Swimrunman France Series 2020 vs SARS-CoV-2
Les compétitions de swimrun en temps de Pandémie SARS-CoV-2 : Le Circuit Swimrunman France Series 2020. Florent Le Derf et Bertrand Bouvier les organisateurs, dans cette longue et dynamique interview, reviennent sur cette période exceptionnelle qui a entrainé en quelques mois un bouleversement majeur, entre autres, du secteur de l’évènementiel sportif.
Présentation du circuit
Swimrun France : Bonjour Bertrand et Florent, pouvez-nous nous présenter le Circuit SWIMRUNMAN France Series version 2020 (notre dernière ITW des organisateurs de 2017 ici) ?
Bertrand Bouvier (SWIMRUNMAN France) : Bonjour Jean-Marie, le circuit SWIMRUNMAN France Series c’est avant tout trois belles épreuves situées dans trois belles terres d’accueil du swimrun. Tout d’abord les Gorges du Verdon à cheval entre le Var et les Alpes de Haute- Provence dans le Parc Naturel Régional du Verdon, ensuite Embrun Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes, porte d’entrée du Parc Naturel National des Écrins
et, enfin, Laffrey et ses lacs atypiques situés à 1000m d’altitude en Isère. Depuis ses débuts le circuit SWIMRUNMAN France Series a continué son petit bonhomme de chemin, nous fêtons cette année les 4èmes éditions de nos événements, avec des évolutions perpétuelles pour répondre au mieux aux attentes de nos participants de plus en plus nombreux.
Tout en conservant notre philosophie de base, axée sur la dimension de pleine nature de nos événements, on souhaite apporter la meilleure expérience possible à celles et ceux tentés par l’aventure SWIMRUNMAN. Pour cela, la labellisation de nos trois étapes en tant qu’ÖTILLÖ Merit Races est un vrai plus pour notre circuit.
Participer à nos épreuves pour espérer décrocher le Graal, à savoir une participation à ÖTILLÖ, The World Championship est une source de motivation pour bon nombre de swimrunners. Dans cette lignée, notre système de classement interne sur nos différentes épreuves permet de récompenser les plus réguliers sur l’année dans chaque catégorie (Femmes / Hommes / Mixtes) avec pour jolie récompense une invitation sur une World Series ÖTILLÖ.
Du côté des parcours, nos formats SPRINT / CLASSIC / HALF / VERTICAL et ULTRA commencent à bien rentrer dans les mœurs et chacun est libre de trouver un défi à son niveau. Il y en a pour tous les goûts, chaque format à son lot de saveurs, mais je ne peux pas m’empêcher de te parler brièvement du VERTICAL des Grands Lacs de Laffrey, de l’HALF d’Embrun Serre-Ponçon et de l’ULTRA des Gorges du Verdon. Ces trois épreuves longues distances représentent des défis sportifs un peu fou, ceux qu’on se doit de réaliser une fois dans sa vie, et on est super contents de l’engouement qu’ils génèrent, que les participants aient adhéré au projet et cela nous donne de la suite dans les idées…
La pandémie de Covid-19
SRF : Vous avez assisté à l’épidémie de covid-19. Comment avez-vous vécu le confinement en tant que pratiquant outdoor?
Florent Le Derf (SWIMRUNMAN France) : Très bien ! (rires). Disons que c’était particulier à plus d’un titre, on dit souvent qu’en swimrun et dans les sports de pleine nature on doit faire preuve d’adaptation et sur ce coup-là on a été servi… Si on parle du côté sportif pur et dur, personnellement j’étais en pleine ré-athlétisation d’un tendon rotulien qui couine un peu, donc je mangeais déjà mon pain noir depuis quelques temps mais avec la pandémie et le confinement j’ai perdu un des derniers défouloirs qui me restait : la natation en eau libre ! Après, je ne suis pas du genre à me morfondre, cela a été l’occasion de faire d’autre chose, et je crois qu’on est tous d’accord que le plus important dans tout cela était d’être en bonne santé, le reste n’était que superflu. Histoire de trouver du positif tout de même, disons que la reprise en est d’autant plus belle, j’ai des envies d’extérieur à n’en plus finir !
SRF : À quel moment as tu réalisé que le SARS-CoV-2 allait bouleverser nos vies ? Quelle a été la conséquence de la pandémie de SARS-CoV-2 sur la saison 2020 ?
FLD : En fait la Covid (oui j’ai appris il y a quelques temps qu’il fallait dire « la ») est un sujet simple et complexe à la fois. Ce qui était compliqué à mon sens dans cette histoire c’était de ne pas savoir sur quel pied danser. On lisait tout et son contraire, nos opinions évoluaient sans cesse, personnellement j’avais vraiment des sentiments mêlés et ce n’était pas évident de sentir que personne n’avait (n’a ?) vraiment toutes les bonnes réponses.
Après de toi à moi je préfère parler d’autre chose, de regarder vers l’avant, je fais toutefois parti de ceux qui ne veulent pas qu’on revienne à « l’anormal », il me semble qu’à trop tirer sur la corde avec notre mode de consommation on a fini par avoir un retour de bâton, j’espère qu’on n’oubliera pas aussi vite que c’est venu ce qu’on vient de traverser en ce printemps 2020.
Pour SWIMRUNMAN la pandémie a malheureusement eu des conséquences. On en revient à l’adaptation, il a fallu jongler avec un tas d’imprévus et d’inconnues. Je suis fier du travail réalisé par notre équipe sur cette période, ce n’était pas tous les jours évident mais on a su trouver et apporter des solutions. J’en profite aussi pour remercier nos participants qui ont fait preuve d’une compréhension exemplaire, solidaire. On a reçu des centaines de messages de soutien, ça faisait chaud au cœur à toute notre équipe !
Dans la pratique, on a donc dû décaler l’édition des Gorges du Verdon de début mai au 1er novembre 2020. Cela a été un vrai casse-tête, on ne voulait pas se poser en frontal sur une autre épreuve nationale ou internationale et, en pesant le pour et le contre, je crois qu’on a opté pour une bonne solution. J’en profite pour rassurer tout le monde, l’eau ne sera pas glaciale début novembre, disons qu’on appréciera les combinaisons (rires).
Ce qui me fait moins rire en revanche c’est l’annulation de l’édition Embrun Serre-Ponçon, j’en suis même assez triste. Tous ces mois de boulot fichus en l’air…mais là on n’a beau eu prendre le problème dans tous les sens, c’était mission impossible de trouver une date de repli, tant pis, rendez-vous de plus belle le 27 juin 2021 ! En attendant, ce qui devait être notre dernière date de l’année (Grands Lacs de Laffrey 23 août), devient notre…première date ! On met tout en œuvre pour organiser une belle fête du swimrun fin août, à cette date (NDRL, 19 juin) je veux être encore prudent mais les voyants passent au vert petit à petit, le Tour de France a été reprogrammé fin août… Bref, on y croit à notre rendez-vous de fin août en Isère !
SRF : Les organisateurs doivent annuler ou reporter leurs épreuves plus tard dans le calendrier, comment s’est porté votre choix d’un report dans la saison ou d’une annulation de l’édition 2020 ?
BB : En fait ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’à la base, la facilité serait d’annuler mais chez SWIMRUNMAN France la facilité ce n’est pas trop notre tasse de thé ! Au début de la pandémie on avait plusieurs centaines de participants inscrits sur l’ensemble de notre circuit et le son de cloche était le même pour tout le monde : on veut faire vos courses en 2020 ! On a beaucoup fonctionné comme cela pendant la crise, je ne sais pas si tu as suivi nos communiqués mais on était basé sur un échange entre les participants et nous. On n’était pas très fan des organisations qui imposaient leurs choix et leurs décisions unilatérales aux participants – avec Florent on était nous-mêmes inscrits en tant que participants à différentes courses qui ont été impactées par la crise. Après je ne dis pas qu’on a trouvé les meilleures solutions et chacun doit faire face à ses propres contraintes mais du moins on a essayé de trouver les moins mauvaises – en étant complètement abandonné par nos deux assureurs (sic) – et…les participants ont adhéré ! C’est presque dingue à dire mais cette crise nous a rapproché d’eux, on a eu l’impression qu’il n’y avait plus cette barrière qui parfois peut s’installer entre organisateurs et coureurs. On ne faisait plus qu’un pour trouver des solutions et ça a super bien fonctionné.
Les mesures sanitaires
SRF : Que pensez-vous du guide qu’a fait notre ministre des sports, et l’impact sur le swimrun en France ? (10 m d’écart entre les coureurs à pied, entre nageurs etc.. )
FLD : Bon là je dois dire qu’on n’adhère pas vraiment au projet… Enfin, que ce soit clair, je ne pense pas que ça parte d’une mauvaise intention, bien au contraire, mais parfois j’ai l’impression qu’on est un peu dans le « pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? ». Avec Bertrand on pratique beaucoup de sports différents et quand on a commencé à lire le guide pour être à la page et se tenir informés, on a un peu halluciné quand on a vu des mesures telles que « vélo en tandem interdit » ou « obligation de marquer ses propres balles de tennis ». Bref, personnellement je ne suis pas arrivé à venir à bout des 50 pages, peut-être que je ne suis pas le mieux placé pour en parler du coup… Bien sûr le sujet est complexe mais à la limite je préfère qu’on se dise que pendant X temps il faut continuer à pratiquer en solo et selon l’évolution de la situation on adapte les mesures. Là ça me paraît impossible de retenir tous ces pré-requis et d’ailleurs à mon sens ce guide a un peu fait un flop… Pour le swimrun, et comme toutes les activités de groupes/club en fait, forcément c’est un facteur limitant. Je pense que faire des petits groupes et ne pas avoir de contacts physiques restent les deux règles d’or. Après quand on va nager avec le leash entre midi et deux avec Bertrand, c’est sûr qu’il n’y a pas 10m entre nous mais je me sens plus serein que dans les transports en commun avec mon masque (sic).
SRF : D’après vous quelles sont les prochaines étapes globales pour un retour à la compétition ?
BB : Disons que chaque organisation sera confrontée à ses propres contraintes (les SAS de départ, le parc à vélo pour un triathlon, les ravitaillements etc.). Pour nos épreuves SWIMRUNMAN on a la chance d’évoluer dans de grands espaces, il faudra surtout qu’on puisse gérer de manière différente l’accueil des participants – un peu comme cela se fait dans les commerces à l’heure actuelle – en évitant les rapprochements et les interactions. La question des ravitaillements va se poser aussi. Autrement, une fois les départs donnés, généralement chez nous tu passes plus de temps seul à seul avec ton binôme qu’accompagné… Bien évidemment le vaccin serait une super nouvelle mais je ne suis pas d’une grande aide dans sa recherche, je vais donc plutôt faire en sorte de trouver des solutions en interne avant de pouvoir compter sur des ressources externes qui seront toutes les bienvenues.
SRF : D’après vous, quelles mesures sanitaires simples seront mises en place sur les épreuves du SWIMRUNMAN ?
BB : On est encore en train d’y réfléchir mais certains d’entre elles vont s’imposer d’elles- mêmes. Le port du masque au retrait des dossards ou pendant le briefing par exemple, c’est assez simple à mettre en place, tout comme des points pour se laver les mains, un sens de circulation etc. Après, comme je te le disais, on est tout de même dans des grands espaces donc à partir du moment où on n’est pas entassé les uns sur les autres, cela devrait bien se passer. Nous on adaptera nos installations en fonction mais, comme très souvent, il en relèvera du civisme et de la bonne conscience de chacun…
FLD : …et pour rebondir sur ce que dit Bertrand, par exemple on imagine des zones de ravitaillements très espacées, ou chacun se lave les mains en entrant et en sortant de la zone, nos participants auront leur propre gobelet comme depuis quelques temps maintenant, avec pourquoi pas un temps gelé sur ces points-là pour que tout le monde prenne le temps de faire les choses calmement… Affaire à suivre !
SRF : Auriez-vous un conseil à donner à tous les organisateurs de swimrun qui vivent la situations de crise actuelle ?
FLD : Tenez bon ! La situation est compliquée pour beaucoup d’entre nous, pas que dans le secteur événementiel. Il ne s’agit pas de se tirer la couverture mais plutôt d’être collectif. C’est compliqué pour les restaurateurs, les cinémas, le tourisme… mais ensemble on va finir par s’en sortir. Quelque chose qu’on ne t’a pas dit tout à l’heure c’est qu’en fait, un de nos leitmotiv pour faire tout notre possible pour reporter nos éditions plutôt que de les annuler c’est justement le lien qu’on a tissé sur les territoires avec les acteurs locaux. En ne baissant pas les bras et en organisant tout de même nos événements, on contribue à relancer l’économie à notre échelle sur des territoires ruraux et on est convaincu que ça commence par là !
SRF : Pour revenir sur l’évolution du circuit depuis notre dernier entretien en 2017, avez vous pu noter une évolution dans le niveau des participants, dans le profil type du swimrunner ?
BB : Je crois que le swimrun est toujours en pleine expansion donc il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. En revanche le niveau moyen à tendance à augmenter, je crois que cela est dû à plusieurs paramètres mais pour moi les principaux sont que, d’une part les participants s’entraînent de plus en plus spécifiquement, on commence à sortir du « je vais nager aujourd’hui » puis « j’irai courir demain ».
De ce fait, les transitions sont de plus en plus propres, il y a moins d’inconnues le jour de la course etc. D’autre part, le matériel a une part prépondérante dans la performance. En 2017 on en était encore à couper des combinaisons et à trouer les chaussures, en à peine trois ans le marché s’est développé de manière exponentielle et les marques proposent de vrais produits de qualité et forcément ça aide à la performance.
Quant au profil type du swimrunner, j’aime toujours répondre à cette question par une autre : existe-t-il vraiment ? A notre sens, la réponse est non et tant mieux ! On adore découvrir à chaque fois de nouveaux profils sur nos événements, avec des sportifs venant de milieux totalement antagonistes et sincèrement pour ma part ce serait mission impossible de te décrire le swimrunner type. Ah si, ils ont tous un point commun, le swimrunner est curieux et aventurier !
Le label ÖtillÖ
SRF : Le label OtillO merit race a t-il été un catalyseur pour le circuit SWIMRUNMAN ? Le « ranking » swimrunman a t-il permis à des athlètes de se qualifier pour les championnats du monde suite à une participation à une coupe du monde ?
FLD : Tous les ans depuis notre lancement le nombre d’inscrits sur nos épreuves est croissant et c’est encore le cas cette année. Forcément, l’annonce de la labellisation de nos trois étapes en tant qu’ÖTILLÖ Merit Races a été un coup de boost énorme et on en revient à ce qu’on disait plus haut, avec ce label, on a répondu aux attentes de nombreux swimrunners qui prennent plaisir à venir sur nos courses et qui maintenant peuvent faire coup double en se frottant aux meilleurs mondiaux et en marquant des points en vue des championnats du Monde. Pour le ranking, il va falloir encore attendre un peu car c’est sa première année de mise en place mais oui, le 1er novembre après l’étape des Gorges du Verdon, on établira un classement en additionnant les performances réalisées aux Grands Lacs de Laffrey et dans le Verdon, et les deux premières équipes de chaque catégorie (Mixtes, Femmes et Hommes) obtiendront un billet pour la World Series 2021 de leur choix !
SRF : À quand une manche SWIMRUNMAN en littoral marin ? En France, à l’étranger ?
BB : Ce n’est pas pour faire de la langue de bois mais honnêtement on a trois belles étapes et on est très heureux ainsi. Alors oui, avec les lacs de Sainte-Croix (Gorges du Verdon), Serre-Ponçon (Embrun) et Laffrey on est des swimrunners d’eau douce (rires) mais il y a de belles épreuves sur le littoral et c’est très bien ainsi, il en faut pour tous les goûts. Après il ne faut jamais dire jamais, surtout avec notre équipe, j’entends des idées plus folles les unes que les autres pas tous les jours mais presque !
SRF : Il y a t-il une question que vous auriez voulu que je vous pose ?
FLD : Qui de Bertrand ou moi tire le leash en natation et en course à pied !? (rires)
BB : Et quand est-ce qu’on se refait une sortie ensemble mais avec une eau un peu plus chaude que la dernière fois !? (rires)
SRF (Akuna) : Avec plaisir, il faudrait se la faire enfin ensemble cette sortie Calanques !
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