Réduire son impact environnemental grâce à un engagement citoyen

11 October 2023 akunamatata

Le 4 septembre dernier, Matthieu Kerleroux et son acolyte Benoit Ferry ont accompli leur odyssée aquatique et terrestre, s’imposant aux confins de l’archipel de Stockholm lors de l’Ötillö. En moins de douze heures, les deux comparses ont dompté les flots de l’archipel suédois, gravissant le summum de leur discipline.
À l’instar de ses pairs swimrunners, Matthieu a dû affronter le dilemme inhérent à sa quête : conjuguer sa passion pour les éléments sauvages aux exigences écologiques de notre époque. Car s’aventurer aux 4 coins de l’Europe implique aussi une empreinte carbone que l’intrépide ne pouvait nier.
C’est donc fort de sa fibre environnementale et de sa volonté de concilier ses assauts sportifs aux enjeux environnementaux qu’il s’est engagé, avec son frère de route Benoit, dans la démarche de compenser l’impact de leur périple par une action locale en faveur de la préservation aquatique.

A] 📍Swimrun France : Bonjour Matthieu, avec ton binôme Benoit, vous vous êtes illustrés en participant et finissant l’ÖtillÖ le 4 septembre dernier. Au-delà de la magnifique performance sportive, vous avez entamé une démarche de collecte de fonds pour une cause. Pourquoi avoir lié le sport et une volonté d’aider dans un domaine connexe ?

Matthieu Kerleroux : Benoit et moi faisons partie de l’association des “Swimrunners du far ouest” (SRFO) qui rassemble aujourd’hui une soixantaine d’adhérents autour de valeurs communes : solidarité entre les pratiquants, convivialité, sécurité dans la pratique, promotion et vulgarisation de la discipline et bien sûr protection et respect de l’environnement. En lien avec ce dernier sujet, nous avons ainsi mené plusieurs actions de collecte de déchets (plogging) sur nos côtes bretonnes. A travers diverses sorties off, nous avons également sensibilisé les jeunes générations à ces enjeux vitaux qui s’imposent, plus que jamais, à nous aujourd’hui.

Participer aux championnats du monde de Swimrun ÖtillÖ est un rêve éveillé pour la plupart des swimrunners. Cela représente malgré tout un impact environnemental important à travers un bilan carbone peu glorieux lié aux déplacements sur les différentes manches qualificatives et/ou simplement lié au championnat du monde en Suède. S’engager en faveur d’un projet de défense de l’environnement, c’est, de mon point de vue, veiller à réduire cet impact et tenter de “rééquilibrer la balance”.

Les valeurs du Swimrun sont intrinsèquement associées à la protection et au respect de la nature et de l’environnement. – Matthieu Kerleroux

Les valeurs du Swimrun sont intrinsèquement associées à la protection et au respect de la nature et de l’environnement. Cet enjeu est fondamentalement lié à notre discipline. S’engager, de manière concrète, à soutenir un projet de collecte de déchets sur un territoire où la mer est aussi présente que sur le Finistère, je trouve que c’est très symbolique. C’est dans cette démarche que Benoit et moi avons décidé d’apporter notre modeste contribution au financement d’un bateau dépollueur porté par une fondation : le fonds vert.

Les 1000 euros vont contribuer à financer le navire de dépollution “Waste Cleaner 66”

B] 📍SRF : Quelle a été la part des fonds levés pour votre épreuve sportive et la part pour le financement d’un fonds vert ?

MK : J’ai appris notre qualification la deuxième quinzaine de juillet suite à ma course à Utö avec Arnaud HAIRIE. Indisponible en septembre, Benoit a pu le remplacer et nous avons décidé de lancer une collecte de fonds assez tard dans la mesure où beaucoup d’entreprises fermaient en août. Nous avons malgré tout réussi à collecter 2880 €. Nous avons reversé 1000 € au fonds vert, le reste ayant permis de prendre en charge les frais d’inscription et de logistiques liés à ces championnats du monde ÖtillÖ. Plusieurs sponsors privés nous ont également accompagnés : nous avons été très touchés par leur geste de solidarité.

Les 1000 euros vont contribuer à financer le navire de dépollution “Waste Cleaner 66” qui sera livré par le Fonds aux ports finistériens fin 2023.
Tel un aspirateur géant, ce navire 100% électrique fabriqué à Paimpol par la société EFINOR, permet de collecter par aspiration des déchets flottants solides et liquides (plastiques, hydrocarbures, rejets d’égouts, végétaux…). Il peut nettoyer une surface équivalente à un terrain de foot par heure !

C] 📍SRF : Ce n’est pas la première fois que tu associes sport et quête de sens ?

MK : S’engager, c’est avoir une vision transversale des choses. J’ai ainsi souvent, avec d’autres amis, essayé d’associer mon engagement sportif à une cause sociétale ou environnementale. Nous avons par exemple porté un projet en faveur des enfants de la rue en Haïti en organisant un tournoi de football, contribué à l’organisation de courses contre la faim dans des collèges dans le but de financer des campagnes de sécurité alimentaire au Tchad et en Birmanie ou encore ouvrir la pratique du sport à des personnes isolées en créant une association d’inclusion en Suède.

Un voyage de milles lieues commence par un premier pas

L’année dernière, j’avais également déjà eu la chance de participer aux championnats du monde ÖtillÖ avec Carine BARAZER, ma binôme historique. Nous avions décidé de soutenir le Secours Populaire du Finistère pour soutenir les victimes de la guerre en Ukraine.

Un voyage de milles lieues commence par un premier pas. Peu importe la marche, l’important est d’avancer à la hauteur de ses moyens. On peut vraiment concrétiser de jolies choses lorsqu’on travaille ensemble.

D] 📍SRF : Quels conseils donnerais tu à d’autres athlètes désireux de suivre ton exemple dans la collecte de fonds ?

MK : Je donnerais trois conseils :

1) S’engager dans un projet qui donne sens pour vous et si possible qui fait sens avec l’activité swimrun.
2) Se donner les moyens de porter son projet avec un minimum de méthode.
3) Solliciter des personnes morales /ou physiques qui adhèrent aux mêmes valeurs que vous.

Mélangez tout … le cocktail peut-être grandiose ! 😉

E] 📍SRF : et comment vont les cuisses de Benoît après l’ÖtillÖ ?

MK : Au dernières nouvelles, Benoit souhaitait qu’on s’engage, pour les prochaines courses, dans un projet en faveur de sportifs souffrant de crampes sur les courses d’ultra. Le nombre de bénéficiaires risque d’être conséquent ! 😉