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Swimrun, qu’es aquo?

Création d’une discipline ou évolution de disciplines ?

Face à la nouveauté, la différence, nous avons tendance à classifier et amalgamer le nouveau venu avec quelque chose de connu et d’établi. C’est rassurant devant l’inconnu, c’est pratique pour avoir rapidement des références, mais c’est aussi une tactique de récupération pour ceux s’intéressant uniquement à capitaliser sur une activité qui a le vent en poupe. Le Swimrun, comme nouveau sport à forte croissance, n’échappe pas à ces tentatives. Une question se pose alors : le swimrun est-il simplement une version moderne d’autres activités plus anciennes ou est-ce un nouveau sport à part entière ?

Si l’on considère l’activité physique pure, il est tentant de la décrire comme une « activité enchaînée ». De prime abord, il semblerait que ce ne soit pas une activité unique mais une succession de sections de natation et de course-à-pied. Par conséquent, la grande famille des activités enchaînées, telles le Raid, le Triathlon et l’Aquathlon, serait  a priori une famille d’accueil naturelle. Voyons les similarités et différences de ces activités avec le swimrun.

“On ne voit pas en effet les aquathlètes nager avec leurs chaussures”

gravity-scan-17Certains suggèrent que le swimrun est une série d’aquathlons. Est-ce le cas ? Certes l’enchaînement de natation et de course à pied est commun aux deux activités. Cependant en y regardant de plus près des différences fondamentales apparaissent. Côté équipement, on ne transporte pas en aquathlon son matériel du début à la fin. On ne voit pas en effet les aquathlètes nager avec leurs chaussures, ou utiliser des plaquettes et pullbuoy.

“Une nature au centre de la discipline”

29555641104_ba3337ad11_hLa nature du terrain et la manière dont les sportifs et sportives y évoluent constituent une autre différence. Les distances en aquathlon sont très précisément prescrites par un règlement contraignant. Rien de cela en swimrun. Le swimrun se pratique en pleine nature, et si une île se trouve à 770 mètre du rivage, on ne va pas changer cela. C’est peut-être plus long que dans une autre épreuve, ou plus court.

“le swimrunner s’adapte au terrain”

gopro_scan-26-largeQu’importe, c’est le terrain de jeu que la nature propose. En fait, la distance n’est peut-être 770m que deux fois par jour s’il y a de la marée ; un concurrent peut potentiellement arriver deux heures après un autre et nager plus, ou moins, avec ou sans courant. Cela fait partie du jeu, la nature ne s’arrête pas pour le swimrunner : le swimrunner s’adapte au terrain et ses évolutions. Il en découle que l’on ne peut pas non plus prescrire exactement le pourcentage de natation et de course à pied.

Chaque organisateur trace un parcours en fonction du terrain qui l’entoure, en respectant l’environnement et en tenant compte des autorisations des instances locales et de la sécurité. Certaines courses comporteront plus de natation, d’autres moins, laissant l’initiative aux organisateurs. Le dénivelé n’est pas non plus prescrit comme en marathon : on peut avoir un parcours plat ou avec beaucoup de dénivelé ; c’est aussi cela le caractère d’une course.


Être swimrunner, être humble, solidaire et responsable de ses choix

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En pleine nature, il faut être autonome et responsable

L’autonomie des participants est aussi un élément important du swimrun. La navigation fait partie du jeu : le parcours n’est pas manucuré avec des bouées et balisages tous les 200m. Il faut savoir naviguer et jouer dans et avec la nature en la respectant, pas en la modifiant pour en faire une autoroute.

Il n’y a pas non plus de ravitaillement tous les 2 kilomètres et cela ne doit pas constituer une difficulté pour le swimrunner : si vous pensez avoir soif, emportez plus d’eau. Enfin il n’y a pas quelqu’un pour vous tenir la main tous les 100m: il faut savoir prendre ses responsabilités en pleine nature, et le premier secours c’est son ou sa partenaire, que ce soit en natation ou à pied.

Le dernier point est que l’aquathlon, le triathlon ou encore le trail se pratiquent seuls, alors que le swimrun depuis son origine et dans la quasi-totalité des épreuves se déroule en binôme. C’est une différence fondamentale qui va bien au-delà du simple fait d’être seul ou non. L’association de deux personnes fait que les notions de partage et support mutuel sont essentielles.

Jesper et Mats Andersson
Deux des quatre qui ont tout commencé, les frères Jesper et Mats Andersson Photo © François-Xavier Li

L’esprit d’équipe n’est pas un vain mot en swimrun ; en cela le swimrun se démarque radicalement des épreuves individuelles. La performance est le fruit d’un effort et d’une expérience commune. Il suffit de lire le nombre de récits de course ou les relations entre binômes vont bien au-delà du simple fait de courir ou nager ensemble. C’est pourquoi la notion de partage et d’amour de la nature forment la clef de voûte du swimrun. Le swimrun et l’aquathlon partagent donc certaines caractéristiques, tout comme le penthatlon moderne, toutefois le swimrun n’est en aucun cas un patchwork de disciplines rapportées.

Swimrun et Raid aventure, cousins éloignés ?

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L’autonomie c’est aussi transporter tout son matériel

Le swimrun est-il un raid aventure ? Plusieurs points communs existent. Les raids se pratiquent en pleine nature, souvent en équipes et les notions d’entraide, de partage et d’amour et respect de la nature sont au cœur de l‘activité. Les distances et les profils de courses varient en fonction du terrain et les règlements ne prescrivent pas de manière précise et contraignantes les distances, pourcentages, dénivelés etc. Tous ces aspects rapprochent le raid et le swimrun.

Par contre les raids peuvent inclure une multitude d’activités telles que course à pied, kayak, VTT, équitation, plus rarement natation et une foule d’autres moyens de déplacements au bon vouloir des organisateurs et du terrain, alors qu’en swimrun deux et seulement deux activités sont enchaînées : course à pied et natation. En raid on a normalement le droit de changer d’équipement : on ne transporte pas son kayak en VTT !

Comme nous l’avons vu, le swimrun se démarque sur ce point et l’équipement choisi et/ou nécessaire est transporté du début à la fin de la course sans possibilité de prendre ou laisser le moindre accessoire. Le raid et le swimrun partagent donc plusieurs points communs, mais les différences sont cependant telles que le swimrun ne s’apparente pas un mini-raid.

Se déplacer et s’adapter au milieu naturel

ÖTILLÖ 2015Nous avons commencé en décrivant le swimrun comme une « activité enchaînée » succession de sections de natation et de course-à-pied. Cependant on peut se demander si c’est vraiment le cas. En effet le but du swimrun est de se déplacer en binôme dans la nature, et il se trouve qu’il faut pour cela passer du milieu aquatique au milieu terrestre. Et c’est bien comme cela que le concept est né en Suède : relier les îles d’Utö et Sandham en passant par un chapelet d’autres îles et bras de mer.

“les mammifères terrestres qui se déplacent sont confrontés à des espaces liquides”

otillo15-jakobedholm-_8100368-lr-smallLe but n’était pas de courir ou nager, ils auraient pu faire cela dans une piscine et autour d’un stade. Non, l’essence du sport est de se déplacer dans un environnement qui comporte une variété de topographies, de terrains, des bras de mers plus ou moins longs, des îles plus ou moins grandes.

On se déplace dans le milieu naturel en s’adaptant à ses caractéristiques. S’il y a un tronc qui barre la route, on le contourne, passe par-dessus ou par-dessous. Le but n’est pas d’enchaîner des obstacles ; le swimrun n’est pas un steeple chase suivi d’une natation. S’il y a un rocher, on le grimpe ; le swimrun n’est pas de l’escalade suivi d’une natation. Si un lac est peu profond et boueux, on marche.

Le swimrun n’est pas un parcours du combattant ou une course dans la boue. Fondamentalement en swimrun on ne change pas vraiment d’activité : on se déplace en binôme dans la nature par ses propres moyens avec l’équipement qu’on peut emporter avec soi.

C’est ce que font tous les mammifères terrestres qui se déplacent et sont confrontés à des espaces liquides : les ours blancs en quête de phoques au pôle nord, les gnous migrant en Afrique, etc. Ils ne font pas des activités enchaînées, ils se déplacent dans la nature par leurs propres moyens.

“le swimrunner serait plus un amphibien”

Transition lac - terre

Dans ce sens le swimrun n’est pas une activité enchaînée mais un déplacement en milieu naturel. Nous redécouvrons peut-être ce que nos ancêtres préhistoriques ont dû faire quand ils se déplaçaient, traversant une rivière qui leur barrait la route, escaladant une montagne qui se trouvait sur leur parcours migratoire.

Curieusement le swimrun pourrait être rapproché du Parcours (ou Parkour) en pleine nature, les figures de style en moins. En conséquence si le besoin de classification et rapprochement persistent malgré tout, nos dirions que le swimrunner s’approcherait d’un amphibien, non d’un “nageur + coureur”. En cela l’expression utilisée par certains “Swim & Run” est bien erronée.

Le swimrun est un sport unique

En conclusion, bien que des points communs évidents existent entre swimrun, aquathlon, raid et d’autres activités, le swimrun est un sport unique avec ses valeurs et caractéristiques propres. Il doit être reconnu comme tel. Le swimrun est un déplacement en binôme en milieu naturel.

Il est important de bien comprendre ses principes fondateurs afin de les préserver durant l’évolution rapide du swimrun, tant en France qu’à l’étranger. Ce sont ces valeurs qui attirent des sportifs et sportives venus de background multiples, du nageur au coureur en passant par les triathlètes, raiders, traileur et bien d’autres encore. In fine, ils et elles, en binômes, se métamorphosent en swimrunners.

François-Xavier Li (Alias ‘Fix’)

Crédit Photo (Akunamatata / Jakob Edholm / Nadja Odenhage / Maryse Le Dantec / François-Xavier Li / Rockman)