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Les Givrés de la Côte d’Azur aux World championships winter swimming Bled 2023 Slovenia

Nous connaissons Alex et Kate Bermond comme des swimrunners de très bon niveau. Participations multiples aux Championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ, directeurs de course du swimrun Riviera Nice-Eze, le couple niçois possède un CV bien étoffé dans notre milieu. Les conditions froides dans lesquelles se déroulent les swimruns nordiques les ont poussés à chercher l’acclimatation en eaux froides à travers la discipline Winter Swimming. Alors l’ice swimming serait il le complément idéal à l’adaptation au froid pour notre sport ? Alex et Kate avec les Givrés de la Côte d’Azur ont défié les eaux glacées de Slovénie lors des 13e Winter Swimming World championships à Bled, du 23 au 29 janvier 2023. Dans une eau à 5°C, ces neuf nageurs niçois ont relevé le challenge avec brio en remportant un total de 14 médailles d’or, d’argent et de bronze.

Leur secret ? Des techniques d’entraînement atypiques et innovantes, qui ont permis à cette équipe de rivaliser avec les meilleurs nageurs expérimentés des pays nordiques. Malgré leur entraînement en mer dans une eau à 14°C, ces Givrés ont su développer des méthodes qui ont fait toute la différence.
Ils ont détourné des piscines résidentielles à des fins d’entraînement dans des températures à 6°C, combiné des longues sessions en mer avec des bains froids statiques en piscine, des randonnées “nages” en montagne, et des sessions en raquette ponctuées de bains glacés en lac. Des acclimatations qui ont permis à ce collectif niçois de remporter un titre de champion du monde masculin toutes catégories sur la discipline reine : le 1000m nage libre, et un titre de vice-championne du monde féminin sur le 200m brasse.

C’est ainsi que le collectif niçois a hissé haut les couleurs de la France en devenant la meilleure équipe française sur ces 13e Winter Swimming World championships Bled Slovenia. Les Givrés de la Côte d’Azur ont prouvé que tout est possible avec une bonne préparation et une volonté de fer.

Alexandre Bermond, vainqueur de l’épreuve reine de ces championnats du monde d’eau glacée, le 1000m, revient dans cette interview sur son parcours avec les givrés de la Côte d’Azur qui a mené à cette razzia de médailles pour lui et le collectif niçois.

A] 📍Swimrun France: Hello Alex, nous te connaissons, toi et Kate, plutôt comme des swimrunners de très bon niveau. Participations multiples aux Championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ, directeur de course du swimrun Riviera Nice-Eze, tu possède un CV bien étoffé dans notre milieu. À quel moment as tu envisagé de tenter une aventure dans le winter swimming ?

Alexandre Bermond: Tout a commencé suite à notre première qualification sur le championnat du monde swimrun 2017 en Suède. Nous savions que les températures de l’eau pouvait avoisiner 12°. ,Non avons commencé une acclimatation l’été sur la Suède et la Norvège en nous immergeant dans des températures de 10° avec combinaison.. cette préparation nous a bien servi, car les conditions durant cette épreuve était très compliqué, avec du vent ,mer agitée et température de l’eau très basse, beaucoup d’hypothermie et d’abandon.
Suite à cette belle épreuve, nous avons pris initiative de mous baigner toute l’année en maillot sur Nice avec un petit collectif d’une dizaine de nageurs.
Sur une période de trois ans, nous avons augmenté des acclimatation froide avec des sessions de plus en plus long du températures de plus en plus basse pour arriver à notre premier champion du monde IWSA Bled Slovénie en janvier 2020.

C] 📍SRF: Comme le précise le petit résumé de vos exploits en début d’article, cela ne devait pas être évident de trouver des infrastructures pour pratiquer en eau glacé à Nice. Comment avez vous pu surmonter cet obstacle ?

AB: Oui en effet c’est très compliqué pour des niçois de trouver des températures très basses , en sachant que dans notre secteur la Méditerranée, descends au maximum 12 13°,
il faut donc faire preuve d’initiative en s’immergent dans des lacs, des cours d’eau et même des piscines résidentiel qui peuvent avoisiner les 5-6°C.

D] 📍SRF: Vous avez l’habitude toi et Kate d’être les moteurs d’un collectif de nageurs, de coureurs, de swimrunners, apparemment cela a continué avec ce même groupe pour le projet winter swimming. Comment avez vous persuadé vos amis de vous suivre dans de l’eau glacée ?

AB: Oui, c’est vrai qu’il est très important de pratiquer cette discipline en groupe au niveau de la sécurité et aussi au niveau de la motivation, donc nous avons créé l’émulation au début en agence simplement en maillot et après en poussant de plus en plus les acclimatation avec un groupe éclectique de nageurs mais aussi de personnes aimant juste l’immersion froide pour tous les bénéfices au niveau circulatoire, immunitaire ,hormonal et sur la santé en général.

E] 📍SRF: L’eau glacée nécessite une bonne et progressive adaptation au froid, comment s’organise l’entrainement ? Quells sont les premiers eccueils pour les débutants qui veulent se lancer dans la discipline ? Comment fait on pour vous rejoindre pour la saison prochaine ?

AB: Oui, le froid ne s’improvise pas…. c’est un sport de sensations. Il faut bien connaître toutes les alertes de son corps. Les acclimatations doivent être bien progressives et mixer les immersion froide 15° -10° immersion hivernale 10°- 5° et en eaux glacés en dessous de 5°.
Pour débuter une première règle peu être intéressant à suivre “les minutes par degrés”. Par exemple si l’eau est à 13° il faut rester 13 minutes 10° 10 minutes Etc.
Après, avec l’expérience, on connaît un peu toutes les réactions du corps et les différentes phases. Si on veut synthétiser, tout d’abord il y a phase immersion, il faut émerger rapidement le corps et en dernier la tête et commencer à nager pour progressivement, avec une sensation désagréable de brûlure et de picotements , c’est la vasoconstriction des capillaires lié au choc thermique, d’une durée approximative d’une minute à 1’ 30 .Suivi progressivement d’une phase d’équilibre où on ne sent plus le froid , il n’y a plus d’interprétation, des stimuli on est comme transparent. Après on commence à perdre les sensations des extrémités des mains et des pieds. C’est une première alerte pour commencer à sortir. C’est là où il faut commencer à bien se connaître et savoir le temps exact, qu’on s’est fixé d’immersion pour pouvoir sortir proprement.

Après la sortie de l’eau, on attaque donc la phase de réchauffement avec souvent une très bonne sensation dès la sortie avec une vasodilatation. Le corps devient rouge c’est la phase de lune de miel. On est euphorique mais ça ne dure pas longtemps le corps continue à perdre de sa température il faut impérativement qu’il se réchauffe naturellement ( sans douche chaude) dès que les premiers tremblement arrive, c’est gagné le corps réagit donc pour se réchauffer. C’est un très bon signe. En sachant que plus les températures sont basses, plus le réchauffement est difficile.

F] 📍SRF: Venons en au sport « winter swimming », il y a eu 2 championnats du monde cette année, un à Samoens (France) et l’autre à Bled (Slovénie). Est ce comme le swimrun où il n’y a pas de fédération internationale et des « circuits » autoproclamés World championships winter swimming ?

AB: Il y a donc deux grandes fédération internationale là IWSA International winter Swimming association qui s’apparente plus à la nage hivernal est autorisé de température entre 10°C et 5°C. Puis la IISA international Ice Swimming, association plus spécialiste sur la nage en eau, glacée ou la température doit être en dessous de 5°C
Normalement elles organisent un championnat du monde une année sur deux, mais avec la Covid ça a décalé tout ça. C’est pour ça que cette année il y a eu deux championnats du monde en janvier sur Samoëns en France IISA et sur Bled Slovénie IWSA .

G] 📍SRF: Quels sont leurs différences en terme de règlement ?

AB: Au niveau réglementation, c’est assez similaire pour les deux associations : pas de combinaison Néoprène, un seul bonnet autorisé avec maillot simple, pas de crème ou corps gras de protection (type graisse de phoque). Pour la compétition, c’est souvent ou en bassin de 25 m ou en lac. Pas de Plongeon autorisé au départ, immersion rapide. Pas de culbute.
Les protocoles de échauffement sont très bien organisé avec souvent des sauna sur place qui améliore la récupération. Avec une visite médicale approfondie avant les épreuves et bilan médical aussi à faire avant la compétition.

H] 📍SRF: Comment s’est déroulé ton 1000m ? Es tu satisfait des performances du collectif niçois ?

AB: Oui, cette année, ça a été une très belle expérience et une belle compétition. Le 1000m est souvent l’épreuve reine sur les championnats du monde. Il faut être bien préparé et avoir une bonne gestion de nage. Elle s’est organisée en lac avec une boucle de 2 × 500m. Le stress monte très vite dans la chambre d’appel, on est pas sûr que le corps va tenir.
On part par vague de huit nageurs, et j’étais dans une très bonne série, avec l’anglais colin Hill qui de suite a mis un gros tempo. Très vite, on s’est retrouvé à nager tous les deux. Faut-il prendre une décision de nager devant où se mettre dans les jambes ? La tactique commence…
Je décide de passer devant pour pas perdre trop de temps et Colin soutient logiquement juste derrière moi. Je voyais qu’à chaque passage de Bouée. Je gagnais 2 m sur lui. Donc la solution était là au dernier passage 150 m de l’arrivée, il fallait tout donner.

Mais tout donner dans une eau 5,4°C ça peut être aussi la tétanie et il arrêt immédiat…Je passe donc la dernière Bouée en-tête. Je commences à accepter à 100 m de l’arrivée. J’active massivement le battement de jambes. Le froid se fait encore plus présent aux limites de la crampe. Je tiens bon et j’arrive à décrocher 3-4 m à mon concurrent, en finissant en 13’ 40” une grosse satisfaction sur cette belle course, et en plus cerise sur le gâteau, on arrive devant toutes les catégories, remportant le titre sur le 1000m.

Avec une très belle prestation de tout le collectif qui remporte en totalité 14 médailles sur ces championnats du monde bled 2023

I] 📍SRF: Quels projets avez vous dans l’ice swimming pour 2024 ?

AB: Pour la saison 2024, on va essayer de faire grandir le collectif avec deux équipes pour les prochains championnats du monde., toujours en mélangeant. le côté festif et sportif..

J] 📍SRF: Le swimrun est il mis de coté ou bien envisagez vous de refaire quelques courses cette année ?

AB: En ce qui concerne Swimrun, nous démarrons la saison le 30 avril, avec le swimrunman du Verdon, version half, avec 48 km.
Mais le gros objectif de l’année, ça va être plutôt la diagonale du fou. Grand Raid de la Réunion 165 km 10000 m de dénivelé positif le 19 octobre 2023

Top 10 Men: 1000m Freestyle, 2023 World Winter Swimming Championships

  1. Alexandre Bermond (France) 13:42.33
  2. Colin Hill (Great Britain) 13:46.70
  3. Richard Nyary (Slovakia) 14:00.32
  4. Alex Rossi (Italy) 14:14.43
  5. Peter Plavec (Slovakia) 14:56.99
  6. Jaromir Berounsky (Czech Republic) 15:38.55
  7. Paul Bieber (Germany) 15:58.22
  8. Dezider Pék (Slovakia) 16:25.50
  9. Scott Lautman (USA) 16:33.48
  10. Josef Köberl (Austria) 17:32.80

✍️Alexandre Bermond & ✍️ Akuna
📷 crédit photos Alexandre Bermond

🔗 IG: Bermondalexandre