La Transe d’En Vau : Mémoires d’une Dissolution
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🇫🇷 Je repense souvent à ce matin d’octobre dans la calanque d’En Vau. L’air était tranchant comme du verre, la mer d’un bleu si dense qu’elle en paraissait solide. J’avais mal dormi la nuit précédente, tourmenté par ce troisième shot de vaccin moderna anti covid. Le néoprène de ma combinaison Colting me serrait la poitrine, inconfortable comme une seconde peau mal ajustée.
Ce n’était pas mon premier swimrun, ni même ma première traversée de Razor beach à la plage d’En Vau. J’avais déjà nagé ces eaux des dizaines de fois, connaissant chaque variation de température, chaque courant traître. Mais ce matin-là était différent. Peut-être était-ce la qualité particulière de la lumière, ou peut-être étais-je simplement plus vulnérable, plus perméable à cause de la fatigue.
La transformation s’est produite quelque part après l’arche de Castelviel. Un instant, j’étais là, rythmant mon roulis, surveillant ma trajectoire, et l’instant d’après, je n’étais plus. Mon corps continuait ses mouvements avec une précision mécanique pendant que ma conscience se dilatait au delà de mon corps. Les rayons du soleil ne traversaient plus simplement l’eau – ils la transmutaient en un liquide ambré, épais comme les pans d’un rideau que l’on écarte délicatement.
Je me souviens avoir pensé : “C’est donc ça, mourir.” Non pas avec peur, mais avec une curiosité détachée. Je me regardais nager depuis les falaises blanches de Castelviel, depuis les profondeurs bleues marines, depuis partout et nulle part à la fois. Le temps s’était liquéfié, comme les horloges molles de Dalí. Les secondes s’écoulaient visqueuses, puis s’accéléraient brusquement, puis s’arrêtaient complètement.
Les bruits – ces éternels clapotis, mes respirations haletantes qui accompagnent habituellement le swimrun – s’étaient évanouis. Il ne restait que cette lumière ambrée, cette sensation de glisse sans friction, et une paix si profonde qu’elle en était presque fantomatique.
Quand j’ai émergé sur la plage d’En Vau, le visage transi dégoulinant d’eau salée, j’ai eu du mal à reconstituer combien de temps s’était écoulé. Cinq minutes ? Une heure ? Les chiffres semblaient absurdes, inadéquats pour mesurer ce qui venait de se passer.
Je n’ai jamais retrouvé cet état exact, malgré des dizaines d’heures passées dans ces mêmes eaux. Parfois, je sens son ombre s’approcher, comme un grand poisson qui frôlerait ma conscience, mais il reste insaisissable. Peut-être que c’est mieux ainsi. Certaines expériences sont plus précieuses parce qu’elles sont uniques.
La calanque d’En Vau garde son secret, et moi, je garde ce souvenir comme on garde un coquillage rare : pour le sortir parfois, l’examiner sous la lumière, et se rappeler qu’il existe des états de conscience qui défient toute description, des moments où nous ne sommes plus tout à fait nous-mêmes, et pourtant plus profondément nous-mêmes que jamais.
🧠🧬✍️ NotebookLM / Claude / Akuna
🖼 Ideogram 🎥 Hailuo
🎵 Suno
Lost in En Vau: A Journey of Self-Dissolution
🇬🇧 I often think back to that October morning in the calanque of En Vau. The air was sharp as glass, the sea so densely blue it appeared solid. I had slept poorly the night before, tormented by my third Moderna COVID vaccine shot. The neoprene of my Colting wetsuit squeezed my chest, uncomfortable like an ill-fitting second skin.
This wasn’t my first swimrun, nor even my first crossing from Razor Beach to En Vau beach. I had swum these waters dozens of times, knowing every temperature variation, every treacherous current. But that morning was different. Perhaps it was the particular quality of light, or perhaps I was simply more vulnerable, more permeable due to fatigue.
The transformation occurred somewhere after the Castelviel arch. One moment I was there, rhythming my roll, monitoring my trajectory, and the next moment, I was gone. My body continued its movements with mechanical precision while my consciousness expanded beyond my physical form. The sun rays no longer simply passed through the water – they transmuted it into an amber liquid, thick like the folds of a curtain being gently drawn aside.
I remember thinking: “So this is what dying feels like.” Not with fear, but with detached curiosity. I watched myself swimming from the white cliffs of Castelviel, from the deep blue depths, from everywhere and nowhere at once. Time had liquefied, like Dalí’s melting clocks. Seconds flowed viscously, then suddenly accelerated, then stopped completely.
The sounds – those eternal splashes, my panting breaths that usually accompany swimrun – had vanished. All that remained was this amber light, this sensation of frictionless glide, and a peace so deep it felt almost ghostly.
When I emerged on En Vau beach, my numbed face dripping with salt water, I struggled to piece together how much time had passed. Five minutes? An hour? Numbers seemed absurd, inadequate to measure what had just happened.
I’ve never found that exact state again, despite dozens of hours spent in these same waters. Sometimes I feel its shadow approaching, like a large fish brushing against my consciousness, but it remains elusive. Perhaps it’s better this way. Some experiences are more precious because they are unique.
The calanque of En Vau keeps its secret, and I keep this memory like one keeps a rare seashell: to take out sometimes, examine in the light, and remember that there exist states of consciousness that defy all description, moments when we are no longer quite ourselves, and yet more deeply ourselves than ever.
🧠🧬✍️ NotebookLM / Claude / Akuna
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🎥 Akuna / Hailuo