Gravity Race 2016
Emmanuel Charpentier nous fait partager sa course avec Yves Louis sur la Gravity Race à Annecy (5 km natation + 34,5 km course à pied avec 2100m+ de dénivelé).
Après 20 ans d’athlé (piste, cross) et 10 ans de triathlon (tout format), j’avais envie de courses plus authentiques et nature, en lien avec mon profile plutôt coureur nageur, j’ai donc décidé en 2015 de tenter l’aventure SR avec le Troll Enez Morbihan … ce fut le “coup de foudre”. D’où une nouvelle aventure en swimrun.
Rendez vous vendredi à Annecy avec Yves Louis, trailer expérimenté et triathlète depuis 2 ans (13h15 à Embrun en 2015) de Besançon. Il pleut, on a du mal à croire que le grand soleil est annoncé pour le lendemain. On va tester la natation encordés pour décider ou pas de le faire en course. Apres un petit essai, décision est prise de nager encordés. Mais on découvre aussi que l’eau n’est pas chaude (14 à 15°, baisse de 5° en 15 jours).
départ triathlon, à 300, en plaquettes, pull, chaussures …
Samedi matin, briefing à 7h30, 300 swimrunners sont là à Veyrier du lac prêts à en découdre. Briefing très succinct juste pour expliquer la première natation, personne ne comprend rien mais c’est pas grâve(ity).
La particularité de cette course est de commencer par 800m de natation. Normalement, on commence par la course à pied pour étaler le peloton. Ce sera donc départ triathlon, à 300, en plaquettes, pull, chaussures … ça va saigner. Mauvais départ, coincé, je ne m’affole pas et je ne veux pas prendre de coup, donc je nage tranquille, je suis la masse. De toute façon, comme je ne sais pas où il faut aller… En fait le balisage aquatique est composé de 2 tout petit ballons (de fête d’anniversaire) posé sur 2 des nombreuses bouées permanentes de navigation. Je sors, je vois du monde devant, Yves est juste derrière (on n’est pas encordés pour la 1ere nat), et c’est parti pour la montée, ou plutôt la double montée, en 6 km on fait en dénivelé +350m -200 + 650m.
Je crois Yves derrière et je lui parle…
J’impose l’allure, on double rapidement du monde, je vois qu’Yves suis, je le sais bon grimpeur donc RAS, j’essaie de ne pas y aller trop fort non plus car la course sera longue. Arrive la descente (les -200m), c’est casse g… très glissant, je ne prend aucun risque donc quelques équipes plus casse-cou nous repassent et Yves me lâche; mais on les reprend vite dans les +650. La fin est très technique, avec quelques passage où il faut s’aider des mains. De la haut, on a un beau point de vue sur le lac . On longe la ligne de crête, c’est technique, là aussi. Je crois Yves derrière et je lui parle… mais ce n’est pas lui qui me répond, je ne le vois plus. Je m’arrête dans une petite clairière où un spectateur est là, il m’annonce que l’on est douzième sauf que le nous, c’est moi. Deux équipes passent et Yves arrive. On commence la des-escalade puis une longue descente en forêt avec une bonne accroche, on se lâche.
Je demande à Yves de fermer ma combi derrière…
Arrive le lac, ravito, on se prépare pour aller à l’eau. Je demande à Yves de fermer ma combi derrière. Il essaie plusieurs fois et me dis OK. Je l’encorde, je l’attend … faut mettre les lunettes, faut mettre les plaquettes … c’est long. Un conseil, si vous voulez faire plusieurs SR et courez après le temps, prenez une combi SR, à la fin de la course, les secondes perdues représentent des minutes.
Bref, on se met à l’eau … et j’ai comme une sensation de froid dans le dos. Je ne sais pas ce que Yves a fait mais ma combi est totalement ouverte, pas grave, va falloir nager 730 m comme cela. Problème encore une fois, mais vers où? Le balisage est toujours ces pauvres ballons jaunes de 20 cm à suivre, soleil de face, à 200m, difficile de les repérer. Donc je suis les swimrunners que je vois au loin. C’est la sortie et c’est reparti pour la cap, on est toujours encordés, c’est un des seuls passages de la course où on pourra bien courir. Je tracte Yves et je ne le sens pas super. Deuxième ravito et on entame une montée +400m en environ 4 km. Yves est dans le dur. Je me dis, la journée va être longue. Voilà enfin la descente, une bonne descente.
Sorti de l’eau et ça repart pour une bonne grimpette
On repart pour 1000m de nat, je sens que là aussi, je tract plus Yves. Sortie de l’eau et ça repart pour une bonne grimpette, + 300m en 3 km. Yves se sent mieux au fur est à mesure de la montée et on finit bien. Comme à chaque fois, on a repassé 3-4 équipes dans la montée. La descente commence, et c’est hyper glissant, hyper dangereux, je tombe, 1 équipe passe est les 2 binômes tombent, on passe une équipe à l’arrêt (1 des 2 équipes à être parties en trifonction !!! l’autre finira 2ème, fallait être courageux). Yves me lâche car il sait que le temps qu’il se prépare à la transition, je serais prêt en même temps que lui (je n’ouvre plus ma combi). Sans se parler, je me suis dis la même chose et donc je descend sans prendre de risque. Et on est effectivement prêts en même temps. Cette fois, on décide de ne pas s’encorder. On doit traverser la lac en largeur (870m), on nous fixe donc des ballons pour indiquer notre présence aux bateaux. Vous voyez la bâtisse blanche, la sortie est à droite … cool, ce sera la seule fois où je nagerais en sachant où aller.
On saute d’un ponton à 2-3m de haut, sympa, et c’est parti. Je nage mal, je m’en rend compte, Yves nage dans mes pieds. Au fur et à mesure, je glisse mieux jusqu’à 200m de la rive et là, je ne sens plus le bas de ma jambe gauche, cela me stresse et je nage n’importe comment. Yves revient à ma hauteur et on finit côte à côte. Un petit ravito avec du thé chaud, un petit mot avec des amis d’Yves qui sont venus nous encourager (c’est sympa) et on repart sur quelques mètres sur une piste cyclable (cela me convient bien) … mais non, on prend un chemin très pentu dans les fourrés avec une trace moins large que mes épaules … c’est c…., je râle. Après +200m en 2 km environ enfin le point haut arrive avec une jolie vue sur le lac, mais à ce moment, je m’en f… . De nouveau un passage piégeux, une équipe nous passe. Cela devient roulant, on les repasse. Yves est bien et imprime un bon rythme. Cela me convient bien. On arrive sur une partie goudronnée et je repasse devant jusqu’à la mise à l’eau qui nous semble loin.
L’équipe qui nous avait passé dans la dernière montée nous passe
On arrive à l’eau et là personne pour nous dire où aller, juste des spectateurs qui nous disent qu’ils faut aller à gauche. On sait que c’est la plus longue nat (1700m) et qu’ensuite c’est finit. Yves met là encore un temps fou à se préparer et on y va. Le fond descend lentement donc on en profite pour grappiller des mètres sans nager. Je pars devant, Yves dans mes pieds (de nouveau pas encordé). On est avec une équipe avec qui on aura jouer à se dépasser plusieurs fois dans la journée. L’équipe qui nous avait passé dans la dernière montée nous passe. Visiblement, le 1er est un bon nageur. Son binôme est encordé et a pris un tuba. Il a juste à suivre dans ses pieds. Je me dis, tient une bonne locomotive. Je profite de l’aspiration. Je pense que Yves aussi. On nage, on nage, on s’arrête …”il faut aller où”, “j’en sais rien, je suppose qui faut suivre la rive jusqu’à ce que l’on trouve la sortie”, et c’est reparti … Sauf que Yves est au loin, il n’a pas pris le bon wagon. À un moment, je commence à avoir froid et je perd les pieds du gars devant. Eh oui, fausse joie, moi qui avais réussi à ne pas avoir froid depuis le début, et ben j’y suis. Je crampe au mollet droit, j’ai mal aux quadriceps (je ne savais pas que les quadriceps servaient à nager !). Je fais des talons fesses en nageant pour évacuer la douleur (si vous n’avez jamais vu un nageur faire du talon fesse en plaquette pull boy, je vous laisse imaginer). Je sors enfin, j’ai pas chaud.
J’attend Yves une bonne minute, c’est long en claquant des dents. Et c’est parti pour 1 km de cap jusqu’à la ligne d’arrivée. Une équipe revient sur nous, on ne va pas les laisser nous dépasser on accélère donc pour finir 23ème sur 150 en 7h07 (soit 5,5 km/h). Content de notre journée. Il ne reste plus qu’à se ravitailler et profiter du soleil sur la plage.
Les vainqueurs sont les suédois, vainqueur et recordman d’Ötillö 2016. Les seuls a avoir trouvé l’eau bonne.
Au final, un bon swimrun, avec des points forts et des points d’améliorations. A réserver par contre pour les swimrunners amateurs de trail en montagne technique, ce qui n’est pas mon cas. Je préfère Engadin où les descentes sont plus roulantes.
A noter qu’en 2017, l’équipe Gravity Race offrira une deuxième épreuve en France au lac du Salagou. 36 km plus roulant. Cela peut être sympa.
Hommes: Daniel Hansson et Lelle Moberg , Swedish Armed Forces en 05:48:11
Mixtes: Clement Boissiere et Corinne de Parseval, 06:40:07, Team Swimrun Paris
Femmes: Hélene Moore et Solene Quinio en 08:08:04