Compte-rendu de courseCourses

Le Final 15K, l’écho du swimrun originel résonne encore

Les 15ème championnats du monde de swimrun 2021 ÖtillÖ ont eu lieu le lundi 6 septembre dans l’archipel de Stockholm (Suède) entre l’île de Sandhamn au nord et de UtÖ au sud. J’avais eu la chance, il y a six ans, de participer à l’édition 2015 avec François Xavier. À l’époque une équipe de canal+, Intérieur Sport, était chargée de faire connaitre ce nouveau sport d’endurance né dans l’archipel de Stockholm. Ce documentaire, nommé « les exilés », a littéralement lancé le swimrun en France auprès d’une population de sportifs fascinés par l’attrait d’une nature belle et sauvage, d’un défi à la fois personnel et collectif. Dans tout bon documentaire qui se respecte. Telle une pièce de théâtre, les divers protagonistes signifie leur rôle à jouer en respectant soit le script du héros de l’Iliade, accablé par le destin, ou soit du preux chevalier maitre de son destin. Les dés ont été jetés, j’ai hérité de la carte « zombification » à OrnÖ avec option finish « corps présent esprit absent » et bon samaritain Fix.

J’étais bien loin de me douter que je m’y afficherai cette fois ci en tant que membre de la team média, et co-fondateur de l’association Swimrun France crée entretemps. Quelle ironie lorsque Michael Lemmel, directeur de course, me propose de participer au Final 15K se déroulant le samedi l’avant veille des championnats du monde avec Florian, un journaliste de l’équipe adrénaline. L’épreuve, destinée à offrir un « avant goût d’ÖtillÖ » au plus grand nombre, est émaillée de nombreuses natations courtes pour une distance de 13 km environ. Justement, le Final 15k se déroule sur l’île d’arrivée Utö. Une île dont mes souvenirs, plus que brumeux, furent les marqueurs d’un finish ÖtillÖ 2015 d’une conscience en pointillée.

Nous retrouvons au départ aussi bien des débutants que des expérimentés tels Jesper et Mats deux des « original 4 ». Il y a aussi des membres de l’équipe média comme Nancy Hesling (mag swimrun life) ou bien Rasmus Lodenius le réalisateur des films ÖtillÖ (voir 👉 son dernier petit bijou des WC 2021 🙌). La météo, clemente, est magnifique, avec un ciel azur constellé de nuages. En fonction de l’orientation du vent, et de l’exposition au courant marin, la température de l’eau oscille entre 12 et 16°C.

J’ai choisi la combinaison Ark d’été avec manchettes, tandis que Florian testera la dernière Ark réputée pour sa tenue au froid. Plutôt traileur, Florian sort de la CCC (UTMB) le week end précédent et il m’avoue être un piètre nageur. C’est parfait surtout pour moi qui désire enfin découvrir avec toute ma tête cette fois (et ma gopro), l’île d’Utö. J’explique à Florian que l’expérience d’une immersion dans cette terre qui a vu naitre le swimrun est inestimable. Si Florian n’est pas un débutant, ayant à son actif les manches de coupe du monde d’Engadin, et de Scilly, il est un peu inquiet sur mes ambitions chronométriques. Le triptyque des trois relations inspiré du philosophe Harmut Rosa que j’affectionne semble le rassurer. Il s’agit de porter notre attention sur notre relation au monde (immersion dans une nature sauvage), à notre monde intérieur et à l’interaction avec nos semblables (i.e. le binôme dans notre cas). La manière de progresser est aussi importante que celle d’atteindre la ligne d’arrivée. Lui, le grand admirateur du big Lebowski, apprécie cette philosophie qui va guider nos pas. Après tout, the « Dude » (Jeff Bridges), même s’il n’apparait pas d’un premier abord très sportif, comprend très bien l’importance du « flow », à savoir l’adaptation à toutes situations sans faire de plans sur la comète. D’ailleurs, notre nom d’équipe se nomme « the Dudes ». Nous entendons bien mettre en oeuvre quelques préceptes « dudeism » à base épicurisme, taoisme, sans prise de tête sur ce Final 15K.

Et qui sait peut être que l’esprit swimrun, jaillit d’une serviette de table et de quatre garçons biturés, à 200 m du départ (l’hôtel Utö Värdshus) il y a 16 ans nous rendra t-il visite ?

Fini les blablas, des photos valent mieux que des mots !

Crédit Photo : Otto Norin / Jean Marie Gueye / ÖTILLÖ