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Au royaume des Abers : La Transfinistère, bien plus qu’une course

Dans les replis secrets du Finistère, là où la terre et la mer s’enlacent en une danse millénaire, la sixième édition de la Transfinistére 2024, organisée par le club des swimrunners du Far Ouest (SRFO), a eu lieu le samedi 27 juillet sous une météo incroyable. Depuis le mois de mars, la Bretagne, comme de nombreuses régions française n’a pas été épargnée par le mauvais temps. Pluies et ciel bas se sont enchainés pour le grand bonheur des nappes phréatiques bien décimées par l’année record 2023. Contrairement au reste de l’Europe où les fortes chaleurs ont pointé le bout de leur nez, notre pays a enfilé les « gouttes froides » météorologiques.

Aber Wrac’h

Les jours précédents la Transfinistère étaient résolument maussades. Le soleil dardant généreusement sur les terres bretonnes commençait à relever de la légende urbaine. Et puis « Fiat Lux », vendredi à la veille de l’événement, comme par magie, les nuages se sont déchirés, laissant place à un soleil triomphant, abandonnant leurs dernières larmes aux festivités parisiennes des Jeux Olympiques.

Récupération des dossards, des bonnets oranges aux couleurs du club, petite signature sur la distance choisie, 32 km pour ma part et 15 km pour Véronique. La Transfinistère n’est pas un course, c’est une fête. Une fête des valeurs du swimrun que reflète bien l’adage des SRFO « On part ensemble, on finit ensemble ».

Extrait du roadbook SRFO : Peu importe le niveau, les motivations ou les objectifs de chacun, les Swimrunners du Far Ouest s’encouragent mutuellement. C’est cette union qui fait notre force et crée une dynamique unique au sein de la communauté. l’esprit de liberté et la préservation du milieu naturel et de l’environnement sont des engagements importants pour les Swimrunners du Far Ouest. Nous sommes conscients de la beauté des paysages qui nous entourent et nous nous engageons à les préserver. Nous veillons à minimiser notre impact écologique lors de nos entraînements et encourageons les pratiques respectueuses de l’environnement.

La Transfinistère déploie ses ailes sur près de 50 km. Sous le principe du « ramasse tout », un premier groupe matinal part sur la plus grande distance (50 km) et au passage ramasse le groupe des 30 km et ainsi de suite. En conséquence, d’une trentaine d’unités au départ le groupe forcit à 70, puis à 100 swimrunners la jauge maximale fixée par l’organisation. L’accent est mis sur la convivialité, le dépassement de soi et l’entraide entre les participants et beaucoup moins sur la vitesse. En natation il n’est pas rare de voir les plus fort longer les plus lent pour passer les caps difficiles, et dans les Abers les SRFO nous ont parfois réservé de belles surprises !

chantier naval du bel Espoir niché au moulin de l’enfer

Extrait du roadbook :
Le point de départ du 50 km se fera depuis la Chapelle Saint Michel à Plouguerneau. Celui du 32 Km se fera dans un endroit emblématique, à savoir le chantier naval du bel Espoir niché au moulin de l’enfer dans l’un des méandres de l’ABER WRAC’H Enfin le 15 Km partira d’un autre lieu bien connu à savoir les Viviers de Prat Ar Coum à LANNILIS

50km (défi BRAZ)

07h30 : Départ de la navette en direction de la chapelle Saint Michel à PLOUGUERNEAU

32km (défi KEIDEN)
10h30 : Départ de la navette en direction du chantier naval du bel Espoir au moulin de l’enfer à l’ABER WRAC’H

15km (défi BIHAN)
14h00 : Départ de la navette en direction des Viviers de Prat Ar Coum à LANNILIS

ARRIVÉE
17h00-17h30 : Arrivée des coureurs au foyer rural de Lampaul-Ploudalmezeau
18h30 et + : Apéro puis diner puis SwimRhum Party avec l’ensemble des participants, bénévoles et accompagnants !

Le jour J

Samedi matin au foyer rural, des ombres se préparent dans la semi obscurité. Le départ de la navette à 7h45 voit les plus courageux s’embarquer en direction de la chapelle Saint Michel à Plougerneau. J’ai la chance d’échanger avec Simon, Ronan et Corinne, triumvirat bienveillant, architectes de cette folle aventure qui oscille entre défi sportif et communion fraternelle. Ces trois personnes seront aidées par Annelie, Patrick dit L’indien, et les ultra marins Loïc, Murielle qui assurent le ravitaillement mobile.

La météo ce matin est quasiment normale pour moi venant du sud (Marseille), ciel d’azur, 20°C allant vers les 25°C dans l’après midi. Sauf pour mes amis bretons qui n’arrêtent pas de me dire « le soleil est enfin de retour » en se prosternant religieusement vers l’astre solaire…Je réalise enfin que leur régime « sans soleil » vient de prendre fin après de long mois de disette. Les bretons les plus prévoyants se badigeonnent de crème solaire, les autres auront droit au double effet kiss cool bronzage « red alert » au visage et Rhum far breton à la fin de la journée.

Je ne vais pas vous spoiler mon périple dans les Abers Wrac’h et Benoit ou sur la presqu’île Sainte Marguerite. Mais ces fjords ou calanques locales made in Finistère furent d’une beauté singulière tant sur terre que sur mer. La Transfinistère n’est pas une simple course, c’est une ode à l’entraide, un hymne à la nature sauvage. Elle serpente sur près de 50 kilomètres, embrassant les Abers, ces fjords bretons sculptés par les glaciations. L’Aber Wrac’h et l’Aber Benoît, veines d’eau saumâtre, s’insinuent dans les terres, créant un écosystème unique où eau douce et eau salée se mêlent en un ballet perpétuel.

Pêle-mêle, nous avons nagé dans les courants, nageant au-dessus de parcs à huîtres, témoins silencieux de l’ostréiculture séculaire. Nous avons eu droit à une belle séance d’hydrothérapie et thalassothérapie à la vase suivies d’une séance de massage aux algues brunes laminaires. Ces laminaires géantes, ces “chênes des mers”, déploient leurs longues lanières brunes, abritant une biodiversité foisonnante. Cette furieuse impression de nager dans un plat de pâtes Barilla s’apparente à une immersion dans une vallée de l’étrange ou dans une réalité à la frontière de l’onirisme.

Il fut écrit que la convivialité des SRFO allait être notre fil rouge de la journée. Au cœur du parcours, sur les rives abritées de l’Aber Benoît, Simon, Ronan, Corinne nous ont génialement réservé une dégustation d’huitres aux Viviers de Prat-Ar-coum. Ces bivalves, élevés ici depuis des dizaines d’années, concentrent en leur chair iodée toute la richesse de ces eaux où se mêlent rivière et océan.

« Cette entreprise ostréicole de la famille d’Yvon Madec, famille installée sur ces rives depuis 1898 ! Pionniers de l’ostréiculture dans les Abers, ils ont installé leurs parcs dans ce lieu d’échange rythmé par le va-et-vient des marées et qui est le point de rencontre entre l’eau douce d’une rivière et l’eau salée de l’océan. » Ronan Lesven

En terme de gastronomie, nous n’en resterons pas là. Arrivés à bon port, nous enchainons sur la « SwimRhum party » avec barbecue et grillades au programme suivie de l’unique championnat du monde de Far Breton. Extrait du Roadbook : Un jury d’experts mondialement reconnu pour leur palais désignera le meilleur far*. Finette, la championne en titre, viendra y défendre son titre ! * L’abus d’alcool dans le far est dangereux pour la santé !

les championnats du monde de Far breton
Convivialité, sportivité & Travoltek

C’est sous une ambiance et une tension incroyable que le titre de champion du monde cette année revient à la compagne de Simon. Décidément, la chatte à Simon a encore frappé ! Ainsi s’est écrit un nouveau chapitre de la Transfinistère, parenthèse enchantée où l’effort se mue en célébration, où la nature devient complice de nos folies terrestres et aquatiques. En ce samedi béni des dieux de l’Armorique, l’été breton a repris ses droits, comme si la Transfinistère avait le pouvoir magique de commander aux éléments, faisant de cette terre de légendes le théâtre d’une aventure hors du commun.

✍️Akuna
📷 crédit photos Akuna
🎥 Akuna
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