Portrait de la Team Envol Montpellier qualifiée pour ÖtillÖ 2021
Albane Bosc et Pierre Julien Michel, de la Team Envol Montpellier, c’est le couple de swimrunners à qui un sourire sincère colle gentiment au visage tout au long de l’épreuve aussi dure soit elle. À coup de traits d’humour bien sentis de l’optimiste Pierre Julien répondent les bras telles des hélices de hors bord de la sirène Albane. Leur ressorts de performance semblent tout droit sortis du parfait manuel de « salut les copains », pas de prise de tête, s’émerveiller de tout et de rien, s’entraider, tout donner dans l’eau et s’adonner au houblon une fois la finish line franchie. Vous avez un coup de barre à Ornö ? Demandez une barre bio faite maison à Albane, et un coup de boost au moral par Pilou, ils ont une réserve presque inépuisable !
A] 📍Swimrun France: Bonjour, pouvez vous vous présenter en quelques lignes ?
Albane Bosc: Bonjour Jean-Marie. Je vais avoir 50 ans cette année, j’ai 2 enfants (une fille de 18 avec qui j’adorerais faire un swimrun et un garçon de 21 ans).
Je viens du monde de la Natation, puis quelques saisons en Eau libre et j’ai fait 3 saisons d’ Ice Swimming (sport très bénéfique pour le corps et le psychisme). J’avais fait aussi quelques semi-marathons et 3 marathons il y a quelques années déjà. Je me suis aussi lancée des défis « triathlons » dont celui de l’Alpes d’Huez (en 2019) sans jamais avoir fait un col en vélo de ma vie. Faut croire que j’aime les surprises et les imprévus !
Je travaille à la Ligue Occitanie de Natation principalement sur les formations des maitres nageurs (et oui natation un jour natation toujours)
Pierre Julien Michel: Salut Jean-Marie ! On va bientôt atteindre les 100 ans à nous 2 avec Albane… Je suis marié et j’ai trois enfants Camille Suzanne et Timothée (11-8-4 ans). J’ai été chirurgien-dentiste pendant plus de 20 ans, père au foyer et « sneakers-customer »maintenant. J’ai touché à beaucoup de sport mais essentiellement du triathlon pendant 10 ans, avec presque tous les Ironman qui me faisaient rêver ( Nice-Lanzarote-Roth-Norseman-Celtman…). De supers années avec le groupe X-pier de Nicolas Hemet. (Ndlr, Nick the Quik sur onlinetri).
B] 📍SRF : Comment avez vous connu le swimrun ?
AB: Je nageais avec ma copine Marine et elle me racontait ses aventures dans cette discipline (ÖtillÖ et Ultra Swimrun) qu’elle pratiquait et que je ne connaissais absolument pas. Ce sport m’a tenté car je sortais d’une rupture de l’aponévrose plantaire. Le fait de mixer des portions de course à pieds et de natation pouvait permettre à mes pieds de se détendre et de soulager mes douleurs. Un bon compromis pour garder le sourire et me fixer des objectifs sportifs.
PJM: J’ai entendu parlé de l’ötillö en 2011 grâce à des copains du forum la pasta-party, forum créé par d’anciens membres d’onlinetri. Vous aurez du mal à le croire mais à l’époque il suffisait de s’inscrire pour y participer !…. Dès 2012 quand j’ai voulu y aller, finito : trop de candidats donc tirage au sort ou sur dossier, mais sans succès pour moi pendant des années…
C] 📍SRF : Quelle est votre histoire avec le circuit ÖtillÖ ? Comment avez vous pris la décision de viser la qualif ?
AB: Ah bon parce que j’ai pris ma décision ???? Tout a été orchestré par mon binôme. J’étais dans une situation plutôt compliquée à l’époque et Pilou cherchait une nouvelle partenaire. Il m’a vendu du rêve, le circuit ÖtillÖ sont des courses atypiques, aux paysages sublimes, dans des pays magiques doté d’une organisation toujours au top. On a commencé par Engadin en 2020, j’étais au paradis tellement fière d’avoir réussi à boucler cette distance que je n’avais jamais réalisé, de surcroit avec du dénivelé et à une altitude pas négligeable. Mais grâce à Pilou, tout devient réalisable de par son dynamisme, sa bienveillance et son sourire à toute épreuve. On a enchainé avec Cannes en 2020, Utö en 2021 et de nouveau Engadin en 2021.
PJM: Ma première expérience avec le circuit a eu lieu en 2014 à Utö. Pas beaucoup d’internationaux… 2 équipes françaises seulement: mes 2 frangins, un copain et moi ! La mâchoire qui tombe devant ce terrain et ces paysages de dingue !! Une ambiance géniale comme on en trouvait plus dans le triathlon, et puis la grande époque du bricolage et de la customisation de l’équipement ! Depuis je me régale, quelle que soit l’épreuve (distance ou endroit), même si l’histoire d’amour avec l’ötillö a plus souvent été à sens unique 😅: plus j’ai visé la qualif, moins je l’ai eu donc maintenant pas de pression superflue et ça marche bien !
D]📍SRF : Comment s’est formé votre binôme ?
AB: Tout simplement ma copine Marine avec qui j’ai fait mon premier swimrun était sa partenaire sur les circuits ÖtillÖ. Elle a déménagé et m’a présenté à Pilou. On a essayé sur un swimrun classique à Carcassonne et bien sûr que l’alchimie a fonctionné. On recherche le partage, le plaisir de sourire, de rire, de blaguer, de discuter (bon ok lui peut parler aux fleurs moi je reste avec les humains voir les animaux). Nous ne nous sommes jamais engueulés (et ça nous fait pas sourire de croiser des binômes qui le font). Il sait canaliser mon énergie et trouver les mots pour me calmer quand il me voit stressée. Il m’apporte énormément au niveau de la confiance en moi .J’ai quand même eu un burnout il y a 3 ans: 6 mois d’arrêt et 15 kg perdu en un mois… Une belle déception il n’y a pas longtemps, et des problème médicaux aussi à gérer. Je lui dois beaucoup grâce à son humeur toujours jovial et aux objectifs sportifs qu’il me propose (bon je dis souvent non comme une sale gosse et ensuite après réflexion je dis « allez on fonce » )
PJM: Notre binôme s’est formé grâce à Marine, mon ancienne partenaire à qui j’avais fait découvrir le swimrun, partie vivre dans les Alpes et qui nous a mis en relation. On s’est marré tout de suite et on forme vraiment un binôme complémentaire. Albane me fait confiance et découvre du coup ses grandes capacités qu’elle ne soupçonne pas.
E]📍SRF : Comment avez-vous programmé vos entraînements et compétitions dans l’optique de la qualif et les championnats du monde ?
AB: J’ai pas de club, pas de coach physique, ni mental, encore moins pour la nutrition. Je m’entraine suivant le temps disponible, suivant la météo, suivant mon envie finalement toujours avec la notion de plaisir dans 3 sports :
👉natation toujours en piscine (phobie des méduses depuis 2 ans !!!),
👉vélo sur les belles routes près de Montpellier
👉course à pied en ville.
Je sors de ma zone de confort seulement quelques semaines avant un objectif sportif. J’ai ce coté très rebelle mais guerrière. Je sais me donner les moyens quand c’est nécessaire pour dépasser mes limites.
Par contre, avec Pilou on arrive seulement à se retrouver en piscine de temps en temps avec nos emploi du temps bien différents. S’entrainer solo, c’est pas terrible je l’avoue pour un sport en binôme mais on connaît nos niveaux et en échangeant énormément sur les courses on arrive bien à gérer nos efforts, nos coups de moins bien. Savoir transmettre à l’autre ce qu’il faut pour donner le meilleur et finir toujours avec le sourire et des bières à l’arrivée.
PJM: On s’entraîne un peu chacun dans notre coin mais pas besoin de beaucoup de séances ensemble pour se connaître très bien, beaucoup de fluidité et d’écoute pendant la course et un sacré mental en commun. Pour ma part j’ai la chance d’avoir rejoint le team Envol depuis 3 ans et demi, avec 3 slots pour l’ötillö à la clef, grâce à l’extraordinaire boulot de coach Nico. Son expertise et son inventivité sont sans limite et il a créé une équipe hyper soudée et conviviale. Un exemple : 2 fois par semaine nous avons une séance de c.a.p en direct sur l’appli zoom que l’on partage depuis la Suède, la Norvège, la Suisse, la Pologne, la Californie… etc.. on a vraiment l’impression de courir tous ensemble, suivis en live grâce à nos gps et poussés dans nos retranchements par Nicolas depuis Stockholm. Grosse ambiance, manque juste la bière après…
📍SRF: Albane, une autre passion te guide, à savoir la pâtisserie. As-tu pensé à faire une recette spéciale suédoise pour l’ÖtillÖ ?
AB: J’adore réaliser la brioche tressée à la cannelle (KanelBullar) mais pour les déplacements j’emporte une valeur sure avec de simples barres de céréales amandes noisettes pépites de chocolat.
📍SRF: Pilou, as-tu prévu, à l’issu des championnats du monde, de compléter ta collection de chaussures gravées des parcours ÖtillÖ ?
PJM: Ha ! Mon petit doigt me dit surtout que Michael et Mats vont faire gagner une paire de Stan Smith customisée par @macoursemespompes à une heureuse équipe tirée au sort lors du briefing (mais tout le monde peut aussi en commander ainsi que d’autres parcours sur cet Instagram…)
F]📍SRF : Quels sont vos plus beaux souvenirs en compétition et vos plus grosses galères ?
AB: En ce qui concerne mes plus beaux souvenirs, je dirais notre victoire avec Ludo sur le Gravity Race Lac du Salagou en 2019 (même si les organisateurs ont cru que l’on était les deuxièmes du petit parcours !! on a pas eu droit à la banderole ils l’ont mise pour les 2ème ! ) et bien sur l’épreuve avec pilou Engadin 2021 … où j’ai tracté mes 2 binômes sur toutes les parties de natation (avec une grande fierté de doubler des binômes d’Hommes).
Au niveau des galères, je dirais Utö 2021 sur la partie technique du nord Est de l’Ile pourtant fort belle mais je suis pas une traileuse. Les rochers j’aime m’y poser comme une sirène or là j’ai eu 2 belles chutes qui m’ont calmé. J’ai donné un coup de gueule en me décrochant tellement je m’en voulais de pas réussir à courir sur cette partie accidentée (chose que je vais retrouver en septembre pendant des heures gloups !). Mon deuxième souvenir de galère est au swimrunman de Laffrey en août 2020 avec un autre partenaire sur le kilomètre verticale. J’étais à genoux régulièrement où chaque 100m me paraissait une éternité et arrivée en haut, le froid et le brouillard nous ont gâché le spectacle de la vue qui devait être magique !!!
JM: Mes meilleurs moments sont quand Michael nous appelle avec Marine pour ma première qualif (Ndlr, ÖtillÖ world championship) aux isles de Scilly: six ans d’attente… alors avoir ce papier dans les mains… pffffff ! Et puis nos copains avaient mis une pure ambiance, quelle régalade ! Deuxième grosse émotion: passer la ligne à utö avec Pavel, mon coéquipier rencontré seulement la veille de l’ötillö, pas mal d’inconnu du coup (comme s’il n’y en avait pas assez avant une course comme ça…) mais au final une équipe de feu et un beau moment de partage.
Troisième meilleur moment à venir le 6 septembre, j’en suis sûr, qui sera le climax de tous les supers instants partagés avec Albane.
J’ai plutôt été épargné par les grosses galères jusqu’à présent, allez on va dire Hvar 2017 où ça a été désagréable pendant un long moment…. (Ndlr, édition dantesque où la mer était démontée, même pour des swimrunners)
G]📍SRF : Quelle type de relation en compétition votre binôme adopte t-il le plus souvent ?
AB: Il est plutôt assez bavard et pas seulement avec moi, il n’arrête pas de discuter, de blaguer avec les bénévoles, les spectateurs. C’est un poète, un grand rêveur, il est toujours émerveillé par dame nature. Par contre, s’il ne dit plus rien, je m’inquiète car je sais qu’il subit, qu’il a une baisse de régime passagère. Je prends alors naturellement le relais pour ne rien lâcher, être soudés c’est cela la beauté du swimrun. Le partage, le plaisir, la communication pour finir avec le sourire.
PJM: Heureusement pour Albane je me tais pendant la nat ! C’est vrai que j’aime bien blaguer et me réjouir de tout ce qu’on fait, même si personne ne répond au bout du fil ! Ce côté ravi de la crèche permet aussi de relativiser ce qui se passe et de remettre en confiance Albane lors de ses rares moments de doute.
H]📍SRF : Comment avez-vous appris votre qualification pour les championnats du monde ÖtillÖ ?
AB: A l’arrivée d’Engadin 2021 Michael Lemmel nous annonce qu’on est 4ème (on se croyait entre 6 et 9ème ) et qu’on décroche notre slot pour les Championnats du monde !!!
PJM: De la bouche même d’un fameux photographe swimrunner… puis Michael nous a confirmé ça sur l’écran. Après s’être challengé contre une autre équipe Mixte pendant la dernière demi-heure et dépouillés pour les semer sans savoir si ça aller compter ou pas, c’était plutôt épatant comme accueil sur la ligne !
I]📍SRF : Quelle va être votre stratégie de course ?
AB: Je laisse le soin à mon super partenaire pour trouver le rythme qui nous permettra d’ être finisher je l’espère.
PJM: Faire notre propre course et mettre Albane le plus possible à l’aise pendant les premières heures. En arrivant sur Ornö je lui dévoilerai les objectifs de chrono et de place à aller chercher si tout va encore bien. Mais comme chaque fois: finir, sans dégâts, bien contents de notre course et en s’étant marrés reste notre moteur, la perf vient couronner tout ça.
J]📍SRF : Stockholm est une très belle ville, avez vous l’intention de rester un petit peu pour y faire du tourisme ?
AB: j’y suis déjà allée 2 fois avec Pilou pour Uto septembre 2020 en off et juin 2021. C’est une ville qui rayonne, très agréable. On y a nos petites habitudes, nos cafés boulangeries, nos repères. On y sera à partir du samedi matin et on repartira le mardi matin tôt car le mercredi je serais au travail sur une révision de MNS (enfin à 4 pattes ou avec une canne !)
PJM: J’aime beaucoup Stockholm, effectivement c’est très sympa et il faut vraiment prendre le temps de découvrir la ville, le style de vie et la culture pour profiter pleinement de l’expérience. J’aime bien mes petites habitudes et y rajouter chaque fois une chouette découverte.
K]📍SRF : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent pour les championnats du monde ?
AB: Malheureusement aucun partenaire (enfin j’avais pas prévu cette qualification). Je me fais même prêter la combi ARK ! S’il pouvait y avoir quelques âmes charitables pour nous aider j’en serais ravie et je pourrais même leur transmettre des cookies ou autres gourmandises en échange… (Ndlr, le compte Insta d’Albane est à la fin de l’interview)
PJM: Pas de partenaires pour nous, nous sommes trop timides et pas assez brillants. Bon après notre victoire au scratch à venir, un peu à la surprise générale d’ailleurs, ça changera sans doute…
L]📍SRF : Il y a t-il une question que tu aurais voulu que je te pose ?
AB: De trouver un titre à notre épreuve du 6 septembre ? Après le reportage “les exilés” j’espère que notre aventure ne s’appellera pas « les naufragés ».
PJM: La recette de notre équipe ? Un gros tiers de sérieux dans la préparation – un gros tiers de déconnade – un gros tiers d’esprit de compétition – et même si ça fait tout déborder… un gros tiers de bières avec les copains après la course !
Les Q indiscrètes:
👉 Embrassades ou poignées de main polies à l’arrivée ?
AB : Méga Hug les larmes aux yeux !
PJM : J’ai souvent envie de préparer notre arrivée et puis en fait c’est souvent spontané et un peu flou alors je dirais high-five et serrage dans les bras.
👉 Qui fait le pipi de la peur le 1er ?
AB : Moiiiii sans aucun doute
PJM : Pas du tout de peur mais deux gros buveurs de bière et de café….( non j’ai pas dit l’âge avancé !) disons égalité.
👉 Qui gueule le 1er ?
AB : Personne !
PJM : Personne, jamais ! T’aurais dis râler par contre, là…… 😉
👉 Qui prie le 1er ?
AB : Je fais confiance à mon partenaire pas à dieu lors d’une épreuve
PJM : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront. »
👉 Longe ou sans longe ?
AB : Longe pour arriver plus vite vers les bières.
PJM : Longe bien sûr ! Le fil d’Ariane pour rejoindre l’arrivée.
👉 Le truc le plus fou que vous ayez fait en course ou à l’entraînement ?
AB : Tracter un couple d’ Anglais (avec 2 cordons élastiques) dans la baie des Anglais (cela ne s’invente pas !) lors d’un stage de swimrun en Martinique organisé par mon ami Nicolas Remires dans la baie des Anglais.
PJM : Truc pas malin: trop hâte de rentrer dans le pig swim: on discutait avec Adriel Young (Ndlr, récent vainqueur avec Oscar de la manche ÖtillÖ Gothenburg) qui commentait le live à l’entrée de l’eau, il nous a remonté comme des pendules, on a foncé dedans comme si c’était une pauvre série de 4X100 Z4/Z5 … il avait raison le bougre, fallait juste s’en convaincre !
Instagram : @albane_envol @pilsxpier @macoursemespompes
crédit photo: Akunamatata / ÖtillÖ