Matthieu Kerleroux à l’Aquaterra 2025 : Un défi entre “Flow” et résilience

24 August 2025 akunamatata

Pourquoi revenir sur une course déjà courue et conquise ? Cette interrogation profonde, Matthieu Kerleroux l’a transformée en une nouvelle épopée lors de l’Aquaterra 2025. Aux côtés d’un ami novice, il a redécouvert que le swimrun à Bort les Orgues n’est pas seulement un défi sportif, mais une quête sans fin en “Terra Incognita”, un sport d’équipe et de pleine nature où l’atteinte de l’état de « Flow », décrit par Mihaly Csikszentmihalyi, est un défi encore plus grand en binôme. Chaque édition réécrit l’aventure. Malgré les caprices d’une Dame Nature exigeante, l’organisation, profondément dévouée à son territoire, a témoigné d’une résilience remarquable, perpétuant l’esprit authentique de l’épreuve et rendant même un vibrant hommage à Jean-Louis Veillat. Venez en 2026, non pas pour un simple remake, mais pour forger votre propre expérience dans ce cadre exceptionnel, avec ses surprises et son passage unique dans le barrage. L’Aquaterra vous attend pour créer des souvenirs ô combien importants d’amitié et de dépassement !

L’Appel de l’Aquaterra : Redéfinir la Performance en Équipe et en Pleine Nature

Vous arrive-t-il, à vous aussi, de vous interroger sur l’intérêt de revenir sur un évènement sportif sur lequel vous avez déjà participé par le passé ? Pourquoi refaire une course que l’on a déjà faite et réussie ?

Cela peut effectivement apparaître comme un défi sans enjeu. Si la performance absolue est de plus en plus difficile à atteindre, la performance personnelle peut devenir un moteur essentiel. Refaire une course est une manière de se confronter à son propre « record », de mesurer ses progrès, de tester sa solidité mentale et de vivre un moment enrichi par une expérience passée. Ce n’est pas une stagnation, mais bien une forme de renouveau sportif ancrée dans une approche plus introspective de la performance. Mais peut-on adapter au swimrun ces principes repris des travaux de Jean-François TOUSSAINT?

En effet, la logique interne du swimrun est d’abord « un sport d’Equipe et de pleine nature ». Il ne dénature en rien les performances des solos mais le swimrun se pratique à deux. L’incertitude du sport n’en est que davantage soulignée. Aux facteurs météorologiques et climatiques s’ajoutent plusieurs éléments liés au binôme : l’état de forme athlétique et mental de chaque sportif le jour de la course, le niveau de pratique et l’expérience de la discipline, les ressources intrinsèques de chaque membre du binôme et la complémentarité de celui-ci font que l’état de « Flow », décrit par Mihaly Csikszentmihalyi, est complexifié. Il est difficile de trouver cet état de grâce quant on est seul dans sa pratique ; il l’est encore plus difficile quand on est deux !

Bort les Orgues : Quand le Territoire Façonne une Aventure Humaine Unique

Et si finalement, le défi en swimrun était une quête sans fin ?

En répondant favorablement à l’invitation de Corinne Sabatier pour cet Aquaterra 2025, rien ne présageait que la course allait une nouvelle fois être épique. Victorieux en mixtes l’année dernière avec Marie Amélie sur le 23 km, j’abordais cette édition 2025 avec Pierre HALBEISEN, un ami très expérimenté en triathlon mais novice en swimrun. En guise de prépa : une seule sortie off deux semaines plus tôt! En revanche, Pierrot a réalisé plusieurs ironman, le dernier en date étant celui des Sables d’Olonne qu’il a bouclé en 9h41. Un joli chrono !

Pierrot et moi, c’est un peu Laurel et Hardy (je ne dirai pas qui est Hardy dans notre binôme ! ;-)) : deux personnalités différentes mais une jolie complémentarité avec une vision de la Vie, du sport et de l’entreprenariat identique. Comme pour les acteurs américains, pas de prise de tête mais l’envie de donner le meilleur de nous-mêmes avec la forme du moment.

Le départ de la course est donné, comme l’année dernière, depuis le château de VAL. Mon amie Corinne, organisatrice en cheffe de l’Aquaterra, donne le départ, le visage émacié par le manque de sommeil de ces dernières semaines. L’Aquaterra est une fête du sport devenu incontournable bien au-delà des frontières du Cantal et de la Corrèze. Pourtant, dans cet écrin de verdure exceptionnel, Dame Nature s’est montrée quelque peu capricieuse 10 jours plus tôt avec des rafales de vents violents. Les dégâts furent nombreux avec des chutes d’arbres modifiant en profondeur le tracé des circuits. Sans la teneur de l’organisation d’une manche du championnat de France de Swimrun (36 Km), nos amis auraient probablement jeté l’éponge tant la restauration des chemins s’annonçait un travail herculéen. Un grand Bravo et Merci encore à eux pour avoir maintenu l’évènement !

Jean Louis, fidèle bénévole d’Aquaterra, responsable de l’organisation du Swimrun Aquaterra depuis sa création nous a quitté en septembre 2023 d’une longue maladie malheureusement bien connue de tous… Nous tenons à lui rendre hommage en donnant son nom à l’épreuve qu’il affectionnait particulièrement…

Depuis 2011, date de la 1ère édition d’Aquaterra, nous voulions “aller dans l’eau” ! La naissance du Swimrun dans les années 2000 nous a convaincu que le lac de Bort les Orgues est un formidable terrain de jeu pour cette nouvelle discipline aux valeurs essentielles de partage et de solidarité. Mais attention, ici, sur cette “Terra Incognita” le swimrun prend des allures de swimtrail !

Au Cœur de la Course : L’Effort Partagé, Entre Lac et Sentiers Corréziens

Pierre et moi prenons un départ rapide et nous rentrons dans l’eau avec les deux premiers solos. Je prends le lead en nat et très rapidement, des fusées aquatiques nous doublent sur nos sillons. Découverte pour Pierre qui met son égo de côté en acceptant de se faire tracter. Pas facile pour un triathlète pur souche ! 😉 En sortant de l’eau, ma fréquence cardiaque est assez élevée et je peine à retrouver mon souffle d’autant plus qu’une côte sinueuse et au dénivelé important nous tend les bras et annonce une portion de cap de plusieurs kilomètres. Pierrot passe devant le temps que mon hyperventilation se calme. Dès que nous atteignons le crête de la colline, les deux bulldozers que nous sommes retrouvons une allure rapide qui nous permet de gagner des places sur des solos aux profils probablement plus nageurs que nous. En revanche, mon ami Pierrot n’est pas fan du trail et les sensations sur les phases de descentes sont compliquées. La faute à un glorieux passé de footballeur qui a eu raison de plusieurs ligaments de sa cheville. Nous déambulons malgré tout à une allure correcte qui nous amène, dès la deuxième section de nage, à occuper la troisième marche du podium.

La sécheresse de ces dernières semaines nous oblige à réaliser une entrée d’eau plus éloignée que le lieu où nous étions l’année dernière. Il y a toujours autant de vase mais elle se dissipe rapidement au bout de quelques mètres. La longe devient plus emmerdante qu’autre chose dans la mesure où nos niveaux en nat sont trop proches l’un de l’autre. Nous arrivons au rivage et un mûr de rochers et de sable nous fait face. Pour retrouver le chemin de course, une seule solution : s’agripper à la corde pour tirer sur les bras et pousser sur les jambes ! Dans notre aventure terrestre, nous essayons de faire du mieux possible dans les sous-bois abritant des sentiers techniques. Sur les surfaces planes, notre binôme vole. Au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, je reprends le lead en CAP et sur les sections de nage. Pierre subit probablement le contrecoup de ses efforts importants consentis 3 semaines plus tôt sur son ironman.

Je me réjouis de croiser plusieurs copains swimrunners engagés en solo (Floriane…) ou sur la tête de course du L (Julia et Benjamin…). Dès que les chemins ne présentent pas de difficultés techniques, Pierre et moi avançons à une allure que peu de concurrents peuvent suivre (3’50 /km). Mais l’Aquaterra est un swimrun exigeant, technique et organisé par des puristes dans un cadre merveilleux. Plusieurs trailers s’amusent (ou s’agacent) de nous voir les rattraper plusieurs fois à terre après nos sections de nage. Certains se disent admiratifs de notre sport ; je leur renvoie le compliment car ils ne peuvent pas prévenir les hyperthermies comme nous le faisons lorsque nous retrouvons le lac. Un pur bonheur !

Arborant les couleurs du club de triathlon des Vikings, nous atteignons la dernière section nat qui nous amène rapidement vers le barrage et ses entrailles impressionnantes. Les muscles de mon partenaire sont douloureux, tendus et flirtent avec les crampes. Je l’encourage comme je peux et il fait preuve d’un courage exemplaire. Je me remémore le moment où, il y a un an, Marie-Amélie Nicolas et moi dépassions le 1er binôme mixte à un kilomètre de l’arrivée. Cette année, pas de binôme en vue : ni devant ni derrière. Le classement est fait et nous passons l’arche d’arrivée dans une ambiance survoltée au centre du pittoresque bourg de Bort les orgues. Nous terminons à une jolie troisième place chez les Hommes. Un grand Merci Piéro Hlb pour ce pur moment de partage et d’amitié sportif : Le mariage SRFO et des vikings a fait des étincelles ! 😉

Aquaterra 2026 : Votre Nouvelle Légende Vous Attend à Bort les Orgues !

Bien que le parcours fut quasi-identique à celui de l’année dernière, la course fut complètement différente cette année et tout aussi mémorable ! Notre balade commune ne fut pas un simple remake de l’année dernière ; ce fut une nouvelle aventure, un nouveau défi en soi. Même sur un terrain connu, le résultat peut changer du tout au tout en fonction de nombreux critères. La piste de course de cette année est une métaphore de la vie : si le tracé reste le même, le voyage, lui, est toujours différent. En Swimrun comme dans la vie, embrasser le changement permet d’avancer et de construire de merveilleux souvenirs et consolider de jolies moments d’amitié. L’année prochaine je reviens avec l’espoir de pouvoir vivre un nouveau format de course imaginé avec Corinne. Y serez-vous ? 🙂

Cette année encore nous apportons un peu de nouveauté avec un cheminement un peu différent 😉 et quelques surprises… Avec le PASSAGE EXCEPTIONNEL DANS LE BARRAGE !