Compte-rendu de courseCourses

Swimrun de la Réunion 2023, entre beauté et humilité

Dimanche 19 novembre, 6h, débarcadère de St Paul, Île de La Réunion. Les premiers rayons de soleil on fait leur apparition , la chaleur commence à monter, et la quarantaine de binômes engagés sur le Swimrun Réunion distance marathon termine tranquillement l’échauffement. J’observe distraitement les forces en présence.

Michel & Arnaud

Les organisateurs, Mickaël Le Goanvic et Laurent Larivière, sont parvenus une nouvelle fois à afficher une start list impressionnante…
Hugo Tormento et Max Andersson (Champions du monde Ötillö 2022 et 2023) et tenants du titre, William Even (vice champion du monde Ötillö 2022) associé à Alexis Charrier (vice champion du monde mixte 2021 et 3ème championnat du monde mixte 2022).
Les Françaises Marine Beaury (spécialiste du Swimrun au palmarès fourni) et Margot Garabédian (Triathlète professionnelle) , 2èmes en 2022.La paire Suédoise victorieuse l’an passé ,composée de Désirée Andersson(multiple championne du monde) et Amanda Nilsson (multiple médaillée aux championnats du monde).

À côté de ces sportifs hors-normes , les athlètes locaux, tous plus affûtés les uns que les autres, soutiennent la comparaison.
Triathlètes, trailers et cyclistes qui selon le speaker, trustent les podiums sur les nombreuses épreuves disputées sur l’île intense.
Cette saine concurrence avive un peu plus l’immense joie que nous avons d’être présents sur cette épreuve, épilogue d’une saison 2023 bien remplie.

À 6h15, l’ambiance monte d’un cran, et c’est en musique que le starter libère la meute. Nous nous élançons plein sud du pied du débarcadère de St Paul pour environ 2km de course à pieds le long de la plage de sable noir. Partis prudemment dans la première moitié du peloton, le cardio monte néanmoins assez vite.

les double champions du monde Hugo et Max devant la paire William et Alexis

Nos pieds s’enfoncent dans le sable mou et il faut s’employer pour maintenir une allure honorable. Après 10mn, bifurcation sur la gauche pour entamer la portion trail dans la Savane. Single « drêt dans l’pentu », le souffle se fait haletant et les gouttes de sueur perlent🤪

« Bienvenue à La Réunion » me glisse un concurrent local en me doublant. Le sentier, très technique et abrupte, nécessite une attention de tous les instants. Nous ne sommes pas habitués ni préparés à ce type d’effort et laissons filer quelques binômes rompus à cet exercice. Après quelques dizaines de minutes d’ascension nous atteignons le sommet. La vue sur la côte et les reliefs alentours est époustouflante.

Place à la descente en direction du cap de la Houssaye. Dès les premiers hectomètres, nous doublons Marine et Margot . Cette dernière vient de se tordre la cheville, ce qui les contraint à l’abandon😟 Nous continuons notre progression à un bon rythme en prenant soin de poser les pieds au bon endroit.

La dernière portion ne permet désormais plus de courir… le sentier, composé d’un amoncellement anarchique de roches volcaniques saillantes, nous oblige à une grande prudence. Muriel et Mag, postées en contrebas nous diront que les premières équipes volaient littéralement de rochers en rochers….

En bons Bretons, difficile d’admettre que nous avons une mauvaise descente…Nous longeons désormais la mer à bon rythme via la voie cyclable avant de rejoindre la plage et de pouvoir se rafraîchir quelques instants dans l’eau , après 9km de trail, au pied de l’Hotel Boucan Canot, partenaire de l’épreuve. C’est dans ce petit écrin plein de charme que s’est fait, la veille, le retrait des dossards.

Ce fut l’occasion de rencontrer Mickaël Le Goanvic qui nous réserva un accueil chaleureux et souriant, à l’image de la réputation de gentillesse et de bienveillance toute Réunionnaise. Traversée de la petite piscine naturelle et retour sur la terre ferme. Les filles sont là de nouveau et donnent de la voix. Nous repartons pour 3,5km de course sur la plage, longeant les villas et les rangées de filaos, en direction des roches noires.

Malgré l’heure matinale, le mercure monte en flèche et les casquettes légères qu’Arnaud , en bon père de famille prévoyant, a achetées spécifiquement pour l’épreuve, protègent nos crânes désormais partiellement dégarnis des assauts du soleil🤯
La natation de 400m aux Roches Noires est un pur bonheur🤩 Le filet anti-requin est en place, doublé d’une vigie en nombre présente sur l’eau … no stress 🤙

Je mets d’entrée un gros rythme, Arnaud est bien calé dans mes pieds. Nous rattrapons et doublons rapidement quelques binômes qui nous distancent rapidement sur les portions très techniques en course à pieds. Je perds ma casquette en cours de route et commence à bien chauffer du ciboulot 😥 Nous rivalisons sur les parties pédestres plus faciles le long de la plage et prenons désormais le large à la faveur de belles portions Swim où nous prenons un pied total.

Quel bonheur de nager sans combinaison dans ce lagon translucide , protégé par la barrière de corail, où nous évoluons au milieu d’une multitude de variétés de poissons tropicaux…Un véritable aquarium géant…splendide🤩 Nous gagnons quelques places sur cet enchaînement ce qui nous permet d’avoir désormais un petit peloton en visuel.

Sortie d’eau à Trois Bassins… ravitaillement express. Nous repartons sur un bon rythme. Après 400m de course, je réalise que j’ai oublié mes plaquettes sur la table du ravito 😭 Demi-tour… un petit bonus de 800m qui nous fait perdre quelques places et annihile tout le bénéfice des minutes gagnées dans l’eau.

Il fait désormais très chaud alors que nous entamons la 2ème grosse difficulté de la journée: La montée de la Ravine Tabac va s’avérer beaucoup plus difficile que ce que j’avais envisagé. J’ai pris un gros coup de chaud dans les dernières portions de course et peine à tenir un rythme honorable. Arnaud s’adapte à mon allure et mène le train.

La première partie, à découvert et un peu technique permet toutefois de courir. L’entrée dans la forêt en revanche marque un changement complet de topographie. 250m de D+ sur environ 1km le long d’un amoncellement de rochers… c’est l’échine courbée, mains sur les cuisses, le palpitant au paroxysme et la caboche en feu que je peine à rejoindre le sommet…🤯

Les adeptes du KV y trouveraient sûrement un terrain de jeu à leur convenance. Malgré le soutien d’Arnaud, c’est bien entamé que je me hisse au sommet, où un ravitaillement salvateur permet de recharger un peu les batteries et de se réhydrater. Même si la descente sur La Saline les bains se déroule sans encombre, malgré les rafraîchissements bien fournis et les glaçons proposés par les bénévoles, je ne parviens plus à faire redescendre ma température corporelle…j’ai comme qui dirait le sang qui bout🥵

Le dernier tiers du parcours sera réalisé en mode zombie… impossible de passer la troisième, je reste dans le sillage d’Arnaud qui me ménage à un train de sénateur en course à pieds et, malgré une progression toujours rapide en natation, nous ne parvenons plus à combler le retard avec les équipes qui nous précèdent.

Mon partenaire attentionné me maintient en vie en me promettant pendant plus d’une heure une natation de 1200m qui n’arrivera jamais😂 D’ordinaire aussi fiable qu’un gps, le stratège de la team doit aussi avoir un peu les fils qui se touchent 🤪 Les chasubles rouges du format L(28km) partis plus tard dans la matinée se mêlent désormais à notre progression durant le dernier tiers. Je débranche le cerveau afin de ne pas me laisser envahir par des pensées négatives et résister à la tentation de marcher.

Dernière portion de natation, le vent s’est levé sur St Leu, et le clapot la rend ludique à souhait. Des conditions que j’affectionne, et c’est requinqué par ce dernier effort que nous franchissons la ligne de ce 17 ème Swimrun couru avec Arnaud. Kévin (Head/Zoggs) avec qui nous avons partagé une partie du séjour, et serre file bénévole sur le S est là pour immortaliser l’instant en compagnie de Muriel et Mag, fidèles au poste 🙏
42km, 6h28, 16ème/35 équipes classées. Pas vraiment le résultat espéré, et pourtant une belle satisfaction d’être venu à bout de cette magnifique épreuve.

Ce sport incite à l’humilité, à apprendre toujours un peu plus sur soi, accepter ses limites du moment afin de progresser …. Même à cinquante ans passés 😇 Grosse ambiance au village arrivée, accueil xxl par les bénévoles, médaille, t-shirt finisher, bière fraîche, hot dog de poisson et brochettes d’espadon…on est bien tintin🥰
Si nôtre ‘’ performance sportive’’ du jour n’est pas celle que l’on avait envisagée, nous sommes cependant enthousiasmés par cette nouvelle aventure sportive .

Le parcours très varié , plages, singles, ravines, roches, forêts, anciennes voies de circulation peu connues des locaux eux-mêmes est aussi beau que difficile. Les 7km de natation de ce format marathon parcourus en totale sécurité tordent également le cou à l’idée faussement véhiculée depuis quelques années sur l’impossibilité de nager en eau libre à La Réunion. Il permet également aux amis ou la famille de suivre la course en intégralité sans difficultés.

Les organisateurs et toute leur équipe , nageurs et triathlètes confirmés eux-mêmes, aux manettes depuis 2018, ont réussi le tour de force cette année de réunir plus de 650 concurrents sur l’ensemble des épreuves de cette édition 🤘

Swimruns Kids et La familiale le samedi et Swimruns La courte, la Longue et la Marathon le dimanche. De quoi satisfaire un large public, et permettre, d’y associer un séjour mémorable au soleil, en famille, entre amis, ou projet club, alors que les frimas de l’automne refroidissent les ardeurs en métropole 😍 Immense merci à Mickael et Laurent pour leur accueil et à tous les bénévoles pour leur disponibilité et leurs sourires🙏

Rendez-vous en 2024👋 (mieux préparé 🤪)
Portez-vous bien et n’oubliez pas de faire du sport🤙
✍️ Michel Bauban
📷 crédit Photos Gwael Desbont / Swimrun Réunion
🔗 http://www.swimrun-reunion.com/

La 7e édition promet déjà son lot de frissons ! L’organisation a dévoilé les dates tant attendues: les 23 et 24 novembre 2024. Une opportunité en or pour les athlètes désireux d’enchaîner le réputé Swimrun de l’île et le Triathlon local 0-3000, programmé seulement une semaine après.