BinômeInterview

Portrait de la Team Juraswimrun qualifiés à l’ÖtillÖ 2021

La délégation française, forte de 34 binômes (Ndlr, à l’heure actuelle), est l’une des plus importantes nations représentées lors de ces championnats du monde de swimrun qui se déroulera le lundi 6 septembre 2021 dans l’archipel de Stockholm en Suède. Les suédois avec 52 paires qualifiées sont encore favoris sur le papier. Ils se sont en effet imposés à presque toutes les épreuves depuis le début de la création du circuit il y a 14 éditions de cela. Ce qui a fait dire à Mats Skott, directeur du circuit, « rien ne me ferait plus plaisir, qu’une équipe étrangère puisse s’imposer sur l’ÖtillÖ », montrant ainsi que ce sport jeune d’origine nordique s’exporte bien au delà de ses frontières.

Swimrun France devrait se rendre sur place pour suivre les championnats du monde du 3 au 7 septembre, l’occasion de redonner la parole aux paires françaises dans des courtes interviews en live stream sur le groupe facebook « swimrun france forum » (plus de 6000 membres).

Nous commençons cette série de portraits par la Team du Juraswimrun composée de Damien Favre Félix et Romuald Lepers. Pourquoi Juraswimrun ? Parce que Damien est l’organisateur de cette vénérable épreuve à l’esprit autant irréprochable qu’aux conditions redoutables parfois. Pour ceux et celles qui ont fréquenté le forum de triathlon onlinetri dans l’ère pré réseau sociaux, DFF et Romu étaient des membres piliers. Toujours prêts à partager leur expérience du triathlon, ils furent de redoutables compétiteurs à la réputation d’überbiker. Ce n’est donc pas un hasard de les retrouver à ce niveau là même sans leurs vélos. Or ce n’est pas du triathlon, c’est du swimrun. Ils sont là pour éclairer le cheminement qui leur a fait délaisser – temporairement – leur monture.

2020-07-26 OtillO Engadin World Series

Swimrun France: Bonjour Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Damien Favre Félix: 48 ans , Professeur EPS , Coach Triathlon , organisateur d’épreuves sportives (Juraswimrun et triathlon de Dole) , début en triathlon en 1989 , plus de 250 triathlons , dont 12 ironman . Licencié à Vesoul pendant 23 ans puis Dole Triathlon Aquavélopode depuis 2018 . Deux participations à l’Ironman d’Hawaii (2011/2015), Meilleur performance : 6 ème Challenge Roth 2006


Romuald Lepers : 52 ans, enseignant-chercheur à la faculté des sciences du sport de Dijon. Début en triathlon à l’âge de 18 ans, plus de 300 participations à des triathlons dont 35 distances Ironman. Licencié au Rougeot Beaune Triathlon. Quatre participations à l’Ironman d’Hawaii et à l’Embruman. Neuf Participations à l’Inferno triathlon (CH). Meilleures performances : 5ème Championnat France LD (2003), 7ème Embrunman (2004), 2ème Norseman (2007), 9ème Inferno triathlon (2015).

SRF : Comment avez-vous connu le swimrun ?

DFF: J’ai débuté le Swimrun sur la Gravity Race d’Annecy en 2016 avec mon pote Olivier Croibier-Muscat , une sacrée première expérience !!

RL: Ma première expérience en swimrun fut ma participation en 2015 au swimrun Troll enez du Morbihan avec mon pote Jean-Michel Ciron du club de Draveil. Surement un des premiers swimrun qui a eu lieu en France. Ensuite, j’ai refait mon deuxième swimrun, 4 ans plus tard en 2019, lors de l’Oxyrace du Jura, avec Damien mon partenaire actuel.

SRF : Quel est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ? Comment avez vous pris la décision de viser la qualif ?

DFF: Pas vraiment d’histoire avec ÖtillÖ puisque Engadin était notre première expérience sur ce circuit , et bien qu’on aie eu très envie de participer à la finale mondiale , honnêtement , on ne visait pas la qualif !

2020-07-26 OtillO Engadin World Series

RL: Je me considère plutôt novice dans le swimrun. Six participations en swimrun seulement pour ma part dont 3 avec Damien. Après l’expérience de l’Oxyrace en 2019, nous étions d’accord avec Damien pour participer à un swimrun du circuit ÖtillÖ, pour faire une épreuve de renommée dans un autre pays et voire si nous serions loin d’une qualif. Notre premier choix, Hvar en Croatie, ayant été annulé l’an dernier, nous nous sommes reportés sur Engadin en Suisse en juillet 2020.

SRF : Comment s’est formé votre binôme ?

DFF: L’envie commune de performer encore à notre âge , un niveau quasi équivalent dans les deux disciplines .. et un rapprochement géographique bien pratique !
Ça fait plus de 30 ans qu’on se croise sur les courses…

RL: Avec Damien, nous sommes de la même région et nous nous connaissons depuis longtemps. Nos niveaux de performances en natation et en course à pied (pas en vélo ☹) étaient assez similaires donc finalement le rapprochement s’est fait naturellement. C’est assez difficile de trouver un binôme avec un niveau similaire en natation et en course à pied et c’est globalement le cas pour nous. D’ailleurs nous ne prenons jamais de longe en course.

SRF : Comment avez-vous programmé vos entrainement et compétition dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?

2020-07-26 OtillO Engadin World Series


DFF: On est plutôt autonome dans notre préparation , mais on sait se retrouver pour quelques séances clés , en swimrun , et en trail long .
De par nos activités et vacances respectives , on n’aura pas beaucoup de séances effectuées en commun pour les championnats du monde , mais on est confiant l’un dans l’autre à la fois pour la préparation et pour l’ épreuve . A priori , on n’aura aucune compétition en commun avant Ottilo , j’essaierai personnellement d’effectuer une course d’ici là .. et pour Romu , il va s’échauffer 15 jours avant sur l’Inferno Triathlon à Interlaken .

RL: L’intérêt, quand on a quasiment le même niveau en natation et en course à pied, est que l’on est pas obligé de s’entrainer souvent ensemble. Il nous arrive de faire parfois des entrainements swimrun en commun avec d’autres swimrunners près de Dijon mais sur des distances assez courtes. Avant Engadin, on a dû faire 2 ou 3 sorties longues à pied, histoire de ne pas les faire seuls, et ça va surement être pareil pour les Championnats du Monde en septembre. Disons que l’on est assez autonome ☺

SRF : Romuald en tant que « sport scientist », vois tu des spécificités importantes à prendre en compte dans l’entrainement du swimrun vs d’autres sports d’endurance ?

RL: Mes activités de recherche en sciences du sport me permettent de mieux comprendre, d’un point de vue théorique, les différents processus physiologiques (ex. fatigue) en rapport avec les efforts d’endurance ; mais ce n’est pas pour autant que j’ai une approche très scientifique de l’entrainement. J’ai toujours fonctionné au feeling sans trop programmer les choses. L’expérience en triathlon permet de passer facilement au swimrun, contrairement à des swimrunners issus de la course à pied ou de la natation. La plus grande spécificité du swimrun est selon moi la gestion des changements de température entre les deux éléments : l’eau et l’air. L’eau froide est pour beaucoup un facteur limitant et il le devient, de plus en plus, au fur et à mesure que l’effort se prolonge et que la fatigue augmente. Je pense que nous avons encore des choses à apprendre sur la gestion et l’optimisation de la thermorégulation du corps sur ce type d’épreuves.

SRF : Quel sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosse galères ?

DFF: En swimrun , meilleurs souvenirs sont nos victoires à l’Oxyrace en 2018 avec Olivier Croibier Muscat et en 2019 avec Romuald .
Ma plus grosse galère : Côte Vermeille 2019 (la longue) avec Laurent Vichard, j’ai fait une hyperthermie dans la montée de la Madeloc et ça à été difficile de rallier l’arrivée..

RL: Rien de très exceptionnel.
Les bons souvenirs : une victoire à l’Oxyrace du Jura en 2019, le km vertical final du swimrun de Laffray avec mon partenaire du moment Olivier Bragard.
Les mauvais souvenirs : une erreur de parcours à la Gravity Race l’an dernier.

SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?

DFF: On souffre en silence … même si ça m’arrive de me plaindre parfois..

RL: Plutôt concentré et silencieux

SRF :  Comment avez appris votre qualification pour les championnats du monde ?

DFF: C’était une surprise pour nous , car notre place à Engadin ne nous plaçait pas en position de qualifiable , cependant , en raison des conditions particulières de ces deux dernières années , on nous à proposé la qualification qu’on a pas mis longtemps à accepter tellement cette épreuve représente un défi et fait déjà partie des plus grandes épreuves d’endurance au monde .

RL: Nous avons terminé 16ème à Engadin l’an dernier et, a priori, assez loin de la qualif. Mais l’organisation ÖtillÖ nous a repêché au printemps, en nous proposant de participer au Championnat du Monde en Septembre en Suède. Après 24h de réflexion, nous avons accepté cette opportunité.

SRF :  Quelle va être votre stratégie de course ?
DFF: Pas de stratégie particulière si ce n’est de rallier l’arrivée en état physique acceptable !!

SRF : Stockholm est une très belle ville, avez-vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?

DFF: Malheureusement , nous n’aurons pas trop de temps pour le tourisme , c’est déjà bien d’être « libéré » quelques jours pour participer.

RL: Pas trop, juste une soirée après course, étant donné que cela correspond à la rentrée scolaire et universitaire.

SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?
DFF: Association Juraswimrun .

RL: Mes partenaires : Combinaison MAKO, nutrition GU (Athlete in Motion), TRIMAG.

SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?

DFF: Comment ta pratique personnelle du swimrun influence-t-elle ton rôle d’organisateur d’épreuve ? : Cela me permet de mieux comprendre les attentes et les exigences des participants lors de nos épreuves (Juraswimrun 19 septembre)

RL: Combien d’heures d’entrainement par semaine : 500h/an soit 10h/semaine environ.

Les Q indiscrètes:

👉Embrassades ou poignées de main polie à l’arrivée ? Juste un check de « well done ».

👉Qui fait le pipi de la peur le 1er ? je ne sais pas

👉Qui gueule le 1er ?

👉Qui prie le 1er ? Personne ne gueule, personne ne prie, on est en mode « machine » qui ne parle pas !

👉Longe ou sans longe ? Sans

👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entrainement ? Un entrainement cet hiver en trail avec 10 répétitions d’une côte à 250 m de D+, soit 2500 de dénivelé en 3h15 (montées et descentes).

Crédit Photo : Akunamatata / Madlaine Walter / ÖtillÖ