L’Aquaterra, le swimrun à (re)découvrir

21 July 2024 akunamatata

“Si vous ne saisissez pas ce que vous voulez, vous ne l’aurez jamais. Si vous ne demandez pas, la réponse sera toujours non. Si vous n’avancez pas, vous resterez toujours au même endroit. »
Nora Roberts, romancière américaine.

Une fois n’est pas coutume, ce compte-rendu du swimrun de l’Aquaterra commence par une mise en lumière des 374 bénévoles sans qui ce superbe évènement n’existerait pas. A sa tête, la fondatrice et organisatrice en chef de ce festival des sports nature – Corinne Sabatier – qui investit une énergie incroyable pour dynamiser ce territoire qu’elle chérit tant.
Plantée au milieu de la “diagonale du vide”, l’Aquaterra se déroule autour et sur le Lac de Bort-les-Orgues. C’est un territoire sauvage et méconnu (comme pour Brest, “on n’y passe pas, on y vient!”) aux confins de deux régions (l’Auvergne et le Limousin) et de trois départements (la Corrèze, le Cantal et le Puy de Dôme).

La retenue EDF du barrage est un formidable terrain de jeu sur l’eau comme sur terre. Sous la houlette de Corinne, les bénévoles arpentent, nettoient et ouvrent de nouveaux sentiers tout au long de l’année pour permettre aux trailers, randonneurs et swimrunners de se retrouver lors de cette grande fête du sport qu’est l’Aquaterra.

Quand on connaît la difficulté d’organiser un événement (notamment sportif…) aujourd’hui, je mesure l’incroyable force de caractère qu’il a fallu pour réussir à obtenir les autorisations nécessaires.

Pour ma part, cette course est une découverte complète. A une semaine de la Yotta XP élites sur Vichy, qui s’annonce épique et difficile, je me suis inscrit sur le format M qui annonce 20 km (23 km à ma montre au final pour 700 de D+) dont un peu moins de 3 km de nat. Pour vivre cette aventure, je compose un binôme inédit et prometteur avec une autre SRFO: Marie-Amélie NICOLAS. Ma partenaire est une magnifique coureuse (3 heures au marathon) et superbe nageuse. Je suis enthousiaste de vivre cette course avec elle.

Le départ se fait depuis l’imposant et remarquable château de Val. Sauvé de justesse de la noyade, sa silhouette se reflète maintenant dans les eaux du barrage de Bort- les orgues, lui donnant ainsi un cadre exceptionnel. Il est désormais niché sur une petite presqu’ile en bordure de lac.

Nous sommes une centaine de concurrents à scruter la rive opposée du lac qui marquera la fin de la première section de nage. Notre stratégie de course est assez simple: je prends le lead en cap et Marie en nat. Pour le reste…Feu!

Le départ est donné ! Nous entrons dans l’eau aux côtés d’un autre binôme mixte également. Ils rejoignent le rivage avant nous et nous sommes troisièmes au scratch quand nous posons pied au sol. Le parcours est technique et nous sommes contraints d’utiliser nos mains pour nous extraire de cette surface rocailleuse. Une ascension abrupte nous tend les bras. Marie a du mal à retrouver son souffle mais nous revenons finalement assez vite au niveau de Floriane Richard et Guillaume Poullain, les premiers mixtes du L. Nous atteignons la crête de cette première colline avec un rythme cardiaque déjà au taquet.

Cette portion de cap est la plus longue et la plus technique avec un D+ conséquent. Marie n’est pas à l’aise sur les descentes et je joue au gentleman en lui prenant la main pour servir d’appui. Un puis deux binômes masculins nous doublent, dont le copain Sébastien.
Nous poursuivons nos efforts au côté de deux traileurs. Nous prenons le temps d’échanger sur le parcours jugé aussi exigeant que sublime. La végétation est dense et le soleil lourd n’arrive pas à pénétrer les ténèbres de cette forêt multi-centenaire. A jouer aux pipelettes, nous sommes à deux doigts d’emprunter la mauvaise direction.

Nous retrouvons terre … à la verticale!

C’est l’heure de retrouver l’eau ! Marie me demande de passer devant sur la nat. Néanmoins, au bout de quelques mètres, elle est comme un chauffeur de formule 1 qui trépigne de doubler un petit vieux sur une départementale de montagne sinueuse. On revient à notre stratégie initiale…😅

Nous retrouvons terre … à la verticale! Une corde de plusieurs mètres nous permet de retrouver un sentier une dizaine de mètres plus haut que le rivage. Notre progression est bonne et nous ne distinguons pas de réels poursuivants jusqu’à la dernière nat durant laquelle Marie fait le job. Un binôme masculin se fait menaçant mais cela ne dure pas. C’est la dernière section avant l’arrivée et nous ne voulons pas voir un autre binôme nous doubler. On garde au chaud notre deuxième place.

Le passage extraordinaire dans les entrailles de l’immense barrage ne suffit pas à calmer les douleurs aux cuisses de ma partenaire, qui n’a pas encore totalement récupéré de l’ultra Vermeille quelques semaines plus tôt.

Je maintiens une bonne allure car il ne reste plus qu’un gros kilomètre avant l’arche d’arrivée. Et là, surprise ! Le binôme mixte qui domine la course depuis le départ est à une dizaine de mètres de nous ! Lui n’a clairement plus rien dans les chaussettes et elle semble vouloir aller à la bagarre. Marie a à peine le temps de lancer un poétique ” et merde…”, elle a compris! 😅 Ni une, ni deux, je jette mon cerveau, je garde le silence et j’accélère pour que nous arrivions à une allure de 3’37/km. La danse de la longe est virevoltante. C’est grisant! 🙂 Nous poursuivons notre effort conscients que le trou a été fait. Nous distinguons l’arche d’arrivée sur la bucolique petite place du centre ville.

Je suis heureux. Cette course fut un régal : paysages magnifiques, parcours nature, bénévoles aux petits soins, organisation parfaite, retrouvailles des copains venus des 4 coins de France dans ce vrai paradis et, cerise sur le gâteau, une première place avec une nouvelle partenaire de course géniale.

Vous l’aurez compris: l’Aquaterra est peut-être loin de tout mais pour ceux qui ne connaissent ni le lieu, ni l’événement, mettez une croix dans votre calendrier pour avoir la chance d’y être sur l’édition 2025!