Interview

Yoann Pérignon : L’entraîneur passionné qui carbure au swimrun

Yoann Pérignon, 28 ans, entraîneur de triathlon et préparateur physique à Montpellier, est un athlète passionné avec un parcours sportif riche et atypique. Issu du monde du triathlon, Yoann s’est essayé à de nombreuses disciplines sportives avant de trouver sa voie dans le swimrun. Le swimrun, qu’il a découvert en 2021, l’a séduit par son format unique, combinant natation et course à pied en pleine nature.

Du badminton au triathlon, Yoann a toujours recherché le dépassement de soi. C’est en 2019, lors de sa rencontre avec Dylan Vialettes, un nageur du Pôle France de sauvetage, qu’il s’initie au swimrun. Ensemble, ils remportent le sprint du Swimrun de la Grande Motte en 2021. Une victoire qui a marqué un tournant dans la vie sportive de Yoann, l’incitant à délaisser le triathlon pour se consacrer pleinement à cette nouvelle discipline.

Aujourd’hui, Yoann s’épanouit dans le swimrun, un sport qui lui permet de combiner sa passion pour le sport et la nature. Sa connaissance approfondie du triathlon et son approche décontractée de la compétition font de lui un athlète unique et inspirant. Yoann n’hésite pas à partager son expérience sur Instagram, encourageant les autres à découvrir ce sport et à se dépasser. Le swimrun, bien plus qu’une simple discipline sportive, représente pour Yoann une véritable aventure humaine et une communion avec la nature.

L’avenir sportif de Yoann s’annonce prometteur, avec de nouveaux défis à relever et des aventures à partager. Sa participation à l’ÖtillÖ, aux côtés de son binôme Alexandre, témoigne de son ambition et de sa détermination. L’occasion de démontrer une fois de plus sa capacité à s’adapter et à repousser ses limites, tout en gardant cet esprit décontracté qui le caractérise.

Jeunesse et parcours sportif

Swimrun France: Yoann, tu as un parcours sportif très diversifié. Comment tes expériences dans des sports comme le badminton, le tennis et le triathlon ont-elles contribué à ton succès en swimrun ?

Yoann Pérignon: Depuis tout petit, je bouillonne d’énergie ! Le sport était le seul moyen de canaliser cette hyperactivité, et j’ai exploré de nombreuses disciplines en compétition. Chacune m’a apporté des compétences différentes :

– J’ai acquis une bonne motricité, un bon cardio, et un mental d’acier. – Chaque sport a contribué à mon endurance, ma concentration et ma capacité à repousser mes limites, autant physiquement que mentalement.

En chemin, j’ai eu la chance de croiser des entraîneurs exceptionnels, des kinés, des ostéopathes, et bien sûr, le soutien de ma famille. Ce sont eux qui m’ont permis d’aller plus loin à chaque étape de mon parcours.

Swimrun France: Qu’est-ce qui t’a attiré vers le triathlon, et pourquoi as-tu choisi de te concentrer sur le swimrun par la suite ?

Parmi tous les sports que j’ai explorés, la natation et la course en demi-fond, surtout le 3000 mètres steeple au lycée, ont eu un impact particulier sur moi. Plus tard, à la fac de sport à Brest, j’ai rencontré deux amis, Brieuc et Mark-Allen, un cycliste et un nageur, et on a décidé ensemble de relever le défi du triathlon du Moulin Blanc en relais. J’ai pris la partie course à pied, et… j’ai adoré ! Je savais nager, pédaler et courir, alors pourquoi ne pas essayer le triathlon en solo ? Mon premier a été celui de Lorient, près de chez moi, et dès cette première expérience, j’ai accroché.

Puis, un peu plus tard, j’ai rencontré Dylan Vialettes, nageur au Pôle France de sauvetage. On a bien sympathisé et décidé de tenter un swimrun ensemble, car lui était surtout nageur, et moi plus orienté course à pied. J’ai tout de suite adoré : le vélo étant mon point faible, ce format m’allait parfaitement. Et l’idée d’enchaîner plusieurs fois natation et course à pied m’a vraiment séduit, tout comme le fait de pouvoir partager une vraie aventure en binôme.

Swimrun France: Y a-t-il des compétences ou des leçons que tu as tirées de tes autres sports et qui t’ont été utiles pour le swimrun ?

Absolument ! Chaque discipline m’a apporté des compétences essentielles pour le swimrun :

– La natation et le triathlon m’ont offert des bases solides en technique d’eau libre et une capacité à gérer les transitions.

– L’athlétisme a forgé mon endurance et ma vitesse.

– Les sports de raquette, comme le badminton et le tennis, m’ont aidé à développer la coordination, l’agilité et la concentration, ce qui est crucial pour s’adapter aux terrains variés en swimrun.

En termes de leçons, j’ai appris à ne jamais abandonner, jusqu’au dernier point, tout peut basculer ! Que ce soit dans un match de tennis ou un cross-country dans le froid hivernal,

je me suis souvent poussé à l’extrême pour franchir la ligne d’arrivée. J’ai aussi découvert combien partager une expérience avec un partenaire pouvait amplifier le plaisir et la motivation, comme en double au badminton ou au tennis.

Découverte et passion pour le swimrun

Swimrun France: Raconte-nous ta première expérience en swimrun à La Grande-Motte. Qu’est-ce qui t’a marqué ce jour-là ?

À l’époque, je suivais une formation pour devenir maître-nageur, et c’est là que j’ai rencontré mon premier partenaire de swimrun : Dylan Vialettes. Nous avons bien accroché, alors on a décidé de s’engager ensemble sur le swimrun de La Grande-Motte, une course idéale pour débuter, avec un parcours plat et une mer calme. Lui, un nageur de haut niveau en sauvetage, et moi, plus axé sur la course à pied, on formait une équipe complémentaire.

On a passé des supers moments à s’entraîner ensemble dans un lac près de Montpellier : le lac du Cres, pour s’habituer aux transitions et à la longe. La course s’est déroulée sans accrocs majeurs, et malgré des transitions perfectibles, nous avons terminé en tête au classement général ! Ce qui m’a marqué, c’est le plaisir de partager cette aventure en duo. Dans mes autres sports, j’étais toujours en solo ; ici, j’ai découvert la magie du binôme, avec le soutien, les échanges, et une victoire qu’on savoure ensemble. C’était super !

Swimrun France: Comment ton amitié avec Dylan Vialette a-t-elle influencé ton engagement dans le swimrun ?

Cette première expérience m’a laissé un souvenir inoubliable, mais je n’ai pas tout de suite basculé exclusivement vers le swimrun. Pendant un moment, j’ai continué dans le triathlon, notamment avec le CRV Lyon Triathlon. Mais l’entraînement en vélo me plaisait de moins en moins, et le plaisir que je trouvais dans la natation et la course à pied a peu à peu pris le dessus. C’est là que le swimrun s’est imposé comme une évidence : les nombreuses transitions, le partenariat, l’aventure partagée… tout cela me parlait profondément. Le swimrun est devenu ma discipline de cœur.

Swimrun France: En tant qu’entraîneur de triathlon, comment abordes-tu l’entraînement pour le swimrun, une discipline si différente ?

L’entraînement pour le swimrun exige une approche très spécifique, car il ne s’agit pas seulement de nager et de courir, mais de jongler entre ces deux sports avec des transitions répétées en pleine nature. Contrairement au triathlon, il faut apprendre à enchaîner plusieurs sections de natation et de course en restant concentré, souvent dans des conditions changeantes.

Je commence par adapter le programme à chaque athlète, en tenant compte de son emploi du temps, de ses objectifs, et de son niveau en natation et en course à pied. Ensuite, je mets en place des entraînements combinés natation/course pour habituer le corps aux transitions multiples, souvent avec des exercices comme courir avant et après une session de natation en piscine.

J’accorde également une grande importance à la gestion de l’équipement et aux techniques de transition. Par exemple, apprendre à bien courir avec une combinaison et à optimiser le changement de rythme entre les segments de natation et de course. Enfin, je travaille avec mes athlètes sur la stratégie nutritionnelle, car le swimrun peut être exigeant sur ce plan, surtout pour les courses longues.

Mon but est de les préparer à affronter le swimrun dans son ensemble : l’endurance, bien sûr, mais aussi la capacité à s’adapter aux imprévus et à évoluer en binôme, car c’est un sport d’équipe où le mental est tout aussi essentiel que le physique.

Swimrun France: En tant que promoteur et influenceur swimrun sur Instagram, quel type de feedback reçois-tu de ton audience ? Penses-tu que ton positionnement te permet de toucher un public différent de Swimrun France ou l’Instant Swimrun ?

Je reçois énormément de retours positifs, d’encouragements et de messages bienveillants de ma communauté, que je remercie sincèrement.

Mon audience est principalement composée de swimrunners, mais elle inclut aussi des triathlètes, des coureurs, et même des nageurs. Mon but sur ce réseau est de partager mes aventures sportives en toute simplicité, sans se prendre la tête, et surtout de donner envie à chacun de se dépasser. J’essaie aussi de les aider à progresser et d’échanger sur leurs propres expériences, pour que cette passion continue d’inspirer et de fédérer toujours plus de monde.

Binôme avec Alexandre Dumoulin et préparation pour l’ÖtillÖ

Yoann et Alexandre devant le palais du festival de Cannes

Swimrun France: Comment as-tu rencontré Alexandre Dumoulin, et qu’est-ce qui vous a motivés à former un binôme ?

Nous nous sommes croisés pour la première fois à l’Ötillö de Cannes en 2023. On n’a pas vraiment échangé à ce moment-là, mais début 2024, alors que chacun réfléchissait à la saison à venir, Alexandre m’a contacté. On a rapidement réalisé qu’on partageait le même objectif : viser le podium de l’Ötillö 2024. Nos compétences sont complémentaires : Alexandre est un nageur, et moi, je suis plus coureur. C’était le combo parfait pour relever ce défi ensemble !

Swimrun France: Quels sont les points forts de votre binôme et comment complétez-vous vos compétences respectives ?

Notre binôme a plusieurs atouts :

– La complémentarité : Alexandre excelle en natation, et moi en course à pied. Cela nous permet de maximiser nos forces respectives sur chaque segment, créant un équilibre naturel dans la course.

– La détermination : On a tous les deux un esprit de compétition solide, et on se pousse constamment l’un l’autre à donner le meilleur jusqu’à la ligne d’arrivée. – L’esprit d’équipe : Alexandre est la “force tranquille” du duo. Quand j’ai tendance à vouloir foncer dès le départ, il sait garder son calme et m’aide à tempérer mon rythme, pour qu’on trouve ensemble la meilleure cadence.

C’est cette dynamique unique qui fait notre force !

Swimrun France: Votre préparation pour l’ÖtillÖ a été marquée par une blessure. Comment as-tu géré cet obstacle ?

La saison avait super bien commencé, avec des victoires, mais lors du swimrun de Cancaven près de Saint-Malo en Bretagne, j’ai trébuché sur une cordelette et me suis luxé l’épaule à deux mois de l’Ötillö. Heureusement, grâce à une équipe de kinés et médecins formidables, j’ai pu adapter mon entraînement en ajustant progressivement volume et intensité. Petite anecdote : la veille de la course, j’ai tenté de nager 400 mètres avec des plaquettes, et la douleur m’a fait douter de ma capacité à nager les 9 kilomètres en mer le lendemain ! Mais le jour J, l’adrénaline a pris le dessus, et j’ai pu donner tout ce que j’avais.

Swimrun France: Comment s’est déroulée la course ÖtillÖ ?

La course a été intense, unique, et pleine de défis ! Dès le départ, on s’est bien placés dans le peloton de tête, suivant les deuxièmes, des Suédois qui connaissaient le parcours par cœur et nous ont ouvert la voie. Jusqu’à la fameuse “Pig Swim” — la plus longue et glaciale section de nage — tout allait parfaitement. Mais cette portion dans l’eau froide a été un véritable choc. Après ça, j’ai eu un mal fou à me réchauffer, et chaque pas en course à pied est devenu un calvaire.

Malgré les difficultés, nous avons tenu bon et terminé 7èmes. Cette expérience reste une immense fierté : l’Ötillö est une course qui vous pousse dans vos retranchements, à tous les niveaux. Pour tous ceux qui rêvent de s’y lancer, préparez-vous bien physiquement et

mentalement. C’est une aventure qui vous marque et qui vous fait découvrir des forces insoupçonnées, un souvenir gravé pour la vie.

Vision du swimrun et projets futurs

Swimrun France: Quels sont tes projets pour l’avenir dans cette discipline ?

Pour l’instant, mon objectif est de continuer à prendre du plaisir et performer au niveau international. Mon but est aussi de promouvoir le swimrun à travers ma pratique et également sur les réseaux sociaux, pour aider les passionnés à progresser, mais surtout pour faire découvrir cette discipline. Échanger avec les autres athlètes et continuer de créer une vraie communauté swimrun serait pour moi un accomplissement.

Swimrun France: Quel message souhaites-tu transmettre aux personnes qui hésitent à se lancer dans le swimrun ?

Je leur dirais de foncer ! Le swimrun, c’est bien plus qu’un sport : c’est un moment d’osmose avec la nature, une aventure en binôme, et un défi personnel. Inutile d’être un champion en natation ou en course pour commencer. Il suffit de se lancer et de profiter du moment. Je suis certain que vous allez adorer !

Anecdotes et personnalité

Swimrun France: Tu es connu pour une approche décontractée de la compétition. Raconte-nous une anecdote amusante ou insolite survenue lors d’une course.

C’est vrai que j’essaie toujours de paraître détendu, mais en réalité, à l’intérieur, je ressens quand même ce petit stress avant chaque compétition ! Heureusement, c’est du bon stress, et dans le swimrun, je le vis différemment par rapport à d’autres sports comme le triathlon. Peut-être que ça vient du fait que chaque course est une aventure à part entière et que je la partage avec un partenaire, donc je me sens moins seul.

Si je devais choisir une anecdote amusante, celle de l’Ötillö Cannes en 2023 me vient en tête ! Je faisais la course avec Fabien Besançon. On est partis fort dès le début, mais dès la première section de natation, on s’est perdus de vue. J’étais persuadé qu’il était devant moi, alors j’ai continué d’accélérer, pensant devoir le rattraper. Mais au bout d’un moment (plus d’une heure de course quand même !), je me rends compte qu’il est… derrière moi !

Donc j’ai du l’attendre puis tout est rentré dans l’ordre, nous avons continué et finis la course ensemble.

Swimrun France: Qu’est-ce qui te fait rire dans le monde du swimrun ?

Le swimrun réserve souvent des surprises amusantes : se perdre en route, croiser des animaux sauvages, s’emmêler avec la longe de son partenaire, ou encore oublier de fermer sa combinaison avant de plonger dans l’eau. Ces petits imprévus font partie du charme du swimrun et créent des superbes souvenirs !

Retrouvez Yoann Pérignon et son binôme Alexandre Dumoulin dans l’instant swimrun

IG : @yoann.perignon
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