Portrait de la Team Envol Benoit Charrier et Jeff D’hoe qualifiée pour l’ÖtillÖ
Benoit Charrier et Jeff D’hoe ont fait du swimrun un vrai style de vie. En adhérant à la fameuse Team Envol de Nicolas Remires, ils ont à la fois progressé moralement et physiquement pour se qualifier aux Championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ 2022.
A] 📍Swimrun France: Bonjour. Pouvez vous vous présenter en quelques lignes ?
Benoit Charrier: Bonjour Jean Marie, J’ai 56 ans. Je suis mariée avec Riitta C., une femme exceptionnelle venue du Nord conquérir mon cœur il y a maintenant 33 ans. Nous avons deux grands gaillards dont Alexis C, le fameux barbu au look de viking intimidant et sourire de nounours. Il sera surement dans un de tes prochains articles. Je pratique du sport pour être dans la nature, pour pouvoir manger et boire tout ce que j’aime tout le temps (ou presque) et pour cette douce sensation des hormones du bien-être qui se libèrent dans mon corps. Juste cette semaine, j’ai pleuré de joie après un entrainement de course à pieds suivi d’une natation dans ce beau village suisse où habitent Alexis et Sabina.
Coté pro, mon métier c’est de comprendre les besoins des clients et de créer des solutions qui satisfassent à la fois le client et le business. Je le fais en équipe, en utilisant les méthodes telles que le scrum et le servant leadership. J’exerce ce métier chez les éditeurs de logiciel et les sociétés de services.
J’aime le contraste et la complémentarité entre le sport en nature et le monde des affaires. Le servant leadership, par exemple se retrouve aussi dans le swimrun. Après tout, n’es-tu pas à l’écoute et au service de ton binôme pendant la course ?
Jeff D’hoe: Jeff 41 ans sapeur pompier professionnel. Le swimrun a changé ma vie , j’ai perdu plus de 20 kgs grâce à cette nouvelle passion et je me sens beaucoup mieux dans mon corps et ma tête. Depuis mon plus jeune âge, j’ai pratiqué pas mal de sports individuels (bicross, natation, boxe) et en équipe (rugby, foot) mais jamais de sport d ‘endurance. Je n’ai découvert le trail et la nage en eau libre uniquement depuis que j’ai commencé le swimrun en 2019
B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ? (Quelle communauté ou club ou épreuve)
BC: J’ai découvert le swimrun à travers des articles et des reportages en 2016. Je ne savais pas nager mais je savais courir. J’avais fait des marathons (New-York, Londres, Paris, etc.) et trails d’endurance (UTMB CCC et autres) et je cherchais un sport de nature moins impactant pour les articulations. Je me suis inscrit au club de triathlon local Tri-Aventure à Fontainebleau et j’ai passé des heures à m’essouffler sur 50m dans les lignes d’eau. J’ai alors convaincu Alexis, après deux ans d’essais, de s’inscrire à notre premier swimrun Head Costa Brava en 2017. Si tu te demandes comment j’ai pu suivre Alexis, il était devant dans les nages, et il ne s’entrainait pas encore en course à pied à ce moment-là … 😉
JD: A la télévision, sur un reportage du célèbre swimrun Côtes vermeille. Ma premiere compétition de swimrun était avec ma compagne, Marine Beaury sur le format S du swimrun Cotes vermeille en 2019. Je faisais 20 kgs de plus à cette époque, je courais et nageais très peu. Quelques mois après, nous avons fait ensemble le swimrun de Carcassonne et nous avons eu la chance de faire la connaissance de Nicolas Remires, le créateur de la TEAM ENVOL
C] 📍SRF : Quelle est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ?
BC: J’ai donc commencé le swimrun avec ÖtillÖ Merit Series de Costa Brava en 2017, et j’ai découvert le circuit ÖtillÖ à ce moment-là. Michael, Mats et leur équipe ont créé des aventures hors du commun en sélectionnant des lieux idylliques où je ne serais pas allé sans eux. Après Costa Brava, j’ai fait Isles of Scilly, Engadin, Hvar, Cannes, Malte, Gothenburg et le WC.
JD: Suite à cette rencontre, notre vie a pas mal changé surtout la mienne et cette passion pour le swimrun est devenu addictive.
D] 📍SRF : Comment s’est formé votre binôme ?
BC: Je suis fidèle en amour à Riitta, mais j’aime bien changer de partenaire en swimrun.
J’aime beaucoup l’aventure humaine du swimrun, faire découvrir le sport, aider les personnes à se dépasser, et transmettre le peu de savoir que j’ai acquis. J’ai eu 7 partenaires depuis que j’ai commencé. En 2019, j’ai fait la rencontre de Nicolas Remires, le célébre coach et créateur d’Envol Swimrun, et j’ai rejoint la Team Envol, une équipe de plus de 150 swimrunners de tous niveaux et de toutes nationalités. Nicolas m’a mis en contact avec Jean-François d’Hoe qui cherchait un partenaire pour se qualifier pour le WC. L’histoire de Jeff est inspirante et je lui laisse le soin de te la raconter. Nous avons commencé en 2020 avec Engadin, et depuis nous avons fait Laffrey Vertical, Cannes, Cote Vermeilles, Gothenburg, Malte et WC 2021 ensemble. Pour moi swimrunner avec Jeff — swimrunner est un verbe qui va bientôt paraitre dans le Larousse — c’est l’occasion de vivre une aventure humaine où je me mets au service de Jeff pour bien profiter de la course.
JD: Ayant adhéré rapidement à la TEAM ENVOL, j’ai regardé différents reportages sur youtube et tous nous ramené au célèbre ötillö “LA LEGENDE”. En regardant ces petits reportages sur les World Series et la finale, j’en avais des frissons et les larmes aux yeux. j’ai donc dis à Marine que si on veut se considerer comme de “vrai swimrunners”, il fallait se qualifier pour la grande finale ötillö” mais un long chemin nous attendais avec un entrainement assez rigoureux pour être capable de faire ces 75kms de swimrun mais comme nous aimons beaucoup les défis dans notre vie, nous n ‘avons pas hésité .
E] 📍SRF : Comment avez vous programmé vos entrainements et compétitions dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?
BC: Nous avons participé à suffisamment de courses en 2021 pour se qualifier au ranking. Comme nous nous connaissons bien maintenant, cette année nous avons simplement fait un training et Laffrey Classic ensemble. Et pour le reste, pour moi, ce fut une course longue par mois. Swimrunman classic en mai, Trail du brevon en juin, deux semaines de swimrun et 4h de sauna par jour en Finlande en juillet (il faut pas mal d’endurance pour rivaliser au sauna avec Riitta), et enfin Laffrey Classic en aout. Simple non ?
J’ai aussi un logiciel qui me dit exactement ce que je dois faire. Il est composé de plusieurs parties. Le graal du plan d’entrainement que me fournit Envol Swimrun. Ça c’est la théorie. Mon corps qui me donne pas mal de données sur son état. Mon cerveau et mon intuition qui quand ils écoutent mon corps adapte le plan d’entrainement. Ça c’est la pratique.
JD: Grâce à Nicolas Remires et bien sûr mon nouveau binôme de choc BENOIT CHARRIER (avec Marine nous avons préférer concourir dans des catégories différentes pour éviter les disputes 😉 ), ce rêve a pu se réaliser en 2021. Je me suis entrainé dur pour faire ma première série mondiale à ENGADIN en 2020 à ces cotés et nous avons enchainé sur le célèbre vertical du Swimrunman LAFFREY pour finir sur un stage avec la Team ENVOL en septembre en SUEDE sur le parcours de ÖtillÖ.
En 2021, nous faisons notre premier ultra sur le swimrun de la COTES VERMEILLE en 11H15, ensuite la Serie mondiale ÖTILLÖ à GOTHENBURG et la finale des championnats du monde ÖTIILÖ. En 2022 de nouveau l’ultra du swimrun Cotes vermeille. prochainement le classic du Swimrunman Laffrey et une nouvelle fois la finale ÖTILLÖ
Benoit faisait partie de la Team envol, nous avons très vite sympathisé et j’ai compris rapidement qu’il pouvait être le binôme idéal. c’est un veritable papa pendant les épreuves et si il doit me secouer un peu, il n’hésitera pas.
Aucune programmation particulière, nous sommes qualifiés au ranking sur les épreuves suivantes : Engadin 2020, Ultra Cotes vermeille en 2021, Gothenburg 2021, Vertical Laffrey 2020, Malte 2021, la fidélité et régularité de notre binôme, nous a permis de nous qualifier facilement pour la finale ÖTILLÖ
F] 📍SRF : Quels sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosses galères ?
BC: Mes plus beaux souvenirs c’est la nage de 2.5 km derrière Alexis à Isle of Scilly. J’appréhendai cette longue nage et les courants qui peuvent parfois être forts. Finalement nous avons eu une mer très calme et j’ai pu trouver un rythme de nage zénifiant — un adjectif qui est déjà dans le Larousse. J’ai une mémoire vivide de ce moment de plénitude et je revois encore mon bras glisser dans la mer turquoise…
Un autre moment de plénitude, celui-ci un peu moins glorieux, c’est la pause caca avec Jeff au WC l’année dernière. Nous avons programmé notre pause pour ne pas perdre de temps, vérifiant l’un et l’autre notre besoin pour trouver un endroit propice et partager ce moment éphémère et unique de course.
Un des moments les plus difficiles a été la traversée de 1.7km à Hvar en 2019 avec ma partenaire Julie. Le temps était brumeux et la mer agitée. Michael avait déjà changé le parcours car l’année précédente des nageurs avaient été emporté très loin par les courants. A mi-chemin entre les iles, une angoisse m’envahit. Je ne vois pas la cote en face, pas de nageurs, ni de bateaux. Je commence à gamberger sur ce qui peut m’arriver, combien de temps je peux tenir accrocher à la bouée de sécurité obligatoire sur cette traversée. Heureusement Julie se sentait bien et son large sourire et ses grands yeux bleus (bon je ne les vois pas bien avec les lunettes et la brume mais quand même) me redonnent confiance. J’aurais au-moins ce visage radieux à regarder avant de couler.
Avec Jeff, il n’y a pas eu de grosses galères. J’avais très peur d’avoir froid l’année dernière. J’ai pris une cagoule intégrale et des gants. J’ai évité la galère de l’hypothermie et j’ai pu faire de la plongée en même temps.
JD: Un de mes plus beaux souvenirs fut quand j’ai passé la ligne d’arrivée de ma première série mondiale Engadin. 8h20 d’effort chose que je n’avais jamais fait avant .. D’ailleurs tous les swimruns partagés avec mon binôme sont de très beaux souvenirs
La plus grosse galère fût pendant la finale des championnats du monde en 2021 mais cette finale restera quand même un très bon souvenir.
Il faut se lever tres tot (3h30) et nous n’avions pas eu le temps de faire ce que tous le monde fait normalement avant le départ d’une course 😅 Nous avons donc attendu pendant la finale d’avoir envie au même moment pour ne pas perdre trop de temps mais ce n’est pas tous il fallait trouver encore le bon endroit avec des feuilles d ‘arbustes assez grande et pas trop piquantes pour s’essuyer….
G] 📍 SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?
BC: Jeff est très en forme au début, il veut partir vite et je dois le ralentir. Il est devant dans les nages donc se fatigue plus. A mi-chemin il a mal aux cuisses et a des contractures. Alors il rentre dans sa bulle et gère ses douleurs. Il a énormément de volonté et de résistance pour finir les courses.
JD: Très bavard mon binôme pendant les courses mais il sait être aussi très silencieux. A chaque fois que nous arrivons à quelques petites heures de l’arrivée, Benoit devient très joyeux fêtard avec le public. Vous connaissez la positive attitude ? et bien c’est Benoit
H] 📍SRF : Par rapport aux suédois qui dominent depuis toujours les championnats du monde de Swimrun, pensez vous que l’écart est entrain de se réduire comme sur les coupes du monde ? Y: X:
BC: Oui, je pense que l’écart se réduit. Il y avait environ 10 équipes suédoises derrière nous au WC 2021. T’imagines ? 😊
Et puis il y a de plus en plus de course hors de la Suède. La connaissance du terrain, et l’habitude de la température de l’eau et de l’air ne sont plus un avantage.
JD: Nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer ce sport dans le monde entier, je pense que l’écart commence à se réduire effectivement mais il ne faut pas oublier d’où est né le swimrun et que la finale ötillö est chez eux sur un terrain de jeu assez hostile qui est leur terrain de jeu toute l ‘année
I] 📍SRF : Quelle va être votre stratégie de course ?
BC: Cette question me fait penser à une course des 24hr du Mans pour les écuries Ferrari. Mais nous on a une Citroën 2 CV qui tourne à l’éthanol. Nous partons doucement, nous profitons du paysage et des spectateurs, nous ralentissons dans les virages et les rochers pour ne pas faire une sortie de route, nous ne changeons pas les pneus en 24 secondes mais nous arrêtons longuement au ravito pour faire le plein et saluer les bénévoles. Nous économisons le moteur jusqu’à la fin du semi à Ornö et nous finissons encore plus doucement.
JD: Arriver assez frais sur la partie course des 21kms.Beaucoup d’équipes explosent sur cette partie là , marchent doucement…. Si on peut courir, on pourra gagner des places
J] 📍SRF : Quelle est la première chose que tu vas faire lorsque tu vas franchir la ligne d’arrivée ? et la deuxième ?
BC: J’embrasse Jeff, Riitta et Michael. Ou Jeff, Michael et Riitta. Ça dépend qui est le plus près. C’est une grande famille le swimrun. Et je demande si Alexis et Sabina ont fait un podium. En fait je le demande sur les ravitos avant mais je confirme encore à l’arrivée.
JD: la premiere chose , mettre mes mains sur les genoux en me disant “sayé on l’a fait et on a kiffé”. La deuxieme chose , serrer mon partenaire dans les bras
K] 📍SRF : Stockholm est une très belle ville, avez vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?
BC: Nous sommes parfois un tout petit peu fatigué après la course. Faire le tour de Stockholm à pieds n’est pas toujours ce que nous avons envie de faire. Nous arrivons quelques jours avant et restons du coté de Sickla où habite Nicolas. C’est sympa et pratique pour retrouver les membres du club et faire un p’tit swimrun pour les derniers ajustements.
JD: l’année dernière nous avons eu le temps de visiter Stockholm en trottinette électrique avec Marine. J’ai beaucoup apprécié ce moment d’après course
L] 📍SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?
BC: Mes partenaires les plus proches et les plus impliqués dans cette aventure, ce sont Riitta et mon chien Misty. Riitta est une fabuleuse supportrice hors course. Elle m’encourage à m’entrainer, fait toutes les réservations de vol et de logements et soigne mon régime alimentaire (pas trop de desserts). Elle adore voyager et retrouver les enfants sur les courses. Elle est aussi une supportrice hors norme pendant la course. J’adore la voir aux sorties d’eau. Bon ça c’est quand Alexis n’est pas sur la course. Parce que quand il est sur la course, c’est comme si je n’existais pas. Il est bien loin devant et c’est là qu’elle est.
Mon chien Misty, une berger blanc suisse, a besoin de courir et est donc une motivation pour aller s’entrainer. Elle est toujours prête pour aller courir et même pour aller nager.
Mes autres partenaires sont Envol Swimrun qui m’a permis de me perfectionner et de faire partie de la communauté Team Envol. C’est avec impatience et grand plaisir que nous nous retrouvons sur les courses. Tri-Aventure avec les entrainements de natation du coach Nacer, de VTT du coach Olivier, de course à pied du coach Florian et de PPG du coach Henri. Et Head Swimming qui fournit des équipements.
JD: ENVOL SWIMRUN, SWIMRUN LAURAGAIS, HEAD et ZOGGS, ma famille et mes amis
M] 📍SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?
BC: Est ce qu’il y a de l’eau sur mars ? pour y aller faire du swimrun.
Mais aussi, quand est-ce que tu viens faire un swimrun dans les calanques. Parce que tes reportages me font baver d’envie.
🎯Questions indiscrètes:
👉Embrassades ou poignées de main polies à l’arrivée ?
BC: Grosses embrassades évidemment
👉Qui fait le pipi de la peur le ou la 1er(e) ?
BC:je fais au moins trois cacas avant le départ
👉Qui gueule le 1er ?
BC:c’est interdit
👉Qui se perd le premier ?
BC:c’est toujours bien balisé
👉Qui prie le ou la 1er(e) ?
BC:nous vivons dans l’instant présent
👉Longe ou sans longe ?
BC: ça se fait sans longe ?
👉Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entraînement ?
BC: Lors de nos dernières vacances en Finlande, j’ai enchainé saumon fumé, saucisses au BBQ, bière, gin Kyrö Napue, swimrun au coucher de soleil puis sauna. Ce n’est pas super fou mais ça m’a procuré bien du plaisir.
IG: @Jeffswimrun @benoit.charrier
📷 crédit photos Akuna/Swimrunman Benoit Charrier