile sous nous yeux à une allure très rapide. Nous sortons de l’eau et je peine à ne pas chuter sous la pression de la longe qui me relie à Ronan. Je repasse devant pour le tracter en CAP. Les sensations sont excellentes, les transitions sont bonnes, la mer est turquoise et claire, les bénévoles nous encouragent chaleureusement.
C’est une expérience assez incroyable de partir de derrière pour dépasser tous ces binômes que ce soit en natation ou en cap. Jusqu’à l’arrivée, nous n’aurons de cesse de dépasser tel un rouleau compresseur tous les binômes ou solos engagés sur le S ou le M. Les copains que nous dépassons nous chambrent gentiment et à raison sur notre aventure (“tu as trouvé ton binôme Matthieu ?” “Ronan, je crois que Matthieu t’attend sur la plage… “) ou nous interrogent plus simplement de savoir ce que nous faisons là… Sur les dernières 2 sections nat, 2 concurrents prennent mes pieds mais je suis serein car je connais nos forces en CAP. Ils ne résisteront effectivement pas à suivre la cadence sur terre.
« Les couillons du far ouest » (je crois que c’est notre nom d’équipe) terminent la course en 3h07 soit à 7 minutes du podium. Dommage que nous ayons perdu ces 20 minutes au départ mais cela fait partie du jeu : nous finissons 8eme et c’est la seule place que nous méritons.
Même avec de l’expérience, les erreurs les plus improbables peuvent être faites. Nous avons pris réellement du plaisir à faire cette course bien que sportivement cela nous laisse un petit goût amer. Objectif à présent : ne pas se faire chambrer pour notre exploit du jour sur les 6 prochains mois.
😂
Merci à l’organisation de l’Armo’run, aux bénévoles et bien entendu à Ronan qui reste un top binôme !
💪
Bravo à tous les copains présents sur la course quelque soit leurs resultats: Gilles Pasquier, John Lescoublet , Loïc Caudal, Benjamin Peigné, Paul Pithon, Carine Barazer, jean-Pierre, Soiz Hic, David Le Mercier …
crédit photos : Nessay Bechet / Armo’Run
Matthieu Kerleroux IG: @les_swimrunnersdufarouest