Edito

La bonne humeur

🇬🇧 English version down below

🇫🇷 Je me réveille de bonne humeur avant l’aube, bercé par le doux clapotis de la Méditerranée contre les rochers de la calanque de Sormiou. Une impatience dévorante vrille mon corps engourdi – aujourd’hui, je swimrunnerai à la naissance du jour sur ces rivages provençaux. As ton besoin d’une raison pour être de bonne humeur ?

Lorsque les timides prémices du printemps se font jour, transperçant d’une lueur naissante la froide torpeur de l’hiver, une insoupçonnable allégresse semble spontanément renaître en nos âmes. La bonne humeur semble surgir toute seule ex nihilo.

N’est-ce pas là, en effet, l’essence même de cette humeur qui nous anime en ce renouveau printanier? Cette humeur légère et pétillante, indépendante des péripéties du jour, n’a que faire des vicissitudes qui ont précédé. C’est une plaquette de swimrun vierge, sans inscription ni mémoire, qui s’éprend du monde comme si celui-ci n’avait encore jamais été contemplé.

Enfilant ma combinaison avec des gestes encore patauds, je quitte la chaleur ouatée du cabanon. L’air iodé de la nuit me saisit d’abord d’une violente embrassade, mais qui suffit à chasser les dernières buées de sommeil. Mes pas me guident vers la mer. Entre les falaises encore obscures et pins parasols endormis, j’entends ses frêles vaguelettes s’écraser en un rythme chaloupé, comme le chant d’une immense langue secrète.
Enfin, la petite crique de sable fin se dévoile. D’un geste mesuré, j’ajuste mes lunettes tandis que mes baskets foule le sable tiède et rêche. Une exquise sensation de liberté m’envahit tandis que je m’enfonce lentement dans la mer.

Puis, sans autre attente, je lance mes deux bras vers l’avant dans un mouvement de papillon et me jette à l’embrassade des posidonies affleurantes. Le choc est limpide, vivifiant ! Le froid semble avoir en un instant regonflé chaque fibre de mon être. Je m’immerge totalement, découvrant à nouveau l’étreinte rustique de l’élément liquide. Un goût d’iode et de sel marin emplit ma bouche entrouverte, chassant les dernières bribes de torpeur. Un premier rayon de soleil se faufile à l’horizon, auréolant d’une lueur ambrée la pointe de Sormiou. Je sais que le tombant majestueux m’attend au pied, précisément au moment où le soleil pointe ses dards, éclairant une multitudes de bancs poissonneux argentés comme si le jour lui-même venait de renaître à mes nages, aussi frais, d’aussi bonne humeur que moi en cet instant précis.

✍️Akuna 🧬 relecture Claude-Sonnet
📷 ideogram

🇬🇧 I wake up in a good mood before dawn, lulled by the gentle lapping of the Mediterranean against the rocks of the Calanque de Sormiou. Do you need a reason to be in a good mood?

An insatiable impatience pierces my numb body – today, I will swimrun at the birth of day on these Provençal shores. When the timid beginnings of spring break through, piercing the cold torpor of winter with a nascent glow, an unsuspected joy seems to spontaneously reawaken in our souls. Good mood seems to arise all by itself, ex nihilo.

Is this not, indeed, the very essence of this lightness that animates us in this springtime renewal? This airy and sparkling mood, independent of the day’s events, cares nothing for the vicissitudes that preceded it. It is a blank swimrun paddle, without inscription or memory, that embraces the world as if it had never before been contemplated.

Donning my wet suit with still clumsy gestures, I leave the cozy warmth of the cabin. The iodized night air first greets me with a violent embrace, but one that suffices to chase away the last mists of slumber. My steps guide me towards the sea. Between the still-dark cliffs and sleeping umbrella pines, I hear its feeble little waves crashing in a swaying rhythm, like the song of a vast secret language.

Finally, the little cove of fine sand reveals itself. With a measured gesture, I adjust my goggles as my sneakers tread the warm, coarse sand. An exquisite sensation of freedom envelops me as I slowly enter the sea. Then, without further ado, I fling my two arms forward in a butterfly motion and throw myself into the embrace of the shallows. The shock is limpid, invigorating! The cold seems to have instantly reinflated every fiber of my being. I immerse myself completely, rediscovering the rustic embrace of the liquid element. A taste of iodine and sea salt fills my half-open mouth, chasing away the last vestiges of torpor.

A first sunray slips through on the horizon, haloing the tip of Sormiou in an amber glow. I know the majestic drop-off awaits me at the foot, precisely at the moment when the sun unleashes its darts, illuminating a multitude of silvery shoals of fish as if the day itself were being reborn with my strokes, as fresh, in as good a mood as I am at this very moment.

IG: @akuna_life

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