Compte-rendu de courseCoursesNews

L’Ultra Swimrun à la conquête des alpes françaises

Voici une interview de Jean Christophe Bastiani, réalisée peu après une aventure qui a mené une douzaine de swimrunners internationaux à travers lacs et montagnes dans la région d’Annecy (120 km trail, 15 km natation, 5000 m+) les 28 et 29 avril derniers.

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Swimrun France : Bonjour Jean-Christophe, tu as organisé un ultra swimrun dans les Alpes du Nord qui a eu lieu les 28 et 29 avril dernier.  Avant d’en parler peux tu nous dire en quelques phrases ce qui t’a amené au swimrun en général et à l’ultra en particulier ? 

« En 2017, je participe à 17 courses toute distance dans différents pays »

Jean Christophe Bastiani : Bonjour à vous, j’ai découvert le swimrun il y a 3 ans  d’une part avec la vidéo de canal+ pour le 10è anniversaire d’ÖtillÖ (NDLR, « les exilés » de l’émission intérieur sport diffusé en 2015) mais aussi grâce à toi Akuna et les magnifiques premières images dans les calanques.

Je viens des sports nature. Ancien membre de l’équipe de France d’escalade jeune (ça fait longtemps), j’ai été au début du trail et du raid aventure où j’ai participé à de nombreuses courses nationales et internationales. Le raid devenant contraignant financièrement je me suis tourné vers le trail avec l’appel des montagnes (mon premier amour) puis vers l’ultra. Il y a 2 ans à 50km du départ de la TDS, j’arrête brusquement et je me jure de stopper l’ultra qui ne me convenait plus sachant que je passais énormément de temps à m’entrainer en mode swimrun. En 2017, je participe à 17 courses toute distance dans différents pays.

SRF: Peux tu revenir sur la genèse de ce projet ?

JCB: L’été 2017, je cherchais un défi, une nouvelle aventure pour mettre en lien mon sport de cœur, le swimrun et mes premiers amours, la montagne. L’idée a été facile à trouver :Traverser les Alpes du Nord en mode swimrun.

« réunir 20 swimrunners du monde entier pour promouvoir le swimrun, son esprit et ses valeurs »

Initialement prévu avec ma binôme de choc Marianne pour l’automne, on a très rapidement décidé de repousser pour s’organiser différemment.

Nouvelle date pour fin avril et  l’objectif de réunir 20 swimrunners du monde entier pour promouvoir le swimrun, son esprit et ses valeurs. Un groupe d’hommes & femmes amoureux de la nature et des grands espaces. Mon réseau international a été sollicité et j’ai proposé sur FB et IG de nous rejoindre avec 2 conditions, un cv sportif (pour la sécurité, et l’objectif des 24h) et surtout une lettre de motivation. 

Le groupe des 20 réuni, j’ai lancé la communication, trouvé les partenaires techniques et financiers mais surtout rencontré le président de la Fondation Ultra Sports Sciences pour établir un lien entre Ultra Swimrun et cette structure qui a pour mission :

  • Solliciter, fonds et faciliter la recherche pertinente liée au sport ultra-endurance.
  • Diffuser de nouvelles connaissances liées au sport ultra-endurance.
  • Améliorer la santé et la sécurité de ceux qui participent à des sports ultra-endurance.

Partenaires trouvés, réseau ouvert, j’ai fait les démarches administratives et trouvé quelques bénévoles avec des connaissances montagne.

SRF: La grande crainte pour cette époque de l’année c’est la température de l’eau des lacs, la gestion de la nuit en montagne, quel fut le dispositif de sécurité mis en place pour cela ? 

« Nous avons eu une chance énorme avec les températures estivales durant les 15 jours précédents l’Event »

JCB: Oui après l’hiver interminable et les chutes de neige record, mes 2 craintes étaient la température de l’eau et la quantité de neige sur les sentiers de crêtes (5 passages à 1500 m altitude).

Nous avons eu une chance énorme avec les températures estivales durant les 15 jours précédents l’Event. La neige a fondu à vue d’oeil et le soleil a réchauffé l’eau des lacs avec presque un mois d’avance pour atteindre 13-16 °C sachant qu’en mai 2017 on avant 11°C dans le lac d’Annecy.

Ultraswimrun Alps 1

Les swimrunners sont habitués et le groupe de furieux passionnés d’ultra endurance aguerris. Or vu les qualificatifs « extrêmes » cette balade (120km trail, 17km de swim, 5000m+), j’avais fait appel à la société Dokever spécialisée dans l’assistance médicale (UTMB, Marathon des Sables, Ironman, Tour de France…) pour garantir le maximum de sécurité aux membres du groupe. SUP, visuels direct durant les sections swim, radio VHF et pacer (secouriste/infirmier) sur les sections trail, jour et nuit sous surveillance mais aussi sur l’autosurveillance du groupe. N’oublions pas que ce dernier évoluait ensemble.

SRF: Dès le départ tu as coloré cet évènement d’un aspect international, comment ce dernier a t-il était perçu à l’étranger ?

JCB: Ahh vaste sujet. Je suis immergé dans le swimrun depuis le début en France à vos côtés. Ouvrir à l’international était évident pour moi. Mon réseau swimrun international m’y a aidé mais aussi mon ex compagne suédoise. Les connaissances sont un premier pas mais ma passion et mes idées ont fait le reste en attirant ces sportifs. 

Concernant la Suède, c’est un peu compliqué il y a de très nombreux compétiteurs et venir fin avril pour un ultra, un peu à l’inconnu a fait peur en  début de saison. J’ai expliqué la possibilité de stopper et couper une partie mais l’esprit de vouloir finir à tout prix était plus fort. J’ai quand même eu 2 expatriés français et danois habitant en suède qui sont venus lol.

France, Suède, Danemark, Suisse, Pologne, Portugal, Italie, Asie, UK, et US était partant jusqu’aux derniers moments.

Début de saison, veut aussi dire premières blessures, incompatibilités personnelles et professionnelles, …. ce qui a réduit le groupe à 13 (4femmes et 9 hommes).

SRF: Parmi les participants, il y avait aussi une équipe française dont tu es à l’origine de la création, peux tu nous éclairer à ce sujet ? 

JCB:  Le Team « swimrun-events » est un regroupement d’amoureux du Swimrun, de la nature et des valeurs qui en découlent. Il y a des compétiteurs de haut niveau mais aussi des amateurs. Je vais prendre le temps de structurer ce groupe pour le faire évoluer avec un seul but : Le partage.

SRF: Revenons au déroulement de l’ultra, quels ont été les challenges à surmonter, attendus et aussi inattendus ? 

JCB: Le plus dur à été la météo qui étaient annoncée tempétueuses avec pluie, vent, neige sur les sommets à 72h de l’event…

Finalement nous avons nagé dans des conditions au top, eau calme et « chaude », pas de vent, soleil très généreux, nuit avec pleine lune. Uniquement du vent et des nuages sur le lac du Bourget en fin de journée , très typique en montagne.

Eviter l’accident dans un tel environnement était ma préoccupation première …. aucun secours engagé, juste quelques petits bobos et des jambes de bois  le dimanche matin.

SRF: Vous progressiez en groupe, telle une tribu, les décisions semblaient prises à la fois par l’encadrement et les coureurs, peux tu nous décrire l’ambiance, l’expérience d’un tel état d’esprit ? 

« A cet instant, j’ai vu naitre autre chose »

JCB: La symbolique du groupe était l’essence de l’aventure. Il a fallu 10km (le lac d’Aiguebelette) pour que le groupe se forme complètement. A cet instant, j’ai vu naitre autre chose. Toujours difficile d’expliquer  cette sensation typique en expédition, en milieu isolé que j’ai connu mais là c’était encore plus fort.

Automatiquement, les moins performants en nage ou trail étaient encordés faisant évoluer le groupe ensemble et …..une chose assez folle, avec sourire constant. Une bonne bande de copains qui discutait et refaisait le monde tout en se surveillant les uns et les autres, accrochant ceux qui avaient un coup de mou…

L’esprit de partage était là et les grandes décisions étaient collégiales.

Je parle pour tous les membres, les accompagnants et les partenaires qui ont vu « mûrir » le groupe.

 SRF: En terme de « bobologie » qu’as tu rencontré, et quels conseils donnerais tu aux swimrunners tentés par l’aventure ? 

« 75% de la réussite est due au mental…. et le principal c’est d’avoir le sourire !! »

JCB: Comme j’ai dit au dessus, c’est la bobologie classique de l’ultra endurance avec ampoules, genoux qui coincent et la fatigue générale. Quand je vois Camille qui a atteint ses premiers 100km, son 1er trail en montagne, couru dans la neige de la Féclaz aussi pour la 1ère fois, c’est génial. 

C’est compliqué de donner des conseils sur un tel Event. Nous parlons plus d’un swimrun aventure, expédition ou tout est possible en terme de bonheur que de douleur. Il faut se préparer physiquement, être bien dans ses chaussures (au propre et au figuré) et avoir un mental d’acier. En ultra endurance, 75% de la réussite est due au mental…. et le principal c’est d’avoir le sourire !!

SRF: Quelle a été la plus belle récompense pour toi et les coureurs lors de cette aventure ? 

JCB: Ma plus belle récompense a été de voir tous ces sourires, cette union et le final sur la plage de Talloires.  Que dire de ces 10 minutes d’étreintes, d’accolades et de toutes ces larmes dissimulées. Rien que de me souvenir de la sortie d’eau, et voir tout le monde s’embrasser, se prendre dans les bras, 26 h après le départ, ça m’a fait monté les larmes (de bonheur).

Ultraswimrun Alps 2

J’ai réussi mon pari fou de proposer un ultra swimrun aventure non stop à travers les montagnes. Quand je lis les commentaires des membres du groupes sur les réseaux sociaux ou par téléphone, je suis fier d’avoir créer cela. 

Je vais le faire version montagne mais nous pensons tous dans le groupe des 20, les partenaires, les familles présentes que nous avons passé un cap dans un nouveau swimrun typé « expédition ». Il y a  d’autres ultra comme les amis du 06 avec leur traversée des Alpes-Maritime mais surtout Niklas en Suède avec le SAUC qui est une énorme aventure sur plusieurs jours dans l’archipel de Stockholm. Respect à eux, comme l’on dit plusieurs membres c’est le côté expédition authentique qui ressortira de l’Ultra Swimrun Alps.

SRF: Quel est ton programme pour le reste de la saison swimrun 2018 ?

JCB: Je sors d’un très gros surentrainement couplé à des problèmes personnels c’est pour cela que je n’ai pas pu faire l’ensemble de l’Ultra mais le repos sera salvateur pour le corps et l’esprit. 

  • Les prochaines courses officielles seront Toulon avec Laurence MNS qui a découvert le swimrun durant un des camps l’été dernier et qui a une très grosse motivation pour faire de beaux résultats. Toulon sera en mode récup mais viendra surtout Engadin et Ötillö World Cup sous les couleurs de Vivobarefoot/Head
  • Toujours en lancement de Swimrun-Events, je suis dans l’attente de voir si je créé cette société de swimrun camps en France ou en Suède tout en gardant le programme déjà établi. (fiscalité, règlementation ….lol)
  • Je vais relancer la communication et restructurer le «groupe Swimrun-Events » qui est plus qu’une team. Terrain de test matériel, accompagnement sur les évents et performance pour certains membres. Un groupe hétéroclite tout comme l’est cette discipline.
  • Préparation de l’Ultra Swimrun Alps-Together for the future qui sera relancé fin avril 2019 sous une forme qui plaira autant aux élites que les  les amoureux de la nature prêt à tenter le défi et boucler le parcours.
  • Et enfin, une vraie expédition swimrun en Asie mineure que je devais effectuer avec ma moitié scandinave mais qui sera à 4 ou 5.

« imaginez des lacs d’altitude, une rivière qui fait le lien, le désert à perte de vue et en fond les sommets enneigés….. » 

Voilà le début de l’histoire.

merci à Swimrun France de m’avoir donné la parole sur cet événement qui se doit d’être une des nombreuses voies du swimrun et notre slogan en est le symbole.

TOGETHER FOR THE FUTURE

L’Ultra Swimrun Alps Together for the future  en chiffres :

  • 26 heures
  • 120 km en CàP, 15 km en natation, 5000 m+
  • 11 hommes / 5 femmes
  • 3 lacs alpins, 2 montagnes

Le récit complet de l’aventure sur le site de Jean Christophe:

https://www.swimrun-events.com/blog/2018/05/02/ultra-swimrun-alps—together-for-the-future