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L’interview Swimrun de Philippe Lescure Président de la F.F.TRI

À l’aube de l’assemblée générale et des élections du  18 mars au CNOSF qui désignera soit Florent Roy ou Philippe Lescure (l’actuel président de la F.F.TRI depuis 2001) comme prochain président.  Philippe Lescure répond à nos questions sur les raisons d’une délégation du Swimrun au sein de la famille F.F.TRI et trace l’esquisse d’une feuille de route.

Swimrun France : Bonjour Philippe Lescure, pouvez nous vous présenter en quelques mots pour les swimrunners qui ne vous connaissent pas ?

Philippe Lescure : J’ai commencé à m’engager dans le milieu associa f à l’âge de 25 ans. J’ai d’abord œuvré dans des clubs de cyclotourisme et de cyclisme en tant que dirigeant ; dans ces structures, j’ai occupé presque toutes les fonctions. Membre fondateur du Brive Limousin Triathlon, j’ai présidé l’organisation du premier triathlon du Pays de Brive. Par la suite, j’ai été Conseiller Technique de Ligue et Président de la Ligue du Limousin.

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Lorsque Jacques Laparade (Président de la F.F.TRI. de 1991 à 2001) m’a demandé de prendre des responsabilités à la F.F.TRI., j’ai accepté bien volontiers et suis devenu membre du comité directeur fédéral (aujourd’hui conseil d’administration), du bureau exécutif, avant d’être élu Président en 2001. J’ai ainsi acquis, tout au long de ce parcours, l’expérience nécessaire qui permet d’avoir une vision globale mais aussi détaillée de notre sport.

En parallèle et jusqu’il y a quatre ans, j’étais membre du conseil d’administration du CNOSF, j’ai alors souhaité ne pas renouveler ma candidature pour exercer d’autres missions. Après la présidence de la commission des finances du CNOSF, je préside aujourd’hui celle des affaires juridiques. Celle‐ci a une grande importance. Elle examine notamment toutes les demandes de délégation, parfois étonnantes, de l’ensemble des fédérations pour des nouvelles pratiques. Cela montre l’ouverture du sport français. Nous examinons aussi les questions juridiques, statutaires, institutionnelles, posées par les fédérations et nous répondons à leurs diverses demandes.

En ce qui concerne ma carrière de sportif, j’ai d’abord débuté par le cyclotourisme et le cyclisme. J’ai ensuite bifurqué vers le triple effort avec mon baptême du feu, en 1986, en Avignon. Ma première course a été un moyenne distance. Au départ de cette épreuve, il y avait des champions bien connus comme Mark Allen et Dave Scott ; le virus était inoculé.
Depuis, j’ai participé à 150 triathlons, avec quelques uns de mes meilleurs souvenirs à l’occasion du triathlon des Cîmes sur l’Île de la Réunion, à Nice sur le longue distance (5 participations), à Embrun pour l’Embrunman (2 fois)… Je me suis testé sur toutes les distances, du Sprint au XL. En résumé, j’ai un parcours de triathlète passionné.

SRF : La F.F.TRI. a maintenant obtenu la délégation pour le swimrun. Quelle était la raison de cette demande auprès du ministère ? Qui a initié cette démarche ?

PL : Nous avons vu émerger le SwimRun les dernières années et constaté la réalité de sa pratique. Nous croyons à son devenir. Il fait partie, de toute évidence, de la famille des disciplines enchaînées pour laquelle le ministère nous confie la délégation et il nous a semblé normal d’y porter toute notre attention.

Nous avons également constaté une forte participation on des licencié‐e‐s F.F.TRI. à ces épreuves et certains organisateurs, près de la moitié en 2016, s’étaient rapprochés de notre fédération afin d’obtenir un agrément fédéral.
Nous étions alors confrontés à un dilemme car donner un avis favorable au déroulement d’une épreuve entraîne la validation de règles de sécurité présentées par l’organisation et il n’y avait, à ce moment là, pas de règles édictées. Nous avons donc, pour ces raisons, envisagé d’établir la rédaction de telles règles et il nous a semblé normal de prolonger la démarche en demandant l’agrément au ministère pour cette olympiade.

SRF : Quelles est la position du swimrun par rapport au triathlon ? Quelle portion est‐ce que ce nouveau sport représente dans la F.F.TRI. ?

PL : Le SwimRun est une discipline enchaînée, sa position est donc naturellement au sein de la « Fédération Française de Triathlon et des disciplines enchaînées ».
En 2016 il y a eu environ 15 SwimRuns organisés en France. On peut chiffrer à 4 000 le nombre d’inscriptions et à environ 2 000 pratiquant‐e‐s dont plus de la moitié sont déjà licencié‐e‐s auprès de la F.F.TRI.. Gageons qu’en 2017 ces chiffres devraient augmenter mais cela reste toutefois à comparer aux 60 000 licencié‐e‐s aux 2 900 épreuves et 100 000 pratiquant‐e‐s occasionnels enregistré‐e‐s.

Nous nous investissons dans le développement de ce e nouvelle activité car elle apporte au panel d’activités sportives fédérales un nouveau profil d’épreuve bien dans l’esprit du triathlon. Nul doute que cette pratique verra sa croissance l’installer en bonne position dans les multiples disciplines offertes à nos licencié‐e‐s et aux pratiquant‐e‐s occasionnels.

SRF : Quelles sont les prochaines échéances à court terme (2017) pour le swimrun ?

PL : Il me faut tout d’abord préciser que je ne pourrais mettre en œuvre une quelconque évolution que si je suis élu le 18 mars prochain à l’occasion de l’AG fédérale à Paris .
Dans cette hypothèse, nous proposerons deux actions majeures et réunirons le plus grand nombre possible d’acteurs du SwimRun sur une journée pour lancer ces actions. Cela fera l’objet d’une large concertation “ ouverte “ .

Premièrement finaliser des RTS (Règles Techniques de Sécurités) qu’une fédération ayant délégation se doit de rédiger. Pour cela nous inviterons “autour de la table” tous les organisateurs de SwimRun, qu’ils soient affiliés ou non à la F.F.TRI.. Il s’agira de leur présenter une proposition que nous aurons rédigé et de leur demander un avis pour avec eux éventuellement la compléter si besoin et bien sur l’adopter tous ensemble.
Dans le même temps nous lancerons un débat sur l’avenir du SwimRun en France au sein de la fédération mais aussi dans un périmètre élargie au delà de la fédération pour jeter les bases d’une réflexion approfondie sur son développement et sa pratique.

SRF : Les swimrunners sont très anxieux par rapports à deux points. Premièrement les tarifs. Comment cela va‐t‐il se passer, quelle somme les concurrents et les organisateurs devront‐ils acquitter pour chaque épreuve?

PL : Tout d’abord il faut rappeler que la loi ( même si on peut le regretter ) n’oblige pas les organisateurs à s’affilier à la F.F.TRI . Au demeurant notre objectif est bien sûr d’obtenir l’affiliation du plus grand nombre d’organisation. Il faut rappeler néanmoins que chaque organisateur a une obligation légale de demander et de recueillir l’avis de la F.F.TRI. au regard des RTS (Règles Techniques de Sécurité) et ceci qu’il soit inscrit au calendrier fédéral ou non.

Concernant les coûts :
● Pour les organisateurs, le tarif de la licence manifesta on varie selon la distance de l’épreuve et le montant de l’inscription demandé au concurrent. Cela oscille entre 150€ et 750€. Précisons toutefois que 80% des épreuves se situeront dans une fourchette de 150 à 250€ et que cette somme amène, entre autre, l’intégration au calendrier fédéral, le support des services fédéraux (administratif et technique) mais aussi une assurance adaptée et très concurrentielle au regard de ce que l’on trouve sur le marché.
● Pour le concurrent, s’il est licencié à la F.F.TRI. il n’y aura aucun surcoût. Pour les personnes qui ne sont pas licenciés auprès de la F.F.TRI, il se trouveront dans la position d’avoir à acquérir un pass‐compétion qui, dans 95% des cas, est au tarif de 2€.
● Le règlement de ce “Pass” représente un droit d’accès aux épreuves fédérales qui aide la F.F.TRI. à développer la pratique.

SRF : Et deuxièmement, les valeurs du swimrun sont très différentes du triathlon au niveau de l’engagement et de l’autonomie. Qu’en est‐il des règlements qui devront être élaborés par la Fédération ?

PL : Je ne crois pas que les valeurs soient si fondamentalement différentes. L’approche est différente mais nous partageons le même idéal d’un sport de nature et ou le maître mot doit rester le plaisir.
Concernant les règles ou règlements, nous allons, comme évoqué précédemment, proposer les RTS (Règles Techniques de Sécurité) aux organisateurs, preuve de notre démarche collégiale, celle de la prise en compte des attentes des acteurs concernés et nous travaillerons bien évidemment en prenant en compte leur avis.

Je dois préciser que les RTS ne sont pas des règles de course, et n’ont rien de comparable à celles‐ci. Les règles de courses restent de la compétence de l’organisateur et comme c’est lui qui les rédige c’est lui qui se doit de les faire respecter .
Il est utile de répéter que pour le SwimRun comme pour les Raids qui viennent de nous rejoindre nous ne prévoyons pas de règles de courses fédérales sauf et la encore exception si les organisateurs en font la demande.
Pour cela une mission SwimRun sera créée, comme cela a été le cas pour les Raids en janvier dernier, et cette mission aura, entre autres, pour rôle d’être le porte‐parole des SwimRuns à la F.F.TRI..

SRF : Comment voyez‐vous le développement du swimrun à plus longue échéance, disons 2020, la durée de cette olympiade et de la délégation ?

PL : Je crois que le swimrun comme évoqué déjà à un grand avenir . Son développement correspond à une attente de nombreux pratiquant‐e‐s .
Nous mettrons en place une mission qui sera chargée de réfléchir à l’avenir de cette pratique et donc à son développement dans le prolongement de la journée prévue prochainement et que nous pourrions qualifier d’états généraux du SwimRun.
Il sera du ressort de cette mission de nous faire des propositions. La délégation ministérielle nous entraînera naturellement vers la réflexion autour d’un challenge national voire un championnat de France et cela fera l’objet de nos premières réflexions et propositions éventuelles

SRF : Comptez vous faire un swimrun en 2017 ?

PL : Si l’occasion, m’en est donnée, cela sera avec un grand plaisir et pourquoi pas dans ma région natale le Limousin à Vassivière .

SRF : Il y a‐t‐il un autre point que vous voulez aborder ?

PL : Je voudrais simplement rappeler qu’une fédéra on à une mission de service public à assurer et c’est ce que nous voulons faire ici.
La rédaction des RTS nous semblait indispensable pour que la pratique se déroule dans tous les cas dans des conditions de sécurité optimales. Cela est primordial. Il s’agit de la protection de l’intégrité physique des participants et c’est un objectif prioritaire. Nous ne pouvons imaginer des épreuves dont la sécurité serait défaillante.

Les pouvoirs publics seront de plus en plus attentifs pour accorder des autorisations d’organisation et nous devons donc être les garants d’organisations fiables qui offrent toutes les garanties aux participant‐e‐s.
Le swimrun me fait penser aux premières heures du Triathlon et je lui prédis un développement aussi radieux . Nous en sommes persuadés, le SwimRun est promis à un très bel avenir.

Crédit photo : Philippe Lescure