Compte-rendu de courseCourses

La paire française Heneman et Mariette confirme à ÖtillÖ Engadin

Rémi Mariette (FRA) & Guillaume Heneman (FRA) du Team Gravelines Triathlon remporte la manche Suisse du circuit ÖtillÖ à Engadin qui s’est déroulé le 26 juillet dernier. Le duo, déjà vainqueur de la manche à Malte l’an dernier, confirme ainsi sa place de favori au sein de l’élite française et européenne.

Le binôme nordiste s’impose devant deux autres équipes françaises en un temps de 5:21:56 (40 km, dont 6km de natation et 1600 m+), une première dans le monde du swimrun ! À la seconde place nous retrouvons Antony Costes & Thomas Navarro (FRA) de la DT Suisse en 5:21:56, un duo de triathlète professionnels qui, pour la petite histoire, ont roulé toute la nuit depuis la France pour rejoindre la ligne de départ à 8:30 du matin. Le podium est complété par la team française, ARGON 18 Pierre Massonneau & Fabien Besancon en 5:32:43. Les suédois, qui d’habitude trustent les podiums des world cup, n’ont pas fait le déplacement à cause d’une levée tardives des restrictions dues à la pandémie, au contraire de leurs homologues suédoises en catégorie femme et mixte.

un podium 100% français, une première

En catégorie mixte, les suédois dominent toujours avec la paire suédoise Victor Dahl & Desirée Andersson (SWE) du Team Envol l’emporte en 5:37:53 à la 5ème place au scratch devant les anciens champions du monde Martin Flinta & Johanna Edman (SWE) du Team Thule Crew. La team Envol d’Andorre Montse Martinez Guerrero & Eduard Barcelo complète le podium.

La catégorie femme a présenté un des meilleurs plateau possible à l’heure actuel. La victoire en 5:48:36 de Ulrika Eriksson & Hanna Skårbratt – (SWE) Team ARK devant la jeune et prometteuse équipe française Alexia Bailly & Eugenie Plane – Team Altrisquad en 5:58:00. La paire Eriksson & Kristin Larson (SWE) – team ARK Swimrun ancien multi championne du monde finit 3ème

Tous les résultats sur le site ÖtillÖ: https://otilloswimrun.com/results/otillo-swimrun-engadin-results/

Guillaume et Rémi se sont prêtés au jeu de l’interview pour Swimrun France. Découvrez une des paires française les plus prometteuses de l’hexagone.

Swimrun France : Pouvez vous nous rappeler chacune votre parcours avant de faire du swimrun ?

Guillaume Heneman : côté sportif je pratique le triathlon depuis l’age de 13 ans environ, j’ai toujours eu une préférence pour les séances plutôt longues et les parcours nature et découverte
côté pro je travaille pour la commune de Gravelines avec un détachement sur le club pour son développement, je m’occupe de la partie technique sportive mais également des événements
Cela fait maintenant quelques années que j’ai vu grandir Rémi au sein du club de Gravelines triathlon en tant que sportif mais également évoluer dans la vie professionnelle. Notre relation est plutôt simple car nous nous connaissons maintenant depuis assez longtemps pour nous comprendre facilement.

Rémi Mariette : Je suis triathlète depuis 2011 au sein du club de Gravelines triathlon après voir fait 6 ans de natation dans un club (2006/2011). Coté pro je suis récemment rentré sapeur pompier professionnel au sein du SDIS du Nord.
Guillaume m’a toujours entraîné et vu grandir. Il me connaît parfaitement dans l’effort tout comme j’apprends à le connaître encore au fil des séances et compétitions ensemble. Effectuer ce genre d’effort ensemble est un aboutissement pour moi. Ce sont des expériences partagées dans un duo lié par les années et les événements.Qui n’aimerait pas partager des compétions et réussir avec l’entraîneur qui le suit depuis tout jeune ?

SRF : Quel fut le déclic qui vous a décidé à tenter le swimrun ?

GH : de mon côté on est venu me chercher à une période où finalement j’en avais plutôt besoin. Aujourd’hui le swimrun est pour moi une source d’épanouissement car nous partageons une partie sportive mais également une aventure humaine.

RM : J’ai partagé des séances avec Guillaume dans sa préparation pour l’ÖtillÖ et autres courses de swimrun. J’ai rapidement pris goût à cette discipline et le duo marchait plutôt bien à l’entraînement. Le fait de sortir des catégories « jeunes » me donnait envie d’un renouveau et Guillaume m’a proposé de nous lancer ensemble sur la nouvelle saison. Une chose qui s’est faite naturellement et simplement.

SRF : Quel est pour vous la différence fondamentale entre le swimrun et le trail ou le triathlon, sports que vous pratiquez ?

GH : Le swimrun est un sport à part entière car il a ses spécificités. Souvent on rencontre des messages ou des remarques comme quoi il faudrait ne pas utiliser de plaquettes… Il est évident que le matériel peut niveler les niveaux, je pense qu’il faut respecter la discipline et ses paramètres, tout comme le ballon est ovale en rugby. En fonction des différents lieux de courses, les profils de courses sont totalement différents. Je pense que c’est une spécificité aussi de savoir s’adapter et d’accepter les différentes conditions mais également les conditions climatiques, car nous nous retrouvons parfois avec des différences de température entre l’eau et l’extérieur. Je n’ai pas d’expérience en trail longue distance mais l’avantage en swimrun est d’avoir ce moment ou il est possible de se relâcher en passant sur la partie natation. L’inconvénient est que lorsque le corps est très fatigué en course à pied ou en natation. Cela se fait ressentir automatiquement sur l’autre discipline. Il faut donc évidemment travailler les transitions.

RM : Le fait d’avoir effectué uniquement des distances courtes en triathlon (efforts de moins de 1 heure en compétition), passer sur des formats de courses supérieurs à 5 heures d’effort avec des parcours parfois difficiles demande de l’adaptation. La gestion de course est donc totalement différente ainsi que la nutrition à prendre en compte. De plus, l’état de forme/performance varie à tout moment de la course pour soi même ainsi que pour son coéquipier !

SRF : Cette année 2020 est exceptionnelle due à la pandémie qui impacte bien au delà de notre sport. Comment avez vous abordé cette coupe du monde ?

GH : Cette période de confinement n’a pas été simple, mais nous ne sommes pas à plaindre, nous sommes en bonne santé et avons la possibilité de faire du sport.
Lors du confinement nous nous sommes pas vus avec Rémi et avons eu des difficultés à nous entraîner dans de bonnes conditions. Il me paraît important que les règles étaient à respecter pour tout le monde, sportif ou non
Nous avons eu du mal à passer de longues séances. Nous avons profité de notre passage en Autriche 3 semaines avant cette coupe du monde pour courir sur le BackWaterMan. Une course qui nous a permis de reprendre sur des bonnes bases et de retrouver des automatismes de course.
L’annulation des championnats du monde fin août est forcément une très grosse déception

SRF : Coté palmarès, votre binôme a deux manches de coupe du monde à son actif, Malte et maintenant Engadin. Quelle a été votre stratégie de course pour Engadin, en quoi diffère t-elle de Malte ?

GH : Nous ne sommes pas focalisés sur les adversaires. Cela fait partie des différentes tactiques de course évidemment mais les paramètres sont assez nombreux. Le fait qu’une équipe soit composée de deux personnes double encore les paramètres. Nous préférons nous concentrer sur notre course, prendre plaisir et évoluer le mieux possible. L’avantage de bien nous connaître est que nous sommes capables de nous adapter très rapidement. Evoluer à 2 en ne faisant qu’un.

SRF : Avez vous des anecdotes sur la Suisse, ou pas ?

GH : En suisse nous avons eu un début de course difficile sur la première montée. Heureusement nous nous sommes repris très rapidement. Se faire reprendre au sommet de la dernière bosse par le binôme français Coste / Navarro et basculer plus vite sur les parties techniques. Pas d’expérience particulière mais une appréciation du séjour et de la gagne.

SRF : Si vous aviez un conseil de préparation à Engadin, quel serait il ?

GH : Pour une bonne préparation de Engadin il faut avoir passé un petit peu de temps en montagne. Ne serait-ce que pour faire de la randonnée, apprendre à monter tranquillement et de manière optimisée. Pour nous nordistes il est difficile de travailler sur des longues randonnées avec du dénivelé et des passages techniques comme il peut y avoir en montagne. Nous compensons avec d’autres séances de qualité.

SRF : Quelle va être la suite de votre saison ?

Nous irons sur les épreuves SwimRunMan à Laffrey mais également dans les Gorges du Verdon, un passage à Saint-Lunaire, et les épreuves otillo qui se dérouleront et se maintiendront nous l’espérons.

SRF : Rémi, à la vue de ta réussite précoce dans le swimrun, penses tu faire des émules parmi ta classe d’âge? (faut il être « mûr » pour faire du swimrun etc.)

RM : En général les « jeunes de 20 ans » sont plus sur des formats rapides. Il n’y en a que très peu qui se lancent sur des formats longues distances en triathlon et encore moins en swimrun. Le problème vient peut être qu’ils n’aient pas cette chance d’être accompagnés et de pouvoir s’entraîner avec leur partenaire déjà enrichi d’expériences.
Certains diront que 20 ans est trop jeune pour effectuer ce genre de compétions. J’ai partagé mon premier swimrun (en compétition) avec un ami âgé comme moi de 19 ans lors de l’ÖtillÖ de Cannes. Nous n’avions jamais dépassé 1 heure de course l’un comme l’autre et nous étions face à 40 km de swimrun. Notre jeunesse et notre manque d’expérience ne nous a pas empêché de nous glisser sur la seconde marche du podium.
Pour moi la compétition n’est que récompense de ce qui a été réalisé à l’entraînement. À partir du moment où il y a eu une préparation adaptée, réfléchie tout en restant à l’écoute de notre corps rien n’est impossible.

SRF : Merci à vous deux

Guillaume Heneman : https://www.instagram.com/guillaumeheneman/

Rémi Mariette : https://www.instagram.com/remi_mariette/