Le doute, moteur de la réussite pour Christelle au Swimrun de Protaras
Christelle, swimrunneuse expérimentée, partage son récit captivant de sa participation au Swimrun de Protaras à Chypre. Malgré une préparation difficile marquée par des douleurs et le stress, elle a su puiser dans ses réserves et sa passion pour la natation pour surmonter les obstacles et atteindre la ligne d’arrivée avec fierté. Son mental d’acier et sa philosophie basée sur le doute comme moteur de dépassement de soi ont été ses meilleurs atouts.
Un voyage initiatique
4h de vol
Direction Chypre en compagnie d’une petite partie de la Team Nutéo. (David et Manuela) 4ème expérience de voyage hors France.
Mon expérience de Swimrunneuse s’étoffe au fur et à mesure. Ma vie change progressivement, pas à pas. Je renoue avec la compétition, avec quelques appréhensions, mais en faisant, car c’est en faisant qu’on apprend. C’est en faisant qu’on observe ses limites et qu’on les repousse, sans les dépasser (rupture)
7 Swimrun en 1 an…
Le 7ème est celui-là… Swimrun Protaras à Chypre
Celui-là m’a mis des étoiles dans les yeux…
M’a permis de rencontrer pour la première fois une tortue…
M’a permis de me baigner dans une eau translucide…
M’a permis de pratiquer une langue étrangère (avec des erreurs parfois)
Celui-là m’a permis de découvrir, Chypre. De découvrir qu’à Chypre, le volant des voiture est à droite, et que donc, on roule à gauche (Hein David ). Tout s’explique dans le passé, Chypre a acquis son indépendance du Royaume uni le 16 Aout 1960.
Car oui, c’est aussi ça le Swimrun, découvrir des lieux et leurs histoires. Découvrir des personnes et leurs histoires. Christopher jeune tri athlète semi professionnel Polonais qui découvrait le Swimrun, Georges Demetriades (Le Prénom George est partout là bas), organisateur de ce Swimrun, ancien nageur de 4 nages ayant participé au JO de Sydney en 2000 et Athènes en 2004.
L’ombre du doute:
Ce Swimrun, c’était 13 km.
J’aurai pu ne pas participer car préparation compliquée. Douleurs périostites qui me privent de vrais entraînements.
Pas de hasard, la vie a ses challenges, qui amènent des tensions, qui privent parfois d’une bonne qualité de sommeil, qui fait baisser le niveau d’énergie.
C’était le cas pour moi depuis un certain temps.
Moins de repos, plus de stress, influençant aussi l’alimentation. Rien ne se néglige et pourtant, tout devient un cercle vicieux. Le corps finit par s’exprimer.
J’ai fait. Avec, mais j’ai fait avec prudence…
J’ai gardé confiance à 70%… (Merci Léon ), et j’ai douté à 30%
J’ai misé sur mes acquis.
Ma stratégie a été mise en place avant de prendre l’avion.
J’ai lâcher prise sur certaines douleurs mentales sur lesquelles je n’avais aucun pouvoir, j’ai mis en place des actions sur ce que je pouvais faire, et tout ça avant de décoller, avant de prendre mon envol.
Je suis donc arrivée légère à Chypre.
(Bon, sur la balance encore 3 kg en trop ☺)
La natation, un refuge
Dans l’eau ça va, mais sur terre, ces 3 kg ont plus d’impact.
La natation, c’est mon sport. Le sport de mon enfance. Celui qui m’a tellement fait grandir, ou plutôt au contact duquel j’ai tellement grandi.
Ce sport qui rappelle le lâcher prise, mais qui rappelle aussi que si l’on veut avancer, l’action doit être placée au bon moment, au bon endroit.
La course à pied, mon talon d’Achille. Activité terrestre que j’essaie d’apprivoiser depuis quelques années. Activité à impact que les kg en trop et ma constitution un peu lourde ne favorise pas.
Allez, c’est parti pour le compte rendu de la course.
Pas trop d’appréhension au départ, le contexte et les conditions sont tellement idéales que j’avais juste envie de profiter de ça. Soleil, mer translucide, paysages et couleurs extraordinaires…
Je me lance…
Je me lance en essayant de ne pas être trop influencée par l’énergie du groupe… (on l’est toujours un peu)
Un première portion de course qui fait 2 km sur du plat et du dure. Mon corps n’apprécie pas toujours, mais je me suis échauffée, donc pas trop de douleurs, juste quelques raideurs (2 doigts coupe faim).
Je suis avant dernière à l’issue de cette première CAP (Course à pied).
J’espère au fond de moi pouvoir remonter quelques sportifs sur la première partie de natation qui fait 620 m, je fais de mon mieux en ayant tout de même en tête que ça n’est que le début, et en ayant en tête que je ne connais pas le niveau des autres. Je m’applique, je lève la tête devant régulièrement pour garder mon repère, la bouée jaune et éviter trop de détour.
Une remontée fantastique
Ça marche. Je double, je me rassure. Être dernière ne me dérange pas vraiment. Ce qui me dérangerait, c’est être dernière et être oubliée… Sortie d’eau..
J’applique les conseils avisés de David, je nage le plus longtemps possible…Avancer dans l’eau allongé est plus facile que marcher avec la résistance de l’eau. Je retire plaquettes, Pull buoy, lunettes et c’est parti pour une petite session de run de 600 m . Ca me va…
La portion de natation de 625 m qui suit me réjouit, satisfait mon EGO. Je continue ma « remontada », et sur cette portion, j’ai l’honneur d’apercevoir une trifonction que je connais, une trifonction de la Team Nuteo. J’ai l’honneur de nager côte à côte avec Manuela. Je finis par la devancer légèrement mais je suis réaliste ( pas pessimiste), la course à pied suivante saura lui être bénéfique. A partir de là, Manuela est en 3ème position et moi en 4ème. Nous jouons toutes les deux de l’accordéon sur les 4 portions suivantes de natation et course à pied, jusqu’à la fameuse portion de run que j’appréhendais de 4 km 900.
Le défi de la course à pied
Au ressenti les 2 premiers km se sont bien passés, mais ma préparation insuffisante à ce moment là est plus que manifeste, et mes jambes ne sont plus très efficaces. Je trébuche d’ailleurs à 3 reprises sur le parcours, signe de prudence à mettre en place. Est-ce mon appréhension qui a créé la difficulté ? La difficulté était elle réelle ou créé par mes appréhensions ?
J’observe quelques personnes plus en forme que moi arriver derrière moi, et je fais le jeu de « quelle foulée, quel sexe ». Le principe était de savoir si derrière moi arrivait un homme ou une femme. C’était aussi pour savoir combien de filles allaient me remonter et avoir quelques repères de classement. Je ne me suis jamais trompée. Bref, J’ai hâte de retourner dans l’eau, me soulager de mon poids et de la chaleur qui a eu le temps d’avoir ses effets sur cette distance.
L’arrivée libératrice
L’eau est là. Je la vois. Salvatrice. Sa fraicheur (par rapport à la température de mon corps) réveille toutes mes cellules, refait circuler l’énergie et me rappelle aussi mes bras et la présence d’acide lactique, signe que j’atteins mes limites. Sur une distance très courte de 290m, je n’ai pas le temps de retrouver de belles sensations agréables. Je finis ma dernière portion de course à pied (1km200) tant bien que mal. Je marche même un peu, mais un athlète arrivant derrière moi m’encourage et je repars. La ligne d’arrivée est là. Je suis fière. Fière d’avoir fini car il y a toujours une part de doute, et c’est tant mieux, car le doute entraîne la remise en cause, la vérification, la compréhension des choses. Le doute est un puissant moteur de recherche de la vérité, SA vérité. Il n’est ni bon de douter de rien, ni bon de douter de tout. Le doute est bon s’il n’entraîne pas l’immobilisme.
Pour Descartes, le doute est une déconstruction nécessaire pour reconstruire sur des bases solides. Et Socrate dit : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Alors doutons mais agissons, car tout est à découvrir.
✍️ Christelle Cherrier
📷 Protaras Swimrun Cyprus
🔗 Les résultats 2024
Parcours et distances:
- Lieu: Protaras, Chypre, réputée pour ses eaux turquoises, ses paysages magnifiques et son ensoleillement.
- Parcours: Longe la côte est de l’île, incluant la péninsule du Cap Greco, point le plus à l’est de l’Europe.
- Distances: En 2024, trois distances étaient proposées: 5 km, 13 km et 19 km, en solo. Le récit de Christelle se concentre sur le parcours de 13 km.
- Alternance natation/course à pied: Le parcours de 13 km comprend plusieurs sections de natation (ex: 620m, 625m) et de course à pied (ex: 600m, 4,9km).
- Difficulté: Variable selon la distance choisie. Le parcours de 13km est conseillé aux athlètes ayant déjà participé à un swimrun ou aux athlètes expérimentés en course sur terrain mixte et en natation.
- Conditions: En octobre, la température de l’eau est d’environ 25°C et la température de l’air d’environ 23°C. L’utilisation d’une combinaison en néoprène est facultative.
- Site web: www.swimruncyprus.com/
- Instagram: @swimruncyprus