Une journée dans l’enfer du Verdon
✍️Olivier Bragard 👇
Tout est dit !
Hier avait lieu le SWIMRUNMAN Gorges du Verdon by HEAD. Initialement prévu pour l’ultra (55+12), les conditions météorologiques du moment font que le parcours est réduit (40+7). La préparation des derniers mois a été compliquée mais l’envie est là. La volonté aussi de valider ma reconstruction personnelle. En effet, en burn out durant les deux ans, je suis sous anti dépresseurs depuis mars 2022 et l’activité physique qui est pour moi un besoin vital et ma soupape est devenue une gageure, parfois une contrainte.
Forcément la forme n’est pas là pour l’instant, alors que les formes malheureusement oui 😔 (9 gros kg de pris avec le traitement et trop peu perdus pour le moment). Heureusement j’avance à pas lents dans ce processus, mettant mon impatience à rude épreuve, et malheureusement aussi celle de mes proches. La reprise adaptée du travail va dans ce sens. Mes journées sont donc rythmées par une léthargie profonde et une fatigue inexorable avec le traitement. Ma pratique sportive est donc soumise à une faible motivation et la gestion de cette fatigue et ce besoin agorexique.
L’objectif est assez simple, partir lentement et aller au bout de cette épreuve annoncée éprouvante si possible avant le podium soit 8h de course
Bref je sais que cette balade se fera dans des conditions particulières. Malgré tout je suis serein à l’idée de partager un bon moment comme toujours avec David Houël . Ça fait tellement plaisir de pouvoir recourir ensemble après ses années de blessures 🤞. La pluie annoncée ne change pas notre état d’esprit, ni même les 14 degrés du lac de sainte Croix et les 11 degrés des Gorges.
L’objectif est assez simple, partir lentement et aller au bout de cette épreuve annoncée éprouvante si possible avant le podium soit 8h de course 😁.
Arrivés tardivement sous l’arche, la pression n’a pas le temps de monter. Toujours un plaisir de vivre ces émotions ; c’est l’occasion de voir rapidement des machines de guerre, d’anciens équipiers, des potes de combat 😜 ( Tom Ralite , Jocelyn Texier , Renan Le Padellec , Alexis Charrier , Matthieu Kerleroux …) Let’s go…
Première course facile, transition rapide et longue natation de 1700m. Dans l’eau on est efficace et on sort de ce premier enchaînement 6eme 😱, profitant d’une bonne trajectoire.
Là nous attaquons la première cap longue avec un léger dénivelé. C’est l’occasion de voir passer Aline Tavernier et Julia Moustakir . Très vite je dis à David que les jambes ne sont pas cinglantes… Ce n’est que le début donc rien d’alarmant. Ça le deviendra trop rapidement 😰.
La section la plus dure de la course arrive vite et là, ma journée en enfer commence.
Impossible de monter, obligé de faire des pauses, puis de m’asseoir à plusieurs reprises. Fatalement les doutes de ces longs mois ressurgissent et je rentre dans une phase très délicate. Je fais l’effort de m’accrocher à du positif…en vain très vite happé par cette spirale négative que je connais trop bien. David m’accompagne, m’encourage, me soutient. Rien n’y fait.
Un temps je ne me vois pas continuer mais on a déjà tellement connu de souffrances ensemble que je ne peux le plonger dans ma dérive. À cet instant tout est flou, les larmes humidifient régulièrement mes yeux. Mon cerveau est en ébullition, cherchant des armes pour avancer…
Nous savons cette section la plus délicate et l’enchaînement avec les Gorges à 11 degrés et le 10km suivant le juge de paix de l’épreuve.
Tant bien que mal on passe le dénivelé positif impressionnant, le négatif ne sera pas une partie de plaisir mais se fera à l’allure d’escargots ravis du climat plus qu’humide… Je le vis presque comme une chenille 🐛, rêvant de son envol à venir 🦋.
Enfin viennent les Gorges, je vais enfin pouvoir avoir de la fraîcheur. Quel plaisir de me mettre dedans, je n’ai jamais autant apprécié cette température d’eau 🥶. Cette traversée effrayante par le manque d’eau en sortie d’hiver, est salvatrice car je nage bien et David nous permet de tenir un rythme très satisfaisant. Malheureusement, il faut sortir et et retourner sur la terre ferme. À ce moment nous savons que c’est la dernière difficulté mais qu’il va falloir à nouveau être patient. Les ascensions sont moins péchues donc la marche est plus facile. Nous arrivons même par mini objectifs à reprendre la course. La descente roulante n’est toujours pas une partie de plaisir avec l’obligation pour moi de faire des pauses. Quand tu marches sur le plat et en descente, c’est très dur à encaisser.
Vision sur le lac 🙏🙏🙏.
La fin du calvaire prend fin à vue d’œil. Les natations sont toujours efficaces je reste focus sur la finish line et David comme depuis très longtemps assure l’intégralité du travail 💪.
Ça y est c’est plié dans une difficulté rarement vécu, j’aurais lutté quasi 6h de cette course sur les 7h44 au final.
Que ressortir de cette épreuve du jour ? Je ne suis pas encore sorti de mon processus (merci 😡 à tous les fils de… qui m’ont amené là, ceux qui en ont profité pour me mettre la tête sous l’eau.) mais j’ai peut-être passé un nouveau cap hier 🙏. J’ai trouvé des ressorts sortis de nulle part grâce à David. J’ai aussi pu me raccrocher à ma tribu toujours présente malgré les difficultés en premier lieu à Marion Bragard Houel , qui est au centre de cette renaissance depuis tellement de mois par son soutien sans faille malgré mes “actes manqués” ❤️❤️❤️❤️❤️. Le rappel sur mes plaquettes aura été un recours indéniable sur cette journée.
Il reste des étapes à franchir mais je sais être sur la voie. (Clin d’œil à Vanessa Pessoa 😉).
Bravo à tous les athlètes, les organisateurs Florent et Bertrand pour leur dernière, les bénévoles aux sourires inébranlables, la sécurité…
Bravo à Vaness Amar 💪 et Pierre Meyer 👏
Vivement la prochaine…ou pas 😜
✍️Olivier Bragard
📷 crédit photos Akuna