BinômeInterview

La Kebab League: les copains d’abord

Arnaud de Lustrac et Jérôme Gueguen sont les champions de France de swimrun en titre, ils respirent la fraîcheur et la bonne humeur. Leur état d’esprit jovial et leur passion contagieuse pour le sport transparaissent dans chacune de leurs réponses. Ces deux compères, issus d’une bande de copains soudée, partagent un enthousiasme communicatif pour les défis sportifs et les aventures qu’ils entreprennent ensemble. Avant d’entamer la nouvelle saison, ils répondent volontiers à nos questions indiscrètes ou pas.

A] 📍Swimrun France: Bonjour Arnaud & Jérôme, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Tous les deux: Bonjour à tous, tout d’abord on voulait vous remercier pour tout le boulot que vous faites pour la communauté swimrun. Comme vous allez voir, on est assez bavards, mais on va essayer de faire court.
On a 28 ans et pas encore d’enfants. Avant de parler boulot, on souhaiterait parler copains et sport, car c’est ça qui nous anime au quotidien finalement. On est une bande de copains ayant grandi ensemble à Maisons-Laffitte (en banlieue Parisienne). On a toujours été sportifs, mais après le lycée on s’est lancé des défis sur des triathlons longue distance. Pendant nos études, on était tous dans un endroit différent, on s’entrainait chacun dans son coin, mais on se retrouvait régulièrement pour des challenges et des voyages. La Kebab League est née. Au fur et à mesure, on est revenus dans notre petite ville de coeur où on s’est mis à s’entrainer plus sérieusement. Au final, grâce au sport, on se voit tout le temps et on part en voyage plusieurs fois par an! C’est une chance de dingue de pouvoir partager ça avec des copains.

Arnaud de Lustrac : En grandissant j’ai fait un peu de natation, et surtout beaucoup de hockey. En ce qui concerne le boulot, je suis Data Analyst pour une start up qui s’appelle Ankorstore. J’ai une formation d’ingénieur et je trouve mon équilibre avec ce métier qui me stimule intellectuellement et me fait penser à autre chose que le sport. Par ailleurs, je vis avec ma copine qui est également très sportive ce qui est vraiment génial.

Jérôme Gueguen : De mon côté, je suis un ancien nageur (même si ça ne se voit pas toujours sur les courses 😅). J’étais gérant d’entreprise dans l’immobilier jusqu’à l’an dernier et actuellement en reconversion professionnelle. Pour ce qui est de ma situation personnelle/familiale je dirais que je suis à la recherche d’une partenaire de swimrun pour le jour où Arnaud ne pourra plus supporter mon humour.

2022-10-15 OTILLO CANNES

B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ? Quelles ont été vos premières courses et quelles différences fondamentales voyez vous avec le triathlon ? Alors finalement pourquoi le choix du nom Kebab League ?

AL : Je ne me souviens plus bien comment j’ai connu le swimrun.. Probablement avec l’intérieur sport sur l’Otillo il y a longtemps. J’ai toujours su que ce sport me plairait, et que c’était juste une question de temps avant que je me lance. C’est finalement en 2022 qu’on se lance lors des Championnats de France à Saint Vaast la Hougue. A l’arrivée, malgré le fait que j’ai failli m’évanouir à cause de la chaleur j’ai très vite compris que ma nouvelle vie de Swimrunner venait de commencer tellement ce sport est dingue. Courir avec son pote, vêtu de néoprène, plaquettes aux mains, au milieu des pêcheurs et de gens jouant aux raquettes, grimper aux échelles des remparts, traverser des monuments historiques,… c’était exceptionnel! Ce qui est unique avec ce sport c’est ce sentiment de liberté qu’on a. On a tout le matériel avec soi et on part à l’aventure avec son binôme.

JG : Je dois mon retour au sport à Arnaud (ps: Je t’en remercie encore !!) qui m’a donné envie de reprendre en me montrant ce qu’était l’aquathlon. Puis de fil en aiguille on a entendu parler du swimrun, et on s’est dit qu’il fallait tenter et découvrir. Hasard de calendrier et d’opportunité, notre premier swimrun sera les championnats de France 2022 à Tatihougue. Malgré deux coups de chaud et des erreurs de débutants, on fini la course avec une seule chose en tête: “C’est tellement bien ce sport !”. C’était le premier, ça ne sera pas le dernier.

C] 📍SRF : Vous êtes les champions de France en titre après votre victoire en 2023 à Carcassonne, au final assez peu de temps après vos débuts, quelles sont vos ambitions en 2024 ?

Tous les deux: On ne compte pas se séparer de si tôt, donc on va pouvoir répondre à cette question à deux:
Effectivement on est devenu champion de France au bout de notre deuxième année de Swimrun, mais en réalité ça fait des années qu’on court et qu’on nage. Ce qui a changé en un an, c’est surtout les aspects techniques (transitions, gestion de l’effort, matériel) qui sont beaucoup plus importants que ce qu’on pensait initialement. A Carcassonne c’était rigolo parce qu’on pensait être des bons nageurs. L’année d’avant on creusait en natation, mais cette année on a pris une vraie claque dès la première natation où on ne tenait même pas les pieds des deux premiers binômes. Là où on a été bon c’est qu’on a pu transformer cette faiblesse en source de motivation pour se donner encore plus sur les parties pédestres, ce qui nous a permis de nous échapper et de remporter la course.

2024 L’objectif numéro un n’a pas changé: prendre du plaisir et partager des supers moments avec les copains. On ira défendre notre titre de champion de France bien sûr mais la course qu’on attend le plus cette année c’est le swimrun Côte Vermeille sur lequel on a inscrit deux équipes en relais (ce format est incroyable) pour partager un week-end inoubliable avec les copains de la Kebab League. On va également partir à l’étranger pour découvrir d’autre courses et se faire de bons voyages.

2023-10-14 ÖtillÖ Cannes

D] 📍SRF : Vous avez aussi participé à la coupe du monde de Cannes, où vous luttiez jusqu’à la fin pour la seconde place avec Matthieu Poullain et Alexandre Dumoulin. C’était impressionnant à quel point vous avez pioché au bout du bout. Quel est votre analyse d’une coupe du monde ÖtillÖ par rapport aux autres courses ?

AL : Ah Cannes.. C’est un sujet tabou pour moi haha. Après une très bonne course, mes bras m’ont complètement lâchés sur les dernières parties de natation. On passait deuxième à pied pour se refaire doubler en natation parce que j’avançais plus. On a dû faire une petite heure de yoyo pour malheureusement terminer sur une natation de 600m. Lorsqu’on s’est fait doubler, mes bras se sont complètement éteints. J’alternais le dos, la brasse, le crawl pour essayer de changer de groupe musculaire, mais j’étais cuit. A un moment je pensais vraiment que je n’allais pas pouvoir rejoindre la plage. C’était effrayant. Heureusement que les vagues m’ont poussé jusqu’à l’arrivée. Depuis j’ai mangé beaucoup de plaquettes à l’entraînement pour ne plus saboter la course du copain qui avait lui probablement les ressources pour terminer deuxième. Entre Cannes et Carcassonne je fais des cauchemars la nuit où je croise Matthieu. On a eu un souci technique dès la première natation qui a fait qu’on n’aura pas beaucoup vu Hugo et Max à l’œuvre. C’est dommage car on aurait bien aimé voir ce que c’est que le top du top.

JG : Tout d’abord je tiens à féliciter Matthieu et Alexandre pour leur course, mettre cette intensité après 4h de course c’est impressionnant ! En termes de niveau, Otillo semble être un cran au-dessus, je l’ai d’ailleurs vite compris pendant les premières nat (désolé Arnaud la prochaine fois je m’échaufferai mieux). Pour ce qui est du parcours, Cannes est absolument magnifique, tout ce que j’aime du swimrun. En revanche à mes yeux l’orga n’est pas au niveau par rapport à d’autres swimruns moins chers. Mais difficile de me faire un vrai avis, on en n’a pas encore fait beaucoup.

E] 📍SRF : En terme de spécialité, qui est le plus nageur ou le plus coureur ? Par rapport aux autres binômes plus expérimentés, que vous manque t-il ?

AL : On est bien rodé avec Jérome. Par son passé de nageur il planifie les entrainements de natation, et je m’occupe de la partie pédestre. On est tous deux passionnés donc on discute toujours pour trouver comment s’améliorer. Comme vous le soulignez, on manque beaucoup d’expérience. A chaque course on en apprend des tonnes. C’est super motivant de voir qu’on a une grande marge de progression.

JG : Arnaud est clairement un cran au dessus à pied même si en course je ressens moins d’écart qu’à l’entraînement. Pour ce qui est de la natation, je vais dire que c’est parce que je l’ai bien coaché, il est très fort aussi. Il a tendance à prendre le lead en début de course, puis la tendance s’inverse un peu car j’ai probablement un peu plus d’endurance que lui. On a vu à Cannes que 8km de nat c’est long 😅
J’aurais aimé faire moins d’erreurs sur le début de course à Cannes pour voir comment Hugo et Max gèrent leur course. On manque clairement d’expérience surtout face aux imprévus. C’est pas pour leur jeter des fleurs mais sur le peu de temps de course qu’on a partagé avec eux, Arnaud comme moi avons été impressionné par leur calme, même après avoir déchiré une longe sur la 1ère cap.

F] 📍SRF : Quels conseils donneriez-vous à des binômes de swimrun qui sen lanceraient dans la même configuration (triathlètes élites) ?

AL : Je ne sais pas vraiment si on peut se qualifier de triathlètes élite, mais on prend le compliment, merci. Si ce sont des triathlètes élites ils doivent déjà avoir un bon volume. Alors je conseillerais d’aller directement dans une épreuve longue distance (au moins 2 ou 3h) pour pouvoir plus prendre son temps, d’enchainer plein de fois, et surtout de profiter un peu plus de cette liberté qu’offre le swimrun. Cependant, je dois les mettre en garde. L’aspect technique et matériel est beaucoup plus important que ce qu’on pense. Mais c’est ça qui est passionnant avec ce sport. Il y a beaucoup de choses à inventer et à essayer qui peuvent faire une grande différence. Et surtout, LE conseil le plus important que je donne à chaque fois: enlever son bonnet lorsqu’on court parce qu’on surchauffe très vite. C’est bête, mais on croise tellement de monde sur les courses courir avec le bonnet en plein cagnard..

JG : C’est flatteur mais je ne pense pas être un triathlète élite, tout juste un aquathlète élite et encore. On est encore novices donc pas les mieux placés pour donner des vrais conseils. Je dirais juste que le swimrun c’est pas juste une course c’est une aventure qu’on partage ensemble avec son binôme. Pour vivre le swimrun à fond il ne faut pas y aller avec la perf comme seul objectif, il y aura peut-être des erreurs d’aiguillage, une voiture ou des gens qui remontent de la plage et te coupent la route, ça fait partie de l’expérience.
Pour vous donner une petite anecdote, avec les copains de la KL, en footing, ou même en balade n’importe où, maintenant dès qu’on passe dans un endroit un peu spécial type escalier très pentu, petite arche, qu’on saute un muret ou n’importe quoi de ce style là, on lâche un petit “Swimrun Swimrun”.

Victoire en Sprint 2022-10-15 OTILLO CANNES

G] 📍SRF : Allez- vous participer à la swimrun battle 2024 ? (Ndlr👉 voir ici)

Tous les deux: Oui très probablement! C’est un défi sportif en équipe, alors forcément on est chaud!! Avec les copains on s’adapte pour s’entraîner ensemble le plus possible. Là ça sera la bonne excuse pour se voir tout le temps. En plus ça nous permettra de faire passer le temps un peu plus vite avant le premier swimrun de la saison!

H] 📍SRF : Il y a t-il une question que vous auriez voulu que je vous pose ?

Tous les deux: Quel serait notre swimrun de rêve ?
Ça occupe souvent nos footings de parler de notre swimrun idéal. Pour nous ça serait un Swimrun à Venise. Imaginez nager dans les canaux qui serpentent dans la ville, une sortie d’eau directement dans un bâtiment, on court dans les ruelles étroites, traversant des places magnifiques, on enjamberait des petits ponts plein de charme. Pourquoi pas une mise à l’eau depuis la trappe du Pont des Soupirs, ou carrément en sautant de la fenêtre du premier étage d’un bâtiment comme dans les films d’action! Ça serait dingue!

I] 📍SRF : Quels sont vos Sponsors pour la saison 2024 ?

C’est une super question, merci de donner l’opportunité aux athlètes de mettre en avant leur partenaires. Pour des ingénieurs passionnés comme nous ce jeune sport est un régal puisqu’il y a tellement de choses à développer et à innover. On a tout un tas d’idées à créer et tester. C’est hyper stimulant. Cette liberté matériel et créative est précieuse à nos yeux. C’est pour cela que nous n’avons pas spécialement cherché de sponsors. Par contre on est très ouvert à participer au développement et test de produits.

Champions de France 2023

Questions indiscrètes:

👉Embrassades ou poignées de main polies à l’arrivée ?
A: Sans hésiter embrassades avec larmes

JG : Embrassades sans hésiter, c’est encore mieux en relais avec tous les copains

👉Qui fait le pipi qui réchauffe le 1er ?
A: Pas besoin d’attendre d’avoir froid pour faire pipi chez nous, nos partenaires d’entrainement nous font la remarque à chaque footing. Mais j’ai été le premier à le faire dans la combinaison en courant pendant mon coup de chaud à Saint Vaast la Hougue. Un moment très étrange mais qui m’a libéré mentalement pour les courses suivantes.

JG: Arnaud !! Je ne savais pas que c’était possible de faire pipi aussi souvent 😂

👉Qui gueule le 1er ?
A: Je dirais Jérome, mais s’il a l’énergie pour gueuler alors j’accélère le rythme à pied. Il ne gueule plus trop du coup.

JG: Moi 🫣 même si je me suis beaucoup amélioré à ce niveau là (enfin on va laisser Arnaud juger)

👉Longe ou sans longe ?
Tous les deux:
On n’a pas de longe. Au France l’an dernier c’était obligatoire donc l’orga nous en a passé une, mais on s’emmêlait tout le temps dedans. Nos concurrents se retrouvaient piégés aussi. C’était pas hyper cool donc on n’a pas réessayé. En plus, on a un niveau très proche dans les deux sports. L’an dernier ça aurait bien servi à Cannes lorsqu’Arnaud se noyait sur la dernière nat. On y réfléchit, ça fait partie des choses qu’on souhaite tester.

👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entraînement ?
A: Un de notre meilleur pote s’est marié l’an dernier vers la Sainte Baume. A la fin de la soirée, à 7h du matin, au lieu d’aller au lit on s’est rempli deux flasques avec du pastis et on est partis courir jusqu’au sommet d’une petite montagne qui surplombait le domaine. Ca paraissait tout proche mais on a finalement fait 18km avec 800m de D+ en deux heures. Alors que le soleil du mois de juillet tapait fort, on se demandait si le pastis en plein effort nous hydratait vraiment. Un souvenir inoubliable.

JG: Le T24! C’est un triathlon sur 24h qu’on a fait en relais à 6! C’était une folie. A 23h on s’est retrouvés avec des fumigènes en caleçon à mettre le feu (au sens figuré) dans la zone de transition. On faisait moins les malins quand il fallait prendre les relais à pied derrière, mais c’était un moment magique! On a aussi pas mal d’autres histoires, mais on va les garder pour nous haha.

Enfin, on voudrait clore cet interview en remerciant la communauté swimrun (les organisateurs, les journalistes, photographes, la FFTri, les bénévoles et surtout les participants) pour son esprit très bienveillant et bonne ambiance. On espère que le sport évoluera dans la bonne direction et que l’argent ne viendra pas tout gâcher.. Même si on fait beaucoup de bruit pendant les évènements, à la Kebab League on est des gens très simples et passionnés. Venez nous dire bonjour la prochaine fois qu’on se croise.

IG: @adelustrac

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