Compte-rendu de courseCourses

ÖtillÖ 2024, l’enfer glacé de la Baltique

Dans les eaux glacées de l’archipel de Stockholm, les championnats du monde de Swimrun Ötillö 2024 qui ont eu lieu le 2 septembre ont mis à rude épreuve les athlètes. Entre dépassement de soi et solidarité, retour ✍️ plein d’émotions de Marie Amélie Nicolas, accompagnée de  Gweltaz Freret, sur une aventure outdoor hors du commun.

Il y a des courses qui laissent une empreinte indélébile, et l’Ötillö n’échappe pas à la règle. Une aventure sportive et humaine qui vous prend aux tripes et vous secoue. Et c’est là que la magie du binôme prend tout son sens, avec Gweltaz Freret à mes côtés, comme un vieux complice de galères.

L’avant-course

Une tension qui retombe comme un soufflé

3h10 du matin : je suis déjà éveillée. Pas de stress, juste cette excitation frénétique qui monte, comme une cocotte-minute sur le point d’exploser. Allez, que la fête commence ! Petit déjeuner englouti — des céréales qui flottent tristement dans du lait froid, mais bon, il faut bien se nourrir avant l’effort. On enfile nos équipements et on descend prendre le ferry. La pluie, fidèle à elle-même, était déjà là la veille au soir et continue de tambouriner !

Le T-shirt manche longue Hoodie offert par ötillö

« On papote comme des amis à une garden-party, sauf qu’on se prépare pour une looongue journée. »

À bord du ferry, nous partageons le trajet avec Matthieu Poullain et Alexis Charrier, les futurs champions du monde, ainsi que Sabina et Desiree, les futures championnes du monde féminines. La tension est palpable ? Pas du tout. On papote comme des amis à une garden-party, sauf qu’on se prépare pour une looongue journée.

Arrivée sur l’île de Sandhamn, nous sommes toujours sous la pluie. Ça donne le ton. Derniers ajustements : bandeau Néoprène, double bonnet, gants néoprène (parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir d’une amputation due au froid). Les sacs sont déposés, et on s’accorde un petit footing pour se réchauffer avant le grand saut.

Le défi commence : Un choc thermique brutal

« Oh, mon Dieu, elle est glaciale ! Je ne vais pas y arriver, j’ai aucune sensation ! »

6h00 : le grand lâcher des binômes est donné. Allez, c’est parti pour plus de 70 km de SwimRun! On commence par 1,2 km de course à pied avant de se jeter à l’eau. Et là… plongeon ! « Oh, mon Dieu, elle est glaciale ! » Je m’étale dans l’eau, les bras battent, mais je sens l’eau qui s’infiltre partout, me mord la peau, et je perds mon souffle. Panique à bord. « Je ne vais pas y arriver, j’ai aucune sensation ! » que je lance à Gweltaz, la gorge nouée. Mais Gweltaz, calme et solide comme un roc, me rassure, et on repart.

Sortie de l’eau, les rochers sont glissants. Mes gants font des merveilles (merci à l’inventeur du néoprène !). Mais ma trachée semble prise dans un étau de glace, chaque respiration est un défi. Moi, qui suis d’ordinaire déjà frileuse 🥶, je lutte pour ne pas céder. Le parcours est une course d’obstacles : ça grimpe, ça descend, on glisse, on s’agrippe. Les sections se suivent, se ressemblent. L’eau semble un peu moins froide par moments… jusqu’à cette fameuse natation de 950 m où je décide de passer derrière Gweltaz. Je sors de cette section totalement frigorifiée, mes membres engourdis, et malgré le soleil qui pointe timidement le bout de son nez, je n’arrive plus à me réchauffer.

Au cœur de l’épreuve le Pig Swim

Quand le corps et l’esprit sont poussés dans leurs retranchements

Puis arrive le Pig Swim. Merci Matthieu Kerleroux de m’avoir préparée aux pires turbulences dans les eaux mouvementées du Finistère Nord. On est ballottés dans tous les sens, mais au moins, je m’attendais à pire. Notre trajectoire est impeccable (allez, on prend ce point positif !), mais le froid m’assomme encore une fois. Mes mollets deviennent aussi durs que du 🪵 , et j’ai bien cru sentir les crampes venir en nageant. À la sortie, un bénévole me tend un Twix 🍫 mais je mâche péniblement, les mâchoires aussi gelées que mes doigts. Toujours sexy, hein ! 🤪

« Jusqu’au prochain drapeau rouge, on court. »

Sur Ornö, les premiers sont déjà arrivés depuis belle lurette. Pour nous, c’est parti pour 18 km de course. J’entends encore Vincent Fabre dire dans l’Instant Swimrun que « quand on arrive sur Ornö, on croit que c’est bientôt fini… mais non, loin de là ». Nous confirmons. On alterne marche et course, se lançant des petits défis : « Jusqu’au prochain drapeau rouge, on court ». Un ravito improvisé par les habitants de l’île nous redonne un peu de force. On croise Caroline Roussel et Franck, aussi épuisés que nous, avec le même objectif en tête : finir. Le temps est devenu secondaire ; il s’agit maintenant de franchir cette ligne d’arrivée, coûte que coûte.

La fin de course : L’ultime bataille où chaque pas devient une victoire

Et puis, mon genou commence son petit show personnel. D’abord, une douleur, puis chaque pas devient une décharge qui me traverse de la cheville au crâne. Gweltaz me soutient, me tient la main pour m’aider à descendre les cailloux des dernières îles. Je pleure de douleur, je crie que je n’en peux plus. L’eau froide des dernières nages devient presque une bénédiction pour calmer mes nerfs en feu.

Dernière section de natation, 100 m et puis, enfin, Utö ! « Plus que » 3,6 km de course. On y va, doucement, mais on y va.
Dernier virage, la montée, et là… l’arche d’arrivée, enfin ! Jean-marie Gueye est là, appareil photo à la main, pour immortaliser ce moment. Je me jette dans les bras de Gweltaz, en larmes, puis dans ceux de Jean-Marie.

L’après-course

Quel chantier ! J’ai été jusqu’au bout, dans la souffrance, moi qui ai toujours été frileuse. Mais je l’ai fait.
Merci à mon binôme incroyable, qui a été mon pilier, mon guide, mon soutien.
Merci aussi aux amis qui ont envoyé des messages avant la course : Claire Guilloré, Aurélie Petay Mélanie Sturtzer, Sandrine, Gaëtane, Matthieu, Ben Oit, Aym Samud, Benoit Jules, Patrick Huon Joris Jalais la famille, le coach… et aux innombrables messages d’après-course qui m’ont tant touchée.

Oui Jocelyn Texier la bonne nouvelle c’est que je sais désormais nager dans les eaux froides. Reste plus qu’à apprendre à courir sur les cailloux glissants ! Vous étiez tous avec moi, dans chaque pas, chaque « crawl », chaque souffle.

IG: @millie_swimrun_bzh/
✍️Marie Amélie
📷 crédit photos Jean Marie Gueye / ÖtillÖ

Top 3 des résultats ÖTILLÖ, Championnat du Monde de Swimrun 2024 :

Hommes

  1. Matthieu Poullain (FRA) et Alexis Charrier (FRA), 07:56:03
  2. Alexander Berggren (SWE) et Viktor Törneke (SWE), 8:08:10
  3. Thomas Deffains (FRA) et David Pesquet (FRA), 8:11:56

Mixte

  1. Fredrik Axegård (SWE) et Lorraine Axegård (SWE), 8:31:04
  2. Johan Skårbratt (SWE) et Hanna Skårbratt (SWE), 8:47:53
  3. Helene Alberti Sololuce (ESP) et Ruben Ruzafa Cueto (ESP), 8:55:19

Femmes

  1. Desirée Andersson (SWE) et Sabina Rapelli (SUI), 8:47:00
  2. Josefine Jangvert (SWE) et Lena Sjökvist (SWE), 10:15:57
  3. Pernilla Irewährn (SWE) et Eva Rongård (SWE), 10:28:24

https://otilloswimrun.com

ÖTILLÖ, le Championnat du Monde de Swimrun ; 60 km de course à pied et 10 km de natation en eau libre (en binôme) dans le terrain sauvage de l’archipel de Stockholm, est considéré comme l’une des courses d’endurance d’un jour les plus difficiles au monde.