Edito

Du chameau au lion à l’enfant : Le swimrun comme possible métamorphose nietzschéenne

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🇫🇷 Dans son œuvre majeure “Ainsi parlait Zarathoustra“, Friedrich Nietzsche dépeint avec acuité les trois métamorphoses de l’esprit : le chameau, le lion et l’enfant. Cette allégorie philosophique illustre l’évolution de l’esprit humain vers la liberté et la créativité. Le chameau, symbole de l’obéissance et du “Tu dois”, porte le fardeau des valeurs morales imposées par la société. Le lion, incarnation du “Je veux”, se révolte contre ces valeurs traditionnelles, symbolisées par le dragon du “Tu dois”. Enfin, l’enfant représente le “Je crée”, l’innocence et le nouveau commencement, capable de créer ses propres valeurs.

Bien que conçue dans un contexte différent, cette progression pourrait trouver une résonance inattendue dans l’évolution des sports d’endurance contemporains. (Toutefois chaque sport est complexe, multidimensionnel et les motivations des pratiquants sont diverses). Au terme de cette progression, le swimrun pourrait être vu comme une incarnation de l’esprit libre et créatif de l’enfant nietzschéen, transcendant potentiellement les paradigmes sportifs établis.

Le marathon, dans sa dimension quasi rituelle, s’apparenterait au chameau nietzschéen. Il pourrait incarner ce “Tu dois” impérieux, cette quête de reconnaissance sociale à travers l’accomplissement d’une épreuve codifiée. Le marathonien, tel un ascète moderne, s’astreindrait à une préparation rigoureuse, portant peut-être le fardeau des attentes sociétales et de ses propres ambitions. Cette étape, bien que nécessaire, reste empreinte d’une certaine servilité face aux normes établies.

Le triathlon, quant à lui, évoquerait l’esprit du lion. Il symbolise cette volonté farouche de s’affirmer, de repousser ses limites dans un environnement maîtrisé. Le triathlète, dans sa quête de performance, cherche à dompter les éléments, à imposer sa volonté sur l’eau et sur la route. C’est le règne du “Je veux”, où la technique et la puissance primeraient, reflétant une certaine forme d’hubris athlétique.

C’est finalement avec l’avènement du swimrun que s’opérerait la métamorphose ultime, celle de l’enfant nietzschéen. Libéré des carcans réglementaires rigides, le swimrunner renoue avec la joie pure du jeu. Il s’immerge dans la nature, s’y adapte avec spontanéité, incarnant pleinement le « Je créé » dans une pratique empreinte de ludisme et d’exploration. Le swimrun transcende la simple performance pour devenir une communion avec les éléments plutôt que de chercher à les dominer.

La dimension du binôme en swimrun ajouterait également une couche supplémentaire à cette métamorphose. Elle amplifie la joie par le partage, dépasse l’individualisme par le jeu collectif, et renforce cette connivence avec l’autre et la nature. C’est peut-être là que le swimrun s’éloigne le plus radicalement de ses prédécesseurs, en réintroduisant une forme de solidarité ludique dans un univers sportif souvent marqué par l’individualisme.

Ainsi, le swimrun se présenterait comme la synthèse des états d’esprit précédents. Il intègrerait la rigueur du marathon et la volonté du triathlon, mais les transcende dans une pratique où son âme d’enfant embrasse cette “innocence” et ce “oui à la vie” que Nietzsche célébrait. Le swimrun, dans son essence, nous invite à repenser notre rapport au sport, à la nature, et in fine, à nous-mêmes.

✍️Akuna 🧬 relecture Claude Sonnet
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🇬🇧 In his major work “Thus Spoke Zarathustra,” Friedrich Nietzsche acutely depicts the three metamorphoses of the spirit: the camel, the lion, and the child. This philosophical allegory illustrates the evolution of the human spirit towards freedom and creativity. The camel, a symbol of obedience and “Thou shalt,” carries the burden of moral values imposed by society. The lion, embodying “I will,” rebels against these traditional values, symbolized by the dragon of “Thou shalt.” Finally, the child represents “I create,” innocence, and new beginnings, capable of creating its own values.

Listen to the Deep Dive Swimrun podcast : Longevity, Nietzsche and the inner child

Although conceived in a different context, this progression could find an unexpected resonance in the evolution of contemporary endurance sports. (However, each sport is complex, multidimensional, and practitioners’ motivations are diverse). At the end of this progression, swimrun could be seen as an incarnation of the free and creative spirit of the Nietzschean child, potentially transcending established sporting paradigms.

The marathon, in its quasi-ritual dimension, would be akin to the Nietzschean camel. It could embody this imperious “Thou shalt,” this quest for social recognition through the accomplishment of a codified ordeal. The marathoner, like a modern ascetic, would subject themselves to rigorous preparation, perhaps bearing the burden of societal expectations and their own ambitions. This stage, although necessary, remains imbued with a certain servility to established norms.

Triathlon, on the other hand, would evoke the spirit of the lion. It symbolizes this fierce will to assert oneself, to push one’s limits in a controlled environment. The triathlete, in their quest for performance, seeks to tame the elements, to impose their will on water and road. It’s the reign of “I will,” where technique and power would prevail, reflecting a certain form of athletic hubris.

It’s finally with the advent of swimrun that the ultimate metamorphosis would occur, that of the Nietzschean child. Freed from rigid regulatory constraints, the swimrunner reconnects with the pure joy of play. They immerse themselves in nature, adapting to it spontaneously, fully embodying the “I create” in a practice imbued with playfulness and exploration. Swimrun transcends mere performance to become a communion with the elements rather than seeking to dominate them.

The dimension of the pair in swimrun would add an additional layer to this metamorphosis. It amplifies joy through sharing, surpasses individualism through collective play, and reinforces this communion with others and nature. It is perhaps here that swimrun departs most radically from its predecessors, reintroducing a form of playful solidarity in a sports universe often marked by individualism.

Thus, swimrun would present itself as the synthesis of previous states of mind. It would integrate the rigor of the marathon and the will of triathlon, but transcends them in a practice where its child’s soul embraces this “innocence” and “yes to life” that Nietzsche celebrated. Swimrun, in its essence, invites us to rethink our relationship to sport, to nature, and ultimately, to ourselves.

✍️Akuna 🧬 relecture Claude Sonnet
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