Entraînement

De l’importance de l’entraînement en mer

Lors de la course de l’ÖTILLÖ à Hvar ce mois-ci (avril 2017), les concurrents se sont trouvés confronté(e)s à un vent fort. Cela a levé des vagues courtes et abruptes, typiques des coups de vent localisés en Méditerranée, et un courant de surface associé.

Le taux de non-finishers d’environ 50% peut être largement attribué à l’état de la mer. La progression a été plus lente ce qui a entraîné certains à arriver trop tard aux barrières horaires. D’autres ont éprouvé des problèmes de navigation ce qui a coûté du temps et de la fatigue, ou encore des mises hors-course car ils/elles dérivaient en dehors du périmètre de sécurité. Enfin la fatigue s’est installée car nager dans les vagues ce n’est pas tout à fait pareil que nager en eaux calmes.

Voici un retour d’expérience sur cette édition dantesque avec les binômes Kate Williams / Alex Bermond et Ludovic Maillard / Sabrina Maurette

ÖTILLÖ HVAR – 2017. Photo: Jakob Edholm.com

Quelle leçon peut-on retenir de cette course ?

La leçon principale qui ne devrait être qu’un rappel c’est que le swimrun est un sport de pleine nature, avec tout ce que cela implique. Certains organisateurs peuvent choisir ou être contraints d’annuler ou modifier un parcours pour le rendre plus ‘sûr’. Mais il est tout à fait possible et souhaitable, tant que la sécurité des compétiteurs et des volontaires est assurée, qu’une épreuve se déroule même dans des conditions climatiques difficiles. Il faut donc être prêt.

Comment se préparer ?

Il est clair qu’avoir l’habitude de nager dans des eaux agitées est un avantage. On apprend à regarder devant en haut de la vague, pas en bas où on ne voit qu’un mur d’eau. On apprend à respirer d’un seul côté, à l’opposé des vagues. On apprend aussi à modifier son mouvement pour s’adapter à un fluide turbulent, largement imprévisible. Pour certains on découvre qu’on peut avoir le mal de mer en nageant. Enfin on découvre comment prendre en compte les courants pour ajuster sa trajectoire, et une partie de cet aspect que connaissent bien les marins peut être préparé ‘à sec’.

Quelles solutions

La solution idéale est de pouvoir nager toute l’année dans toutes les conditions que l’on peut rencontrer en course. Clairement, ce n’est pas possible pour la vaste majorité des swimrunners. Alors que faire ?

Tout d’abord il faut être extrêmement conscient de ses propres capacités et celle des gens qui sont avec vous à évoluer dans un milieu naturel. Tout peut s’apprendre, mais rien ne sert de prendre des risques inconsidérés.

Apprendre à lire l’outdoor

Deuxièmement, avant de se jeter à l’eau il faut essayer de comprendre ce qui se passe dans la nature. Y a-t-il du courant ? Si oui, dans quel sens, de quelle force, uniforme ou pas. Apprendre à ‘lire’ le milieu est un élément des sports de plein air. C’est une évidence pour tous les marins et montagnards, les swimrunners doivent aussi assimiler cette notion.

Entrainement spécifique

Troisièmement, il faut adapter son entraînement pour rencontrer les conditions auxquelles on n’est pas habitué. Cela passe parfois par des stages ou des petits week-end pour trouver des situations différentes de celles qu’on connaît régulièrement. Et parfois rechercher des conditions un peu difficiles, mais en toute sécurité.

Donc on ne va pas tout annuler au moindre souffle de vent, mais on ne va pas non plus se mettre dans des situations dangereuses. Il faut utiliser intelligemment le terrain de jeu tel qu’il est proposé, pas celui qu’on voudrait idéalement. Par exemple si on avait prévu une sortie qui passe au large d’une pointe exposée, on va peut-être rester dans la baie et faire des aller-retour. On va nager contre les vagues et le courant, peut-être sur de très courtes portions qui sont sûres car le vent va vous ramener vers une plage abritée, pas vers des rochers coupant où le ressac peut nous drosser.

La sécurité

On va prendre une bouée avec soit pour être vu et avoir un point de support en cas de difficulté. On va faire en sorte que quelqu’un nous surveille de la côte ou dans une embarcation. Enfin, on va faire appel au savoir local. Pêcheurs et marins bien sûr, mais aussi pour quoi ne pas demander aux groupes locaux de swimrunners ? Le swimrun se développe un peu partout et les groupes / clubs connaissent leurs terrains de jeu. Pourquoi ne pas échanger avec les ‘locaux’ ? Un week-end un groupe se déplace pour aller s’entraîner en mer, et un autre week-end on renvoie l’ascenseur et on s’entraîne dans un lac plus plat et en eau douce ? S’entraider pour apprendre, c’est aussi ça l’esprit swimrun. Alors rendez-vous sur notre forum facebook pour apprendre ensemble et être prêt pour votre prochaine aventure.

François-Xavier Li