Compte-rendu de courseCourses

Ötillö World Series 2023, Yes I Cannes

Hugo Nissa se lance dans le swimrun, un sport qui suscite sa curiosité et son envie. Il a créé un blog [voir la référence à la fin de l’article] où il partage ses premiers pas dans cette discipline. Il bénéficie également du soutien et des conseils de la communauté de Monaco (Matteo Testa, Sophie Bufton, Bruno Carbone), qui lui apportent leur expérience précieuse. Il se prépare à relever un défi de taille : participer à la World Series ÖtillÖ Cannes 2023, sa première course de swimrun. 👇Hugo Nissa

Le 14 octobre 2023 restera gravé dans ma mémoire comme mon premier swimrun. C’était mon défi de l’année: l’Ötillö World Series de Cannes en solo. Voici comment s’est déroulée cette incroyable aventure.

Préparation et Anticipation

Le 23 Juillet 2023 je me suis fixé l’objectif de participer à l’Ötillö World Series de Cannes et d’être finisher sur cette course. 
Depuis plusieurs années, je voulais commencer le swimrun. Je me suis dit que cette année serait la bonne. Au début, je voulais faire une épreuve courte, de 13 km au total. Mais j’avais réellement envie d’aller plus loin dans le challenge, et de tenter une épreuve plus longue : l’Ötillö de Cannes avec ses 32.3 km de course à pied incluant 345 m de dénivelé positif et 8.05 km de natation.

Ayant essuyé plusieurs échecs sur des projets qui me tenaient à cœur pendant le premier semestre 2023, j’avais besoin de me mettre dans un bon plan d’entraînement et d’avancer. Étant de la région, la traversée de l’île Ste Marguerite me semblait particulièrement effrayante à faire en solo, surtout dû au fait que je ne nageais plus sérieusement depuis mon triathlon longue distance en 2019.
J’ai réalisé un plan d’entraînement sur 10 semaines, un volume moyen aux alentours des 8 heures par semaine. J’ai adapté ce plan au swimrun par rapport à mes lectures et connaissances en triathlon. J’ai beaucoup nagé en eau libre, à la réserve à Nice.

Etant père de famille, la principale difficulté pendant mon plan d’entraînement était de trouver le temps pour effectuer les sorties longues le week-end. Du à cela, je n’ai probablement pas eu assez de volume d’entraînement en natation.
Les doutes la veille de la course

Ayant des expériences sur plusieurs courses d’endurance longue, j’étais persuadé que je réussirai à finir ce swimrun, coûte que coûte.
Mais la veille de la course, je réalise que les 3 barrières horaires pouvaient être sélectives, selon la tournure des événements. Je me suis alors mis à douter.

J’ai partagé ce doute avec Sophie de Swimrun Monaco qui m’a donné l’astuce brillante d’écrire toutes les distances et les temps sur mes plaquettes avec un feutre. On s’est donc retrouvé au bar de l’hôtel Juliana, juste après avoir retiré le dossard, à écrire frénétiquement sur nos plaquettes.
Concernant mon matériel, j’ai eu le temps de préparer et de tout essayer plusieurs semaines avant la course. Voici la checklist que j’utilise. J’avoue avoir passé une nuit agitée avant la grande course.

Les quelques heures avant l’épreuve

Lorsque je me suis retrouvé sur le bateau pour rejoindre l’île Ste Marguerite, j’ai eu l’impression de ne voir que de vrais athlètes sur le bateau. C’est la première fois sur une course que j’ai cette impression. Je m’aperçois alors que le swimrun est encore un sport confidentiel, réservé aux vrais initiés contrairement au tri et au trail.

Une fois monté au fort de Sainte Marguerite, l’ambiance était détendue, et tout le monde était là pour vivre une superbe aventure. J’ai pu voir les stars de la discipline se changer au milieu des athlètes lambda, en rigolant, sans se prendre au sérieux.
Je me suis équipé, puis les portes du fort se sont fermées, et tous étaient prêts pour le départ. Un compte à rebours a été mis, et les participants ont été libérés du fort. Quelle mise en scène superbe !

La course

Départ sur les îles de Lérins

Commence alors le tour de Ste Marguerite, une première nage sur Ste Marguerite et la traversée vers l’île St Honorat. Nous avons longé le vignoble et l’abbaye de Lérins avec ses bâtiments datant du XIe siècle. Rapidement distancé sur la nage, je me retrouve seul, mais que ces îles sont belles ! La course à pied est plutôt plate, et uniquement sur du chemin.

A nouveau on traverse vers Ste Marguerite. A ce moment-là, j’aurais dû voir les statues sous-marine de Jason de Caires Taylor, mais je les ai loupées, peut-être trop concentré sur ma nage. J’arrive rapidement au premier cut off que je passe avec 22 minutes d’avance. C’est un grand soulagement. Je vais pouvoir faire ma traversée vers le continent. Finalement, ce ne fût pas si effrayant. D’abord l’eau était extrêmement claire et à tout moment de la traversée, je voyais le fond de l’eau. Ce n’est pas très profond d’ailleurs. Et ensuite, la mer était d’un calme plat. Pas de courant, pas de houle.

L’arrivée sur le continent

Suite à cette nage, j’arrive sur la croisette. La quiétude des îles a laissé place à la foule Cannoise. La route n’est pas bloquée, donc il faut slalomer entre les piétons, les vélos et les enfants en trottinette. Mieux vaut donc garder de la lucidité. Le deuxième cut off est franchi avec 10 minutes d’avance. J’ai encore un peu de marge et je suis confiant. Mais la natation commence à peser, et la montée à venir laisse des traces.

A nouveau, le paysage change complètement, on monte vers la vieille ville Cannoise puis jusqu’à la Croix-Des-Gardes dans un grand parc boisé. J’ai commencé à souffrir sur cette section de course à pied, puisqu’on prend 150 mètres de dénivelé en 3 km.
La descente est douce, et je dois accélérer car le 3ème et dernier cut off se rapproche. A présent, je peine réellement sur la nage, je suis obligé de faire de courtes pauses pendant mes nages. J’ai encore du jus sur la course à pied et je donne tout.

J’arrive au troisième cut off avec seulement 5 minutes d’avance. Sans indications sur les plaquettes, je n’aurais peut-être pas franchi cette barrière. A ce moment-là, je fais le plein de confiance et me dit que j’atteindrai la ligne d’arrivée coûte que coûte car je n’ai plus de cut-off.

C’est vite dit ! Car après une belle ascension sur un chemin de funiculaire désaffecté et une descente dans une “jungle” où il me faut parfois ramper pour avancer, j’attaque une nage de 1000m dans une mer agitée avec un vent de face à 25 nœuds. Et oui… à 15h, le vent s’est levé…

Et là, je suis allé chercher dans mes toutes dernières ressources pour terminer cette nage. J’étais épuisé. Je me suis mis à faire des sortes de fractionné de natation. Je nageais pendant 5 minutes puis je prenais 30 secondes de pause, et ainsi de suite. Et enfin je suis arrivé à la rive, j’ai pris le dernier ravito et je suis reparti.

Ma chérie et mon chien sont venus me donner du courage pour la fin, et m’ont accompagnés. Rapidement j’atteins la dernière nage de 600 mètres. La mer se creuse, je bois la tasse plusieurs fois, mais j’entends le speaker crier. Après de longues minutes dans une mer agitée, j’arrive enfin et je m’écroule après la ligne d’arrivée. ça y est, j’ai réussi mon défi !

L’arrivée

J’ai été surpris par le nombre de personnes qui viennent me féliciter alors que je suis arrivé en 8h35. J’ai trouvé cela particulièrement touchant. Et je repense alors à cette magnifique journée, aux paysages exceptionnels que j’ai traversés, au fond marins, à la jungle. Et même si ce fût difficile, je sens déjà que ce sport fera partie de ma vie pendant longtemps.

Conclusion

Au même titre qu’un ultra trail, cette épreuve a une dimension d’aventure et de vrai défi contre ses peurs et incertitudes. Les conditions météorologiques peuvent changer radicalement toute la physionomie de la course.
La sécurité et le nombre de bénévoles répartis sur tout le parcours est beaucoup plus grand que pour d’autres disciplines d’endurance. Un bateau et des kayaks étaient présents sur les 8 km de nage. Je remercie ces anonymes pour nous avoir fait vivre cette journée.
Même si je viens de la région, la diversité des paysages de cette course est remarquable.

Je remercie également l’association Swimrun Monaco et particulièrement Matteo pour ses conseils en natation, Sophie qui m’a réellement initié au swimrun, et Bruno sans qui je n’aurais pas pu prendre le départ de la course 😉.

🧬 relecture Bing ai
✍️Hugo NIssa 🔗 https://swimxrun.com/a-propos/
📷 crédit photos Akuna / Quentin Honoré / ÖtillÖ