BinômeInterview

Portrait de la team des Vieux Neptuniens qualifiée à l’ÖtillÖ 2021

Les vieux Neptuniens, c’est l’équipe Yoyo que tu doubles 10 fois dans une course avant de réaliser qu’ils te fument dans l’eau. Nageurs de base, coureurs par curiosité et swimrunners de coeur, ils font jouer leur sérendipité sportive aux quatre coins du monde. S’il y a une chose qui lie tous leurs exploits, qui les gouverne tous et les emmène au swimrun: c’est leur optimisme inoxydable.

Les Vieux Neptuniens: Stéphane et Jean Nicolas

A] 📍Swimrun France: Bonjour. Pouvez vous vous présenter en quelques lignes

Jean Nicolas Mehr: Bonjour, j’ai 35 ans, j’ai commencé la natation à l’âge de 5 ans et j’ai nagé en compétition jusqu’à l’âge de 15 ans avant de devoir arrêter pendant 2 ans au cours desquels j’ai joué au rugby à 7 (avant que ce soit cool). Ensuite le sportif et le professionnel se croisent, j’ai fait une école d’ingénieur à côté de Bordeaux où j’ai repris une licence de natation aux Girondins (ce qui m’a permis de rencontrer Yann mon binôme ÖtillÖ 2019). Puis je suis monté à Paris travailler dans la finance et je nage toujours en master. J’ai fait quelques triathlons et pas mal d’eau libre avant de me lancer dans le swimrun en 2016. Aujourd’hui avec Stéphane nous avons motivé pas mal de nos amis nageurs à essayer cette discipline extraordinaire. Nous avons créé l’association Les Vieux Neptuniens pour organiser des déplacements et des stages de swimrun.

Stéphane Jay: La pratique du sport a toujours été importante pour moi depuis tout petit. Ce long parcours m’a permis de pratiquer de nombreux sports, collectifs (rugby notamment) ou individuels (arts martiaux principalement), en loisirs ou en compétition. 
Très souvent en déplacements pro aux quatre coins de la planète, j’ai commencé à pratiquer le running, et à y prendre goût. Plusieurs marathons et semis plus tard, je me suis remis à la natation pour mieux débuter dans le triathlon, DO (Ndlr, distance olympique) puis 226 (distance Ironman). 
JN, jeune nageur Masters au NCF Paris, m’a alors challengé pour un “dernier” pour moi, premier pour lui, Triathlon 226 en 2014, avec Yann. L’IM de Barcelone a donc été la première de nos nombreuses autres aventures sportives communes. 

B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ?

JN: Ça va sans doute être cliché mais c’est par le reportage Intérieur Sport de 2015. Je venais de faire le marathon d’eau libre Capri Napoli et j’avais besoin d’un nouveau challenge pour 2016. Je crois que j’ai regardé le reportage 3 fois d’affilée et je l’ai envoyé à tous mes amis. Stéphane a d’ailleurs été le premier à me répondre et à me dire faut qu’on y aille ça a l’air super.

SJ: Un peu lassé de l’asphalte j’ai découvert à cette période le trail et les grands espaces de verdure, de montagne, de grand air et de dénivelé positif. Associé au bonheur de l’eau libre et après 3 Diagonales à la Réunion, JN m’a à nouveau sollicité pour tenter l’aventure d’un WS (Ndlr, World Series) ÖtillÖ… Tout premier test à Vassivière pour inaugurer notre nouveau matos, nous étions alors et sans encore le savoir partis pour une pratique assidue de ce sport magique : le Swimrun. 

C] 📍SRF : Quel est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ? Comment avez vous pris la décision de viser la qualif ?

JN: Forcément en ayant vu Intérieur Sport, la première chose que j’ai cherché sur internet c’est ÖtillÖ Swimrun. Avant de penser à une éventuelle qualification aux WC (Ndlr, World Championship), les WS me paraissait un super circuit et d’ailleurs je les ai tous fait au moins une fois (à part les étapes suédoises j’avoue). Nous avons commencé par Engadin en 2016 (nous y avons participé 4 fois depuis), je pense que Hvar reste mon préféré, Scilly est top aussi même si j’ai un mauvais souvenir des algues qui m’ont volé un pull buoy et une plaquette! Catalina, c’était les vacances, dur de se concentrer sur une perf en course quand on passe 2 semaines en Californie mais la course est superbe.
Après avoir participé à ÖtillÖ en 2019, je me suis dit qu’il fallait absolument que je revienne avec Stéphane pour boucler la boucle, on a commencé le swimrun ensemble en 2016, quoi de mieux que faire ÖtillÖ en 2021, 5 ans après? Pour la qualification, nous savions que nous n’avions pas le niveau pour jouer un slot direct donc nous avons privilégié le concept 7/24 qui était le meilleur moyen pour nous de réussir à nous qualifier. La Covid a bouleversé tous les plans mais nous avons finalement réussi et nous serons au départ de l’édition 2021 avec grand plaisir.

SJ: Le circuit Otillo est effectivement une très belle histoire. D’abord ce sport se pratique en binôme, adieu donc les grands moments de solitude dans l’effort d’un 5000 eau-libre ou 180 kms à vélo. À deux, au moins on peut déconner un peu.
Ensuite Michael et Matts ont choisi des sites majestueux pour que chacun des athlètes puissent s’exprimer dans sa spé, nat ou trail, voire les deux pour les meilleurs.
La course mythique des WC n’a pas été immédiatement dans mes objectifs sur le circuit. Avec une participation à une quinzaine de WS, j’ai eu la chance de partager ces épreuves avec 6 partenaires de choix, 3 Men Teams et 3 Mixed Teams. Merci les ami(e)s ! 
Viser la qualification du  WC ÖtillÖ est arrivé naturellement après celles des Vieux Neptuniens Sophie et Sylvie en 2018 et 2019, et celle de JN et Yann en 2019.
7 courses plus tard, et avec le dossard n°7, nous nous sommes qualifiés en terminant avec le sourire le WS Engadin 2020. 

D]📍SRF : Comment s’est formé votre binôme ?

JN: Comme mentionné précédemment, après avoir vu intérieur sport, j’ai commencé à recruter des binômes autour de moi. Avec Stéphane nous nageons dans le même club de natation et nous avions déjà fait quelques défis ensemble donc il m’a naturellement répondu ok faisons ça ensemble pour voir. Et puis il a aussi l’âge de mon père mais c’est une autre histoire 😉

SJ: Notre binôme s’est naturellement formé après l’IM de Barcelone. Yann et Alex n’étaient pas immédiatement disponibles pour démarrer l’aventure avec nous. On a donc débuté à deux 2016, mais depuis et très rapidement, le groupe s’est agrandi et les binômes LVN (Ndlr, Les Vieux Neptuniens) multipliés. Les LVN sont ainsi présents dans chacune des catégories WS, et… large catégorie d’âge aussi 😉 

E]📍SRF : Comment avez vous programmé vos entrainements et compétition dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?

JN: La préparation a été très compliquée au vu du contexte sanitaire des 2 dernières années. Le programme des compétitions s’est surtout axé sur le fait d’avoir assez de courses pour rentrer dans le 7/24 avant la deadline de juillet 2020. Pas facile de naviguer entre les reports et les annulations mais nous avions une règle qui était de profiter dès qu’une course avait lieu!
Concernant les entraînements, nous avons plutôt opté pour une préparation individuelle car il était impossible de s’entraîner ensemble jusqu’en Juin, depuis c’est un peu plus simple.

SJ: Le choix des courses a été très simple : il nous fallait participer à chacune des courses World Series ou Merit Races maintenues au calendrier. Nous avons bouleversé nos agendas pour y parvenir. 
Pour l’entraînement, ça a été plus compliqué, pas de compétition natation, pas de piscine tout court, bassin fermé. Beaucoup de running et de trail, découverte du yoga en extérieur aussi. Je me rattrape cet été en eau libre dans l’océan. 
Affûtage et derniers réglages de notre binôme lors du WS Engadin en juillet dernier, mais aussi à l’occasion de belles et longues sorties Swimrun-Swimclimb dans les Calanques de Cassis avec notre ami Guide Akuna, fin connaisseur de ce lieu magique. Objectif = finisher !

Calanque d’En Vau

F]📍SRF : Quel sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosse galères ?

JN: Concernant ma plus grosse galère, ça reste Scilly 2018, première mise à l’eau impossible de faire bouger le zip de ma combi, je reste 5 min immobile pour arriver à la décoincer, quand j’arrive enfin à fermer la combi, on part dans l’eau pour se retrouver coincé dans les algues où je perd mon pull et une plaquette. Une première natation pourrie qui me laisse toujours un goût amer car à l’arrivée on rate le slot pour Otillo à 8min près. Pour le plus beau souvenir, je n’aime pas faire de classement, chaque souvenir est unique. Disons que dans ceux qui se détachent, je dirai Hvar 2017, découvrir un lieu magnifique, des conditions de course dantesques, un parcours qui change la veille et durant la course, le top du Swimrun.

SJ: Le passage de la ligne d’arrivée à chacune des épreuves est un beau souvenir. J’en ai plein.

G]📍SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?

JN: Stéphane est très bavard et très expressif, il adore plaisanter avec les autres concurrents et les bénévoles surtout que nous sommes rarement dans les premiers donc c’est toujours sympa d’avoir des gens qui nous supportent et qu’on prend le temps de remercier.

SJ: ÖtillÖ, c’est avant tout le partage d’une belle aventure commune entre binômes. Donc, effectivement, on papote pas mal avec les équipes qui nous doublent en trail et que l’on re-dépassent en natation, c’est amusant et ça crée inévitablement du lien “vous nagez au top” “ oui mais vous courrez à fond…” Et il faut aussi saluer les bénévoles, on rigole bien avec eux, ils s’étonnent souvent que l’on fasse la course avec le sourire. On ne leur dit pas que c’est seulement à l’approche du ravito.
Sinon, je m’agace assez rapidement quand les crampes surviennent car je ralentis notre progression, JN reste d’une patience sans faille (l’histoire ne dit pas si il ne bouillonne pas intérieurement dans ces situations)

H]📍SRF :  Comment avez appris votre qualification pour les championnats du monde ?

JN: À Engadin 2020, nous avions demandé à Michael si c’était ok pour le 7/24 car c’était notre dernière course. Il nous a dit “c’est bon les gars mais faut finir celle là !”.

SJ: Et oui, le bouleversement COVID des règles de qualifs nous a donné quelques sueurs froides. Nous avions à notre actif, avant notre participation au WS Engadin 2020, 6 courses qualificatives sur les 7 nécessaires, et un flou subsistait dans les nouveaux textes réglementaires. Flou immédiatement effacé par la direction de course, il nous restait “seulement” à être finishers ! ce qui fut fait.

I]📍SRF :  Quelle va être votre stratégie de course ?

JN: Profitez un maximum! Notre objectif c’est clairement d’aller au bout sans se faire cut. Je pense que nous partirons prudemment mais en faisant une grosse première natation. Ensuite il faudra surtout essayer de tomber le moins possible dans les rochers savonnettes. Enfin il faudra passer chaque cut! Éventuellement si tout va bien nous essaierons de finir un peu plus vite 😇

SJ: Ma stratégie de course, comme à chaque course : donner le meilleur et profiter de l’instant.
 A mon grand âge 😉 (et à l’approche de la date de péremption pour ne citer personne) il ne sera guère possible de viser les chronos historiques. On donnera néanmoins le maximum de notre binôme. 

J]📍SRF : Stockholm est une très belle ville, avez vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?

JN: Nous arriverons le Vendredi et profiterons un peu de la ville mais pas tellement je pense. Il faut garder des forces pour la course!

SJ: J’ai eu la chance de visiter Stockholm professionnellement. C’est une très jolie capitale.
Nous y ferons certainement une petite ballade mais le focus restera La Grande Course.

K]📍SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?

JN: Nous n’avons pas de sponsors mais l’association Les Vieux Neptuniens est à fond derrière nous! Tout le monde répond présent pour des conseils ou des sparings et je sais qu’ils seront sur le live le 6 Septembre !

SJ: Vous l’aurez compris, on reste des sportifs amateurs et nous n’avons pas à proprement parler de partenaires pour le circuit. Mais nous aurons derrière nous un groupe solide pour nous soutenir pendant l’épreuve.

Les Q indiscrètes:
👉Embrassades ou poignées de main polie à l’arrivée ?
JN : Nous sommes plutôt sur des poignées de main à l’arrivée mais qui sait peut être qu’après 13h de course à Utö ce sera différent ! 

SJ : Oui, arrivées main dans la main et accolades. JN aura peut-être le droit à un bisou à l’arrivée de l’ÖtillÖ.

👉Qui fait le pipi de la peur le 1er ?
JN : Alors pas sûr que ce soit des pipis mais je dirai que c’est moi!
SJ: je ne dis pas tout 😉

👉Qui gueule le 1er ?
JN : Personne, nous somme toujours très calme et mesuré en course 😂
SJ: moi le premier quand les crampes font mal.

👉Qui prie le 1er ?
Prier ne sert à rien, il ne faut compter que sur son binôme et soi-même !

👉Longe ou sans longe ?
JN : Alors au début nous étions Team sans longe et puis finalement c’est bien d’être encordé comme ça Stéphane n’a pas besoin de gérer la direction et peut être plus efficace dans sa nage.
SJ : tellement confortable la longe, pourquoi ne l’ai-je pas exigé plus tôt !
Avec un palonnier on pourrait presque skier.

👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entrainement ?
JN :Sans aucun doute swimrunner à 4000m d’altitude au Tadjikistan ! (Ndlr, voir leur compte rendu assez hallucinant du ROTW Tadkikistan)
SJ : de toute évidence pour le Swimrun ! avec de surcroît un record du Monde à la clé, partagé avec Maja et Chris, compagnons de route de ce swimrun aventure ROTW (Roof of the World). A égalité avec l’ascension d’un 6000m en Bolivie avec mon fils ;-).